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    RESCO (REcherche et Sauvetage au Combat)

     

Les Américains l'appellent CSAR (Combat Search and Rescue) et les Français Resco (Recherche au sauvetage au combat). Mais l'idée, qui fait aujourd'hui florès en occident, est la même : sauver les équipages tombés en territoire ennemi. Je vais donc faire un tour d'horizon exhaustif des doctrines et des matériels.

 

"Blam !" Le pilote a senti et vu l'explosion plus qu'il ne l'a entendue. L'avion s'est violemment cabré, tandis qu'un éclair aveuglant envahissait son champ de vision. La suite a été une affaire de réflexes : l'ultime tentative pour récupérer le contrôle de l'appareil, la brève communication radio "Tiger 27 je m'éjecte", et l'éjection elle-même.
A quelques centaines de kilomètres de là, l'AWACS de permanence a recueilli le message d'urgence. Il a constaté la disparition de l'avion sur ses écrans et diffusé l'alerte : Tiger 27 vient d'être abattu en territoire ennemi. Le premier acte d'une mission CSAR vient d'être joué.

 

    Un outil essentiel de contre-propagande

La Combat SAR, ou Resco, symbolise aujourd'hui un étonnant paradoxe : les forces armées occidentales n'ont jamais perdu aussi peu d'hommes en opération et pourtant elles n'ont jamais consacré autant de moyens, financiers et humains, à leur récupération.
Les succès militaires de ces dix dernières années ont conduit l'opinion publique à croire que les guerres se menaient et se gagnaient sans pertes. C'est une erreur, bien entendu, mais l'idée a fait son chemin, si bien qu'au premier appareil abattu dans n'importe quelle opération, des voix s'élèvent immédiatement pour demander si l'intervention en cours mérite véritablement autant de sacrifices.
L'idée d'aller récupérer un pilote abattu, particulièrement avec un autre moyen aérien, n'est pour-tant pas neuve elle est aussi vieille que l'emploi de l'avion lui-même, et la Première Guerre mondiale recèle d'incroyables interventions débouchant sur le sauvetage, bien souvent au nez et à la barbe de l'ennemi, de pilotes abattus (lire l'en-cadré historique). L'idée fut perfectionnée pendant la Seconde Guerre mondiale et le sauvetage de pilotes abattus, empirique trente ans plus tôt, s'est organisé avec la constitution d'unités spécialisées. Mais la discipline bute sur les capacités des avions eux-mêmes, rarement capables de se poser à l'improviste sur n'importe quel terrain. Ce n'est donc pas un hasard si le théâtre d'operation privilégié pour le sauvetage au combat est avant tout maritime, les hydravions pouvant se poser à proximité des clients à repêcher.
La maturation de l'hélicoptère au cours des années cinquante bouleverse la donne et ouvre un champ d'application immense pour la Resco qui gagne ses lettres de noblesse  A pendant la guerre du Vietnam. Les techniques et les matériels ont depuis été sans cesse affinés pour aboutir à la discipline à part entière que nous connaissons aujourd'hui.
Les forces armées font les guerres, mais ce sont les gouvernements qui les déclenchent, et ils le font pour suivre des buts politiques. C'est à l'aune de ces buts politiques que se mesure le coût humain des combats, sous l'oeil scrutateur des opinions publiques, ou de ceux qui les font.
Si le coût dépasse ce que l'on peut retirer de l'objectif, il faut renoncer. Dans ce contexte, et sachant que pour des conflits limités il n'est accepté qu'un taux de pertes très marginal, la Resco est un « modérateur de prix ». Un outil parmi d'autres pour tirer vers le bas le coût humain d'un engagement et préserver sa rentabilité...
La Resco est également un outil essentiel de contre-propagande les équipages abattus, qui se comptaient par dizaines de milliers pendant la Seconde Guerre mondiale offraient peu d'intérêt en matière de propagande. La denrée était trop commune.
Cinquante ans plus tard, la denrée étant devenue beaucoup plus rare, son prix est monté en flèche... au point que pendant la guerre du Golfe, Saddam Hussein offrait ouvertement des récompenses pour quiconque lut amènerait un pilote abattu. Si perdre un appareil est humiliant, se faire capturer un pilote l'est encore plus. En récupérant in extremis un pilote éjecté, on fait coup double : on prive l'ennemi d'une bonne opération de propagande et on annule l'effet désas
treux de la perte de l'avion, l'audace du sauvetage effaçant magie les mauvais souvenirs dans l'opinion publique. Abattu en juin 1995 au-dessus de la Bosnie (lire l'encadré), le capitaine O'Grady devient un héros lors de sa récupération six jours plus tard et l'US Air Force sort grandie de toute l'opération.

 


Une spécialité jeune


D'un point de vue plus prosaïque, la présence d'une force CSAR compétente offre un certain réconfort moral pour les équipages. Ceux-ci sont également des spécialistes précieux dont la formation a coûté très cher à la nation : investir quelque argent dans leur récupération n'est pas non plus un mauvais choix de gestionnaire. Citons également la récupération possible par les forces CSAR d'équipements importants ou confidentiels sur les appaeils abattus et nous aurons fait le tour des principales motivations préludant à la constitution d'un savoir-faire CSAR.
Notons enfin que les forces armées ne peuvent que se féliciter de la naissance d'un tel outil : la CSAR est une spécialité jeune, synonyme de défis à relever, de matériels de pointe, d'expérimentations enthousiasmantes, de terrains à défricher. Un cas de figure que l'on ne retrouve pas tous les jours dans le monde de l'après-guerre froide...
Différentes méthodes d'insertion des équipes de sauvetage existent. Par voie terrestre, par dépose en mer, par parachutage tous les moyens sont étudiés. L'hélicoptère reste toutefois le principal outil de la CSAR par sa flexibilité et le compromis qu'il présente entre maniabilité, vitesse, discrétion et autonomie. Epaulé par un avion spécialement équipé comme le HC-130 Hercules, l'hélicoptère gagne encore en efficacité.
Capables de ravitailler les hélicoptères en vol, les HC-130 peuvent également fournir une aide en navigation, servir de PC volant au plus près de la zone des opérations en mettant à profit leurs moyens de communication renforcés. Des baies d'observation latérales permettent également à des observateurs de scruter le sol pour participer à des recherches visuelles. L'avion de transport tactique peut également participer directement aux opérations de sauvetage et remplacer l'hélicoptère quand une capacité de transport ou une autonomie plus importante est demandée.
L'entraînement se fait notamment en larguant envol des embarcations souples ou encore des véhicules tout-terrains, en particulier les RAU (Rescue Ail Terrain Transport) des Pararescuemen, spécialement conçus pour récupérer des blessés en zone de combat. Ces véhicules furent intensément utilisés pendant l'opération Juste Cause au Panama, lorsque les premiers assauts contre deux terrains d'aviation sous contrôle panaméen débouchèrent sur de nombreuses pentes du côté des SEAL, des forces Delta et des Rangers.


Une affaire cemplexe

Les moyens CSAR de l'us Air Force sont placés sous le contrôle de l'Air Combat Command (ACC) et de l'Air Force Special Operations Command(AFSOÇ). L'Air Force dispose au total d'une centaine de HH-60G Pave Havvk parfaitement équipés pour les missions CSAR, auxquels s'ajoutent les MH-60 des forces spéciales, plus particulièrement chargés de la dépose clandestine et de l'extraction de forces spéciales. Toutefois, les MH-60 comptent parmi leurs missions secondaires la Combat SAR. Ces appareils bénéficient tous des innovations et des matériels développés pour la Combat SAR au cours des trente cinq dernières années, au premier rang desquels figure la capacité de ravitaillement en vol. Anecdotique sur un théâtre d'opération étroit comme par exemple le Kosovo, le ravitaillement en vol devient vite indispensable sur des territoires plus vastes, comme par exemple l'irak où la majorité des appareils abattus pendant la guerre du Golfe le furent très profondément en territoire irakien, hors de portée des hélicoptères (sauf à tenter des ravitaillements en vol profondément en territoire ennemi, un exercice de haute volée...
Bien que les matériels européens récemment développés disposent également de cette capacité (EC-725 d'Eurocopter et Merlin Mk3 d'EH Industries), les Américains restent à ce jour les seuls à parfaitement maîtriser cette technique an opération. Leaders technique, les Américains montrent également la voie en matière de doctrine, ayant largement ou le temps depuis la guerre du Vietnam de conceptualiser les opérations et de tester les solutions retenues. La mission CSAR s'exécute donc dans un cadre organisationnel très rigoureusement défini, où prolifèrent les acronymes dont sont friands les cousins d'Amérique.
Ce qui fait dire à certains que le premier ennemi du pilote abattu est la complexité des armées modernes, des organigrammes, des partages de responsabilités et de la multiplication des niveaux de décisions et des inter-venants. Une complexité portée à de nouveaux sommets quand il est question de coalitions, comme c'est de plus en plus souvent le cas. La centralisation et la coordination des moyens ne constituent donc pas la moindre des difficultés de telles opérations : elles sont l'affaire d'un JSRC (Joint Search and Rescue Center) qui coordonne l'action des moyens CSAR et organise tes différentes phases de l'opération. Le JSRC est ensuite relayé sur le terrain par différents niveaux de responsabilités, de manière à permettre une articulation sans heurt des différentes phases de l'opération CSAR.


C pour "Combat"

Il n'y a aucune ambiguïté là-dessus : l'opération de Combat SAR est une opération de guerre et obéit donc à quelques principes simples au premier rang desquels figure l'emploi de forces massives. L'équité du combat doit être proscrite au profit de la disproportion des forces et toute opposition à l'opération de sauvetage doit être balayée le plus rapidement possible.
Ce ne sont donc pas deux hélicoptères qui partent en mission ÇSAR, mais une task for-ce complète pouvant englober plusieurs dizaines d'appareils aptes à traiter toutes les formes de menace.
Trois niveaux de menaces potentielles sont en fait considérés pour une mission CSAR.
Au plus bas niveau correspondent des forces ennemies peu nombreuses, clairsemées, dotées d'armes individuelles et d'armes collectives légères, éventuellement de lance-roquettes et de missiles antiaériens portables. Ces forces ne sont pas supposées pouvoir conduire de puissantes opérations coordonnées. Une menace de moyenne intensité est synonyme de troupes constituées, de présence aérienne ennemie dans la zone et de l'emploi de systèmes antiaériens à guidage radar ou optiques. Pour ce qui est de la menace de haute intensité, on a là affaire à des troupes nombreuses, bien organisées et mobiles, dotées du plus large échantillonnage de matériels qui soit.
Si l'attaque en zone de menace faible peut se faire avec une préparation minimale tout en se contentant de mesures de protections passives (tirs de leurres), la menace de haute intensité demande une préparation minutieuse avec l'engagement de très nombreux moyens pour couvrir toutes les éventualités. Placés sous la direction d'un Mission Commander; extension locale du JSRC, typiquement embarqué dans un AWACS ou un EC-130ABCCC (C-130 de commandement tactique), ces moyens comprendront notamment des appareils spécialisés dans la lune antimissile, le brouillage électronique, l'écoute et les communications, le guidage radar, le ravitaillement en vol, etc.: une RESCAP (Rescue Combat Air Patrol) chargée de garantir la maîtrise complète du ciel: une RESCORT (Rescue Escort) en charge de l'escorte directe des hélicoptères qui vont assurer la récupération proprement dite. Cette RESCORT peut être composée d'hélicoptères de combat ou de chasseurs-bombardiers, typiquement des A-10 à la puissance de feu phénoménale. Le désavantage des avions est de présenter une trop grande vitesse d'évolution vis-à-vis des hélicoptères. Ils sont également moins maniables et moins capables de les suivre en vol tactique dans des terrains très accidentés, particulièrement par mauvais temps. A l'inverse, les hélicoptères de combat peuvent coller aux appareils de transport <même Si on risque d'assister au phénomène inverse dans je futur : l'EC-725, future monture CSAR française, est notablement plus rapide que le Tigre qui pourrait lui servir d'escorte). Leur principal handicap vient d'une puissance de feu inférieure aux voilures fixes et surtout à leur faible allonge qui leur interdit de suivre les hélicoptères de transport lorsque ceux-ci sont ravitaillés en vol, sauf à disposer de points de ravitaillement clandestins au sol.
Enfin, signalons que l'on parle de RESCORT "attachée" ou "détachée" suivant que l'escorte suit de près ou à distance les appareils de transport. Chaque formule possède ses avantages et ses inconvénients, suivant que l'on cherche à être discret, puissant, etc.
L'ensemble de cette task force protège la force de sauvetage proprement dite des menaces terrestres et aériennes. Elle contribue également à l'authentification et à la localisation en phase terminale du  survivor » (nom générique donné au personnel en détresse).

En mai 1972, un chasseur-bombardier Phantom de l'US Air Force fut abattu au nord-est d'Hanoi, au Nord-Vietnam. Le navigateur de l'appareil parvint à échapper aux Vietnamiens pendant une durée record de 23 jours, tout en maintenant le contact avec les forces amies. La zone dans laquelle il se trouvait était jugée Si dangereuse que la récupération de l'homme, qui fut exécutée finalement avec succès, mobilisa une grande partie des moyens de l'Air Force présents dans la région.


S pour "Search"

 

La principale difficulté de toute mission de récupération est de pouvoir positionner avec la plus grande précision possible le «survivor », tout en déniant à l'ennemi le droit d'en faire autant. Les équipements radio jouent ici un rôle prépondérant.
Une étude en profondeur engagée en 1995 par les forces armées américaines avait alors montré que l'erreur moyenne de localisation initiale d'un "survivor" était d'une dizaine de kilomètres, tandis que le temps moyen de mise en place d'une mission CSAR complexe était de 7 heures. Un effort de formation et d'entraînement engagé sur plus de trois ans, et s'adressant tout autant aux pilotes éjectés qu'aux forces de sauvetage, permet d'améliorer de façon spectaculaire ces résultats : l'erreur de localisation devenait inférieure au kilomètre, tandis que te temps était diminué de moitié et passait à environ 3h30. L'objectif actuel du Pentagone est de pouvoir dès le début de l'opération CSAR localiser un "survivor" à 100 m prés et d'organiser son recueil en moins de deux heures. Les outils pour arriver à ce résultat seront avant tout un meilleur entraînement des différents intervenants et un matériel de survie de nouvelle génératon, centré en particulier sur le CSEL.
Ces efforts ne sont pas gratuits : une localisation rapide augmente de manière importante les chances de réussite de l'opération. D'après les statistiques amorça mes de la guerre du Vietnam, un pilote qui n'a pas été récupéré au cours des quatre premières heures dispose de moins de 20% de chances d'être sauvé. (Peut-être ce chiffre restera-t-il valabe dans les années à venir. Mais une chose semble certaine l'introduction de nouveaux matériels, dotés d'une plus grande autonomie, de liaisons satellitaires et de positionnement par GPS, couplée à la généralisa-tion de systèmes de vision nocturne très performants pour les sauveteurs devraient permettre d'accélérer les opérations de recueil.)
En plus de permettre le positionnement du pilote, hier par triangulation ou par homing aujourd'hui par transmission de coordonnées GPS, la radio de survie sert également aux communications entre le "survivor" et ses sauveteurs. Pendant sa descente en parachute, ou bien une fois arrivé au sol, le pilote appelle sur la fréquence de détresse, s'identifie avec son signe tactique, donne sa condition physique, sa position exacte s'il la connait. Si le contact n'est pas immédiat, il essaiera de nouveau à heures fixes. Le maître mot est discrétion, avec des communications aussi brèves que possible, sachant que la radio est une arme à double tranchant, sujette à interception et capable de révéler la position du "survivor" aux amis aussi bien qu'aux ennemis.


R pour "Rescue"

La nuit favorise les soldats entraînés et équipés pour l'affronter, elle est une protection idéale pour ceux qui savent s'en accommoder. A ce petit jeu, les Occidentaux, et particulièrement les Américains, sont encore les meilleurs, et les opérations CSAR dans les zones très difficiles se dérouleront encore longtemps de nuit pour offrir aux sauveteurs une couverture efficace. Deux systèmes permettent aujourd'hui de travailler dans l'obscurité : le FLIR (Fonnard Looking Infra Red) travaillant dans l'infrarouge, qui détecte les être vivants et les objets par la chaleur rayonnée; les amplificateurs de lumière, qui utilisent la lumière résiduelle (lune, étoiles...), l'amplifient artificiellement et restituent une image exploitable par l'utilisateur. Ces systèmes sont complémentaires, offrent chacun avantages et inconvénients et sont donc tous deux intensivement employés par les équipes CSAR. Les JVN sont inefficaces en l'absence totale de lumière résiduelle (absence de lune, couverture nuageuse masquant les étoiles) et elles ont de faibles performances à grande distance. Leur avantage tient à leur moindre coût comparé au FLIR et à leur légèreté qui leur permet d'être montées directement sur les casques. Le FLIR est quant à lui trop lourd pour équiper individuellement les combattants ou pilotes. Il est en général monté dans une tourelle gyrostabilisée ce qui offre toutefois certains avantages : l'image stabilisée sur trois axes est de bonne qualité à grande distance et la possibilité existe d'asservir automatiquement la caméra aux objectifs détectés.
Le FLIR voit en revanche ses qualités dégradées par les mauvaises conditions atmosphériques (pluie, neige. .) et offre une image de mauvaise qualité à courte distance. Rapporté à la CSAR, on peut en conclure que le FLIR doit être utilisé à grande distance pour la détection du  "survivor" et l'étude de son environnement. Dans les derniers instants du vol, a courte distance, l'équipage passera alors sur JVN pour assurer le posé de la machine et la récupération proprement dite.
Mais dans ce domaine encore rien n'est définitif : de nouveaux systèmes en phase d'expérimentation s'apprêtent à fusionner différents capteurs et différentes techniques de restitution de l'image, pour finalement permettre la détection et l'identification de jour comme de nuit, à toutes les distances, dans pratiquement toutes les conditions de luminosité et de météo. Dernière étape du sauvetage, la récupération proprement dite du "survivor" est aussi la plus délicate et regorge de dangers autant pour l'homme au sol que pour l'équipe CSAR. Pour le premier, il s'agit de sortir de sa cachette et de se montrer pour être repéré par les secours. Pour ceux-ci, il s'agit de venir se placer en position de vulnérabilité, à faible vitesse et faible hauteur, en plein territoire hostile, avec la quasi-certitude que des troupes ennemies patrouillent dans le secteur à la recherche du "survivor".
Une des plus grandes incertitudes qui demande à être levée concerne l'authenticité réelle de celui-ci. Des expériences cuisantes ont montré au Vietnarn qu'un ennemi intelligent pouvait sans peine utiliser la radio d'un prisonnier (ou le contraindre a l'utiliser) ainsi que la soif de réussite des forces de secours pour attirer celles-ci dans des embuscades très couteuses.
La doctrine OTAN est aujourd'hui très claire sur ce point : les moyens CSAR, qui représentent de très gros investissements en hommes connme en matériels et sont donc des cartes  de très grande valeur, ne doivent être engagés qu'à coup sûr, après identification formelle du "survivor". Le moindre doute sur l'identité de l'utilisateur de la radio de survie ou sur sa réelle liberté de manoeuvre devra suffire à maintenir à l'écart les hélicoptères de récupération. Corollaire logique, ne sont justifiables d'opérations CSAR que les personnels ayant reçu un entraînement spécifique leur permettant de parfaitement jouer leur partition et de justifier ainsi les risques encourus par les sauveteurs.
Certaines circonstances exeptionnelles peuvent toutefois commander une intervention très rapide, avec une identification incomplète du pilote. La procédure privilégiée serait alors de l'embarquer dans les hélicoptères et de procéder en cours de route à son identification formelle. Des procédures "anti-détournement" ont sans doute été définies parmi les équipes CSAR afin d'éviter tout problème dans l'hélicoptère en question...
A cela peuvent se greffer des considérations politiques, les guerres étant conduites de plus en plus souvent par des coalitions multinationales aux liens parfois fragiles. Sacrifier en vain des hommes d'une nation participante pour en sauver un seul d'une autre nationalité pourrait être une chose mal perçue par les opinions publiques.
Obtenir une certitude sur l'identité et la liberté de mouvement du "survivor" est un enjeu majeur de toute l'opération CSAR. C'est à la RESCORT de finaliser la localisation et l'authentification du personnel au sol, laissant les appareils de sauvetage en retrait, en attente d'un feu vert final. C'est là un des domaines les plus sensibles de la CSAR, car il ne repose en pratique sur aucun matériel et fait pleinement appel à l'intelligence et aux "feelings" du "survivor" et de ses correspondants.
Chaque navigant engagé sciemment au-delà des lignes ennemies dispose d'un dossier individuel rassemblant une grande variété d'informations. Ces dossiers, appelés ISOPAEP (Isolated Personel Report), sont gardés dans les unités et transmis en cas de besoin au JSRC. Ils contiennent des informations classiques, comme la taille, la couleur des yeux, les empreintes digitales, la photo du sujet, etc. Mais quatre entrées permettent également de consigner des informations beaucoup plus inhabituelles, faisant appel à des souvenirs personnels, immuables et facilement mémorisables et n'appartenant en aucun cas au domaine public. Une information de ce type pourrait être par exemple : "Ma première voiture était une Renault 16 blanche".


Une batterie de mois-clés et de codes


La première chose à garder en tête est qu'une opération Resco peut s'étaler sur plusieurs jours et nécessiter plusieurs tentatives avec à chaque fois une identification complète à reprendre à zéro. Il convient alors de gérer au plus près les informations contenues dans les ISOPREP qui, par définition, ne sont pas renouvelables et qui doivent être considérées comme "grillées"  une fois lâchées sur les ondes. L'interlocuteur du "survivor" s'attachera donc à ne jouer dans un premier temps qu'avec un élément partiel d'information. Pour reprendre l'exemple précédent, il demandera par exemple de quelle couleur était la première voiture. Il sera toujours temps plus tard de demander la marque et le modèle exact...
Une autre information contenue dans l'ISO-PRER est un nombre à quatre chiffres. Toujours dans le but de faire durer l'information, on demandera par exemple au "survivor" la somme du premier et du troisième chiffre. Inversement, ces chiffres pourraient servir aux forces CSAR pour s'identifier auprès du "survivor", Si celui-ci en venait à avoir des doutes sur l'identité réelle de son interlocuteur en cas de tentative de supercherie de la part de l'ennemi.
Aux informations personnelles des ISO-PRER s'ajoute toute une batterie de mots-clés, lettres codes, chiffres, couleur du jour ou même signaux visuels préconvenus communs à l'ensemble des forces déployées sur un même théâtre d'opération. Ces instructions sont publiées à intervalles réguliers dans les CSAR SPINS (Special Instructions) qui accompagnent par exemple les ATO (Air  Tasking Orders, document rédigé par l'état-major détaillant la répartition des missions aériennes entre les différentes unités). En même temps qu'il prend connaissance de l'activité à venir, chaque pilote est tenu de "réviser" encore et toujours les CSAR SPINS.
Le recueil proprement dit est l'affaire en règle générale de deux hélicoptères, un leader et son ailier
Pendant que le leader se pose pour la récupération, l'ailier reste en réserve en l'air, cerclant à basse altitude pour suivre les opérations au sol tout en gardant un oeil sur les environs. Les combinaisons possibles sont très nombreuses, une autre manière de faire étant par exemple un survol rapide par le leader de la zone de posé. Si tout semble bon, le leader dégage dans une direction convenue et l'ailier, qui arrive derrière, peut se poser et récupérer le "survivor". Face à une situation incertaine, le leader dégage dans la direction opposée, l'ailier renonce à se poser et les deux appareils se regroupent à bonne distance pour envisager la suite des événements. A l'inverse, l'atterrissage des deux hélicoptères peut se révéler indispensable pour, par exemple, permettre à l'ensemble des commandos de sécuriser la zone.

 


Des centaines d'heures d'entrainement


Tout ce savoir-faire ne s'improvise pas et demande un long entraînement. Du coté américain, la sélection et l'entraînement des pilotes d'hélicoptères (une dizaine sont formés chaque année) aux opérations CSAR est le travail d'une unité spécialisée établie sur l'immense base de Nellis, dans le désert du Nevada. Tous les pilotes sélectionnés pour suivre cet entraînement sont déjà des instructeurs sur UH-60 Blackhawk et disposent d'une expérience d'au moins un millier d'heures de vol.
L'ensemble du cursus long de six mois comprend une trentaine de missions, correspondant à une centaine d'heures de vol et 300 heures d'enseignement théorique au sol. Les domaines abordés vont de la maniabilité de l'hélicoptère jusqu'au traitement de la menace sol-air en passant par le combat air-air qui prend une importance croissante pour les voilures tournantes.
Dans ce dernier cas, toutes les menaces possibles sont abordées, depuis les hélicoptères de combat (Cobra, Apache...), les hélicoptères armés jusqu'aux chasseurs-bombardiers (F-16, A-10, etc.>. L'enseignement se clôt par la réalisation sur le terrain de Nellis de missions aux scénarios complexes mettant en oeuvre des escortes complètes. Une douzaine d'avions prennent part à l'exercice autour des hélicoptères qui doivent également affronter des menaces sol-air simulées au cours de l'opération de récupération.
Tout n'est pourtant pas affaire d'organisation minutieuse. Les exemples existent également d'opérations CSAF montées dans l'urgence, la rapidité d'exécution étant le critère primordial de réussite dans des environnements sans doute pas aussi complexes que pour un conflit en Europe, mais tout aussi dangereux.
En octobre 1993, au cours de l'opération