La chasse a la bécassine

 

Il est huit heure j'attache ma vielle cartouchière en cuir autour de mon treillis boueux, ma veste camouflée a du mal à passer sous la multitude de tricots que j'ai enfilé ce matin de janvier. Le fusil sur l'épaule je sors de la cuisine ; mon fidèle associé m'attend depuis un bon bout de temps, au moins lui n'a pas de problèmes vestimentaires pour partir à la chasse.

Le soleil a du mal a traverser la brume qui se colle a la route, à l'arrière de la voiture dans sa caisse spécialement conçue pour lui; Flash commence a s'impatienter. Le chemin lui semble long ; quelques aboiements me le font signaler.

Arrivé sur place tout le monde descend de véhicule, un petit soulagement dans la rosée et mon compagnon et moi pouvons commencer notre matinée.

La fumée de ma cigarette se mélange au brouillard humide qui s'est approprié la barthe ; les troupeaux de chevaux eux n'en ont que faire, de leurs puissant sabots ils foulent les vasières tandis que d'autres broutent tranquillement.

Une colonie de gardes-bœufs annonce notre présence ; de leurs cris rauques ils prennent les cieux dans un vol au ralenti. Avec leur plumage blanc on les prendrait pour des anges.

Flash a déjà commencé sa chasse, la reine des barthe se nourri de petits lombrics quelle trouve dans les trous que les chevaux font à longueur de journée dans la vase ; il sait que cette barthe est un très bon garde manger pour elle.

Je rappelle mon chien car la procession doit se dérouler face au vent, ainsi celui-ci pourra mieux bénéficier des effluves dégagés par notre migratrice.

Un simple levé de bras le rappelle à l'ordre, le silence est une règle d'or ; la bécassine a l'oreille fine.

J'avance prudemment sur le sol marécageux encore couvert de l'eau marron que les dernières crues du Luy ont laissé. Les embruns du brouillard me mettent des gouttières sur les cils; du dos de mon gant je m'éponge le visage, soudain mon chien hume le vent ; il en a sentit une ; le museau collé dans l'herbe rase celui ci commence sa quête, mon cœur commence a s'emballer quand Flash marque l'arrêt ; comme si celui ci avait reçut un rayon paralysant; il s'est immobilisé, sa queue prolonge son corps tandis qu'une de ses pattes c'est levée. La bécassine quand a elle doit se trouver " atyoullée" dans la vase. Le blocage psychologique qu'exerce le chien sur elle l'empêche de se soucier de ce qu'il se passe autour d'elle.

Je m'approche, personne ne bouge, le temps c'est suspendu; quand soudain comme un diable sortant de sa boite, l'oiseau s'envole à une vitesse foudroyante en effectuant une série de crochets. Un bruit de tonnerre stoppe net cette fuite; flash part à bride perdue chercher sa raison de vivre, c'est délicatement qu'il me la rapporte dans sa gueule.

Je contemple le plumage marron de ce noble oiseau. Moi qui dois mettre des habits de guerre pour essayer de me fondre dans cette nature la bécassine elle de naissance a un parfait mimétisme avec les herbes tachées de boue que constitues les barthes.

Flash lui n'a pas autant de pensées, car il est déjà reparti, le terrain s'étend sur plus de deux kilomètres carrés, nous n'avons pas de temps à perdre; doit il se penser.

Mes cuissardes s'enfoncent profondément dans le sol heureusement que je ne suis pas lourd sinon je n'aurais que la tête qui dépasserait pour appeler au secours.

Un nouvel arrêt me fait presser le pas ; la progression se fait difficilement mes pieds sont comme aspirés à chacun de mes pas. C'est quand je suis presque à distance que la nouvelle bécassine décide de se dérober de l'emprise de mon chien. J'épaule aussitôt mon fusil et décoche un coup maladroit le manque d'équilibre sur ce terrain instable y est pour quelque chose ; le bel oiseau s'envole comme il était venu.

J'ai du tirer dans le zig lorsqu'elle se trouvait dans le zag !

Le clocher du village voisin rappelle à mon estomac que l'heure du repas est venu; mon chien et moi avons bien besoin d'un bon repas et d'une petite sieste; une matinée à marcher dans la vase enfoncé jusqu'au genoux ce n'est pas de tout repos.
Enfin dame bécassine vaut bien cet effort !
La fin de la matinée a été calme, le vent d'est qui d'habitude apporte les migratrices n'est pas au rendez-vous. Demain peut être celui ci invitera de belles volées de ce magnifique oiseau grâce à qui j'arrive à retrouver cette communion avec la nature ; que je n'aurais sûrement pas sans la chasse à la bécassine.

 

 

 

 

Je sais certains vont crier à l'assassin, mais pourquoi juger le gens sur des besoins que l'homme a toujours exprimé depuis la nuit des temps.

A l'aube de l'humanité l'homme chassait par nécessité pour se nourrir ; cela s'est poursuivit jusqu'au moyen- âge, de nos jours l'homme chasse pour conserver ses instinct et la symbiose avec la nature que le monde moderne est entrain de lui faire perdre.

Ce n'est pas tout de se dire écologiste encore faut t'il vivre avec la nature...