Coupures de presse

 

 jaune.gif (913 octets) Les nouveaux métiers de la décentralisation Le démographe territorial, Cahiers de la fonction publique - février 2000.

     jaune.gif (913 octets) CNFPT et APED : première rencontre avec les démographes territoriaux, Territoriales N° 103  - février 2000.

     jaune.gif (913 octets) Les nouveaux métiers de la démographie locale - le fait de la semaine, La Gazette - 03/01/00

  jaune.gif (913 octets) Les Démographes militent pour la promotion de leur savoir faire, Corinne Denel, La Gazette - 02/09/96.

  jaune.gif (913 octets) Ne pas rester dans sa tour d'ivoire, Onisep, Avenirs n°444.

  jaune.gif (913 octets) Démographe, des débouchés en perspective, Onisep, Avenirs n°467.

     jaune.gif (913 octets) Hors du Recensement, point de salut ? Du travail ordinaire d'un démographe dans les collectivités locales, Claire Arnault et Corinne Denel, Les Informations Administratives et Juridiques, n°6, 06-1991, Centre Interdépartemental de Gestion de la Petite Couronne.


Les nouveaux métiers de la décentralisation Le démographe territorial

 

Les délégations régionales du Centre national de la fonction publique territoriale ont toute latitude lorsqu'il s'agit de prendre des initiatives qui favorisent l'innovation, et elles ne s'en privent pas tant dans le domaine de la formation – c'est la mission première du CNFPT- que dans le domaine des manifestations à forte valeur ajoutée.

 

C'est ainsi que la délégation régionale de la Première Couronne d'Ile-de-France a organisé, avec le concours du Centre interdépartemental de gestion de la Petite Couronne, la 1ère rencontre nationale des démographes territoriaux, qui a permis aux participants de se familiariser avec un nouveau métier. A vrai dire, la préoccupation et les missions qui en découlent ne datent pas d'hier puisque l'Association pour la promotion et l'emploi des démographes (APED) a vu le jour le 18 juillet 1990, sa vocation étant d'organiser la réflexion sur la déontologie et l'avenir de la profession, de soutenir les travaux de recherche, d'en promouvoir les applications novatrices, enfin d'entretenir des liens étroits avec toutes les personnes privées et publiques intéressées par la démographie.

 

Au service de l'économie

 De nombreuses interventions ont marqué les deux journées de ce congrès.

Sur le thème de la démographie au service du développement économique, Marielle Piron, démographe et Véronique Male, directeur du développement économique, de l'emploi et de la formation de la ville de Nanterre, ont démontré l'intérêt qu'il y a pour les élus de mesurer l'évolution de l'emploi salarié dans une commune, à partir des déclarations annuelles des données sociales (DADS); le travail consiste, en premier lieu à réunir et à analyser toutes les données de l'INSEE puis à les compléter avec les données internes des services et celles relatives aux usagers; ainsi armé le démographe pourra jouer son rôle de prestataire de services en direction de l'administration municipale qui disposera alors d'une grille d'analyse de données, et des élus municipaux, pour lesquels cet ensemble de données constitue une aide appréciable à la décision. De leur coté, Jean-Jacques Fréjaville, démographe et Florence RAY, chargée d'études économiques à la ville de Vitry-sur-Seine, ont évoqué la possibilité de mieux connaître et suivre la situation économique sur le territoire communal. En effet, le territoire d'une commune n'est toujours qu'une réduction du territoire national lorsqu'il s'agit d'aborder les problèmes économiques et sociaux; plus que jamais l'élu local a besoin de bien cerner la réalité économique et sociale de sa région, de son département, de sa commune, ce qui implique l'établissement de synthèses dynamiques à partir d'informations d'une grande diversité : financières, fiscales, économiques, sociales. Le rôle du démographe c'est alors de faire vivre ces données brutes pour qu'elles indiquent un chemin, une tendance, une évolution dont les élus tiendront compte au moment de prendre leur décision.

 

L'observatoire de la population

 S'agissant des prévisions scolaires et de leur suivi ("du modèle de projection scolaire à l'observatoire de l'éducation"), Isabelle Cromer, démographe à la ville de Paris et Marc Esponda, démographe à l'Atelier parisien d'urbanisme (APUR), ont indiqué la manière de modéliser les besoins en équipements scolaires en cas de construction de logements, Laurent Nowik, démographe au conseil régional d'Ile-de-France, apportant quelques informations utiles sur le suivi et la prévision de l'offre scolaire au lycée.

 L'enfance et la jeunesse constituent un autre domaine qui implique une étude rigoureuse des besoins de manière à mieux déterminer les politiques publiques. Comment redéfinir la politique tarifaire des activités préscolaires dans la perspective d'une refonte du quotient familial? C'est la question à laquelle ont répondu Pascal Fuchs, démographe et Corinne Leroux, responsable du service Accueil et prestations à l'entant de la ville de Montreuil. Il s'avère, en effet, que le système actuel de calcul du quotient familial favorise les familles en activité, alors que le chômage et la précarité de l'emploi n'apparaissent pas en tant que critères : il en est de même des situations de "monoparentalité" qui tendent hélas à devenir la règle et qui ne sont pas suffisamment prises en compte. A cet égard, la notion de "taux d'effort" des familles permettrait d'instaurer un coefficient familial plus social donc plus équilibré; les nouveaux critères étudiés reposent sur le suppression des abattements liés au nombre d'enfants et à l'activité, l'intégration de certaines charges de logement, et la modification des parts adultes et des parts enfants; tout en étant plus justes, les tarifs d'accès aux équipements et services publics, révisés sur la base de ces nouvelles contraintes, permettraient tout de même de dégager des recettes.

Francis Schmitt, directeur du Cabinet d'Etudes et de Recherche en Démographie, Economie et Sociologie (CERDES) et Marielle Doreau, secrétaire générale adjointe de la ville de Rueil-Malmaison, ont ensuite avancé leur recette pour construire un observatoire de la population. C'est là une création tout à fait originale due à la volonté politique du conseil municipal; les travaux préparatoires ont été conduits par un comité de pilotage qui a procédé à une évaluation des besoins tout en faisant l'inventaire des données disponibles dans les services de la ville; pour ce qui est des moyens : un ordinateur en réseau, des logiciels, un outils de géocodification. A la fois service d'études, de prospective et d'appui méthodologique aux services, l'observatoire a pour mission générale de livrer une image à la fois globale et plus précise de la ville de manière à faciliter les choix en matière de politiques publiques et d'assurer le suivi des transformations urbaines et sociodémographiques.

La réussite de l'entreprise dépend essentiellement des conditions dans lesquelles la démarche peut être pérennisée, en utilisant les sources d'information, en inscrivant l'initiative dans le long terme et en assurant la transversalité.

 

Michel Boulain, directeur du Centre d'Etude de gestion Démographique pour les Administrations Publiques (GEDAP) et Anne-Marie Sahli, directeur de l'Institut de démographie de Strasbourg, ont de concert recensé les moyens que l'université peut mettre à la disposition de l'action publique locale en matière d'études démographiques.

 

Dans les villes nouvelles

 Les projections démographiques dans les villes nouvelles, en l'occurrence Marne-la-Vallée et Cergy-Pontoise, ont fait l'objet d'un exposé d'Alfred Ditten, directeur de l'Institut de démographie universitaire de Paris, auquel ont succédé Marie-Hélène Boulidard, démographe et Christian Billotte, secrétaire général de la ville de Noisy-le-Sec, qui ont démonté le mécanisme des systèmes d'information géographiques (SIG) en utilisant l'exemple de la révision d'un plan d'occupation des sols.

 

La démographie, moteur et socle de démarches transversales, le sujet a été successivement traité par Carme Mata et CLAUDE Couvert Campani, directeurs associés du Groupe d'Etudes et de Démographie Appliquée –GEDA ("du diagnostic de la sécurité à l'observatoire de l'environnement"), puis par Corinne Denel, démographe et Marc Allart, secrétaire général de la ville de Gennevilliers ("le projet de l'observatoire de l'habitat, comment s'appuyer sur la politique de la ville pour créer une démarche transversale?).

Enfin Catherine Biecher, démographe au Centre Interdépartemental de Gestion (CIG) de la Petite Couronne d'Ile-de-France et Claire Arnault, responsable du secrétariat général au CIG Petite Couronne, ont évoqué les questions statutaires précisant les conditions dans lesquelles une collectivité locale peut recruter un démographe. Il est de fait que le cadre d'emplois des démographes territoriaux n'existe pas, ce qui ne signifie pas qu'il ne sera pas créé un jour. En attendant les collectivités locales peuvent recruter sur la base de l'article 3, alinéa 3 de la loi du 26 janvier 1984 qui autorise l'embauche d'un agent non titulaire "lorsque la nature des fonctions ou les besoins des services le justifient". Il s'agit dans ce cas d'agents du niveau de la catégorie A. Le même article 3 offre d'autres possibilités mais qui sont plus difficiles d'accès. De leur côté, les communes ou groupements de communes de moins de 2000 habitants peuvent recruter des agents sur les emplois à temps non complet. Les candidats à un poste dans la fonction publique territoriale peuvent également y accéder par la voie du concours dans la filière administrative (attaché) ou dans la filière technique (ingénieur).

Indépendamment de l'intérêt technique des différents exposés, cette 1ère rencontre nationale des démographes territoriaux, qui doit beaucoup pour son organisation, au travail accompli par Blandine Dubois, de la délégation régionale du CNFPT, et à Pascal Fuchs, de l'APED, a permis d'ouvrir quelques perspectives nouvelles dans le domaine de la gestion prévisionnelle des affaires locales. En effet, comment délibérer dans de bonnes conditions sans disposer de toutes les données qui permettent d'évaluer avec précision les flux de population qui déterminent la réalisation d'équipements ou la mise à disposition de services ? S'agissant des ressources budgétaires de la collectivité, celles-ci sont étroitement dépendantes des activités (taxe professionnelle) mais aussi de la population pour ce qui est des trois autres impôts locaux. Le dernier recensement et son application aux dotations de l'état a également rappelé aux élus que les variations de populations, en hausse ou en baisse, ne sont pas sans conséquences sur les finances locales, conséquences qu'une bonne prévision peut permettre de lisser. Le démographe territorial se révèlera demain comme un conseiller indispensable de l'action publique locale.


LES NOUVEAUX METIERS DE LA DEMOGRAPHE LOCALE

 

La décennie qui débute sera-t-elle favorable à l'emploi des démographes au sein des collectivités locales? C'est ce qu'espèrent les participants de la Première rencontre nationale des démographes territoriaux, qui ont réuni plus de cent personnes, les 20 et 21 décembre, au CNFPT de la première couronne. Ces experts considèrent que l'exploitation des données du prochain recensement, le développement d'une intercommunalité de projets, ou de l'évaluation des politiques publiques, constituent un contexte favorable au renforcement de leur profession dans la FPT.

 "Face à la complexification de leurs missions, au développement de l'intercommunalité ou de l'évaluation des politiques publiques, les exécutifs locaux devraient, à l'avenir, recourir en nombre à nos services. Et ce bien au-delà de l'exploitation des seules données du dernier recensement". Tel est le pari que font les démographes territoriaux, universitaires, étudiants ou issus de cabinets privés, qui ont pris part à la Première rencontre nationale de démographes territoriaux, conjointement organisée par l'Association pour la Promotion et l'Emploi des Démographes (APED) et le CNFPT;

Pour promouvoir leur savoir-faire, les différents intervenants ont commencé par brosser un tableau de la diversité de leurs compétences.

 Le démographe analyste

 L'analyse des données statistiques, celles du recensement en particulier, apparaît comme la fonction classique attendue de tout démographe territorial. Ces missions représentent généralement sa porte d'entrée à l'intérieur des collectivités.

Le démographe architecte des systèmes d'information

 Les données démographiques à l'échelle communale ne manquent pas. Mais, elles ne sont pas toujours exploitables, ni signifiantes. Une des premières missions du démographe va donc consister à tirer parti du stock d'informations disponibles. Ce travail d'optimisation du potentiel statistique débute généralement par une harmonisation des différentes données existantes. Il se poursuit par la formalisation de ces statistiques en vue de leur communication, sous forme de tableaux de bords et d'indicateurs variés, faciles d'accès pour le non-spécialiste.

Architecte des systèmes d'information, le démographe l'est également lorsqu'il établit un cahier des charges définissant, à l'intention des techniciens, la configuration d'outils informatiques adaptés aux objectifs de la collectivité.

 Le démographe cartographe

 "Qu'il s'agisse de réaliser des projections scolaires par école, de dresser un portrait des usagers des services sociaux par unité d'action sociale, ou d'établir le diagnostic des quartiers en DSU, les démographes territoriaux travaillent sur l'espace communal" estime Pascal Fuchs, démographe à la ville de Montreuil-sur-Seine, responsable, depuis peu, d'une mission chargée de l'évaluation des politiques publiques, et coordonnateur des ces Premières rencontres avec Corrine Denel et Zakia Belmokhtar, de l'APED, Marie-Paule Heinrich et Blandine Dubois, du CNFPT de la première couronne.

Les démographes sont donc également susceptibles de jouer un rôle de premier plan dans l'élaboration d'outils de cartographie thématiques ou de véritables systèmes d'information géographique (SIG).

 Le démographe responsable de l'évaluation des politiques publiques

 C'est une des compétences sur laquelle misent les démographes pour asseoir leur place dans la fonction publique territoriale. Les outils de mesures qualitatives et quantitatives, dont ils disposent, semblent en effet adaptés à cet exercice.

 

La démographie au programme du CNFPT

 

Le démographie figure au programme des formations du CNFPT pour l'an 2000. "Ces actions visent notamment, à aborder dans leur globalité la question de l'exploitation des données issues du recensement, en traitant aussi bien les aspects opérationnels (diffusion et exploitation des questionnaires) que les aspects plus analytiques (diagnostic démographique et étude des résultats", indique Blandine Dubois, responsable des secteurs populations et enseignement au CNFPT de la première couronne.

Le CNFPT propose :

 

 Nanterre, Montreuil, Paris, Vitry-sur-Seine, Namur… cinq expériences de démographie appliquée

 

Lors de la Première rencontre nationale des démographes territoriaux, une vingtaine de démographes en poste se sont attachés à montrer, par l'exemple, la diversité de leur fonction, au service des collectivités qui les emploient.

 

Nanterre: pour mieux connaître l'emploi salarié de la commune grâce aux déclarations annuelles de données sociales (DADS)

 

Mieux connaître l'emploi salarié sur le territoire de la commune. Tel était l'objectif principal de l'étude que le service du développement économique de Nanterre (84 280 hab., Hauts-de-Seine) a commandé, récemment au service démographie de la ville. "Le service du développement économique nanterrien participe activement à la lutte contre le chômage , indique Marielle Piron, jeune démographe territoriale. Or, l'ANPE ne couvre que 25% à 30% des offres d'emploi sur notre territoire. Nous avons donc cherché à mieux connaître l'offre potentielle d'emplois dans la commune. Afin de veiller à la meilleure adéquation entre nos objectifs et les politiques mises en œuvre par la ville".

Dans ce but, Nanterre a acquis auprès de l'INSEE le fichier des déclarations annuelles de données sociales (DADS). Une formalité déclarative que doit accomplir toute entreprise employant des salariés. Grâce à l'analyse de ces données, les services de la ville disposent désormais d'une meilleure connaissance de la structure des emplois. Nanterre s'apprête d'ailleurs à passer une autre commande à l'INSEE, toujours à partir des DADS. Elle permettra d'obtenir des données sur les migrations pendulaires ou les conditions d'emploi.

Les élus, les principaux services municipaux concernés, mais aussi les différents partenaires de la ville dans ce domaine (PAIO, ANPE) figurent parmi les destinataires des résultats de ces études.

 

Montreuil : adapter le quotient familial aux évaluations socio-économiques

 

Au milieu des années 90, la ville de Montreuil-sur-Seine (90 680 hab., Seine-Saint-Denis) décide de procéder à la refonte de son quotient familial. L'objectif de ce chantier est de veiller à ce que les quotients appliqués produisent bien les effets escomptés : une égalité du taux d'effort des foyers montreuillois face aux tarifs pratiqués par les cantines, les centres de loisirs ou autres classes de neige municipales.

Or, les études menées par Pascal Fuchs, démographe à Montreuil, montrent que cet objectif n'est plus atteint. Ses analyses révèlent que le quotient familial favorise les foyers dans lesquels les deux parents travaillent. Il ne tient pas compte de l'évolution du chômage, ni de la multiplication des foyers monoparentaux. Le démographe va procéder à une série de simulations, afin de déterminer une nouvelle grille de quotient, en adéquation avec la volonté municipale. Résultat : en 1997, 50% des familles concernées voient leurs tarifs augmenter, 20% diminuer, 30% ne changeant pas de quotient. Son travail se poursuit par l'analyse de l'effet de cette réforme sur la consommation des ménages. Les résultats sont éloquents; les familles qui ont vu leur quotient familial augmenter ont divisé par deux leur consommation de prestations municipales. Des prestations qui n'attirent dont plus que des enfants des ménages les plus pauvres. Montreuil réfléchit donc, actuellement, aux moyens d'attirer, à nouveau, les enfants des foyers les plus aisés.

 

Paris : modéliser les besoins en équipements scolaires induits par la réalisation de logements

 

Prévoir les besoins en équipements scolaires générés par les programmes de logements neufs à Paris, grâce à un simulateur immobilier constamment adapté aux réalités du terrain, telle est l'expérience présentée par Isabelle Cromer, démographe à la ville de Paris (direction des affaires scolaires) et Marc Esponda, démographe à l'Atelier parisien d'urbanisme (APUR). Tous deux ont insisté en particulier sur la nécessité d'adapter régulièrement leur modèle, afin qu'il demeure pertinent. Ce simulateur immobilier est basé sur un ratio (nombre d'enfants par logement) appliqué au nombre de logements de chaque programme de construction, par année de livraison. Initialement, il ne tenait pas compte de la taille de chaque logement. Or, en 1990, la ville de Paris impose aux bailleurs sociaux de construire, dans chacun de leur programme, un minimum de 50% de logements comprenant quatre pièces et plus. "A terme, cela pouvait entraîner une sous-estimation du nombre d'enfants par notre modèle. Car les données du recensement montrent qu'en moyenne le nombre d'enfants ne croît pas proportionnellement avec le nombre de pièces des logements, mais augmente davantage" indique Marc Esponda. Ce simulateur immobilier a donc été modifié, afin de prendre en compte la taille des logements programmés. Ce modèle a connu récemment, une seconde adaptation. Il s'est agi, cette fois, de tenir compte de l'évolution de l'occupation des logements, de la croissance de l'âge des enfants, en particulier.

"La vocation de nos prévisions semble, parfois, davantage de faire prendre conscience aux décideurs des variantes possibles d'une situation, de décrire les facteurs susceptibles de provoquer telles ou telles évolutions, que de prédire l'avenir avec certitude, note un démographe.

 

Vitry-sur-Seine : un tableau de bord trimestriel de l'économie locale

 

Chaque trimestre, élus et dirigeants territoriaux vitriots sont destinataires d'un tableau de bord de l'activité économique locale. Cette publication synthétique dresse un bilan circonstancié de l'évolution de l'économie dans la commune, grâce à de multiples indicateurs.

Elle rend compte, par exemple, du nombre d'entreprises nouvelles accueillies sur le territoire communal, en distinguant les créations d'entreprises, traditionnellement peu créatrices d'emplois, des transferts d'entreprises, qui en génèrent davantage. Ce document présente également le taux de défaillance des sociétés.

"En outre, une rubrique, attire l'attention des lecteurs sur les entreprises fragilisées, qu'il s'agisse de sociétés en redressement, ou en instance de départ. Il est conçu en collaboration avec une agence de communication, afin de renforcer son attrait" indique Jean-Jacques Fréjaville, expert-démographe, directeur du service du développement économique de la ville (lire encadré " des démographes passionnés par leurs territoires ") qui réalise ce tableau de bord.

"Vitry-sur-Seine (78 630 hab. Val-de-Marne), souhaitait disposer de tels indicateurs pour prévoir l'évolution de sa richesse fiscale, mais aussi pour mieux cibler sa politique en faveur de l'emploi" note Florence Rey, qui coordonne la rédaction de cet outil de communication. Ce suivi précis de l'économie locale constitue, en outre, un atout vis-à-vis de l'extérieur, pour convaincre des entrepreneurs de s'implanter à Vitry et guider leur implantation. Il fera prochainement son apparition sur le réseau intranet de la ville.

 

Namur, en Belgique : une base de données statistiques, quartier par quartier, sur le Web

 

Connaître, quartier par quartier, la proportion de végétation dans le paysage, le niveau d'études des habitants, le nombre de bénéficiaires du Minimex (équivalent belge du RMI), ainsi qu'un nombre impressionnant d'autres données statistiques, telles sont les fonctions de ce logiciel interactif créé par la ville de Namur (104 990 hab., Belgique), par le Gedep (Gestion démographique pour les administrations publiques), un groupe de démographie appliquée mis sur pied au sein de l'université catholique de Louvain. Ce logiciel constitue une véritable mine d'informations sur chaque quartier de Namur. Chacun d'eux peut ainsi être comparé aux autres, ainsi qu'à des statistiques concernant d'autres villes. Il distingue et présente, pour chaque quartier, les chiffres obtenus à partir de 38 paramètres différents. Une version publique de cet outil sera mise en ligne sur le Web dès le 20 janvier prochain.

Chaque namurien pourra donc connaître, d'un simple clic, les multiples cartes de la ville, présentant, par exemple, la répartition de la population par nationalité, par âge ou par catégorie de revenus. La divulgation, au grand public, d'une telle manne d'informations statistiques apparaît inédite en France. Pourtant Michel Poulain, directeur du Gedap, indiquait, lors de cette Première rencontre des démographes territoriaux, que les collectivités belges ne comptent pas un seul démographe dans leurs rangs.

  

Des démographes passionnés par leurs territoires

 

Marielle Piron, 27 ans, responsable du service des études démographiques à Nanterre, possède un DESS de démographie délivré par l'Institut de démographie de Strasbourg.

"J'ai toujours été passionnée par les aspects quantitatifs liés aux populations. On a l'impression d'agir sur des problèmes concrets, qui concernent le devenir des populations" indique-t-elle, pour expliquer sa vocation.

Marielle Piron a commencé sa carrière au sein du pôle habitat et économie de l'agence d'urbanisme de Strasbourg. Une de ses premières études porte sur l'impact du récent tramway sur le prix des loyers du secteur privé. Puis elle intègre le conseil régional d'Alsace, comme chargée d'études démographiques au sein de la direction de l'aménagement et du territoire. Elle participe, à ce poste, à la réflexion sur l'élaboration des pays. "Avant de se lancer dans l'intercommunalité, il me semble bon de savoir quels sont les territoires et les populations avec les quels on s'associe", souligne-t-elle.

A Nanterre, elle vient de réaliser une enquête sur l'emploi salarié, à partir des DADS. Elle prépare également, une étude sur les mouvements dans le parc social de la ville.

Son DESS de démographie en poche, également diplômée en épidémiologie, Marie-Thérèse Boulidard, démographe à Noisy-le-Sec, a commencé sa carrière dans le marketing médical. "Mais après deux ans d'expérience, l'honnêteté intellectuelle m'a poussée à quitter ce poste" indique-t-elle. Elle intègre alors les services de Noisy-le Sec, à la faveur du recensement de 1990. "Je suis sensible à la mission de service public que nous accomplissons", indique-t-elle. Marie-Hélène Boulidard vient notamment d'achever un travail de simulation préalable à la définition du nouveau POS.

 

"Je souhaitais comprendre les phénomènes sociaux". Jean-Jacques Frejaville, titulaire d'un DESS de démographie, doublé d'un DESS Droits de l'homme, explique ainsi son choix pour la démographie locale. Chargé d'études démographiques à Vitry-sur-Seine de 1991 à 1994, il a poursuivi sa carrière au sein d'un bureau d'études privé européen spécialisé dans les droits de l'homme et l'environnement, avant de réintégrer la ville de Vitry, d’abord comme chargé de mission habitat puis comme directeur de service du développement économique et de l'emploi. Il exerce depuis le 1er janvier 2000, les fonctions de DGA à la communauté d'agglomération de Rodez.

 


CNFPT et APED : première rencontre avec les démographes territoriaux

 

Qui sont les démographes dans les collectivités locales? Où sont-ils? Que font-ils? Pour le savoir, le CNFPT d'Ile-de-France première couronne et l'Association pour la Promotion de l'Emploi des Démographes (APED) ont organisé à Pantin, la première rencontre nationale des démographes territoriaux.

 

A la veille de la publication du trente-troisième recensement général de la population, tandis que l'INSEE envisage une réforme du recensement, les démographes des collectivités locales sont en première ligne. 

Une centaine de cadres territoriaux, de démographes et d'étudiants ont participé en décembre dernier à la première rencontre nationale des démographes territoriaux.

Les objectifs de cette rencontre étaient de mieux prendre en compte les enjeux de la démographie, de faire le point sur les pratiques des démographes territoriaux et de dessiner les profils de ces nouveaux métiers, y compris leur statut et leur positionnement dans l'organigramme des collectivités.

 

La démographie : un outil d'aide à la décision

 

Au départ, le démographe est un analyste, un sondeur, maniant chiffres, études, enquêtes et statistiques pour les besoins de sa ville, de son département ou de sa région. Au fil du temps, il devient un administrateur de données, un architecte des systèmes d'information, un chef de projet transversaux et un évaluateur des politiques publiques locales. La démographie est en passe de devenir pour les élus, un véritable outil d'aide à la décision.

Développement économique, prévision scolaire, évaluation des politiques de la jeunesse, du logement, du POS, observatoire de l'emploi, de la sécurité, de l'environnement, de la politique de la ville…. Des réalisations opérationnelles dans une douzaine de collectivités territoriales ont été présentées à cette occasion.

Des formations spécifiques

Le CNFPT, première couronne d'Ile-de-France, accompagne ces évolutions par une offre de formation spécifique. Au programme 2000, entre autres, l'optimisation des résultats du recensement et six modules d'une durée de douze jours sur les données démographiques au service des politiques locales.

Le centre interdépartemental de gestion de la Petite couronne d'Ile-de-France a également apporté son concours en présentant les aspects statutaires et les modalités de recrutement, via le concours d'attaché territorial ou par la voie contractuelle. D'ores et déjà, un rendez-vous est pris pour les deuxièmes rencontres. Elles se tiendront les 18 et 19 décembre 2000, sur les thèmes de "la nouvelle donne du recensement rénové et du statut des démographes territoriaux".

Pour en savoir plus : CNFPT: Blandine Dubois 01 41 83 30 59


Les démographes militent pour la promotion de leur savoir-faire

L'Association pour la promotion et l'emploi des démographes, née en 1990, poursuit son action pour la reconnaissance d'une profession encore méconnue par les collectivités.

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Le dernier recensement nous a permis de démontrer notre activité, mais nous sommes toujours victimes de notre réputation de spécialiste, souligne Corinne Denel, présidente. Cette responsable du service population de la ville de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) estime pourtant que la connaissance la plus précise de la structure et de l'évolution des habitants d'une commune est indispensable à l'heure où se généralise l'évaluation des politiques publiques.

Victimes d'une réputation de spécialiste

A titre d'exemple elle cite les recherches menées dans sa commune sur la répartition géographique et sociale des moins de 20 ans, afin d'adapter au mieux les mesures qui leur sont destinées et pour pouvoir évaluer leur impact. "Nous réalisons des études au niveau infra-communal, quartier par quartier, dans le but de permettre aux maires de mieux connaître leurs habitants. Ce que l'I.N.S.E.E. na fait pas", fait-elle valoir.

Une partie des membres de l'A.P.E.D. donc la création d'une option propre dans un cadre d'emploi déjà existant, celui des ingénieurs pas exemple. Le débat sur ce point est ouverte au sein de l'association. Du côté des différentes commissions, diverses études sont en cours de réalisation sur des sujets variés : le dernier recensement, à propos duquel est élaboré actuellement un cahier critique; l'édition d'un annuaire des sources locales ou la constitution des fiches de métier de la démographie. La commission "Perspectives scolaires" vient quant à elle de participer au "10ème colloque national de la démographie, organisé à Bordeaux par le C.U.D.E.P. (Conférence Universitaire de Démographie et d'Études de Population) avec le concours du C.N.R.S. et de l'I.N.E.D.. Avant de rajouter que la démographie n'est pas l'unique champ d'action des démographes, qui sont dotés, explique-t-elle, d'une grande capacité d'adaptation. Dépourvus de statuts spécifiques au sein de la fonction publique territoriale, contractuels le plus souvent, ces statisticiens décident parfois de passer le concours d'attaché... Un choix qui représente aux yeux de certains adhérents l'inconvénient de noyer leurs compétences particulières dans des fonctions indifférenciées. L'essentiel de ces travaux est relaté chaque mois dans "Des Mots et des Graphes", la gazette de l'A.P.E.D.. Le prochain rendez-cous de l'association aura lieu en octobre, lors d'un cocktail au cours duquel les rapporteurs de la commission "Perspectives scolaires" présenteront leur contribution au colloque de Bordeaux.

La Gazette, 2 septembre 1996


Ne pas rester dans sa tour d'ivoire

Qu'est ce qui pousse une municipalité à chercher un démographe ? Tout simplement la volonté de connaître la population de sa ville afin de mieux gérer sa politique de logements et d'infrastructures. Corinne, démographe à la mairie de Gennevilliers, dans les Hauts-de-Seine, aide ainsi les élus à prendre des décisions. Un travail de recherche bien sûr, mais aussi de conseil et de dialogue.

"Mairie recherche démographe"

     Corinne, titulaire du D.E.S.S. et du D.E.A. de démographie de l'I.D.U.P., à la recherche d'un emploi depuis un mois, aperçoit cette petite annonce dans "La Gazette des Communes" en avril 1992. En juin, elle prend ses fonctions à la mairie de  Gennevilliers. "Je n'ai pas eu

doit aborder en priorité. Pour faire ce travail de prospective, il lui faut connaître avant tout l'état actuel de la population et son évolution antérieure. Elle se penche donc en premier lieu sur le recensement de 1990 et étudie ensuite l'évolution de cette population par rapport au précédent. Elle émet alors des hypothèses et essaie de mesurer l'impact des constructions

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vraiment de mal à trouver du travail, mais je suis certainement atypique", reconnaît-elle. Car si trouver un emploi en deux mois n'est déjà pas chose courante en démographie, trouver un employeur à la recherche d'un démographe est encore plus rare, sa spécificité étant encore mal connue. Corinne, quant à elle, a été recrutée pour remplir deux missions. Responsable d'une part du service population, elle fait des études sur l'existant mais aussi sur l'avenir et dépend alors de la direction du logement. Garante d'autre part de la cohérence des études effectuées par les autres services traitant de population, elle relève dans ce cas directement du secrétaire général.

Mettre des gardes fous

     Gennevilliers, une ville en plaine mutation. Très étendue, seul un tiers de sa surface est habitée, les deux autres étant occupés par un port et une zone industrielle. Les élus veulent étendre la surface habitable en mordant sur la zone industrielle. Deuxième volonté des élus, diversifier le peuplement de la ville essentiellement composée à l'heure actuelle de classes moyennes et d'ouvriers. Un thème que Corinne

  prévues par le service d'urbanisme. "Il est évident que je ne maîtriserai pas seule cette diversification du peuplement. Mon rôle est de faire des propositions et de mettre des garde-fous. J'explique au service urbanisme que tel type de logement attire telle type de population et peut avoir telle conséquence. Je leur dis par exemple : si nos futurs logements attirent trop de jeunes entre 20 et 30 ans et si l'on considère que l'on a en moyenne de deux à trois enfants par foyer, attention, nous aurons dans deux ans une explosion démographique ! Est-ce vraiment ce que nous voulons ?" Un travail de prospective qui fait aussi toucher du doigt les répercussions de l'évolution du peuplement sur les infrastructures - écoles, crèches, équipements culturels, maisons de retraite.... Là encore, Corinne intervient. "Si nous avons une explosion démographique, n'y-a-t-il pas quelque chose à faire du côté des crèches ? " Ou bien " dans dix ans nous risquons d'avoir une augmentation des personnes âgées. Il faut être vigilent !" Il ne s'agira pas toujours de construire de nouveaux équipements, mais parfois simplement de mieux gérer ce qui existe déjà.

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Renseigner ses voisins

Des études prospectives qu'elle est censée réaliser à l'horizon 2015. "Mais je n'y crois pas trop. On peut arriver à cadrer l'évolution dans les cinq ou dix ans à venir, et encore ! Au-delà, on ne peut émettre que des tendances. S'il est vrai qu'une population ne change pas de façon spectaculaire, la ville est tout de

Mais quand une enquête se met en place dans un service, je peux collaborer à son élaboration, essayer d'élargir au maximum les questions  pour en tirer le plus d'éléments possibles et apporter ainsi des renseignements aux voisins. Car chacun voit sa problématique et non celle de l'autre. Si par exemple le service jeunesse d'éclanche une augmente les loyers, quelle sera la réaction des gens ? Pourront-ils suivre ? Sinon, que se passera-t-il ? Quels sont leurs désirs ?". De son côté, Corinne étudie cette population. Toujours à partir du recensement mais pas uniquement. Elle a à sa disposition d'autres sources de données qui dépassent le contexte de la ville. "Gennevilliers n'est pas une entité en soi-même, elle se situe dans

même liée à un environnement que l'on ne maîtrise pas. Qui est capable à l'heure actuelle de mesurer l'impact de l'ouverture économique de l'Europe, même sur une population comme celle de Gennevilliers ? Vaste problème ! Et si, cas extrême, on se retrouve avec un gouvernement qui a une politique répressive sur l'immigration, les répercussions sur l'Ile de France seront énormes !" Ses études peuvent aussi être remises en cause par les actions municipales. Si la commune se met à construire des crèches, elle attirera un certain type de population qui viendra bouleverser les prévisions de Corinne. Rien n'est immuable ! Mais ce justement ce côté là de la démographie qui l'intéresse. Non pas seulement manipuler des chiffres pour faire évoluer des taux dans tel ou tel sens, mais, à partir de la connaissance de la population et d'éventuelles facteurs de changement, dire "on n'a plus de chance de se diriger vers tel type de population plutôt que vers tel autre".Un travail de prospective qu'elle ne peut de toute façon réaliser seule dans son coin, puisqu'il touche à tous les grands secteurs traitant de près ou de loin de population - jeunesse, emploi, scolarité, urbanisme, logement. On aborde là le deuxième volet de son travail et, pour elle, le plus intéressant. Harmoniser tout ce qui se fait en matière de population dans les différents services municipaux. "Je ne peux évidemment pas faire toutes les études moi-même.

enquête, je peux lui signaler que le service emploi a déjà travailler sur le sujet plus pointu des RMIstes ou des TUC est qu'il serait bon qu'il en tienne compte", cite encore Corinne qui, en fait, apporte une démarche cohérente à l'intérieur de la commune. Cela occasionne beaucoup de réunions, d'explications aussi. "Je ne suis pas depuis longtemps à ce poste, mais je me rends compte qu'il va me falloir acquérir un certain sens pédagogique pour faire passer mon message de démographe auprès des élus et des autres services. Leur faire comprendre ce qu'est la démarche démographique pour arriver ensemble à un langage commun et cohérent appuyé sur des bases scientifiques. Faire en définitive de la vulgarisation, au sens noble du terme. Mais ça, c'est difficile", admet-elle.

Rénovation de quartiers

Gérer une commune, ce n'est pas uniquement prévoir l'avenir, c'est aussi s'occuper de l'existant. Les élus ont également demandé à Corinne de travailler en priorité sur le développement social des quartiers (D.S.Q.). A son programme, deux patrimoines -deux dernières barres H.L.M.- ayant des difficultés de rénovation. L'enquête sur le terrain a été confiée à une société privée. Elle n'intervient là qu'au niveau de l'élaboration du questionnaire sur une éventuelle rénovation. Des questions du genre "si on rénove et que l'on

  un contexte. Le département des Hauts-de-Seine d'abord, la région Ile-de-France ensuite. Il ne faut jamais se couper de son environnement" témoigne-t-elle. Les travaux de l'I.A.U.R.I.F. et toutes les sources de type Ile-de-France, comme celle du C.R.I.E.S. sont les bienvenues. Les travaux économiques de l'I.N.S.E.E.également, ou ceux de l'I.N.E.D. pour l'aspect méthodologique des études prospectives. Un livre vient de paraître sur l'état de l'immigration en France. Uniquement lisible par les démographes et les mathématiciens, il permet de mesurer la deuxième et la troisième génération d'immigrés. Un outils particulièrement précieux pour Corinne quand on sait que que ces derniers représentent 27% de la population de Gennevilliers.

Corinne, qui a été recrutée en tant que contractuelle dans la filière "techniciens" des collectivités territoriales reçoit un salaire d'embauche de 10 500 francs par mois. Son avenir ? Elle n'en a pas une idée précise. Ce dont elle est sûre, c'est qu'elle n'a pas la vocation d'un chercheur enfermé dans sa tour d'ivoire. Elle aimerait plutôt évoluer vers un poste à responsabilité. Pourquoi pas dans la gestion ? A l'image de ce démographe parti des ressources humaines du Louvre pour se retrouver aujourd'hui au centre interdépartemental de gestion de la Petite Couronne, où il prend en charge la formation continue. Il ne fait pas que la démographie loin de là !

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Démographe, des débouchés en perspective

 

Bien que leur formation existe depuis les années 50, les démographes n'ont connu de véritable essor que depuis une quinzaine d'années. Auparavant, la démographie était cantonnées au domaine de la recherche. Aujourd'hui, cette discipline, si elle offre des débouchés dans certains secteurs d'activité, demeure peu repérable du fait de l'assimilation abusive des démographes aux statisticiens.

Comme un corps vivant, la population (d'un pays, d'un continent ou d'un quartier) connaît une évolution permanente. Pour la mesurer, une seule science : la démographie définie par le Petit Robert comme une "étude quantitative des populations humaines ou   animales et de leurs variations". L'I.N.E.D. (Institut national pou les études démographiques) pour sa part, indique que la démographie a pour objet de "faire comprendre les évolutions passées, la situation actuelle et les problèmes futurs du monde". De fait, en étudiant les taux de mortalité, de natalité, de nuptialité

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phase, non étudions les causes et les conséquences des phénomènes observés, en établissant éventuellement des relations entre les données économiques, sociales et démographiques. Intégré sous forme d'unités de valeur dans les cursus de sociologie, la démographie, par sa méthodologie, est un bon moyen d'acquérir de réelles compétences techniques et professionnelles applicables immédiatement.

Un secteur professionnel diffus

On l'aura compris, le démographe, s'il n'est pas forcément un mathématicien,

ou d'immigration, en se penchant sur la composition socio-professionnelle de la population, sur la répartition par âge et par sexe, le démographe pourra prévoir les besoins en termes de logement ou d'équipements collectifs (crèches, hôpitaux, écoles...) ou éclairer à fortiori des phénomènes sociaux appartenant au passé. Au carrefour de plusieurs disciplines des sciences humaines (sociologie, histoire, économie, ethnologie, urbanisme, géographie, voire génétique), le démographe est à la  '

fois un homme (ou une femme) de dossier et un enquêteur proche du terrain, capable aussi bien d'assimiler et de synthétiser les données chiffrées mises à se disposition par les services de l'Etat, des collectivités locales ou des organismes de recherche que de mettre en place ses propres questionnaires pour récolter une information plus ciblée : "nous travaillons en deux phases", explique Corinne Denel, présidente de l'A.P.E.D. et démographe pour le compte de la mairie de Gennevilliers. La première consiste à élaborer les méthodes de recueil de l'information, sous forme par exemple de questionnaires d'enquêtes ou d'entretiens individualisés : puis dans une deuxième doit néanmoins aimer les chiffres et posséder une solide culture générale qui lui sera indispensable à l'analyse des phénomènes observés. Les statistiques ne doivent pas avoir de secrets pour lui, même si on ne peut assimiler le démographe au statisticien, davantage spécialisé dans la production d'informations économiques (statistiques industrielles, agricoles, comptabilité nationale, prévisions dans l'entreprise...) : "Nous avons des bases moins solides en

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statistiques et mathématiques que les statisticiens, ce qui peut constituer un moins. Mais nous avons une propension à l'analyse sociologique, démographique ou économique plus développée", témoigne Corinne Denel. Pluridisciplinaires, les démographes évoluent dans un milieu professionnel un peu diffus. Le plus souvent contractuels, ils peuvent trouver leur place aussi bien dans les collectivités territoriales, au sein de services d'aménagement et d'urbanisme (un secteur d'emploi à exploiter dans l'avenir), que dans les ministères, les établissements publics comme la S.N.C.F., les organismes internationaux comme l'O.N.U. ou le B.I.T., les bureaux d'études et d'enquêtes, les sociétés industrielles, à la gestion du personnel, ou les banques et les caisses de retraite. "Les assureurs recrutent par contre très peu", regrette Corinne Denel. "Nous pourrions pourtant y avoir notre place. Nous savons faire des études de cohortes, d'évolution et de suivi de personnes, nous savons aussi faire de la prospective".

Des places à prendre !

Pour trouver des places, sachez anticiper ! En 1999, est prévu le grand recensement dont la dernière édition remonte à 90. Environ deux ans avant, c'est à dire en 1997, l'I.N.S.E.E. va contacter l'ensemble des communes pour que soit mis en place la vaste collecte d'informations. A l'instar de Pascal, aujourd'hui promu chef de projet chargé de la mise en place d'une méthodologie pour la collecte d'informations démographiques à la mairie de Montreuil, sachez profiter de cette grande vague pour vendre vos mérites aux collectivités territoriales. Vous avez encore deux ans pour réfléchir et affûter vos armes...

Le besoin en évaluation et expertise des politiques locales se faisant sentir de plus en plus, des places sont à prendre dans ce secteur, pour peu que l'on sache y faire : "Lors d'un premier entretien, c'est bien de pouvoir présenter des travaux qu'on aura pu réaliser ailleurs, en stage ou pour une collectivité locale. Il faut montrer que l'on sait le mettre en forme". Autre conseil judicieux : bien connaître la collectivité que vous convoitez (nom du maire, couleur politique, renseignements généraux sur la ville....) et se conformer au rythme propre à la fonction publique territoriale pour ne pas arriver après le vote du budget : "C'est dès le printemps qu'il faut postuler ou du moins prendre contact avec une collectivité", rappelle Pascal Fuchs, chef de projet chargé des méthodes de récolte des données et de leur gestion à la

mairie de Montreuil. "Parce que les bilans et les discussions se font en automne et que les nouvelles missions démarrent vers le mois de janvier, avec le vote du budget...."

Le démographe, ce méconnu

Comme ailleurs, l'intégration dans le monde du travail ne se fait pas immédiatement et ce d'autant plus qu'il faut savoir lire entre les lignes des petites annonces dont la plupart paraissent dans La Gazette des Communes : "Ces dernières années, très peu de collectivités locales ont demandé expressément un démographe". Le plus souvent, les annonces sont floues. Les postes les plus fréquemment demandés ? Chargé d'études ou chargé de missions. Ensuite les qualifications sont données : formation universitaire, bonne analyse, capacité rédactionnelle, études statistiques, bonnes connaissances statistiques. Les mots "prospectives" ou "perspectives" sont souvent mentionnés. Et parfois, mais parfois seulement, on peut trouver "des connaissances en démographie seraient un plus". "Nous sommes aptes à répondre à ces annonces". C'est un fait, le démographe est mal connu. Pascal Fuchs explique le phénomène par "il y a un malentendu sur le métier de démographe que l'on assimile à celui qui étudie les courbes de natalité et de mortalité". A ceci s'ajoute peut-être la réputation des démographes "considérés comme des gens pointilleux, incapables de synthétiser les données dans une perspective plus large... Ce qui est une image fausse", précise Corinne Denel. Pour preuve, Pascal arrivé en 1991 à Montreuil pour assurer le dépouillement du recensement, a su maintenir son emploi en démontrant l'utilité et la transversalité de son savoir faire. "Aujourd'hui, mes responsabilités ont évolué de simple production de données à la mise en place en direction des divers services de la mairie, d'une méthodologie et d'une conceptualisation des données recueillies sur le terrain. Je suis un peu l'architecte des systèmes d'information." Autrement dit, Pascal doit faire preuve de pédagogie pour transmettre correctement ses compétences et généraliser, en donnant du sens aux chiffres, l'utilisation et la compréhension des données démographiques. "Savoir communiquer aussi bien avec les élus qu'avec les collègues des services concernés", rappelle Corinne Denel. "Parce qu'on ne s'adresse pas à des spécialistes de la question est que l'on est de plus en plus amené à travailler avec des démographes sur des études transversales et pluridisciplinaires autour de projets sur la ville.

En tout état de cause, les débouchés en démographie existent et même si un jeune diplômé met actuellement entre trois mois et un an avant de trouver son premier emploi, avec souvent un salaire mensuel entre 9000 et 9500 francs nets, il arrivera en quelques années à se stabiliser à un poste fixe.

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Hors du Recensement, point de salut ?
Du travail ordinaire d'un démographe dans les collectivités locales
*

 

    En 1990, le recensement a mis la démographie sous les feux de la rampe. Ce fut l'occasion pour certaines municipalités de recruter un démographe. Si son rôle était évident à ce moment précis, il ne l’est plus entre deux recensements. Et pourtant...

 La meilleure définition du démographe : sa formation

     De formation universitaire de haut niveau (bac+5), la démographie est enseignée sur deux ans à des licenciés venant pour la plupart de sciences sociales (sociologie, histoire, économie, géographie...) et pour certains des professions de la santé.

     Le démographe sait collecter l'information, la mettre en forme, la traiter et analyser les relations entre les phénomènes démographiques, économiques et sociaux grâce à :

    Ainsi, la démographie permet d'étudier tant un ensemble stable (stock ou photographie à un instant donné) qu'un ensemble en mouvement (flux ou film qui se déroule).

 Un champ interne : gestionnaire de ressources humaines

     Le démographe intégré au département de gestion des ressources humaines produit les documents nécessaires à la gestion tels que les bilans sociaux, les tableaux de bord... Cette approche classique est toutefois complétée par un apport original : on sait qu'une population se caractérise par sa structure ( âge, sexe, catégorie socioprofessionnelle ...) ainsi que par les flux qui font évoluer cette structure (fécondité, migration, mortalité...).
    De la même manière, un personnel d'entreprise est structuré par les fonctions, filières professionnelles, l'ancienneté. Et les flux comme le renouvellement par le recensement, les départs, les mutations, l'apparition et la disparition d'emplois, modifient la structure du personnel.

 Deux démarches successives guident le démographe

     La première consiste à établir un diagnostic (situation passée et présente) en isolant et en mesurant chacun des facteurs qui agit sur la mécanique de groupe.
    Cette approche fournit des mesures de description et d'explications qui donnent une vision dynamique de la structure du personnel. La démographie utilise des techniques sophistiquées mais l'information est rendue accessible par quelques indicateurs simples, adaptés aux résultats des municipalités et par de nombreux supports graphiques.

    Ensuite, c'est à l'aide du bilan descriptif et explicatif que l'on peut aborder le problème de l'avenir, le but de la mise en place d'une gestion prévisionnelle étant de pouvoir établir des problèmes de simulation. Ils évaluent, en partant d'une photographie de la situation initiale, ce qui se passe période par période :

    Il n'y a pas de véritable optimisation, mas présentation d'un plan possible et d'une évaluation des conséquences de choix de nature très diverses.

Claire Arnault et Corinne Denel

 

Les Informations Administratives et Juridiques, n°6, 06-1991, Centre Interdépartemental de Gestion de la Petite Couronne.

 

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