POEMES et LETTRES
SANS FRONTIERES

NUMERO 29

Table des matières

  EDITORIAL Bernard HAUDUC
LE FEU-ESPRIT Georges Gabriel HOSTINGUE
EXPRESSION Jacqueline CENREAUD
NOS PETITES FILLES Charles BARONCINI
LA VIE Joël VALARCHER
JE PENSE Bernard HAUDUC
AU CRISTAL DU POEME Marcel BRUN
LE CHARMOY Emilienne COTTRELLE
MARINE Henri HEINEMANN
FORET MARJAN
LA FOI POETIQUE Stephen BLANCHARD
POETE QUI PASSE Jean-Pierre GHIO
LORSQUE LE JOUR Elie DUVIVIER
SAINTE THERESE DE LISIEUX Jean-Louis ROUX
A PROPOS DE Fernand Tiburce FORTUNE
FEMME Joseph POLIUS
P A S D E D E U X Marie-Michelle HILAIRE
" PAS DE DEUX " Joseph POLIUS
L'ORIGINE DU FEU Andrée CERDAN-JARA
POEME Valérie BRENOT
ELEGIE AU TORTURé Saulo RAMOS
LE SONNET Marcel BRUN
INTERNET et la POESIE
Art et Poésie de Touraine
NOUS AVONS RECU, NOUS AVONS LU Charles BARONCINI

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EDITORIAL

Les nouveautés en ce qui concerne la littérature sont nombreuses. Pour s’en faire une idée il suffit de consulter " Livres-Hebdo " l’hebdomadaire publiant la bibliographie de la France destinée aux librairies, éditeurs et bibliothèques. Ainsi la semaine du 20 août a vue la publication de 33 ouvrages de poésie. Ce qui fait qu’avec toutes les autres catégories d’ouvrages, le nombre de titres est de plusieurs centaines. Le choix est donc vaste.

Avec la fin des vacances, nous avons choisi de rester encore un peu loin des tracas de la vie quotidienne en vous présentant l’ouvrage " Pas de deux et autres nouvelles et récits " de Fernand Tiburce FORTUNE auteur également de deux autres ouvrages :

" Mémoires d'un rendez-vous manqué.
Et
La calebasse maudite et autres récits fantastiques "

Fernand Tiburce FORTUNE est directeur-adjoint à la C.G.S.S. (Caisse Générale de la Sécurité Sociale) de la Martinique. Il m’a envoyé en ce qui concerne son dernier livre "Pas de deux" trois commentaires différents. A commencer par l'auteur lui-même qui nous parle de son ouvrage, puis par Marie-Michelle HILAIRE et enfin par un collègue de l’auteur , Joseph POLIUS directeur adjoint également à la CGSS de la Martinique.

Lors de son courrier informatique (sous Lotus pour les connaisseurs) Fernand FORTUNE me confiait après réception des derniers numéros de " Poèmes et Lettres Sans Frontières ".

Bravo pour ta propre production. Nous ne devons pas nous faire dévorer chaque jour par les textes malgré l'exclusion qui fait des ravages autour de nous. Il faut malgré tout cultiver la part de rêve qu’il y a en nous et chez les plus déshérités et faire travailler l'esprit et la pensée mais toujours avec l'émotion; pas toujours et nécessairement avec la raison cartésienne. je te fais parvenir 3 poèmes, L'un de René Depestre, haïtien , prix renaudot et qui habite maintenant à 80 ans, à Lézignan Corbières dans les vignes, le second de Joseph Polius (voir ci-dessus) publié chez l'HARMATTAN, et enfin le troisième d'un poète brésilien Saulo RAMOS traduit en français. "

Je vous invite donc à découvrir l’ouvrage " Pas de deux " au travers des différents regards de trois auteurs, puis de continuer votre voyage dans les poèmes proposés par Fernand Fortune.

Bernard HAUDUC

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LE FEU-ESPRIT

Je suis le feu divin qui n’appartient qu’aux hommes.
Quand j’apparais les animaux ont peurs de moi ;
des règnes précédents Prométhée est le roi :
il est conscient de lui quand il croque la pomme.

L’homme éveillé... quand le végétal fait un somme...
fouille son univers et te découvre toi
le feu vivant des dieux. Il te plie sous ses lois
et devient le gérant du vaste métronome.

Mais le feu entropique, aveugle destructeur,
recompose aussitôt cet univers meilleur
que l’homme s’obstine à construire brique à brique.

Le feu du corps et de l’esprit ne fait plus peur
lorsqu’enfin Prométhée a dompté ses terreurs.
C’est ainsi qu’aux dieux jaloux l’homme fait la nique.

Georges Gabriel HOSTINGUE Poésies d’Hier et d’Aujourd’hui

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EXPRESSION

Les yeux sont si beaux,
Ils brillent tel des joyaux !

Leur transparence nous charme,
Ils sont le reflet de l’âme !

Leur belle expression
Anime en nous la passions !

Gris ou verts,
Ils égaient notre univers,

Noirs ou bleus,
Ils sont merveilleux,

Et bercent nos nuits
De joies infinies !

Les yeux voient encore, même fermés,
Dans les tombeaux, où ils sont cachés !

Jacqueline CENREAUD

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NOS PETITES FILLES

Qui a mis des guirlandes sur nos murs, nos portes
En cette fin d’année ? Des anges nous apportent
Ce brin de poésie si fraîchement cueilli
Laura et Johanna sont venues à Neuilly
Pour mettre du soleil dans le froid de décembre
En transformant le gris en une couleur d’ambre
Et dessiner des chats, des fleurs, des papillons
Pour les paquets cadeaux qu’elles nous offriront
Deux anges sont venus et soudain tout s’éclaire...
Elles ont décoré d’étoile et de lumière
Le sapin de Noël, féeriques lueurs,
Leurs rires et leurs cris résonnent dans nos coeurs !

Charles BARONCINI Neuilly, décembre 1998

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LA VIE

S’il fallait partir demain
Laisser tous ceux qu’on aime bien
Et s’en aller sans se retourner
Sur le quai d’une gare
En buvant un café noir
Au goût amer et pourtant déjà sucré.

Il faut vivre ou survivre
C’est la vie.

Que chacun porte sa croix, s’il y croit
Ami de la liberté, je suis épuisé
Sur le quai d’une gare, accoudé au comptoir
A boire mon désespoir sans le voir.

Il faut vivre ou survivre
C’est la vie.

S’il fallait partir demain
Laisser tous ceux qu’on aime bien
Une histoire inachevée, laissée à vos pieds.

Ami de la liberté, je suis apeuré
Sur le quai, je suis éprouvé
En buvant mon café qui a le goût amer
De ceux qui ont tout perdu.

Il faut vivre ou survivre
C’est la vie.

La raison l’emportera
Le monde est fou
Le regard larmoyant
C’est pas du vent.

Joël VALARCHER
Auteur-Compositeur-Interprète

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JE PENSE

La nuit glisse doucement
les yeux ouverts
je ne dors pas.
Loin du bruit du jour
et des milliers de pensées diverses
qui viennent de chacune, de chacun,
libre comme une chenille devenue papillon,
je pense, je pense, je pense.
Je redécouvre cette incroyable faculté
que la liberté de penser,
sans ressentir les contraintes, les influences
émises par les pensées des hommes
qui dorment en cet instant.
Je me sens comme dans un désert,
épargné de tous les tracas
de tous les transferts que peuvent
effectuer, les proches, les éloignés.
Dans le silence éternel de la nuit
proche de l’Univers qui m’écoute
qui pense mes pensées
je me retrouve moi-même
libre comme une chenille devenue papillon.
Je pense, je pense, je pense,
je communie avec l’infini,
je suis l’infini qui naît
et renaît sans cesse.
Je suis la vague qui monte,
qui descend, puis remonte sans cesse,
sans cesse, sans cesse, sans cesse,
je pense, je pense, je pense,
je redécouvre l’incroyable faculté
de la liberté de penser
que nous enterrons chaque jour
dans un fatras inutile
de paroles, d’informations, de mensonges.
Nous nous leurrons, nous nous influençons,
nous nous faisons peur, nous n’avons plus de foi.
Nous sommes des morts vivants
qui confondent l’Etre et le Paraître,
qui mélangent Paroles de Vie
et amoncellement de bavardages.
Nous nous forçons à croire
que nous sommes quelqu’un,
nous voulons sans cesse avoir raison
et l’autre tort, ignorant
que la vie c’est la différence,
le dialogue, la communication, l’échange,
que la vie réelle c’est l’acceptation
en l’autre, en tous les autres,
acceptation mais pas résignation.
C’est ainsi que s’apaisent les bleus de l’âme,
cette âme assoiffée de lignes d’horizons,
de profondeurs de ciels bleus,
des longues étendues de prairies et vallées.
Cette âme qui à tire d’ailes
nous permet quand glisse la nuit,
dans le silence éternel de la voûte céleste
de nous retrouver, de nous redécouvrir
afin de pouvoir se dire à soi-même,
je pense, je pense, je pense.....

Bernard HAUDUC Trébeurden - 13.08.1999

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AU CRISTAL DU POEME

Ma maison de cristal est aussi ta maison ;
et n’y manque le feu et n’y manque l’eau vive
et n’y manque le pain de la blanche saison
où le miracle attend que tout le monde arrive.

Ouverte la maison que j’ai voulue pour toi,
voyageur attardé sous l’habit de poussière
et que retient encore une corde de soie
au pays des marais que creusent les ornières.

Laisse la main de Dieu te creuser elle aussi
laisse la délivrer ton âme prisonnière ;
je ne peux que t’attendre, et ta place est ici
pour le festin du coeur et le bain de lumière.

Il est l’heure d’aimer au-delà de soi-même
le moment d’appeler ceux qui n’entendaient pas
viens et ne viens pas seul au cristal du poème
où nous communierons
pour la première fois.

Marcel BRUN 21 Août 1964

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LE CHARMOY

C’est un tout petit coin isolé
A la limite de la Beauce et du Perche
Sur la carte, il n’est pas signalé,
C’est mieux : il faut qu’on le cherche.

Et quand, enfin, on l’a trouvé,
Découvert ses ruelles sinueuses,
On se dit ; c’est l’endroit rêvé
Pour de promenades silencieuses.

Au lever du jour les coqs se répondent
S’y mêlent les cris des pintades ;
Une bonne odeur s’exhale de la terre féconde,
Au creux du lit tiède, on s’attarde.

C’est un tout petit coin isolé
Dans la verdure il s’est niché;
Sur la carte, il n’est pas signalé,
Tant mieux ! il faudra le chercher.

Emilienne COTTRELLE Montry le 10 septembre 1995

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MARINE

Tapisserie -- comme en Ithaque --
à se toujours faire et défaire
la mer et rouleuse de vagues
et coureuse en jupons d’écume
sous la cohue des cent nuages
qui vous dévalent d’ouest en est
dans la trop immodeste crue
des mauvais vents portés aux nues

Trois jours de ces déboulés blancs
ivres qui gerbent aux galets
trois jours qui vous tintinnabulent
dans les mâtures les poulies
folles à l’anse des voiliers

Trois jours de rafales échevelées
trois jours

et puis le quatrième
innocemment écervelé
offre naïf l’opale verte
de la pécheresse fourbue
sur un bleu ciel compatissant

Henri HEINEMANN extrait de " L’heure obsidienne "
édition Groupe de Recherche Polypoétiques

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FORET

Dans la forêt qui sera abattue
pour la grande papeterie
le bûcheron hache en main
a trouvé au pied d’un arbre
un coupe-papier...

MARJAN

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" Les esprits médiocres condamnent d’ordinaire tout ce qui passe à leur portée. "
La ROCHEFOUCAULT

LA FOI POETIQUE
par Stephen BLANCHARD

Le poète n’est pas un producteur de mots comme d’autres sont producteurs de films même si son esprit (ou son coeur) le pousse parfois à écrire en toute libéralité. Ce n’est pas pour autant qu’il doit laisser germer ses fruits sauvages à tous vents. Il lui appartient de vivre avec son oeuvre afin d’aboutir à cette greffe finale qui fera de son essence poétique l’alimentation favorite de ses lecteurs. Mais où se situe la part du rêve et de la réalité ?

Toute époque a connu ses crises culturelles et je ne suis pas le seul à affirmer que les poètes " créateurs " entre autres ont brigué les premiers rangs au cours des siècles. Sénèque disait dans les lettres à Lucilius " Vindica te tibi ", réserve-toi à toi-même, sois toi-même, prends le temps de vivre et de te cultiver si tu veux dominer. Sans exagération, il ne s’agit pas que le poète s’endorme sous ses lauriers. La vocation poétique exige de la part d’un auteur de vouloir progresser au-delà de ses capacités intellectuelles, de son ardeur à vouloir se défendre du train-train quotidien, de son utilité à ne pas être la moisson soumise ou " mouches sans lumières ", comme l’écrivait André Malraux dans " les voix du silence ".

Certes, chaque poème n’est pas forcément une oeuvre d’art. Il traduit généralement une impression sensorielle ou affective et suggère soit une idée, soit un message ou tout simplement l’écho intérieur d’un auteur en proie aux interrogations de notre monde. La poésie est un puits d’encre noire dont la profondeur insondable doit offrir une eau désaltérante et pure.

Le véritable poète échappe aux servitudes matérielles par une vision plus proche de son art car son devoir est avant tout l’exploration (et non l’exploitation) de la langue française. Il doit savoir maîtriser son esprit rebelle pour éviter de tomber dans les pièges du pédantisme ou du " nombrilisme ". Il est vrai qu’un seul mot peut tuer plus que cent coups de fusils !

Mais suffit-il de donner une valeur morale ou sociale à ses écrits ? On pourrait se remettre en question quand les gens de la rue nous écartèle en médisant sur notre art de vivre comme si celui-ci n’était pas indispensable ou que l’on ferait mieux de se noyer dans l’encrier de la solitude. Pour André Gide, l’art est le résultat d’une contrainte, " il vit de lutte, meurt de liberté " et fort est de constater que peu d’auteurs possèdent cette vocation poétique, ce souffle de persévérance qui fait connaître le bonheur des transes cérébrales et les griseries des étreintes de la plume sur la plage.

Toute oeuvre contribue à faire vibrer la fibre paternelle. Tout poète doit polariser les âmes et les esprits dans un combat au jour le jour et à travers l’élégance d’une langue partagée entre le plaisir d’écrire et le besoin de créer. Il est grand temps de reconquérir nos lettres de noblesse même s’il nous en coûte, même si nous devons y laisser quelques gouttes de sang ou de sommeil car l’avenir appartiendra aux magiciens du verbe.

Laissons à Paul Valéry le dernier mot : " N’oubliez pas les peines et les merveilles de l’art d’écrire notre langue, la seule dans laquelle subsiste encore un peu le souci de peser les mots, d’ordonner les pensées, d’accuser les formes du discours, comme si nous étions encore à l’époque fabuleuse où les esprits étaient sensibles et où le temps ne comptait pas... "

Stephen BLANCHARD

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POETE QUI PASSE

Toi
Le Poète qui passe
Qu’on encense et qu’on aime

Toi
L’Ange bleu des nuages
que la Lumière éclaire

Saurais-tu toutefois
Si brillant et si fier
Du haut de ton Parnasse
Octroyer à tes sens ambitieux
Les facultés suprêmes
Réservées jusque-là à tes dieux

Au toucher engendrer les couleurs
Du bout du coeur enfanter le bonheur
Exalter à vue de nez
La longue fuite des heures
Exhumer la plainte d’une fleur
Et forcer le mystère
Des secrètes pensées
Las
bien qu’élu par les Cieux
Le Poète farfadet
Ne saurait accéder
A l’Olympe des Dieux

Il reste sur le sentier
La Muse à ses côtés
Fatalement solitaire

Petit homme imparfait
A jamais malgré lui attaché
A ses sens vulgaires

Jean-Pierre GHIO extrait du nouveau recueil
" Eclats de vers "

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LORSQUE LE JOUR Rondeau

Lorsque le jour touche à sa fin
Et que ton corps se fait câlin,
Pour tromper la larme muette,
Je viens d’une langue secrète,
Révéler l’amour clandestin.

De ce caprice cristallin,
Troubler le regard féminin
Au point de rougir la fossette.
Lorsque le jour ...

Proche de l’abîme carmin,
Découvrir un tendre chemin
Dans lequel s’érige la fête.
Elevé par une comète,
L’Univers se montre anodin.
Lorsque le jour ...

Elie DUVIVIER

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SAINTE THERESE DE LISIEUX

Face à tes yeux j’avoue qu’de toi j’n’en ai assez
Sous tes caresses se forgent des mots enchantés
Tu m’apprivoises telle une rumeur fort engagée
Qui cherche pardon dans l’eau d’la spiritualité

Je songe à Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus
Quand au fond d’toi l’Histoire d’mon âme se met à nue

Face à ton charme j’avoue ne cessez de t’aimer
Sans toi il n’y aurait plus d’terre à mes pieds
Tu m’accompagnes comme l’océan dorlote ses îles
Il possède un magnétisme romanesque paraît-il

Je songe à Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus
Quand au fond d’toi l’Histoire d’mon âme se met à nue

Sans préjudice envers ta pensée profonde
J’trouve que tu m’aimes plus qu’un millionième de s’conde
Face à tes yeux de perles prononcés par la pluie
Je suis ultrasensible je n’ouvrirai mon parapluie

Je songe à Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus
Quand au fond d’toi l’Histoire d’mon âme se met à nue

Quiétude et grandeur ne sont deux mots squatters
Ce sont des soeurs jumelles qui logent dans ton coeur
Face à ton charme suprême gracieux cadeau de vie
Je suis ultrasensible je n’survivrai que pour ta vie

Je songe à Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus
Quand au fond d’toi l’Histoire d’mon âme se met à nue

Je songe à Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus
Quand au fond d’toi l’Histoire d’mon âme se met à nue

Je remercie Sainte Thérèse de Lisieux
Sans elle l’Histoire de nos âmes ne ferait deux....

Jean-Louis ROUX (Tous droits protégés )

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A PROPOS DE......Pas de deux " par l’auteur Fernand Tiburce FORTUNE

Je ne traite pas du tout de l’amour tranquille au quotidien, ni de la passion amoureuse dévorante et destructrice. Ni de la jalousie qui s’appuie sur l’instinct de propriété et tu sais bien ...que la propriété c’est le vol , donc le drame.

Ici je développe le problème de la rencontre dont j’ai effleuré le thème dans " Le carnaval d’Arthur " (La calebasse maudite) et que j’ai repris dans le début de " L’Ombre du Fromager " (manuscrit terminé):

j’écrivais à la page 29 du Carnaval d’Arthur ceci :

" Arthur (ndlr :je dis bien Arthur) s’extasia devant la beauté des femmes. Il était un séducteur né. Toute femme, selon lui, devait être courtisée parce que femme. Il lui était arrivé d’avoir une pleine satisfaction intellectuelle, le jour où il s’était mesuré à une grande séductrice dans une joute amoureuse inoubliable.

Tout dire, sans rien dire ; tout avouer, sans rien avouer ; tout deviner, sans rien dévoiler ; tout vouloir sans rien prendre ; tout comprendre et feindre l’innocence ; tout entendre, tout sous entendre ; rire pour dire oui, sourire pour dire non ; les yeux qui demandent, la bouche qui dit non ; la voix qui tremble oui, la tête qui hurle non. "

C’était sublime ! Un jeu exceptionnel aux limites sans cesse reculées. Et puis au petit matin, quelques gestes sobres, quelques mots banals, un poème peut-être pour se dire adieu. Où est-elle aujourd’hui ? Qui était-elle ? Quel visage ? Peut importait qu’elle fût belle ! De la grâce et un ton majeur dans la distinction avaient suffi pour qu’Arthur goûte toute la tentation du monde dans le miel de ses " NON ".

" Pas de deux " est écrit comme un long poème sur la tentative de rencontre de deux solitudes interpellées peut-être par l’absolu amoureux. Mes personnages rentrent effectivement dans la vie de mes lecteurs comme dans un rêve, comme dans un conte. J’ai bâti ce texte pour que l’on ne sache jamais si l’on se trouve dans le champ du réel , du virtuel, du possible, du plausible du rêve ou du conte. Le lecteur qui a su, très finement, se procurer la musique voit bien, entend bien cette musique exceptionnelle comme dans un autre monde ouaté, invisible où l’amour ne peut se retrouver que dans des distances sidérales si loin, donc inatteignables. Dès le début , j’écris :

Lui : " A nos risques et plaisirs "

Elle : " A vos risques et périls ".

Je les situe donc, avec la complicité  de mon conteur, à des années lumières l’un de l’autre. Le lecteur est prévenu. Il peut dès lors choisir au fil de la lecture de suivre Lui ou Elle. "

J’ai presque envie de La comparer à Ilia (page 78) quand je pense à Elle : " Et elle, jamais troublée, indifférente, distante, me laissait à ma désespérance ". Au moins dans " La parole partagée ", Ti-Bruce s’en rend compte. Ici, Il est dans un rêve de possession amoureuse permanent parce qu’il L’imagine magique, féerique, en réalité en pensant ainsi, il L’éloigne de lui.

" ...l’apparition de cette femme plus floue encore qui tourne sur elle-même, heureuse, follement heureuse et qu’il essaie maintenant d’attraper ...

Ou encore : " Isaac semble échapper au monde réel, il est entouré d’un voile érotico-mystique dans les replis duquel s’enivre tout son plaisir.

C’est pourquoi, il la voit arriver dans un miroir (relire Baudelaire qui annonce dans le poème liminaire le désespoir à venir) et en réalité, pour lui, Elle surgit et Elle rentre dans sa vie dans un grand moment d’extase et en même temps de crainte. Elle lui réitère la prudence, donc elle le maintient à distance, car c’est elle qui le courtise sans qu’il ne s’en rende compte. Elle a toutes les cartes en mains :

"Vous me jouerez votre musique toute la nuit, mais soyez prudent "
Alors que Lui entendra peut-être la sienne.

Et cette sublime musique, ce remarquable solo de guitare m’ont fortement inspiré ; et c’est Elle que j’ai vu danser dans les bras d’Isaac. Une séduction de haut vol. Elle a failli se laisser prendre, elle a même failli se laisser voler sa propre musique tant le chant de Don Juan (pour ne pas dire sirène) est fort, plein de charme, de mystère, de désir, de parfums, de sensations, d’érotisme, de douceur, de tendresse, d’espoir et de désespoir subtilement mêlés.

Et lui même devenu fou à lier comprend progressivement tous les messages envoyés et par le conteur et par Elle même. La situation se renverse et effectivement Elle joue sa propre musique. On sait progressivement qu’elle joue et quelle se joue de lui. Elle veut le terrasser. Il s’en aperçoit trop tard et perd toute initiative bien qu’à la fin il revienne avec force, mais pas tout seul, avec la complicité de l’orchestre. La charge émotionnelle est très forte. Mais elle refuse, le supplie. Dit " NON ".

Je devais donc rendre cette rencontre belle, mais pas simple. Compliquée peut-être, pour mieux introduire la solitude de Il à la fin. Il fallait que je sublime cette rencontre en la faisant naviguer sur une musique à la fois mer calme et tempête. Il fallait que je fasse aller ce désir lamento, puis crescendo, puis allegro, brio, piano. Jusqu'à ce final qui doit surprendre le lecteur. Elle distante...Lui désespéré. Mais heureux d’avoir goûté à tout le miel de ses " non ".

Il faut retenir que dans de tels cas (ce qu’Arthur, que je réintroduis à la fin, explique) il y a un grand chagrin dans ses séparations précédées de moments d’émotion forte, trop fortes même, où les corps se sont touchés, les doigts se sont entrelacés, les gorges se sont serrées, où les frissons insupportables vous ont dévoilés, ou les lèvres se sont parfois effleurées. Et puis il a manqué ce quelque chose d’essentiel ou de banal pour transporter ce désir dans un cœur à corps furieux.

Mais on y trouve aussi un immense bonheur, car la chasse est aussi celle de la conquête de l’esprit. Je ne dis pas que la séduction doive se borner au bonheur de la rencontre de deux esprits. Mais quand dans la joute, (malgré les corps serrés, malgré la bouche sur l’oreille, malgré la succession inouïe de frissons impossibles, malgré un trouble qui devient intenable avec un plaisir qui affleure et rend de plus en plus nerveux), l’on sait que le désir ne sera pas assouvi, il arrive de transformer tout cela dans un jeu perdant. Et toute la force de Il est dans la maîtrise du moment devant Elle : presque passer pour un vainqueur, comme d’ailleurs je l’écris dans. L’Ombre du Fromager " Tu voudrais jongler avec les mots pour la faire sourire, rire peut-être. Tu es prêt à faire ton numéro des phrases équivoques qui t'ont si souvent aidé à te tirer facilement d'affaire. Si elle apprécie en pouffant de rire, tu gagnes; si elle joue les prudes, si elle se rebiffe, tu gagnes quand même, car tu plaides alors pour ta candeur blessée et tu t'offusques à ton tour qu'elle a mal interprété tes paroles ".

Toute la science la séduction de Il, est dans cette volonté de ne pas demander une autre danse. Pourquoi gâcher ce moment exceptionnel où tout a été dit sans rien dire, (etc...) pendant onze minutes. Bien sûr qu’ils se plaisent. Bien sûr qu’ils se désirent. Ce non est chargé de tendresse et de reconnaissance pour un grand moment de vérité où elle s’est avoué à elle même son désir, où elle le lui a avoué aussi. Mais adieu, salut. Le reste est impensable. Pour Elle. Car, Lui, si sur le moment il joue au matamore en lui susurrant et murmurant qu’il y a du miel dans ses NON, Il va ensuite pleurer sa solitude et son amertume dans une plage, après le Prêcheur : L‘anse couleuvre.

Il ressemblerait plutôt au héros de " L’Ombre du Fromager " : J'ai vu qu'à ce moment-là tu la regardais d'un air victorieux. C'est là que tu l'attendais, avec "Crépuscule With Nelly" en solo par le Maître lui-même, Thelonius Monk. La beauté dans la simplicité de la mélodie, l'inattendu dans les harmonies riches et surprenantes. Tout l'amour pour Nelly dans l'éparpillement des notes bien claires qui s'en vont une à une avec le crépuscule. Nelly est certainement là tout contre le pianiste, sa main dans la sienne, et le soleil se couche rouge, confus devant leur bonheur.

Tu parles, tu causes, tes mots sont sucrés, tu expliques, tu imagines, tu devines. Tu fais le paon ! Tu jubiles ! Tu pousses même ton imagination débordante jusqu'à Lui dire, alors que la musique s'achève, que lui, le Maître, le béret sur la tête, (ah ! ce luxe du petit détail) regarde le soleil qui plonge, pendant que la mélodie et l'orchestration jaillissent déjà de son coeur pour graver à jamais ce moment idyllique avec Nelly. Et tu exagères un peu plus :

-"...et les doigts du Maître pianotent sur l'épaule de Nelly : la peau de Nelly, le ventre de Nelly, le mystère de Nelly dans les do, dans les ré, dans les mi, dans les fa sol la si do..."

Tu t'es échauffé avec ce crépuscule, tu deviens sensible. C'est maintenant seulement que tu remarques que son parfum a envahi la voiture. Tes sens sont en éveil. Elle l'a senti. Tu ne dis rien. Elle ne dit rien, car Elle sait que tu as une envie folle de parler d'amour. Elle attend que tu te pièges toi-même. Heureusement qu'Oscar Peterson, pianiste somptueux, prend la suite avec une interprétation brillante et relevée de "rock of ages".Vous n'arrivez plus à renouer la conversation, car vous savez tous les deux depuis quelques secondes que le jeu n'est pas innocent ".

Ou encore :

Il avait changé malgré tout. C'est vrai qu'il n'avait jamais pris le temps de courtiser les femmes, pris le temps de les connaître, encore moins de les comprendre. Mais, c'est vrai aussi que souvent, il avait dû accepter la douce agressivité, la spontanéité de partenaires qui ne supportaient pas qu'on les courtise et qui voulaient laisser au vestiaire l'ennui et la poésie, ou même l'ennui de la poésie. Et ne voulant accueillir la poésie, que comme parole creuse et bla bla bla , elles se moquaient de lui :

-"Un poème, un poème! Mais qu'est-ce que tu me racontes là? Des bêtises ! C'est parler que tu parles. C'est tout. Et après?"

C'était alors plutôt :

- "Viens, cours, vole et me prends! Passionnément, une fois, très fort, pour le plaisir seul et la rage de l'étreinte folle, partagée, voulue, intense, sincère. Et puis, adieu, salut !

Da capo, et on recommence.

Fernand Tiburce FORTUNE

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FEMME

Femme
je te salue
pour la somptueuse déraison
que tu jettes
au ventre des hommes

Femme
je te salue
pour l'alphabet appris
a la pointe de tes seins
grand vaisseau à traverse
sans tangage
la houle des vertiges

Je te salue
pour ce flamboiement sans fin
du jour et de la nuit
pour l'eau inaltérée
de tes yeux que tu gardes aux combattants
qui ont soif
pour la boussole
que tu lances dans la brousse
de notre désarroi

Femme
je te salue
pour les fleuves
que tu traces
dans la jungle
de la vie
aux marronages
de notre sang

Femme
je te salue
pour les garrots
que tu mets aux jarrets
de la faim

Ah oui je te salue
pour ta fastueuse obstination
a déjouer
nos malheurs de nègre.

Joseph POLIUS In "Martinique debout"
(L'harmattan-1977- p.39)

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P A S D E D E U X

Texte inspiré par l'ouvrage de Fernand–Tiburce FORTUNE

Sont-ils vraiment deux à s'essayer dans ce jeu, dans cette course, dans ce défi qui s'impose de fait , dans ce pari plus hasardeux peut-être que toutes les loteries du monde ? Mystère , secrets, et charme … de la séduction.

Comme synonymes du mot " séduire ", on trouve les verbes " corrompre et enchanter ". Tout un programme et toute une aventure où à chaque étape s'ouvre sur l'inconnu mystérieux.

Pas de deux ou de trois ou de quatre avec les modèles enfouis ou alors plus présents . C'est la maman disant : " attention aux hommes qui ne pensent souvent qu'à s'amuser ", c'est le père volontiers charmeur à l'endroit des jolies dames, pour le plaisir du jeu, pour la joie

de se sentir écouté, pour ce petit pouvoir, qui consiste à capturer , détourner l'attention de l'autre, séduit et consentant…

Entre deux, entre toi et moi, entre elle et lui, combien de questions figées dans le silence, par crainte d'une réponse douloureuse ou encore incompréhensible dans ces moments d'euphorie ?

Pas de deux, pas d'eux trop près ou trop pressés de faire des projets, de décider, de fermer une boucle à leur manière.

Pas de deux, pas de dieu, pas de feu, pas de lieu, pas de nœud, pas de milieu pour étouffer, immoler, irradier , idéaliser, et négocier…

Pas de deux, part du feu, part du désir de fusion, musique pour succomber, magie pour s'évader, malheur et mort pour mesurer l'infini d'un amour rendu monumental .

C'est à cette danse mélancolique, pleine d'espoir et en même temps déjà aspirée par les tourbillons du temps que nous convie Fernand Tiburce Fortuné. La séduction n'est pas ici une tentative de corruption. Elle est chemin, elle quête, elle est refuge, elle est art, elle est recommencement malgré les déceptions, à cause des envoûtements, à cause des sensation s mêlant dialogues des corps et force des rêves.

La séduction chez Fernand Fortuné emmène, entraîne, installe par des douceurs artistiques, culturelles ; il réapprend des racines par des détours dans l'imaginaire, dans le temps et dans l'espace : humour d'un misticric- misticrac, Satan qui conduit le bal et impose ses pas, routes du taxi-pays d'antan, quelques arbres légendaires, danses, oiseaux, fleurs, musique d'ici et d'ailleurs, passion dévastatrice d'un prince hindou.

Ce sont ses façons à lui de nous plonger dans ces univers où l'amour prend plaisir à être , où se devinent les élans de passion, de bonheur. Il réussit à nous faire émerger de notre quotidien, de nos limites, de nos pesanteurs .

C'est une série de petits pas , de pas légers, de pas mesurés ou cadencés par sa sensibilité artistique . Le suivrons-nous, le suivrez-vous ? Il attend, mais c'est lui qui décide de la danse et nous montre sa voie .Sa seule certitude, revient pour dire que le rêve s évanouira sans chagrin : pas de larmes retenues, pas de larmes d'un au revoir , larmes d'un adieu, larmes de l'extase… c'est seulement le destin de la séduction , destin écrit dans l'apparence, dans l'illusion, dans le départ, dans l'absence., dans la mort.

La séduction ici fait son lit dans la reconnaissance, dans ce désir profond d'être reconnu d'être distingué. Quel honneur, quelle fierté ! Qui peut s'y soustraire ? Seuls ceux qui n'ont plus d'espoir ou alors ont déjà décidé de fuir . Mais cette reconnaissance est le plus souvent à sens unique ou encore partielle ou encore dévoreuse du bon, du bien, du beau mais pas des limites, pas des troubles, pas des renoncements.On reconnaît pourtant pleinement, ce qu'on connaît suffisamment.

Cette séduction de l'acceptation , cette séduction par soumission ou par omission de soi-même ne creuse-t-elle pas elle même sa tombe ? Ne brûle t-elle pas les racines d'une séduction partagée, complicité pétrie, puisque mise en germination par un accord , par des relais esquissés, dévoilés, confirmés ? Cavaliers aux dames, dames aux cavaliers !Pas glissé, pas chaloupé !

Pas de deux, pas à pas : un récit, une nouvelle, un conte, trois petits tours et puis l'amour s'en va, et puis l'amour s'envole comme les mots, comme les notes de musique, comme les sourires.

L'humour moqueur du diable souligne bien combien sont fugaces ce vertige, cette plénitude de l'instant, cette élancée vers les étoiles.

A cette école de l'esthétique amoureuse, à cette recherche lancinante des armes contre l'oubli, contre l'ennui, contre la vanité, est-il possible d'apprendre à faire un autre chemin ? est-il possible de s'arrêter pour regarder en arrière, pour mieux comprendre les leçons de toutes ces rencontres, de ces regards, de ces dialogues, de ces nostalgies ?

Et si c'était finalement plus " qu'un désastre amoureux ", plus " qu'une plénitude déchirante ", si au bout du compte derrière ces portes définitivement fermées se glissaient les clés d'un devenir, se lisaient les tables d'une vie ou de deux vies ou de nos vies ?

Le Petit Prince de Saint Exupéry parlait au renard d'apprivoisement, il songeait au temps passé à attendre son étoile.

Peut-être que la séduction accomplie repose sur un désir absolu de l'amour infini ? Alors, elle se dessinerait seulement avec cette patience apprise, dans la réciprocité des appels, des réponses, dans le soutien mutuel sur la route de la vie, dans le pardon .

Chacun l'apprend à son rythme, à sa façon et c'est douleur et déception, et c'est courage et joie : pas à pas, puis pas de deux, puis enfin pas dans ses pas, vers cette unité profonde respectant les différences, mais tellement réconfortante, tellement consolante, tellement exaltante. Etre porté, être transporté , force du père, amour de la mère…

Refaire tout simplement le chemin en arrière. A petits pas, à petits pas.

Marie-Michelle HILAIRE , le 29 mai 1999.

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" PAS DE DEUX " de Fernand Tiburce Fortuné

ou la volupté du dire

Samedi soir de bienheureuse pluie. Le coeur s’allège de ses épouvantes. L’esprit, dans son frémir d’être, choisit la transparence du mystère : lire, lire, mais un texte ou s’ébroue le bonheur du dire.

Et bien évidemment, par tropisme, opter pour le récent livre de Fernand Tiburce Fortuné.

Chez ce dernier, comme chez Jean Genet, la beauté ne semble devoir trouver son origine que dans la blessure.

C’est ainsi que ses héros n’accèdent au salut que dans l’autocombustion, car tous portent des sentiments plus hauts, plus grands qu’eux mêmes, eux qui demeurent irrémédiablement marqués d’impossibles.

" Pas de Deux ", est une subtile dramaturgie, où le chasseur sait d’entrée de jeu qu’il a perdu la partie. C‘est bien la supposée victime, impériale ou astucieusement humble, qui propose l’itinéraire, montre sans paraître l’imposer, un cheminement où tous les repères se révéleront divinement trompeurs.

La confrontation amoureuse, car c’en est toujours une chez Fortuné, porte le verbe à son niveau ultime de suffocation, ce lieu tout à la fois interdit et magique, où chaque aveu est une tentation de mort subite, sans possibilité de renaissance à travers l’autre.

Laurent Marie, expert en conjugaison féminine, a coutume de dire que " la femme est un arc en ciel qui nous mène en déblessure " C’est de cet arc en ciel-là, aux sonorités très plurielles que joue Fortuné pour bâtir un monde complexe et ambivalent, où l’amour est sublimé dans la démesure et parfois dans la déraison. La plénitude y est forcément fugace, le bonheur fatalement éphémère.

Le regard inégal

Le couple fortunien vit une relation intrinsèquement inégale, à dominance féminine. L’homme en état de fascination solaire paraît circularisé dans son apport singulier.

En revanche, la femme semble toujours cadencer la vie :

" je suis belle et j’ordonne que pour l'amour de moi vous n’aimiez que le beau ".

De plus, la tension du sublime, suggérée, proclamée dans son absolu déroulé, interdit par construction tout dépassement durable dans une dialectique fusionnelle re-créatrice.

Sa résolution ne peut s’opérer que par la chute de l’un des deux amants.

" Pas de Deux " est un livre-frisson, où culmine un verbe foisonnant de haut lignage, que beaucoup auront plaisir à déguster.

Sa traversée peut ici ou là couper le souffle, tant il nous invite à rajeunir en émotion.

Léger reproche cependant à l’auteur : dans le choix de sa musique ascensionnelle, que n’a-t-il pensé au : " East St Louis Toodle " de Duke Ellington, ou encore au " Lapo Kannel " de Claude Ste Rose Rosemond ?

Joseph POLIUS - Poète -(Martinique)

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L'ORIGINE DU FEU (extrait)

Les étourneaux avaient franchi des hauteurs inusitées,
bravant la foule, bien au-delà du clocher.
Elle avait perdu beaucoup plus que du sang.
La ville, soudain devenue incolore.
Nous percevions les appels d’un peuple de racines,
avide de remonter à la surface, d’exulter, de se
répandre.
En un effort inoubliable pour découvrir l’entrée du
labyrinthe, votre main avait palpé le front ovale d’un
cratère.
" C’est dans ce halètement quotidien, besogneuse
excroissance du souvenir, que nous existions, jour après
jour ", disiez-vous.
A cet instant, je perçus l’odeur de son venin tiède.
Sous l’étole de braise nos mains s’étaient trouvées.

Andrée CERDAN-JARA extrait de " L’origine du feu "

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POEME

Soir d’hiver, hiver de pluie
Pluie de larmes, larmes des yeux
Yeux de peine, peine de coeur
Coeur de jade, jade brisée
Brisée en morceaux, morceaux de pleurs
Pleurs de cafard, cafard d’un soir.

 

Valérie BRENOT

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ELEGIE AU TORTURé

Frappe, soldat !
frappe l’homme cagoulé et ligoté,
frappe, frappe, frappe :
c’est ton ennemi enchaîné.
S’il pouvait, il te frapperait.
Frappe, frappe de bon cœur,
frappe tout, frappe sans relâche,
défoule, soldat,
ta haine pour l’homme sans défense,
ce salopard !

Frappe, c’est un enfant de putain,
toi, tu participes à la lutte glorieuse
pour la patrie ! Ta force est brutale : frappe !
Frappe, frappe fort,
personne ne peut entendre,
arrache-lui sa cagoule,
aveugle-le de lumière,
tu es fort, il est faible,
frappe, soldat, frappe :
colle-le sur le chevalet,
file lui un coup de gégéne dans les couilles
cogne et cogne
avec l’arme que tu brandis,
adosse-le au mur.
Et frappe sans merci,
arrache-lui les ongles,
mais alors là, lentement,
qu’il sente sa douleur,
et donne-lui de la pisse à boire.

Frappe, soldat,
personne ne peut entendre,
Frappe, c’est un enfant de putain,
c’est ton frère, qui titube et qui tombe,
frappe, ta mère a trompé ton père,
cet homme est coupable,
frappe-le soldat !

Ta femme un jour t’a trompé,
Peut-être avec lui, sûrement avec lui.
Tu te rappelles la mine qu’elle avait ce jour-là ?
pas de doute, c’était avec lui.

Frappe, la nuit ne fait que commencer,
des minutes de sang
égouttent l’heure de demain
qui n’est pas près d’arriver.
Frappe, soldat,
et s’il a peur,
frappe plus fort,
il avouera,
tu vas voir, il crachera le morceau
avant de mourir.
Prends-lui le coup et tord le
et cisaille-lui la queue,
frappe, soldat, et frappe avec le sourire.

Il a trompé ton père
avec ta mère,
il a trahi aussi ta patrie,
il a manigancé contre ton chef,
c’est un bluffeur
et il a peur de toi, soldat !
C’est l’heure de venger
la raclée que tu as reçue
pour avoir tué ton premier oiseau
quand tu étais petit.
Frappe, soldat, jette-toi
sur lui : cet oiseau a voulu
voler librement
pour te rendre malheureux
et triste
ne le laisse pas te priver
du plaisir de tuer.
Frappe, frappe, soldat,
un oiseau n’a pas le droit de voler !

Profite, maintenant,
cogne, crache, vas-y à grands coups de pied,
il a sûrement baisé ta femme.
Frappe dur et dru, soldat,
il a agi contre le régime
qui ne t’opprime pas
et te récompense
si tu frappes qui parle et pense.

Frappe, soldat. Comme ça : en pleine gueule !
Claque ta torgnole !
Et vois si maintenant il parle !
Ou s’il peut penser.
Entre les murs de cette pièce,
vois s’il peut voler !
Frappe, soldat,
de toutes tes forces,
et maintenant oblige-le à parler
des idées du Christ.

Frappe, soldat,
éteins ta cigarette sur ton visage,
couvre-le de crachats,
cogne, coups de pieds et gnons,
gnons et coups de pied,
et que claquent les torgnoles
Démolis-le,
personne ne le saura
à  part tes lieutenants
et c’est suffisant
pour ta promotion.
Mais attention, soldat,
l’homme est exsangue,
il a perdu beaucoup de sang,
attention, soldat,
cet homme est couvert de chiasse,
il peut salir les plis
de ton uniforme bien repassé.

Cet homme difforme
peut dégueulasser ton uniforme
tandis que la mort tarde,
la mort, cette justice lourdaude,
dans ce fleuve de brume diffuse,
sur ce lac de merde
où navigue encore la douleur.

Attention, soldat,
ne souille pas le pli bien repassé
c’est contre le règlement,
attention, soldat, pense au sergent,
pense à la promotion, au devoir accompli,
pense au lieutenant :
garde à vous ! en avant !

Non, soldat, ne frappe plus,
l’homme est mort il y a un moment,
plein de sang, de merde et d’idéal.
Dépêche-toi de nettoyer la merde et le sang,
car les idées,
tu ne les nettoieras jamais.
Oublie, oublie.
Il n’est pas possible de le changer, mort et muet.
Seule la mort, sans prière,
en finit avec tout.

Appelle le médecin légiste, soldat,
il fera un rapport bidon,
il effacera les marques du bâton,
du fouet, du couteau et conclura :
l’enfant de putain s’est suicidé,
pendu, pendu haut et court
et repenti.
Et repose-toi, soldat,
tu as rempli ton devoir.
Prends soin simplement de regarder
s’il n’y a pas de sang ou de merde
sur le pli de ton uniforme neuf.
Attention soldat,
c’est contraire au règlement.

Saulo RAMOS (Brésil)
in " C’était aujourd’hui " L’Harmattan 1998
(traduit du brésilien par Andrée Anita Clemens)

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LE SONNET (suite et fin)

En ce qui concerne les sujets à traiter, je ne pense pas qu’il y ait une limitation possible. Baudelaire, dans une lettre à Armand Fraisse, écrivit d’ailleurs le 18 février 1860 : Tout va bien au Sonnet : la bouffonnerie, la galanterie, la passion, la rêverie, la méditation philosophique. Il y a là, la beauté du métal et du minéral bien travaillés.

Quand aux règles, Banville les a ainsi précisées : " Le Sonnet est toujours composé de deux quatrains et de deux tercets. Dans le sonnet régulier, riment ensemble :

1° - Le premier, le quatrième vers du premier quatrain ;

le premier et quatrième vers du second quatrain ;

2° - Le second et le troisième vers du premier quatrain ;

le second et le troisième vers du deuxième quatrain ;

3° - Le premier et le second vers du premier tercet ;

4° - Le troisième vers du premier tercet et le second vers du deuxième tercet ;

5° - Le premier et le troisième vers du deuxième tercet.

Si on s’écarte, pour si peu que ce soit, du type classique dont nous avons donné deux exemples ( " LES DANAIDES " de Sully Prud’homme et " LE LYS " de François Copée), le sonnet est irrégulier  "

Précisons que deux sonnets sont tous deux en vers de douze syllabes, mais que l’un commence par une vers à rime féminine et l’autre par un vers à rime masculine.

Martin Saint René, dont la maîtrise en poésie est absolument remarquable, mais dont les affirmations sont rarement nuancés et justifiées, a prétendu dans son " PRECIS DE POESIE " que " L’hexamètre est de rigueur ; tout autre mètre, dit-il, rend le sonnet irrégulier ".

P. Desfeuilles, dans son " DICTIONNAIRE DE RIMES PRECEDE D’UN PETIT TRAITE DE VERSIFICATION FRANCAISE " affirme le contraire. " Il va sans dire, explique-t-il, que l’alexandrin n’est pas le seul vers susceptible d’être employé dans un sonnet : le décasyllabe, l’octosyllabe, et même des vers plus courts, voire les monosyllabes ont pu être utilisés dans son cadre ".

Afin de trancher en Normand - que je ne suis pas -, je citerai cette phrase du " COURS PRATIQUE DE POESIE CLASSIQUE " de Robert Morche, ancien président du Syndicat des Journalistes et Ecrivains : " Nous connaissons un poète qui a composé en quelques années plus de dix-sept cents sonnets ! Un seul avait suffi à la gloire d’Arvers. " et je soulignerai que ce sonnet d’Arvers qui passe pour le modèle du genre n’est cependant pas rigoureusement conformé aux règles puritaines. Il comporte les répétitions des mots SON et RIEN et du verbe FAIRE, alors que les puristes prescrivent de n’employer qu’une seule fois chaque mot dans les quatorze vers, et que les ultra-puristes vont même jusqu’à proscrire le verbe FAIRE jugé trop banal.

Enfin, pour terminer dans l’esprit de variété et de renouvellement sans anarchie que je désire enregistrer dans la poésie classique d’aujourd’hui, je citerai un extrait du numéro de septembre 1955 de " POESIE FRANCAISE " dans lequel Guillot de Saix précisa "  LES POSSIBILITES MATHEMATIQUES DU SONNET " : " On connaît, nous dit-il, des sonnets de tous rythmes depuis un pied jusqu’à quatorze (7+7). Il y a le sonnet à trois tercets, et le sonnet extravagant à l’espagnole avec estrambote, c’est-à-dire avec médaille. Outre ces différentes formes déjà pratiquées, toutes sortes de mélanges de rythmes sont possibles ; par exemple dans un quatorzain alexandrin chaque quatrain et chaque tercet peut se terminer par un vers de huit pieds. Dans le quatorzain décasyllabe (5+5) le dernier vers de chaque quatrain et de chaque tercet peut-être de quatrième pied (4+6) le dernier vers de chaque quatrain et de chaque tercet, soit un vers de quatre pieds, soit un vers de six pieds. Ce ne sont là que quelques combinaisons prouvant que le sonnet peut se couler en de nouveaux moules, tout en s’imposant des règles sévères. "

Par ailleurs, Baudelaire a construit ses sonnets sur trente deux schémas différents : avec quatrains homophones parallèles, à quatrains homophones inversés, à quatrains hétérophones parallèles, et, dans ces genres différents, à rimes croisées et à rimes plates. On a dénommé ces productions des faux sonnets, mais il n’empêche que leur diversité remarquablement étudiée révèle un effort de renouvellement certainement préférable à la sclérose dont la forme actuelle est indiscutablement affligée.

Verlaine a commencé les " POEMES SATURNIENS " par un sonnet renversé, intitulé " RESIGNATION ". Dans ce poème les tercets précèdent les quatrains.

Rimbaud, lui, a écrit un sonnet LAYE, dans le genre de ceux dont Guillot de Saix a parlé. Ce sonnet s’intitule " REVE POUR L’HIVER ". Il peut être schématisé ainsi :

A B A B C D C D E E F G G F

12 6 12 6 12 6 12 6 12 12 6 12 12 6

Il y a donc place, hors de l’anarchie, pour toutes les fantaisies.

Voilà, je crois, ce qu’il était utile de dire sur cette forme fixe dont je livre ci-après un exemple, bien qu’à regret : il en est tant déjà, et celui que je propose n’est pas sans répétitions. Il a même l’audace de commencer le dernier vers - celui qui doit être parfait - par la conjonction et , ce qui, selon le calcul puriste, termine le sonnet par un vers de onze syllabes + une cheville, alors que, de toute évidence - puriste -, il lui faudrait douze syllabes... pures.

Marcel BRUN (extrait de -Les techniques de la poésie classique-)

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INTERNET et la POESIE

www.printempsdespoetes.com

signez la pétition pour la journée de la poésie et/ou adressez vos poèmes pour que ceux-ci soient présents sur internet en vous connectant sous www.printempsdespoetes.com

La première édition du Printemps des poètes se proposait de promouvoir la poésie sous toutes ses formes et sur tous les supports d’édition contemporains. Le site est un carrefour de rencontres et d’expressions, un lieu de promotion vivant, une mémoire poétique de la manifestation. Résolument évolutif et interactif, il devait permettre à l’internaute de participer pleinement à la fête.

La mise en place d’une base de données a permis une maintenance aisée du site : validation des pétitionnaires pour une journée internationale de la poésie, inscription dynamique des nouvelles manifestations, mise en ligne -après validation- des poèmes envoyés par les internautes. Le site propose aussi : une cartographie des événements, l’inscription des participants en ligne, la participation des internautes à la chaîne de la poésie.

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Prix Marie-Noël

Le vrai Prix de Poésie " MARIE-NOEL " a été fondé à Beaune le 8 juillet 1963. Il possède un dépôt de marque reconnu par L’Institut National de la Propriété Industrielle sous le n°1651719 . Mme Jeanne LEGLISE (B.P. 2 à 21200 Bligny-les-Beaune) est membre du conseil depuis 1963. Elle assure le secrétariat. Parmi les membres du jury : Stéphen Blanchard, 19 allée du Mâconnais - 21200 Dijon-Lac, Président-Fondateur de l’Association " Les Poètes de l’Amitié " et Directeur de la revue " FLORILEGE ".

Tous les autres prix de ce nom sont de vulgaires usurpations comme l’a souligné maintes fois la presse régionale et nationale. Vous pouvez demander le règlement de ce prix contre une enveloppe timbrée auprès de Mme Jeanne LEGLISE et nous invitons les auteurs " grugés " par de faux prix à se faire connaître auprès de l’UNIAC dans les meilleurs délais.

(joindre une enveloppe timbrée à toute correspondance)

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Art et Poésie de Touraine

Grand Prix de la Vallée des Rois
Prix international consistant en 2 récompenses :
- 5.000 f pour un manuscrit de 10 poèmes classiques
- 5.000 f pour un manuscrit de 10 poèmes " libres "
Le concours est ouvert du 1er septembre au 10 décembre 1999
Renseignements contre enveloppe timbrée et libellée à Jacqueline DELPY - 65 allée de la Chesnaie - 37320 ESVRES

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NOUS AVONS RECU, NOUS AVONS LU par Charles BARONCINI

ECRIRE Aujourd’hui - BP 102 - 49301 CHOLET cedex

Les écrivains lisent ...des entretiens de Victor Boujiao avec René Fregni, Georges Fleury, Michel Chaillou, Gil Pidoux, Yves Berger " quand on ouvre un livre, il faut que le moindre mot appartienne à l’histoire des livres " - " ces lectures m’apportent des musiques qui peuvent bien évidemment être très différemment des miennes " - " Ecrire c’est lire un livre qui n’existe pas encore ". Les revues de poésie par Christian Bulting, comme Aujourd’hui, avant de faire paraître un livre, des poètes comme Mallarmé publiaient leurs oeuvres dans des revues. - La poésie moderne se divise en deux nous dit-il : les formalistes d’un côté pour qui la poésie est avant tout recherche, laboratoire de la langue et de la’utre les lyriques qui pensent que la poésie doit avant tout chanter.

TRACES - Cahiers trimestriels et d’art - Michel-François Lavaur " Sanguese " F44330 - Le Pallet

une petite revue verte enminiature et son petit supplément auxquels ont participé une myriade de poètes - les oeuvres sont présentes dans des caractères différents dont certains sont manuscrits, comme en direct de l’inspiration - d’un petit village des vosges, par exemple :

Dans la petite école du Hohwald
les sapins frappent aux fenêtres
avant d’entrer
Et leur barbe d’aiguilles
gratte contre les vitres

A la petite école du Hohwald
la grammaire est d’humeur badine
les murs sont couverts de phrases pour rire
qui marchent sur la tête.

L’AME ET LE COEUR - 4 passage du grand cerf 75002 Paris

D’où vient le cristal ? Ozoumé, dieu des pluies avait épousé Ozone déesse des saisons. Mais celle-ci le trompe avec le soleil. La prière des hommes les reconcilie... et pour les remercier Ozoumé leur fit un cadeau, condensation de toutes ses larmes, un cristal transmis de génération en génération pour nous rappeler que même les dieux peuvent être tristes et attendre des hommes la prière. (Alain Mamou-Mani).

Qui suis-je -- 987 petits moi qui se prennent à chaque instant pour le tout, mais l’ Ennéagramme nous indique 9 types de personnalités construite dans l’enfance (Nicole Bertaud)

L’intuition.... à propos, Coretta, ma fille m’a toujours affirmé que l’intuition masculine n’existait pas , voyons voir ....l’intuition est l’expression du principe féminin présent en chacun(e) d’entre nous (Vanessa Mielczarek)

Si un jour
Un océan d’amour
venait se déposer
sur notre terre désespérée..

cet océan là
quand il viendra
le monde comprendra
combien c’est beau d’aimer
combien c’est beau la joie.

Cette poètesse s’appelle Emilienne Beaux (très justement). Elle a 11 ans.

LA BRAISE ET L’ETINCELLE - Anne et Yves-Fred Boisset 69/89 rue Jules Michelet 92700 Colombes

" J’apporte des dentelles de Belgique " c’est l’un des mots de passe que doivent prononcer Nerval, Desborde-Valmore et Victor Hugo pour pénétrer dans la discrète demeure de Balzac rue Raynouard où est née la Comédie Humaine. La maison de présentée par Emma Michel nous éclaire sur sept années (1840,1847) de l’activité de ce grand auteur. " J’aime la culture " c’est le mot de passe pour armer l’étincelle, avec ses châteaux hantés et ses poésies.

" nous avons horreur de la médiocrité " semblent écrire Anne et Y.Fred Boisset.... le film " Mon père, ma mère, mes frères et mes soeurs " et les chaines publiques de télévision qui privilégient l’audimat n’en ssortent pas indemnes.

IDEES POUR TOUS - 178 route de Bagard - 30140 Boisset et Gaujac.

Avec -Sciences et Vie- un dernier clin d’oeil (sans lunettes) sur l’éclipse qui peut être totale parce que la Lune est 400 fois plus petite que le Soleil et 400 fois plus proche que lui de la terre.... Denis Ausset Saint-Eudes nous présente beaucoup de poèmes dans cette édition et je ne peux résister à la magie du dialecte de Cardet D’Emilie Vesrunes : extrait :

Lou Camin de sen-jan
deman se plòu pas pus anaren a la messo
au camin de sen-jan sautaren lous bachas
per pas nous enfanga ni sanli lous debas
passaren sur la ribo ounte l’erbo es espesso.

Traduction : Le chemin de Saint-Jean
Demain, s’il ne pleut plus, nous irons à la messe
Au chemin de Saint-Jean, nous sauterons les flaques d’eau
Pour pas nous enfanger ni salir nos bas
Nous passerons la rive où l’herbe est épaisse.

SAUF-CONDUITS - Poème de Stephen Blanchard -éditions Les Presses Littéraires 66240 Saint Estève

Stephen Blanchard est un poète aguerri et de talent. Ses phrases s’écoulent comme une source... qu’écrire de plus, je préfère vous laisser avec lui -des extraits, un poème :

" Il marche la tête en bas
pour renverser le monde
des injustices " (le poète)

" Sur la page blanche
il faut plus d’un sarment
pour raviver la rime "

" Sous l’écorce de la pierre
entre les fruits de l’espérance
entre les chaines de l’absence
germe l’amour

sous les mots de la terre
entre le coeur et la pensée
entre la mort et l’amitié
pèse le jour

sous le poids du silence
entre la braise des sanglots
entre la chair et puis la faux

la poésie se sculpte à coups d’intervalles "

ECLATS DE VERS - Jean-Pierre GHIO -éd.Les Presses Littéraires 66240 Saint-Estève

Nous en avons connu des jeux de mots ssur les rimes, chers lecteurs.... " ce ver est dans le fruit ", " le ver moulu " j’en passe... mais il faut avouer " qu’éclats de vers " c’est somptueux ! et qu’un tel titre annonce bien la poésie du poète du levant, Jean-Pierre Ghio. Ecoutons :

" Au-delà des saisons
Dans la marge du temps
Sous les plumes d’oiseaux
Griffonnant les brouillons

S’épanouissent des mots
Des fleurs imaginaires
Bien d’étranges pavots
En gerbes immortelles

mais il y a aussi les éclats de colère, d’indignation pour les petits Larbi :

" que cessent sans condition
les tortures, les massacres
des milliers de Larbi

Pour la jeunesse d’aujourd’hui
pour tous ceux qui demeurent
dans les rues d’Algérie "

LA BRAISE ET L’ETINCELLE -n°23 - A. et Y-F Boisset 69/89 rue Jules Michelet 92700 Colombes - Nous venons de la recevoir, c’est encore chaud. Bienvenue à Jean Racine, ce poète au coeur sensible par Marcel Molle

" que tu sais bien Racine, à l’aide d’un acteur
Emouvoir, étonner, ravir un spectateur " écrivait Boileau - cela nous le savions - mais Racine s’étant vanté : " j’ai une facilité surprenante à écrire mes vers " . Réponse du même Boileau : " Je voudrais vous aider à les écrire avec difficulté "

extrait d " ne pas nuire ", message de Dany Silvestro.... " Ne cherchons pas à devenir des extra-terrestres mais des terrestres extras ".

Nous ne l’avons pas reçu parce qu’il vient de notre revue, cet extrait de l’Evangile de l’an 2000 de Georges-Gabriel Hostingue (Poèmes et Lettres Sans Frontières n°28) et pour la plus grande joie de mes amis Sophie et Bernard Hauduc :

" Si le feu prend chez vous, vous avez deux solutions : sauver le chat où sauver le picasso planté au mur. Si vous sauvez le chat, vous avez tout compris ".

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