Ce texte, écrit par un de nos confrères de la région lyonnaise résume bien la situationComment en est on arrivé là ? Prenons le cas du Dr X., médecin spécialiste libéral ayant ouvert un cabinet dans une grande ville française : lors de son installation, à la fin des années 80, convaincu de l'importance de l'accès aux soins pour tous sans ségrégation financière, le Dr X. choisit le secteur conventionné à honoraires opposables dit "secteur 1", c'est à dire qu'il signe une convention avec l'assurance maladie et s'engage à respecter les tarifs conventionnels sur la base desquels ses patients sont remboursés.
En 1998, la convention entre l'assurance maladie et les médecins spécialistes
ne fut pas renouvelée et les médecins spécialistes découvrirent alors une
nouvelle notion : le Règlement Conventionnel Minimum (dit RCM) Entre autres conséquences, cela provoqua pour le Dr X. la diminution de la prise en charge de ses cotisations sociales d'environ 15 %.
Et comment croyez vous que le Dr X. fait pour payer des charges 2 fois plus élevées ? Il travaille 2 fois plus !!! Le Dr X. commence alors à s'interroger sur le devenir de son beau métier. Il s'aperçoit que l'on parle toujours de déficit et de consommation de soins qui augmentent mais jamais de ses honoraires. Il pose la question d'une réévaluation de ses honoraires à son interlocuteur à la CPAM, mais on lui fait comprendre qu'il faudra être patient. Il écoute les discours des syndicats et il comprend qu'il est seul face à ses difficultés (il faut savoir que jusqu'à présent, les médecins spécialistes que l'on entend dans les médias sont presque tous en secteur 2 et leurs préoccupations sont ailleurs ...). C'est alors qu'il en parle à ses confrères et qu'ensemble ils décident de réagir : Ils s'organisent en association et commencent à pratiquer des « Dépassements Economiques », tout simplement parce qu’ils ne peuvent faire autrement. (Le D.E., dépassement exceptionnel, est prévu en cas d'exigences particulières du patient, c'est-à-dire dans des circonstances exceptionnelles de temps et de lieu).Et depuis, les lettres de menaces sont arrivées puis enfin le courrier tant attendu qui informe le Dr X. que bientôt il lui faudra payer et peut être mème se voir déconventionner. Et pendant ce temps, ses confrères installés en secteur 2 augmentent régulièrement leurs honoraires "avec tact et mesure" pour faire face à l'augmentation inéluctable de leurs charges, entretenir et rénover leur matériel. S’installe donc un double exercice de la médecine :
Précisons enfin qu'en cas d'utilisation d'un matériel obsolète ayant
retardé un diagnostic, le Docteur X peut faire l'objet d'une plainte d'un
patient et se retrouver devant les tribunaux où il sera condamné pour
n'avoir pas investi dans un matériel récent sans pouvoir se retourner contre
la CPAM qui lui interdit toute majoration des honoraires pour en financer
l'achat.
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