de Alain VERREMAN ©
INTERNET EN CLASSE DE LANGUE - Intervention au Colloque Cyberlangues2001 (23 août 2001) : Extraits ci-dessous après les titres.
- Expérience de mai 2000 : Recherche documentaire sur Internet en cours de langue :
L'Internet et la motivation des élèves
Quelles activités pour les élèves? . Voir aussi : 68 activités pour les séquences vidéo
Tableau des modèles de l'apprentissage des langues avec l'Internet
Quels modèles didactiques pour l'Internet en classe de langue?
Bilan provisoire et BIBLIOGRAPHIE
Suggestion: Modèle de développement_de matériels_didactiques mod_dev_matér_did . :_tableau
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P. L. vient de lancer un appel à tous pour tenter d'intégrer les propositions d'activités sur l'Internet. C'est certainement une bonne chose si le contexte pédagogique le demande. Mais il est prudent de prendre le temps de vérifier si c'est nécessaire, et si c'est profitable pour l'ensemble des élèves. Christian Puren a montré que l'introduction des nouvelles technologies dans le cours de langue peut se faire selon quatre modalités : l'intégration, la complémentarité, la juxtaposition et l'autonomie. Alors que l'on peut imaginer que des étudiants du post-baccalauréat puissent recourir à l'Internet pour apprendre les langues de manière entièrement autonome, l'institution scolaire ne pourra proposer cette formule aux élèves. Les deux expériences citées ci-après se réfèrent à deux modalités différentes : l'intégration pour les "Classes collaboratives" du lycée Paul Héroult, et la juxtaposition pour le lycée Kléber. Dans la plupart des expériences présentées aujourd'hui, l'emploi des NTIC vient compléter et varier le travail de classe et son facteur motivant n'est pas le moindre de ses atouts.
1- Voici tout d'abord un aperçu rapide de ce qui s'est fait en classe et qui a fait l'objet d'un compte-rendu détaillé que l'on pourra consulter en ligne.
1-L'expérience faite dans une classe d'allemand, au lycée Kléber de Strasbourg avec des élèves de seconde et de première, a été longuement décrite et modélisée dans le numéro 7 (juin 2001) de la revue www.alsic.org . Elle concernait les premiers entraînements à la navigation sur Internet, puis les recherches documentaires sur Internet en petites équipes, aboutissant à la présentation d'un séjour estival à la Mer du Nord, en Allemagne. On en retient l'aspect de motivation pour une forme nouvelle de travail en langue étrangère, en particulier chez les élèves qui s'intéressent plus à la technique qu'aux langues. Mais le plus important, semble-t-il, c'est l'intérêt de la découverte d'un autre pays, et le débat permanent qui s'instaure dans les équipes pour tenter de comprendre cette autre culture et de se créer de nouvelles représentations mentales à partir de sa propre culture de lycéen.
2-La réalisation de Jean-Francois Cerles dans une classe d'anglais, au lycée Paul Héroult de St-Jean de Maurienne (compte-rendu détaillé : www.ac-grenoble.fr/heroult/langues/report2001_idx.htm ) est beaucoup plus complète. Elle exclut, sur l'année, toute autre forme de cours. Les élèves concernés qui constituent une classe homogène de langue renforcée, se sont portés volontaires en fin de classe de première pour participer à cette formation et à l'échange avec l'université Penn State. Toutes les activités de la classe de langue sont conditionnées par le projet : recherches sur les thèmes, échanges d'e-mails avec les correspondants américains, causerie en direct (par le clavier ou en visiophonie) sur les thèmes préparés, comportant 25 mn en français et 25 mn en anglais, synthèse orale dans la classe, préparation et publication sur le Net d'essais, et enfin préparation et réalisation du séjour chez le correspondant, avec obligation de réaliser des interviews Aidés par leurs professeurs dans la recherche d'idées et de vocabulaire, les partenaires restent libres du contenu des e-mails et des thèmes qu'ils choisissent pour leurs essais. C'est à eux de se forger les concepts nouveaux, communs, qui vont leur permettre de découvrir, comprendre et assimiler la culture de l'Autre.
Les points communs de ces deux expériences d'importance très inégale sont principalement : l'apprentissage d'une langue étrangère en milieu scolaire, l'utilisation des possibilités de l'Internet et le travail en groupes de deux élèves ou plus.
- Nous ne retiendrons pas l'entrée par les langues, car elles sont différentes.
- Les façons d'utiliser l'Internet sont également difficilement comparables. En fait, elles sont complémentaires, à moins qu'elles ne s'excluent l'une l'autre : Quel est, en effet, l'intérêt de faire un dossier en équipe sur l'un des thèmes, quand on a eu beaucoup mieux, c'est-à-dire une double rencontre avec les correspondants ? Dans le cas du lycée Kléber, le dossier qui est l'aboutissement des recherches documentaires sur Internet, est une préparation au voyage.
- Le troisième point commun, c'est la recherche collaborative sur des thèmes précis, avec, dans l'expérience du lycée Paul Héroult, le plus de la communication authentique. C'est dans le domaine du travail collaboratif que l'Internet offre de nombreuses possibilités nouvelles : je vais donc tenter une modélisation de cette forme nouvelle de travail.
Dans ce modèle, la cohérence et le dynamisme sont assurés par la notion de collaboration entre apprenants, - qui n'est pas sans rappeler l'enseignement mutualiste qui fut longtemps le moyen d'apprentissage de la lecture et de l'écriture et qui fut remis au goût du jour dans le travail de groupe et la pédagogie du projet.
1- Les objectifs liés à la langue et culture sont principalement :
. apprendre la langue en l'utilisant
. développer l'interculturalité
. apprendre les faits linguistiques et culturels dans un débat argumenté permanent
2-Les principes de référence dans cette forme d'apprentissage sont : le conflit socio-cognitif qui, selon Piaget, contribue à générer les échanges verbaux et à internaliser les processus métacognitifs de régulation mutuelle; l'approche socio-culturelle, fondée sur les travaux de Vygotski ; l'approche située de la cognition, selon Duffy, Lowyck et Jonassen. Selon cette dernière approche, l'apprentissage est toujours social :
L'environnement fait partie de l'activité cognitive. Dans cette perspective, la connaissance n'est pas quelque chose qu'un individu ou un groupe possède, mais le résultat de l'interaction entre tous les composants du système constitué pour produire cette connaissance : les individus, les objets, les outils, les pratiques sociales et individuelles. La cognition, la culture et la technologie sont indissociables, et la situation de l'apprenant renvoie non seulement au contexte immédiat dans lequel elle se situe, mais également à l'ensemble des pratiques culturelles, sociales et professionnelles en rapport avec cette activité.
. La collaboration et les interactions sont motivantes, donc l'apprentissage est plus efficace,
. ce mode de travail contraint d'objectiver les connaissances construites,
. l'enseignant crée un certain nombre de situations d'apprentissage qui provoquent des conflits socio-cognitifs entre des représentations anciennes et nouvelles.
3- La méthode privilégiée comprend
. l'appui sur une base de données commune
. la présentation de soi, des autres, de l'environnement, mais aussi des clichés et des stéréotypes
. la publication de ses réflexions sur un sujet de recherche
. la nécessité de réagir à ce que disent ou écrivent les autres, de participer à leur recherche
. la construction en commun de nouvelles conceptions fondées sur la diversité culturelle
4- Les techniques pratiques concernent les activités de classe suivantes :
. la mise au point (avec le professeur) des termes et tournures qui facilitent la compréhension et l' expression
. la recherche en commun sur des thèmes imposés (parfois selon un cheminement imposé)
. le partage des tâches, tant pour la réflexion que pour l'exécution
. l'échange des propositions de chacun par des notes, des commentaires, des graphiques, des dessins, des photos, des hyperliens
. la synthèse des échanges présentée à toute la classe la classe (les arguments, les faits)
. des essais sur les thèmes, publiés sur le site Internet, de sorte que tous puissent réagir, dans un débat argumenté. Ces essais peuvent être améliorés en permanence, car ce sont des savoirs en construction (thèmes : les amish, les sororités à la Penn State)
5-Les formes sociales de travail
Dans les échanges, il y a les formes de présentiel (seul avec le professeur ; la classe ou le groupe avec le professeur ; les groupes entre eux ; les membres du groupe entre eux) et les combinaisons possibles d'échanges synchrones (Chat/causette, Visiophonie) et a-synchrones (e-mails, rapports de synthèse, publication sur le site Internet)
6-Les activités cognitives privilégiées
Le travail collaboratif contribue au développement des processus de haut niveau, mais demande à être préparé par des activités cognitives moins complexes (reconnaissance de termes déjà approchés, classement de termes par champ sémantique, reprises grammaticales simples et répétitives (mais en contexte) pour assurer un ancrage mémoriel, sélection de notions se rapportant à un thème, etc.
7-Les matériels et les outils concernent la technologie de l'Internet, mais aussi les moyens propres à l'élaboration collective de concepts communs, tels que les schémas, les graphismes, les dessins, les photos
8-Les objectifs de formation générale sont liés au facteur de cohérence du modèle. La langue est considérée comme un savoir-faire à acquérir, ce qui n'exclut pas des moments de réflexion sur le langage et l'utilisation sociale de la langue, lors des séances de préparation aux échanges et de correction individualisée.
L'objectif primordial est la collaboration et la rencontre entre les membres du groupes d'une part et avec les partenaires de l'autre pays, d'autre part. C'est une découverte de sa propre culture et de celle de l'autre, ainsi que des ponts que l'on peut jeter pour passer de l'un à l'autre, ce que l'on appelle l'interculturalité.
3- Les composantes du modèle du "chat" (causette) sur Internet :
Dans le contexte particulier des classes collaboratives décrites par J-F Cerles, on voit apparaître un modèle productif de l'apprentissage des langues par la causette sur Internet. En voici brièvement les principaux éléments.
1-Objectifs
Les objectifs didactiques privilégiés dans ce modèle concernent d'une part la maîtrise de certains domaines en langue et en culture et, d'autre part, la capacité à réagir rapidement aux remarques et informations provenant de locuteurs natifs.
2-Principes
Ce modèle part du principe didactique selon lequel l'apprentissage des langues est beaucoup plus efficace quand l'apprenant se trouve dans une situation de communication authentique. Ce cas de figure étant quasiment inexistant dans le cadre scolaire, son introduction mérite qu'on s'y arrête, car si la situation faite à la classe concernée du lycée Paul Héroult est encore exceptionnelle, il se pourrait que l'Internet suscite la prolifération de ce type d'expérience.
3- Méthode
La méthode utilisée pour le chat s'appuie donc sur l'historique "méthode directe", mais à une nuance près, décisive, que la relation n'est pas duale, mais triangulaire. L'élève travaille en classe avec le professeur sur le thème retenu, procédant dans ce cadre aux recherches de notions et de moyens linguistiques, puis il retravaille en communiquant avec des jeunes qui ont préparé le thème avec un autre professeur, dans un autre pays. Alors que la culture du correspondant était médiatisée par l'enseignant de la langue étrangère, dans la deuxième phase, l'élève, ou l'étudiant, se trouve en prise directe avec le "porteur" de la culture et de la langue étrangère. De ce fait chacun d'eux devient le médiateur de sa propre culture auprès du correspondant. Dans la troisième phase, les élèves donnent un condensé de leur entretien à leurs condisciples, se faisant à leur tour les médiateurs de la culture étrangère.
Dans les pratiques du lycée Paul Héroult, les remédiations culturelles sont nombreuses, car après les "synthèses" qui suivent les Netmeetings, les essais rédigés par les élèves sont visés par les professeurs, puis publiés sur Internet afin de permettre à tous de réagir. Cela permet donc, pour prendre un exemple, aux étudiants américains de vérifier s'ils ont été bien compris et si l'image que leur renvoient les Français correspond à leurs représentations, ou au moins à ce qu'ils ont voulu expliquer.
4-Principales activités (techniques)
Les activités commencent par les recherches en groupes sur le thème du jour, avec constitution de listes de notions et de fiches de vocabulaire. Puis vient la phase d'expression et de dialogue dont on garde le script. Enfin arrive la synthèse orale de l'entretien, présentée à toute la classe. Cela permet d'exprimer en langue étrangère ce qui a été abordé durant la partie du chat exprimée en français et celle exprimée en anglais, mais dans un style de "prise de parole en continu". Chaque élève de la classe vérifie si son correspondant a exprimé les même idées sur le thème. Si des différences apparaissent, il peut interroger son correspondant durant les échanges de correspondance, approfondir le sujet et préparer les idées de son "essai". On le voit, les différentes phases s'enchaînent méthodiquement. Une cohérence solide s'installe qui autorise un travail en profondeur sur les thèmes abordés.
5-Formes sociales (Formes de communication)
Il y a alternance des formes sociales : binômes, équipes, plénum, ce qui induit une grande disponibilité du professeur pour le conseil individualisé.
6-Activités cognitives privilégiées
Les activités cognitives sont variées. En cours, elles peuvent se complexifier progressivement, allant de la collecte de notions et de termes (prendre les termes dans des documents, classer mots et expressions en domaines sémantiques, compléter des exercices lacunaires) aux analyses de documents et des synthèses, pour arriver à une problématisation de plus en plus complexe.
7- Matériels
Un travail sur documents imprimés alterne avec les bilans au tableau. La constitution de fiches, de diagrammes et de dessins facilite la préparation des Netmeetings . L'outil principal reste l'ordinateur et la connexion Internet.
8- Objectif de formation
La finalité de cette façon d'utiliser le chat est la formation linguistique pour la partie lexicale. Mais c'est la formation culturelle dans ses trois composantes qui est favorisée. Il s'agit de prendre conscience de sa propre culture pour pouvoir en parler avec le correspondant, puis il y a l'ouverture à la culture de l'autre et enfin un accès à la culture universelle qui transcende les deux autres. A cela s'ajoute la capacité de passer d'une culture à l'autre, ce qu'on appelle la compétence interculturelle.
Conclusion
On peut se demander ce qu'apporte la connaissance des modèles.
Les deux modèles que nous avons relevés ne sont pas, vous l'avez constaté, des plans de cours. Ils mettent en évidence les références implicites que nous avons quand nous planifions nos cours. De ce fait, ils permettent de nous rendre compte des aspects sur lesquels nous insistons trop ou que nous avons tendance à oublier. C'est, par exemple, la variation des formes sociales de travail, la progression dans la complexité cognitive des activités (commencer par de simples classements de termes, pour les réviser, avant d'effectuer une synthèse de document), c'est encore alterner l'écrit et l'oral, ou revenir sur un entraînement linguistique entre deux activités plus orientées sur le culturel. Tout cela peut se faire dans le contexte d'un même modèle didactique.
La prise de conscience des modèles permettra de ne pas rester toute l'année dans la même procédure de cours, ne favorisant qu'une forme d'apprentissage et qu'une seule finalité de l'enseignement des langues.
Les modèles didactiques sont donc des outils qui permettent de baliser notre travail, et de situer les propositions des autres, pour reprendre les termes de Christian PUREN.
Pour terminer, j'ajouterai qu'il existe d'autres modèles didactiques et d'autres moyens de vérifier que nous prenons en compte la diversité des élèves et les différentes façons d'apprendre. Vous pourrez les découvrir en lisant l'ouvrage qui sera publié en fin d'année au CRDP de Strasbourg sous le titre : Le film en classe de langue : modèles didactiques.
1-Objectifs de la recherche documentaire en LE sur Internet
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- utiliser correctement les ordinateurs - trouver rapidement les bons sites - comprendre le contenu global des pages d'accueil et des liens - comprendre et relever les informations pertinentes |
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- travailler en équipes pour répartir le travail, s'entraider, prendre correctement les notes à partir de l'écran |
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- retenir, à chaque séance, quelques termes de vocabulaire spécifique - préparer et réaliser un exposé - réviser les connaissances en langue et progresser dans ce domaine, à travers toutes ces activités |
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- découvrir d'autres emplois possibles de l'Internet, pour effectuer des révisions grammaticales, lire des textes didactisés, réviser les connaissances géographiques et historiques |
2- Recherche documentaire sur Internet en cours de langue : dispositif
Classes concernées : |
- 2 Secondes LV2 (2 à 5 ans d'allemand) - 2 Premières LV 1 (5 ans d'allemand) , série scientifique |
1-Entrainement |
préparatoire (travail libre au CDI avec un initié) |
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- arriver à piloter l'ordinateur - apprendre à travailler en équipe - effectuer les premières recherches documentaires sur Internet |
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A partir d'un certain nombre d'URL fournies : (au choix) - trouver un lycée allemand ou un correspondant allemand. Remplir une fiche d'information. - effectuer les exercices sur un texte didactisé, imprimer les résultats et les présenter au professeur - chercher des renseignements sur une ville allemande. Fournir un compte-rendu au professeur. - en Première uniquement : après l'étude d'extraits du film "L'honneur perdu de Katharina Blum", recherches sur "les années de plomb" en Allemagne. Résumer les événements sur une page. Mise en commun en plénum et autocorrection. |
2-Le travail sur |
Internet : (3 séances de 50 mn et 3 séances de 25 mn) |
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- s'entendre avec le partenaire du binôme pour le partage du travail - trouver rapidement les sites, sélectionner les bonnes pages (lecture sélective) - confronter les connaissances antérieures aux informations fournies par les sites visités - prendre des notes à partir de l'écran, de sorte qu'elles puissent être réutilisées lors du travail d'équipes - sélectionner, noter et retenir le vocabulaire essentiel - effectuer des exercices linguistiques - apprendre à demander ou donner de l'aide au partenaire ou aux autres équipes |
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. Première séance (50 mn) : - Par deux, rechercher des informations touristiques précises (selon une fiche de travail) sur 4 lieux culturels germanophones, en utilisant le moteur de recherche "google.com". Noter les résultats par écrit. Mise en commun en plénum. . Deuxième séance (25 mn) : - Par deux, à partir d'une fiche de travail : rechercher des informations sur le lycée Einstein de Kehl am Rhein. Noter avec soin ce qui distingue cet établissement d'un lycée français. Mise en commun en plénum. . Trois séances suivantes (50 mn, 25 mn, 25 mn) : - Quatre équipes de plusieurs binômes tentent de trouver les réponses à quatre questionnaires. Il s'agit de préparer un séjour touristique dans la ville balnéaire de Husum, près de la Mer du Nord : voyage, logement, loisirs, tourisme régional. . Une séance de 50 mn : - La mise en commun par équipe s'effectue en classe. Chacune se répartit le travail entre un secrétaire (note les résultats sur papier), un porte-parole qui dicte les réponses au troisième qui est au tableau. - La présentation au tableau a mis les quatre équipes en concurrence. - Une séance d'évaluation, une semaine après la mise en commun, permet de vérifier ce que chacun a retenu des faits étudiés. Un attention particulière est accordée à la réutilisation du vocabulaire nouveau. |
L'Internet, l'information, le savoir et le pouvoir
Posséder l'information, c'est posséder le pouvoir. Cet adage pouvait se vérifier quotidiennement, il y a peu de temps encore. C'est pourquoi l'information était contrôlée, au lycée, elle se limitait aux journaux du CDI. La télévision, quant à elle, est rarement accessible en dehors des cours animés par un professeur, alors que depuis peu, l'Internet se trouve en libre service dans beaucoup de CDI, mettant les lycéens en mesure d'accéder à l'information sous toutes ses formes : l'écrit, la radio et souvent même la télévision.
Ce libre accès à l'information a toutes les apparences d'une prise de pouvoir : l'élève n'est-il pas mis en situation de pouvoir décider, plus que par le passé, ce qu'il y a lieu d'apprendre, comment et quand l'apprendre? Peut-être, mais les connaissances ont besoin d'être organisées pour être apprises, et le pouvoir ne peut s'exercer seul. Si les jeunes ne se sont pas davantage emparés du pouvoir qui est désormais à leur portée, c'est qu'ils sentent bien avoir encore besoin d'être guidés dans leur quête. Ils ont besoin de médiateurs, de conseillers qui les aident à structurer l'information afin qu'elle devienne savoir accessible. C'est pourquoi nous dirons que l'Internet n'est encore qu'un support d'apprentissage de plus, même si - comme avec la vidéo - la manière d'apprendre en est quelque peu modifiée.
Les enseignants n'ont pas été insensibles aux possibilités nouvelles qu'offre l'Internet, à la fois pour la recherche documentaire - qu'elle soit effectuée par eux-mêmes ou par leurs élèves - et pour une manière nouvelle de communiquer, d'exposer des savoirs et de se les approprier. Depuis le milieu des années quatre-vingt-dix, des expériences ont été faites, des comptes-rendus ont été publiés et les premiers articles de réflexion pédagogique voient le jour.
Pour le professeur de langue, le recours à l'Internet peut prendre des formes très diverses : la recherche de renseignements et de documents de tous genres, de textes de référence, d'articles de presse (www.yahoo.de donnait plusieurs centaines de sites en février 2000, tels que www.spiegel.de , www.focus.de), d'idées de débat, d'informations historiques, civilisationnelles, participation à des forums ("listes") de discussion, comme celui de www.ac-nancy-metz.fr/enseign/allemand/adeaf/ ou de communication de cours ( www.deutsch-als-fremdsprache.de ), de documents didactiques, de corrigés, etc.
L'Internet qui est un excellent outil de recherche dicumentaire pour les enseignants peut-il devenir un moyen d'apprentissage pour les élèves ? D'aucuns - pensant peut-être que s'informer c'est savoir - ont imaginé qu'il suffisait de placer les élèves devant l'ordinateur pour qu'il apprenne. Notre expérience d'enseignants de langue rappelle que si cela peut être vrai pour quelques élèves, la presque totalité a besoin d'apprendre à se servir de ce nouvel outil, et d'être guidée dans les activités. Sans prétendre faire le tour de la question, nous allons passer en revue un certain nombre d'expériences en cours et de propositions émanant d'enseignants d'allemand.
1- L'école de voile, ou naviguer sur l'Internet
Dans un article des Cahiers pédagogiques, de février 1999, Séraphin Alava constatait que l'école ne pourrait échapper au cyberespace et aux nouvelles médiations cognitives. Les mutations de l'espace social engendrées par l'informatique entraîneraient certaines mutations dans l'espace scolaire. Les nouveaux "espaces de savoir" produisent un "métissage" des temps d'apprentissage, puisqu'ils permettent d'apprendre à tout âge et en tous lieux. Pour que ces nouvelles formes d'autodidaxie n'accentuent pas les différences sociales, il est nécessaire que l'école favorise l'appropriation par tous des outils du cyberespace. L'objectif premier pourrait concerner l'acquisition d'une autonomie documentaire. Mais peut-on mettre les élèves devant l'ordinateur et leur confier immédiatement une tâche de recherche ?
L'élève ne connaissant pas l'information qu'il doit découvrir, l'enseignant peut le mettre sur le chemin et lui indiquer la route à suivre. Sur l'Internet, le chemin est toujours compliqué et il sera difficile de le retrouver, s'il n'y a pas eu de repérages précis. L'enseignant peut donc expliquer comment est conçu le réseau sur lequel il est appelé à naviguer, puis il fournit l'information à trouver. Etant parvenu seul à trouver le trésor caché, l'élève sera probablement en mesure de trouver ensuite les chemins d'accès à d'autres informations pertinentes.
2-Quelles activités pour les élèves?
Nous allons nous en tenir aux activités des élèves qui utilisent l'Internet. Pour préparer le travail en classe, l'accompagner ou le reprendre, les élèves se voient offrir un grand choix d'activités. Dans le cadre des cours de langue, ils peuvent :
1- chercher de la documentation pour faire un dossier avec www.yahoo.de (ou www.google.com qui donne les réponses les plus complètes en avril 2000, et les plus rapides car il n'a pas de bandeau publicitaire)
2- demander de l'aide pour constituer ce dossier ( www.multimania.fr )
3- rechercher des lycées pour entrer en contact avec des lycéens (www.schulweb.de)
4- entrer dans des sites d'enseignement de la langue allemande (www.goethe.de) pour
5- rechercher des articles de journaux dans des sites choisis (sur le modèle : www.[titre].de )
A partir du moment où ces activités ne sont plus laissées à l'initiative de chacun, mais font partie du travail de classe, il devient nécessaire de les intégrer dans un schéma didactique. Parfois elles sont similaires à des activités connues de certaines méthodologies, parfois elles sont les éléments-clés de certains modèles didactiques : toute la difficulté consiste à les agencer de manière nouvelle pour qu'elles gardent leur attrait tout en favorisant un apprentissage efficace.
2-Comment gérer ces activités?
Dans un passé récent, l'emploi de la vidéo avait suscité de nouvelles procédures d'enseignement. Ce support n'étant pas exclusivement linguistique, il a fallu expliciter les démarches innovantes dans les livrets pédagogiques vidéo. En examinant ceux-ci, nous avions décelé un certain nombre de modèles didactiques autour desquels se focalisaient les activités (Thèse de doctorat dont l'essentiel sera publié prochainement au CRDP de Strasbourg). Ces modèles sont-ils à l'uvre ici? Certains indices semblent le confirmer.
Il est ainsi difficile d'imaginer une activité de correspondance avec des Allemands qui n'ait été préparée en classe par l'étude de documents sur les conditions de vie ou de travail des correspondants (des lycéens allemands par exemple). Cette étude, faite selon des modèles didactiques connus, aura permis l'apprentissage des termes spécifiques qui rendent possibles la compréhension et l'expression. La phase de communication correspond alors à l'exploitation des acquis et à leur extension.
D'autres activités s'apparentent aux modèles du travail en semi-autonomie, c'est-à-dire avec le suivi d'un conseiller. Dans ce domaine, il est possible de recourir aux travaux du CRAPEL de Nancy. L'adoption de ces modèles didactiques ne pourra se faire cependant sans tenir compte du fait que les lycéens sont des jeunes dont le jugement est encore à former - rôle joué par la discipline de lycée.
La recherche d'exercices de révision grammaticale suppose une forte prise de conscience, chez le jeune lycéen, de ses besoins d'apprentissage à laquelle il faut ajouter une maturité hors du commun. Ces exercices pourront manquer de contexte d'intégration (comme un thème traité en cours) et comporter des difficultés de vocabulaire.
La présentation de textes personnels, essais, récits, poèmes, se situe dans le prolongement de thèmes traités en cours.
Comme on le constate, ces différentes activités ne préjugent en rien le modèle didactique de référence qui peut aussi bien être culturel que civilisationnel ou linguistique, voire même psychopédagogique, c'est-à-dire centré sur les besoins de l'apprenant.
La recherche de documents en vue de la constitution d'un dossier individuel ou collectif s'apparente au travail documentaire de traque de l'information pertinente, suppose un énorme travail de lecture et un savoir-faire conséquent que l'école devrait aider à acquérir par étapes. Il s'agit là d'une mission pédagogique d'envergure sur laquelle il convient de s'arrêter un certain temps.
- un nouveau modèle : le projet. La constitution d'un dossier peut se concevoir comme un ensemble d'activités qui constitue un nouveau modèle didactique. Comme le suggérait Louis Martinand¸ la réalisation d'un projet est en soi éducative, en dehors des aspects cognitifs que cela comprend.
Les innovations pédagogiques comme le recours au document vidéo, au multimédia et à l'Internet, outre qu'elles permettent de faire acquérir une certaine maîtrise des nouveaux outils de communication, ravivent la motivation des élèves pour l'apprentissage des langues, surtout quand celles-ci, à l'instar de l'allemand ont la réputation (injustifiée?) d'être assez difficiles.
L'Internet apporte une source supplémentaire de motivation. L'élève qui apprend recherche le sens de ce qu'il lit ou entend. Quand il éprouve le besoin de s'exprimer dans la classe ou dans une copie, il ne voit pas toujours l'intérêt d'entrer dans le carcan d'une langue étrangère. S'il utilise l'Internet pour faire part de ce qu'il pense, l'effort qu'il fait pour s'exprimer dans la langue prend vraiment tout son sens. Et si quelque part un internaute lui répond, il se produit un échange authentique, comme jamais dans le cours (où tout est simulé).
L'apprenant de langue se trouve désormais en mesure d'appliquer immédiatement ce qu'il a appris, de le mettre à l'épreuve en tentant d'entrer en contact écrit avec des "locuteurs natifs". De ce fait, il prolonge l'enseignement/la séance d'apprentissage, choisit de nouveaux maîtres s'il le désire. Restons cependant réalistes, seule une minorité de lycéens tentera de voler de ses propres ailes. C'est à l'enseignant qu'il revient de mettre en place ces nouvelles formes d'apprentissage.
1- Apprentissage des utilisations d'Internet
- Modèle 1 : Formation à la navigation
- Modèle 2 : Création d'un site Internet plurilingue
- Modèle 3 : Création d'une uvre multimédiatique sur la toile
2- Apprentissage de la langue étrangère
- Modèle 4 : Cours de langue MM sur le Net
- Modèle 5 : Révisions lexicales et grammaticales. Traduction aidée par l'ordinateur
- Modèle 6 : Travail sur des documents didactisés (selon les modèles du Texte de base ou des méthodes audiovisuelles)
- Modèle 7 : Entraînement à l'expression dans la langue étrangère, avec corrigé,
- rédaction de poèmes, de récits fictionnels
- Modèle 8 : Correspondance avec un partenaire allemand, ou une école, un lycée
- Modèle 9 : Traval en autonomie
- Modèle 10 : TUTORAT (les papi'nets)
- Modèle 11 : TRAVAIL PLURIDISCIPLINAIRE (TPE)
3- Apprentissage culturel
- Modèle 12 : information civilisationnelle (par les journaux ou les sites spécialisés)
- patrimoine
- politique, histoire, géographie contemporaines
- Modèle 13 : Etude de documents culturels ( texte, reproduction d'une uvre)
- uvre littéraire
- films et films TV
- Modèle 14 : Etude de documents d'analyse culturelle et de critique (littéraire, artistique ... )
4- La formation générale
- Modèle 14 : Formation générale
- Modèle 15 : trqavail de type psychopédagogique
Tableau étendu des modèles de l'apprentissage avec l'INTERNET
Chaque modèle d'enseignement en lycée comprend : 01- des objectifs didactiques liés à la matière, 2- des principes, et des méthodes, 3- des techniques d'apprentissage de la langue, 4- des activités de type langagier, 5- des formes sociales de travail pour chaque activité, 6- des activités cognitives, 7- des matériels, 8- des finalités, 9- et surtout l'objet de la centration : la dominante du modèle.
- Modèle 1 : Formation à la navigation S. ALAVA (Cahiers Pédagogiques, février 1999) reprenant l'image de la navigation, en mer, distingue les étapes de formation suivantes :
1- apprentissage en bassin : le mousse s'initie aux manuvres de base
2- navigation accompagnée : le professeur indique les sites à visiter, les marchandises à embarquer, au besoin il aide à la maoeuvre
3- les projets guidés : les équipes reçoivent une aide à l'élaboration de projets
4- la navigation libre
- Modèle 2 : Création d'un site Internet plurilingue concernant :
- le lycée : spécialités, cadre de vie, relations internationales, visiteurs-conférenciers de renom, etc.
- site perso., CV, sujets préférés, présentation de quelques sites.
Aspects didactiques : partage du travail, des thèmes, organisation (par : vocabulaire du thème, grandes idées connues, critières de choix à expliciter), mise en commun, bilan-évaluation...
- Modèle 3 : Création d'une uvre multimédiatique sur la toile: uvre d'imagination ou uvre argumentative
2- Apprentissage de la langue étrangère
- Modèle 4 : Cours de langue multimédia sur le Net (site goethe.de)
- Modèle 5 : Révisions lexicales et grammaticales. Traduction aidée par l'ordinateur
- Modèle 6 : Travail sur des documents didactisés (selon les modèles du Texte de base oudes MAV (méthodes audiovisuelles))
- Modèle 7 : Entraînement à l'expression dans la langue étrangère, avec corrigé,
- rédaction de poèmes, de récits fictionnels
- Modèle 8 : Correspondance avec un partenaire allemand, ou une école, un lycée (cf. Toulouse et Poitiers)
- se mettre d'accord sur la fréquence et le contenu des échanges (attention à l'autodérision des adolescents), sur les consignes à respecter (niveau de langue, codes de la correspondance), sur le partage et la diffusion des messages
- conditions matériel de rédaction, d'envoi et de réception
- correction des textes -dans les équipes, par le prof, ou par les correspondants. Faire des fiches de suivi des erreurs.
- travail avec et sur le dictionnaire, sur des listes de termes par thème (extraits des textes étudiés) et bilan lexical en fin de parcours
- projet commun : synthèse (devoir écrit, visioconférence, table ronde), exposition sur le partenaire, page du site web, journal des lycéens, ...
- gestion des équipes, de l'investissement personnel
- bilan avec les partenaires et leur(s) professeur(s)
- Modèle 9 : Traval en autonomie (type: recherche documentaire, avec préparation (vocabulaire), recherches (techniques à utiliser), travail sur les documents retenus (type texte de base) et évaluation
- Modèle 10 : TUTORAT (les papi'nets)
- Modèle 11 : TRAVAIL PLURIDISCIPLINAIRE (TPE)
3- Apprentissage culturel
- Modèle 12 : information civilisationnelle (par les journaux ou les sites spécialisés)
- patrimoine : cuturel, industriel, immobilier, environnemental, musical, pictural, ...
- politique, histoire, géographie contemporaines
- Modèle 13 : Etude de documents culturels
- uvre littéraire : modèle du Texte de base
- films et films TV : modèles de la vidéo
- Modèle 14 : Etude de documents d'analyse culturelle (critique littéraire ou artistique) : Modèles de l'étude de documents argumentatifs (étude globale, détaillée -expressions et tournures-, recherche des arguments et de leur articulation)
- Modèle 15 : Modèle de Formation générale. Par ces activités, le lycéen est amené à réfléchir, à former son jugement, à débattre en apportant des arguments
- Modèle 16 : Modèle psycho-pédagogique. L'accent est mis sur l'accompagnement de la démarche d'apprentissage de l'élève, qu'il travaille seul, en équipe ou en classe plénière. Le maître mot est la différenciation. Ele permet à chacun d'avancer pas à pas, p. ex. en commençant par faire une liste alphabétique des termes que l'on retrouve sur tous les sites: Retour, chercher, etc.
Conscient d'utiliser les nouveaux supports technologiques dans un contexte de formation générale des citoyens et de ne pas les rendre dépendants d'un outil - aussi performant soit-il - l'enseignant qui a recours à l'ordinateur et à l'Internet fait en sorte que ses élèves apprennent à dominer cet outil, à en faire leur serviteur dans l'apprentissage des langues étrangères et dans la construction d'une culture générale.
Quels modèles didactiques pour l'Internet en classe de langue?
Comme pour les modèles didactiques de l'enseignement avec la vidéo, il est possible de repérer des dominantes c'est-à-dire des choix de formation qui fédèrent et orientent les activités. On a ainsi remarqué que la connaissance des aspects cuturels et de la vie pratique justifiaient les choix didactiques de certaines séquences avec l'Internet, alors que d'autres visaient à la construction en commun d'un objet, tel que la réalisation d'un page web ou d'une exposition sur un thème, une ville, une région. Cette seconde dominante est tout à fait nouvelle dans l'enseignement des langues, alors qu'elle était fondamentale en technologie et qu'on la voyait poindre dans les T.I.P.E. des Classes Préparatoires (CPGE) et dans les premiers T.P.E. en expérimentation dans certains lycées. La notion de tâche qui en est la base implique que celle-ci est faite pour elle-même, dans toutes ses composantes, et non pour le seul entraînement des capacités linguistiques, la réalisation de la tâche faisant appel à de nombreuses compétences extra-linguistiques.
Il arrive que les activités envisagées autour du support Internet intègrent les deux dominantes. Ainsi la préparation d'un voyage ou d'un échange scolaires, la découverte d'un établissement, d'une ville, d'une région, ou d'un thème peut déboucher sur la réalisation d'une page web, de tout un site, d'une exposition, d'un échange scolaire ou d'un exposé au reste de la classe.
Les objectifs formatifs fixés dans ces deux modèles didactiques sont d'une part de type culturel (connaissance de l'Autre) ou interculturel (mise en relation des deux cultures : ressemblances, divergences, particularités), d'autre part de type complexe lié à la réalisation d'une tâche en commun (aptitude à agir en équipe, à la correction linguistique réciproque, etc.)
Les principes qui président au fonctionnement de ces deux modèlent divergent largement. Dans le modèle culturel, on est dans le domaine de la découverte de l'Altérité, c'est-à-dire de la prise de conscience de la culture de l'autre par les moyens de la comparaison avec ce que l'n connaît de sa propre culture. Au-dela des images, la priorité est donnée au travail sur le lexique. Dans le modèle de la tâche, il s'agit de réaliser une oeuvre qui sera présentée à un public qui dépasse l'équipe et parfois la classe. Il arrivera que le public soera constitué d'élèves de la classe jumelée, à qui l'on renverra l'image qu'ils ont donnée.
D'un point de vue didactique des langues, le principe privilégié est celui des méthodes actives selon lequel on apprend la langue en la manipulant, d'une part pour comprendre les énoncés, d'autre part en produisant des énoncés dans un contexte de communication réelle ou différée.
L'Internet offre de plus certaines possibilités de cheminement individualisé, car ce n'est plus le professeur, mais l'élève qui a la maîtrise des textes et des aides en ligne.
Peut-on parler de méthodologie Internet? Dans l'état actuel, il est encore trop tôt pour parler de méthode de langue qui utiliserait ce support de manière suffisamment caractérisée. Cependant, des indices montrent qu'on s'y achemine. En effet, ce support permet à la fois de rechercher des activités d'entrainement grammatical, des textes didactisées correspondant à différents niveaux et concernant des thèmes bien précis et des temps d'expression. La communication qui est encore essentiellement écrite (mailing) entre des individus ou des groupes, pourra devenir orale ou mixte. Les aides sont nombreuses et de différents niveaux. (Nous n'avons cependant pas encore trouvé de grammaire allemande rédigée en langue française). La "méthode Internet", si elle voit le jour, devrait comprendre un élément de recherche documentaire. Et c'est pourquoi on l'imagine dans un contexte de "réalisation de tâche complexe"ol0^198
La méthodologie Internet comprend une face d'autoprogrammation de la progression en langue, plus ou moins importante selon les situations. Elle peut devenir un élément incontournable, même dans la formation de lycée. De ce fait, on peut en attendre une plus grand efficacité, mais à condition qu'avec des collégiens et des lycéens, les enseignants élaborent une mise en autonomie progressive pour certains aspects de la formation. L'enseignement ne peut totalement se désincarner : l'existence de groupes réels, avec des séances de débats argumentés, semble indispensable à toute formation d'adolescent dans le cadre d'une discipline de lycée.
Modèle culturel Modèle de la tâche
Dominante Comme pour les modèles didactiques de l'enseignement avec la vidéo, il est possible de repérer des dominantes c'est-à-dire des choix de formation qui fédèrent et orientent les activités. On a ainsi remarqué que la connaissance des aspects culturels et de la vie pratique justifiaient les choix didactiques de certaines séquences avec l'Internet
Dominante D'autres assemblages d'activités visent à la construction en commun d'un objet, tel que la réalisation d'un page web ou d'une exposition sur un thème, une ville, une région. Cette seconde dominante est tout à fait nouvelle dans l'enseignement des langues, alors qu'elle était fondamentale en technologie et qu'on la voyait poindre dans les TIPE des Classes Préparatoires (CPGE) et dans les premiers TPE en expérimentation dans certains lycées. La notion de tâche qui en est la base implique que celle-ci soit faite pour elle-même, dans toutes ses composantes, et non pour le seul entraînement des capacités linguistiques, la réalisation de la tâche faisant appel à de nombreuses compétences extra-linguistiques.
Activités Alors que le modèle culturel oriente le travail scolaire vers la découverte et la compréhension des faits culturels et civilisationnels, il arrive que les activités envisagées autour du support Internet intègrent plusieurs dominantes. Ainsi la préparation d'un voyage ou d'un échange scolaire, la découverte d'un établissement, d'une ville, d'une région, ou d'un thème peuvent déboucher sur la réalisation d'une page web, de tout un site, d'une exposition, d'un échange scolaire ou d'un exposé au reste de la classe. L'échange de courrier électronique entre des individus ou des classes peut donner lieu à de nombreuses activités de préparation et de mise au point à orientation culturelle.
Activités La réalisation d'une uvre fait appel à des activités de conception, de planification, de régulation, d'harmonisation, d'implémentation du travail de groupe, de recherche de solutions alternatives, de synthèse.
Du point de vue linguistique, il y a un travail de lexicographie sur le thème étudié
Objectifs formatifs Les objectifs formatifs sont de type culturel (connaissance de l'Autre) ou interculturel (mise en relation des deux cultures : ressemblances, divergences, particularités) et visent le développement des capacités d'interprétation et de jugement,
Objectifs formatifs Ils sont de type transdisciplinaire et de formation générale, du fait de la réalisation d'une tâche en commun (développement des capacités d'élaboration d'une uvre commune, d'une prise en charge collective, aptitude à agir en équipe, à se corriger mutuellement les erreurs linguistiques, etc.)
Principes Les principes qui président au fonctionnement de ces deux modèlent divergent largement. Dans le modèle culturel, on est dans le domaine de la découverte de l'Altérité, c'est-à-dire de la prise de conscience de la culture de l'Autre par les moyens de la comparaison avec ce que l'on connaît de sa propre culture. La priorité est donnée au travail sur les notions culturelles et civilisationnelles.
Principes Dans le modèle de la tâche, il s'agit de réaliser une oeuvre qui sera présentée à un public qui dépasse l'équipe et parfois la classe (effet motivant). D'un point de vue didactique des langues, le principe privilégié est celui des méthodes actives selon lequel on apprend la langue en la manipulant, d'une part pour comprendre les énoncés, d'autre part en produisant des énoncés dans un contexte de communication réelle, directe ou différée. L'Internet offre de plus certaines possibilités de cheminement individualisé de l'apprentissage, car ce n'est plus le professeur, mais l'élève qui a la maîtrise des textes et des aides en ligne.
Ainsi, lorsqu'il a recours au support Internet, l'enseignant se réfère plus ou moins consciemment à des outils pédagogiques (appelés "objets méthodologiques" par référence aux modèles didactiques dans lesquels ils s'insèrent) qui lui sont familiers. Dès lors la question qui pourrait se poser est de savoir si le support Internet va susciter la création d'outils nouveaux, liés par exemple à la possibilité d'entrer en contact avec des locuteurs autochtones, ou bien si les enseignants - pensant parfois innover - vont nécessairement reproduire les schémas connus. Des enquêtes ont cours qui permettront peut-être d'avancer en ce domaine.
Parmi les pièges que comporte le travail avec l'Internet comme avec les autres supports, il y en a un qui est particulièrement pernicieux et qui consiste à croire que ce qui peut se faire avec des adultes, ou lors de séjours linguistiques, est utilisable à l'identique en milieu scolaire, en lycée précisément. Or les lycéens répartissent leur temps d'apprentissage entre de nombreuses disciplines. De plus, l'objectif de la formation au lycée dépasse de beaucoup l'objectif d'apprentissage des langues et oriente celui-ci sur certains axes qui peuvent être négligés dans les autres types de formation. L'enseignement des langues est soumis à la finalité de formation générale des jeunes en milieu scolaire. Cela a pour conséquence de respecter le principe que le jugement n'est pas encore tout à fait formé et que le travail scolaire se doit d'une part de contribuer à cette formation et d'autre part de ne pas agir comme si le jeune était déjà formé et apte à juger de tout.C'est dans ce contexte particulier que nous proposons d'avancer dans la réflexion et d'énoncer tout d'abord les modèles possibles du travail avec l'Internet, pour en rapporter le contenu aux 6 modèles existants et vérifier si certains éléments n'entrent dans aucun des modèles.
A partir des publications françaises et allemandes sur le sujet, nous avons retenu trois catégories de modèles, ceux de l'apprentissage des utilisations d'Internet, ceux de l'apprentissage de la langue étrangère et ceux de l'apprentissage culturel.
Par l'Internet, les jeunes ont la possibilité d'accéder aux mêmes informations que leurs professeurs ou leurs parents. Posséder l'information , c'est posséder le pouvoir sur ceux qui ne l'ont pas. Cela les met dans une position de rivaliser avec les adultes, alors qu'ils n'en ont pas toujours la maturité. On a vu de jeunes adolescents, mal conseillés, voire instrumentalisés, utiliser la totale liberté du CDI pour s'intéresser aux sites extrémistes ou racistes, et propager ensuite parmi leurs camarades les idées d'exclusion. Comment éviter de telles dérives ?
En leur montrant tout ce que peut apporter l'Internet dans la connaissance de soi, de ses valeurs, mais aussi de celles des autres, en leur faisant vivre tout l'enrichissement de l'échange avec l'Autre, y compris en langue étrangère, tout enseignant contribue à l'uvre d'éducation de chaque génération nouvelle. Consciente de ses responsabilités, celle-ci affrontera l'égalité dans l'accès à l'information et la connaissance avec l'humilité de celui qui sait ne comprendre que peu de choses, mais sera désireux de bien faire, dans le respect des autres et du bien commun.
Références - Sites Internet
ADEAF (webmaster : Etienne Kneiff) Didactique : applications pédagogiques incluant les TICE, consulté en janvier 2001 : http://www.ac-nancy-metz.fr/enseign/allemand/adeaf/
Alava S., Cyberapprendre ou les risques de l'autoformation Les Cahiers pédagogiques n° 370, 1999 consulté en janvier 2001 : http://www.cahiers-pedagogiques.com/pages/frame1497731.htm
Arnold C.(1998) Une séquence pédagogique avec le Web Husum, consulté en janvier 2001 : www.ac-toulouse.fr/allemand/arbeitsblaetter/husum.htm .
Block A. (2000) Online-Projekte im Fremdsprachenunterricht - Magisterarbeit Anja Block - Universität Bielefeld, consulté en janvier 2001 : http://www.uni-bielefeld.de/~ablock/texte/einleit.htm
Bubenheimer F. (1999) E-Mail-Projekte im Deutsch als Fremdsprache-Unterricht, consulté en janvier 2001 : www.uni-bielefeld.de/~felixbub/index.html
Donath R. Englisch.schule, consulté en janvier 2001 : www.englisch.schule.de
Goldmann K., Colas O. (2000) Défi internet langues allemand - anglais, consulté en janvier 2001 : http://www.ac-versailles.fr/pedagogie/allemand/eleve/defi.htm
Lixl-Purcell A. (2000) German web site, consulté en janvier 2001 http://www.uncg.edu/~lixlpurc/german.html
Prokopp M. Hufeisen B. (2000) "ejournal Daf", consulté en janvier 2001 : http://www.ualberta.ca/~german/ejournal/ejournal.html
Verreman A. La vidéo en classe de langue, un révélateur des modèles et des matrices d'une discipline. Étude des livrets pédagogiques accompagnant les vidéos en allemand Doctorat nouveau régime. 99/STR2/0035.: A.N.R.T. Université Lille III, 2000. Lille-Thèses, ISSN 0294-1767. Extraits sur le site : www.chez.com/alainverreman .
-------------Modèle de développement de matériels didactiques : Tableau (voir site: tableau)
Article paru dans la revue Les Langues Modernes :
L'Internet suscite-t-il de nouveaux modèles didactiques ?
L'Internet est en train de prendre une telle place dans la vie économique et sociale que l'enseignement ne peut plus l'ignorer. Le Ministère de l'Education veut en généraliser l'utilisation dans les écoles, les collèges et les lycées. Dans les Travaux Pratiques Encadrés (TPE), les élèves de Première et de Terminale font et feront largement appel à l'Internet pour leurs recherches documentaires, comme le font déjà les élèves des Classes Préparatoires pour les TIPE. Les Régions fournissent du matériel, des collègues se lancent. D'autres hésitent et se demandent si tout cela n'est pas un peu précipité, si ce média est bien un outil approprié à l'enseignement, car, disent-ils, l'information n'est pas le savoir et les savoir-faire didactiques sont encore dans un état embryonnaire.
Allié à l'ordinateur, l'Internet constitue un support nouveau et performant pour la diffusion de l'information, et il finira par s'imposer à tous, au même titre que le papier et la bande magnétique. Les partisans de la transmission orale n'ont pu empêcher le papier imprimé de prendre une place prépondérante dans la propagation de l'information et de la connaissance. Il en fut de même de la radio (domaine de la transmission orale), de la télévision (domaine de l'image et de la parole) et maintenant de la Toile (domaine de l'écrit, de l'image et - parfois déjà - de la parole). On n'imagine pas l'école sans image ni papier, ni bientôt sans l'Internet pour la consultation, l'écriture, la publication, la communication.
La valeur ajoutée de l'Internet : l'universalité de l'émission
Alors que l'arrivée des appareils de radio à transistors avait assuré l'universalité de la réception (notio d'information), l'Internet assure, en plus, l'individualisation de l'émission: tous peuvent s'adresser à tous (notion de communication). La cherté et la fragilité de l'équipement constituent encore un frein à ce développement. Mais, comme pour la télévision et la radio, ce verrou économique finira par sauter, sauf si d'autres Bill G. tentent de confisquer la propriété de l'outil. L'universalité de l'accession à ce nouveau média n'est, selon toute vraisemblance, qu'une question d'années. D'ici peu, chaque individu pourra faire connaître à qui veut l'entendre ou le lire toute (dés)information, toute connaissance, toute opinion. La conséquence la plus visible de cette nouvelle donne, c'est d'une part l'impossibilité de contrôler les contenus véhiculés par ce média. Les réseaux du sexe, de pédophilie, les sites néo-nazis, etc. côtoient les innombrables sites réellement informatifs. D'autre part, la publication des articles et des ouvrages s'effectue sans délai, ce qui entraîne l'intensification des échanges d'idées et l'accélération des innovations, comme nous avons pu le constater à propos des TPE au cours de l'année 1999-2000.
L'Internet est un outil que l'école ne peut ignorer
L'école ne peut rester étrangère au phénomène Internet, formidable bibliothèque multimédia toujours actualisée et consultable à souhait, qui remet en cause à la fois le rôle des médias traditionnels (livres, revues, cahiers, qui restaient contrôlés dans le cadre scolaire) et son propre rôle, celui de sélectionner les informations et les connaissances pour aider les enfants et les adolescents à les transformer en savoirs structurés.
L'école ne peut rester indifférente, car les jeunes se sont emparés de ce nouveau média pour satisfaire leurs besoins les plus frustes comme les plus nobles. Tout comme l'école leur apprend à passer de l'image au concept, de la BD au livre sans image, et de l'image à son interprétation, il est semble-t-il de sa mission de profiter de cette attirance pour aider les jeunes à maîtriser ce média et leur donner l'occasion d'en tirer profit pour leur formation.
L'enseignant de langue se demande cependant si ce média est réellement adapté à l'enseignement/ apprentissage, c'est-à-dire s'il est utile d'apprendre aux jeunes à naviguer sur la Toile et si réellement les besoins de l'apprentissage des langues peuvent être satisfaits à l'aide de l'Internet. Il ne se contente pas de se demander "Que faire du Net en cours de langue ?" il se dit : "L'Internet permet-il de répondre à des besoins didactiques que les autres médias ne permettaient pas de satisfaire?" Quelques équipes enseignantes (plus ou moins informelles quand elles publient sur l'Internet ) répondent par l'affirmative, à la suite d'expérimentations qui ont eu lieu tant en France qu'aux USA, en Allemagne, ou ailleurs . Nous allons nous appuyer sur les comptes-rendus et les articles de réflexion pour tenter de découvrir quels sont les procédés utilisés et s'il existe de nouveaux modèles didactiques suscités par ce nouveau média.
Quelles activités linguistiques pour les élèves?
Le but de cette communication n'étant pas de présenter ce que la Toile peut apporter au professeur, mais les utilisations de l'Internet en didactique des langues, nous nous en tenons à ce qui est proposé aux élèves.
Qu'ils veuillent préparer le travail en classe plénière, l'accompagner ou le reprendre, les élèves se voient offrir un grand choix d'activités. Dans le cadre des cours de langue, ils peuvent par exemple chercher de la documentation pour élaborer un dossier, demander de l'aide pour constituer ce dossier, rechercher des lycées pour entrer en contact avec des jeunes, tenter de correspondre avec de jeunes allemand(e)s, ou avec des classes (individuellement ou en équipe), participer à leurs forums de discussion, entrer dans des sites d'enseignement de la langue allemande effectuer des exercices d'entraînement grammatical ou lexical, faire appel à des articles de journaux dans des sites choisis pour traiter de sujets d'actualité ou de thèmes précis, etc. etc.
Pour tenter d'y voir un peu plus clair, nous allons classer ces activités en domaines et les regrouper en trois catégories selon qu'elles favorisent prioritairement l'apprentissage de la navigation sur l'Internet, l'apprentissage de la langue étrangère ou l'apprentissage culturel - ces trois apprentissages se recoupant nécessairement et favorisant la formation générale.
1-Apprentissage de l'emploi d'Internet
Domaine 1 : Formation à la navigation : S. Alava , reprenant l'image de la navigation en mer, distingue les étapes de formation suivantes :
0- absence de formation : le navire ne peut éviter les écueils (technique, trop grand choix)
1- l'apprentissage en bassin : le mousse s'initie aux manuvres de base (à l'ordinateur)
2- la navigation accompagnée : le professeur indique les sites à visiter, les marchandises à embarquer, au besoin il aide à la manuvre et décode les termes techniques
3- les projets guidés : les équipes reçoivent une aide à l'élaboration de projets
4- la navigation libre : l'élève invente ses parcours, crée sa lecture et ses propres pages.
- Domaine 2 : Création d'un site Internet plurilingue concernant :
- le groupe : informations, photos, liens aux sujets préférés (avec recension), poèmes, fictions, jeux, humour, thèmes de discussion, petits conseils
- le lycée : spécialités, cadre de vie, relations internationales, visiteurs-conférenciers,
- le site perso : CV, sujets préférés, présentation de quelques sites que l'on aime.
Aspects didactiques : partage du travail, des thèmes, organisation (vocabulaire du thème, grandes idées connues, critières de choix à expliciter), mise en commun, bilan-évaluation...
- Domaine 3 : Création d'une uvre multimédiatique sur la toile: uvre d'imagination ou uvre argumentative (la motivation est liée à la publication de l'uvre et à l'authenticité de la communication en langue étrangère).
2-Apprentissage de la langue étrangère
- Domaine 4 : Cours de langue multimédia sur le Net
- Domaine 5 : Révisions lexicales et grammaticales. Traduction aidée par l'ordinateur
- Domaine 6 : Travail sur des documents didactisés (selon les modèles du Texte de
Base ou des méthodes audiovisuelles)
- Domaine 7 : Entraînement à l'expression en LE, (corrigé gratuit sur le www.goethe.de )
- expression écrite (puis orale) sur un thème donné (participation à un forum)
- rédaction de poèmes, de récits fictionnels
- Domaine 8 : Correspondance avec un partenaire allemand, ou une école, un lycée (cf. sites de Toulouse, de Poitiers, les sites Tandem, le "Goethe.de", etc.)
- Domaine 9 : Travail en autonomie (type: recherche documentaire, avec préparation (cheminement, vocabulaire, révisions, formes d'aide), recherches (techniques à utiliser), travail sur les documents retenus (type texte de base) et évaluation
- Domaine 10 : Tutorat (les papi'nets): Les élèves se font aider dans leurs travaux par des bénévoles, jeunes ou adultes, qu'ils consultent par courriel.
- Domaine 11 : Travail pluridisciplinaire (comme les TPE): Il peut s'agir, par exemple de créer un site en plusieurs langues, soit de travailler un thème en langue étrangère en même temps que dans une autre discipline.
3- Apprentissage culturel
- Domaine 12 : information civilisationnelle (par les journaux ou les sites spécialisés)
- modes de vie : école, lectures, loisirs, rencontres, sorties (cinéma, théâtre, spectacles, boites, expositions, musées), achats, vacances, boissons et plats préférés, exercice du métier, amitiés, ...
- patrimoine : cuturel, industriel, immobilier, environnemental, musical, pictural, ...
- politique, histoire, géographie contemporaines
- Domaine 13 : Etude de documents culturels : informations, uvre, films et films TV
- Domaine 14 : Etude de documents d'analyse culturelle (critique littéraire ou artistique) : étude de documents argumentatifs (étude globale, détaillée) expressions et tournures, recherche des arguments et de leur articulation)
Comment gérer ces activités?
A partir du moment où ces activités ne sont plus laissées à l'initiative de chacun, mais font partie du travail de classe, il est nécessaire de les intégrer dans un schéma didactique. Parfois elles sont similaires à des activités connues de certaines méthodologies (rechercher une information dans un document), parfois elles en sont les éléments-clés (exercices différenciés): toute la difficulté consiste à les agencer de manière nouvelle pour qu'elles gardent leur spécificité et leur attrait, tout en respectant la spécificité du support Internet et en favorisant un apprentissage efficace.
Dans un passé récent, l'emploi de la vidéo avait suscité de nouvelles procédures d'enseignement. Ce support n'étant pas exclusivement linguistique, il a fallu que l'on explicite les démarches innovantes et que l'on publie à cet effet des "Livrets pédagogiques vidéo" chargés de guider les enseignants dans l'emploi du film vidéo en cours de langue. On décèle dans les livrets pour l'allemand un certain nombre de "modèles didactiques" dans lesquels les activités de classe se focalisent autour d'une dominante qui peut être :
- une dominante culturelle et civilisationnelle, qui donne la préférence à l'identification et à la compréhension des éléments culturels et civilisationnels
- une dominante artistique, en l'occurrence c'est l'étude filmique qui dominera et donnera lieu à des activités en allemand qui viseront la découverte d'une uvre du septième art. Ce modèle peut prendre deux formes distinctes : ou bien il y a une focalisation sur les aspects artistiques, ou bien les activités sont orientées vers la formation cinématographique. Alors que le premier de ces deux modèles peut se retrouver en cycle terminal de lycée, le second est pratiqué dans la formation pour adultes et dans les sections de lycée à option cinéma.
- une dominante du type "Texte de Base" dans laquelle le film ou le document vidéo sont étudiés pour leur apport linguistique, le film est considéré comme une analogie de la réalité et donne lieu à une étude globale, très proche de la méthodologie dite du Texte de Base,
- une dominante psychopédagogique en ce sens où les travaux ne visent pas la découverte du document, mais la mise en activité langagière des élèves - de manière différenciée le plus souvent. Ce modèle semble s'appuyer sur les principes des méthodes audiovisuelles, car le document filmique est retenu essentiellement pour la redondance des paroles et des images .
Modèles didactiques dans l'emploi du support Internet
Ces modèles sont-ils également à l'uvre lorsqu'on prend le support Internet? Certains indices semblent le confirmer. Il est ainsi difficile d'imaginer une activité de correspondance avec des Allemands par le Web qui n'ait été préparée en classe par l'étude de documents sur les conditions de vie ou de travail des correspondants. Cette étude, faite peut-être selon des modèles didactiques courants, aura permis l'apprentissage des termes spécifiques qui rendent possibles la compréhension et l'expression. Le modèle "psychopédagogique" qui correspond à la prise en compte de la diversité des élèves d'une même classe et à la nécessaire variété des approches pédagogiques pourra être la référence de l'enseignant dans certains types de classes, alors qu'avec des classes homogènes et motivées, le modèle du "Texte de Base" peut très bien convenir dans cette phase de préparation à l'écriture dans l'échange de messages. La phase de communication par l'Internet correspond alors à l'exploitation des acquis et à leur extension.
D'autres activités sur l'Internet s'apparentent aux modèles du travail en "semi-autonomie", avec le suivi d'un conseiller. Dans le domaine de l'apprentissage en autonomie, il est possible de recourir aux modèles établis par les travaux du CRAPEL de Nancy. L'adoption de ces modèles didactiques dans l'enseignement secondaire ne pourra se faire cependant sans tenir compte du fait que les lycéens sont des jeunes qui n sont pas encore entraînés à l'autonomie et dont le jugement est encore à former - rôle imparti à toute discipline de lycée. Par ailleurs, l'autodidaxie est un exercice fort exigeant : la recherche d'activités de révision grammaticale suppose une forte prise de conscience, chez le jeune lycéen, de ses besoins d'apprentissage à laquelle il faut ajouter une maturité hors du commun. La présentation de textes personnels, essais, récits, poèmes, se situant dans le prolongement de thèmes traités en cours présentera vraisemblablement moins de difficultés. L'Internet apporte une motivation nouvelle du fait de leur publication, des échanges de textes rédigés, ce qui n'est pas sans rappeler quelques aspects de la méthode Freinet.
Comme on le constate, ces différentes activités de correspondance, de recherche documentaire, de publication de textes personnels peuvent se retrouver dans plusieurs modèles didactiques qui peuvent aussi bien être culturel que civilisationnel ou linguistique, voire même psychopédagogique, c'est-à-dire centré sur les besoins de l'apprenant.
Dans l'espace imparti à cet article, nous ne pouvons présenter que deux modèles didactiques utilisables avec le support Internet.
Alors que la correspondance électronique en langue étrangère s'intègre dans des schémas existants, il apparaît que les activités de recherche documentaire dans le cadre d'un projet à réaliser, ou dans celui d'un apprentissage culturel, fassent l'objet d'une construction didactique nouvelle. Nous appuyant sur les schémas élaborés pour les modèles didactiques rencontrés dans les "Livrets pédagogiques vidéo" , voici, mis en parallèle, les points principaux de deux modèles qui ont pris forme progressivement lors de l'utilisation de l'Internet en cours d'allemand : le modèle culturel et le modèle de la tâche complexe ("réalisation d'un projet"), sachant que "la mise en autonomie progressive" de l'apprentissage pourra également faire l'objet d'un nouveau modèle didactique.
Deux modèles didactiques pour l'Internet en classe de langue :
-I- Modèle culturel Dominante :
Comme pour les modèles didactiques de l'enseignement avec la vidéo, il est possible de repérer des dominantes c'est-à-dire des choix de formation qui fédèrent et orientent les activités. On a ainsi remarqué que la connaissance des aspects culturels et de la vie pratique justifiaient les choix didactiques de certaines séquences avec l'Internet
Activités :
Alors que le modèle culturel oriente le travail scolaire vers la découverte et la compréhension des faits culturels et civilisationnels, il arrive que les activités envisagées autour du support Internet intègrent plusieurs dominantes. Ainsi la préparation d'un voyage ou d'un échange scolaire, la découverte d'un établissement, d'une ville, d'une région, ou d'un thème peuvent déboucher sur la réalisation d'une page web, de tout un site, d'une exposition, d'un échange scolaire ou d'un exposé au reste de la classe.
L'échange de courrier électronique entre des individus ou des classes peut donner lieu à de nombreuses activités de préparation et de mise au point à orientation culturelle.
Objectifs formatifs :
Les objectifs formatifs sont de type culturel (connaissance de l'Autre) ou interculturel (mise en relation des deux cultures : ressemblances, divergences, particularités) et visent le développement des capacités d'interprétation et de jugement,
Principes
Les principes qui président au fonctionnement de ces deux modèlent divergent largement. Dans le modèle culturel, on est dans le domaine de la découverte de l'Altérité, c'est-à-dire de la prise de conscience de la culture de l'autre par les moyens de la comparaison avec ce que l'on connaît de sa propre culture. Au-delà des images, la priorité est donnée au travail sur les notions culturelles et civilisationnelles.
-II- Modèle de la tâche Dominante
D'autres assemblages d'activités visent à la construction en commun d'un objet, tel que la réalisation d'un page web ou d'une exposition sur un thème, une ville, une région. Cette seconde dominante est tout à fait nouvelle dans l'enseignement des langues, alors qu'elle était fondamentale en technologie et qu'on la voyait poindre dans les TIPE des Classes Préparatoires (CPGE) et dans les premiers TPE en expérimentation dans certains lycées. La notion de tâche qui en est la base implique que celle-ci soit faite pour elle-même, dans toutes ses composantes, et non pour le seul entraînement des capacités linguistiques, la réalisation de la tâche faisant appel à de nombreuses compétences extra-linguistiques.
Activités :
La réalisation d'une uvre fait appel à des activités de conception, de planification, de régulation, d'harmonisation, d'implémentation du travail de groupe, de recherche de solutions alternatives, de synthèse.
Du point de vue linguistique, il y a un travail de lexicographie sur le thème étudié
Objectifs formatifs :
Ils sont de type transdisciplinaire et de formation générale, du fait de la réalisation d'une tâche en commun (développement des capacités d'élaboration d'une uvre commune, d'une prise en charge collective, aptitude à agir en équipe, à se corriger mutuellement les erreurs linguistiques, etc.)
Principes :
Dans le modèle de la tâche, il s'agit de réaliser une oeuvre qui sera présentée à un public qui dépasse l'équipe et parfois la classe (effet motivant).
D'un point de vue didactique des langues, le principe privilégié est celui des méthodes actives selon lequel on apprend la langue en la manipulant, d'une part pour comprendre les énoncés, d'autre part en produisant des énoncés dans un contexte de communication réelle, directe ou différée.
L'Internet offre de plus certaines possibilités de cheminement individualisé de l'apprentissage, car ce n'est plus le professeur, mais l'élève qui a la maîtrise des textes et des aides en ligne.
Peut-on parler de 'méthodologie Internet' pour les cours de langue?
En l'état actuel des expérimentations, il est encore trop tôt pour parler de méthode de langue qui utiliserait ce support de manière suffisamment caractérisée, voire exclusive. Cependant, des indices montrent qu'on s'y achemine . En effet, ce support permet à la fois d'effectuer des activités d'entraînement grammatical, de travailler sur des textes didactisées - correspondant à différents niveaux et concernant des thèmes bien précis - de s'exprimer et de communiquer, essentiellement par écrit (e-mail), et bientôt oralement aussi. Les aides sont nombreuses et de différents niveaux, si bien qu'il est possible de concevoir des cheminements de plus en plus autonomes, avec la tenue d'un "Journal de bord" d'apprentissage (à distinguer de celui des TPE), de sorte que chaque élève puisse tenter de se remettre à niveau ou d'approfondir certains apprentissages. Cependant, cette forme d'apprentissage s'accommode mal des conditions de travail et des finalités de la formation en lycée. Aussi ne voit-on pour le moment que des essais d'intégration de l'Internet dans un nouveau type de laboratoire de langue, ce qui permet une individualisation du travail à certaines heures, mais pas encore une autonomisation des apprenants.
Par contre, l'utilisation de l'Internet en classe de langue au lycée peut s'envisager dans un modèle didactique de "réalisation sur projet". La recherche de documents en vue de la constitution d'un dossier individuel ou collectif s'apparente au travail documentaire de traque de l'information pertinente, suppose un énorme travail de lecture et un savoir-faire conséquent que l'école devrait aider à acquérir par étapes. Comme le suggérait Jean-Louis Martinand ¸ la réalisation d'un projet est en soi éducative, en dehors des aspects cognitifs que cela comprend. Tout comme pour la confection de dossiers, de sites Web ou de TPE, les méthodes d'enseignement sont à mettre au point. Quelques enseignants s'y emploient. La facilité de l'échange d'informations devrait accélérer le processus d'élaboration de cours, puis la diffusion des comptes-rendus d'expériences.
Tout compte fait, on peut attendre de l'outil Internet une plus grand efficacité dans l'enseignement/apprentissage des langues, grâce aux possibilités de différenciation, de la lecture en hypertexte (si l'élève est animé par le désir de trouver un renseignement qui l'intéresse), des genres de textes très divers, etc. mais à condition que les enseignants de collège et de lycée élaborent une mise en autonomie progressive de leurs élèves et intègrent aux dispositifs de nombreuses séances de mise en commun. L'enseignement ne peut totalement se désincarner : l'existence de groupes réels, avec des séances de débats argumentés, semble indispensable à toute formation d'adolescent dans le cadre d'une discipline de lycée. C'est pour cette raison que, même s'il faut envisager de nouveaux modèles didactiques de l'enseignement des langues, l'Internet restera un support parmi d'autres, dans la panoplie d'outils dont dispose le professeur de langues pour s'adapter le mieux possible à la diversité d'élèves qu'il retrouve en classe.
Alain Verreman, professeur d'allemand au lycée Kléber de Strasbourg, Docteur en Sciences de l'Education
Bibliographie :
Les sites Internet auxquels nous nous référons étant continuellement mis à jour, nous proposons aux lecteurs de s'y rendre en utilisant l'excellent moteur de recherche "google.com" auquel il suffira de fournir le mot-clé adapté, comme "ADEAF", "Alsic", "exercices allemand online", ou "Anja Block", "Cindy Arnold", "Jacques Omnes", "Felix Bubenheimer", etc. Il est préférable de choisir les adresses qui donnent directement le site recherché, en délaissant celles qui renvoient à une simple citation du mot-clé.
Contact : alain.verreman@ifrance.com
ANNEXE
Voici un tableau des correspondances entreles différents modèles à l'uvre selon que l'on prend le support texte, la vidéo ou l'Internet :
Les supports et les modèles didactiques 1-Texte imprimé : un seul modèle, celui du "Texte de Base"
2-Vidéo :
1- Etude d'une scène ou du film (comme simple analogie de la réalité) sur le modèle du "Texte de Base"2- Modèle de l'étude d'une uvre artistique
3- Modèle psychopédagogique
4- Modèle culturel/civilisationnel
3-Internet :
1- Modèle psychopédagogique2- Modèle culturel/civilisationnel
3- Modèle du projet (tâche complexe)
4- Modèle de l'apprentissage en semi-autonomie et du "Tandem"
5- Modèle de la recherche documentaire
Dernière modification : 26/4/2001