Thierry en Afrique du Sud

Je vérifie pour la 15 ème fois mon équipement, à l'aide de la liste (dont je vous recommande l'usage)"Equipement nécessaire pour une semaine de chasse", à priori tout est ok, j'ai le nécessaire pour 10 jours de chasse.
Arrivée à 5h30 à l'aéroport de St Denis la Réunion pour un décollage prévu à 7h00.
Bertrand que nous appellerons plus tard Howard Tuning (voir l'intéressé pour les explications) vient à ma rencontre, nous rejoignions Stéphane dit l'Africain qui est déjà arrivé, pour procéder à l'enregistrement des bagages.
L'objectif de ce séjour est d'aller à la rencontre du Grand Kudu que nous devrions trouver sur les deux territoires de chasse que nous allons découvrir. Après une brève escale Malgache nous arrivons à l'heure prévue à l'aéroport international de Johannesburg, où le commandant de bord nous annonce que la température extérieure est de 10°C, il est 10h00 en heure locale. Nous récupérons nos bagages, Marc le P.H. qui nous accompagnera durant le séjour est là pour nous accueillir.
Quelques heures de 4X4 plus tard nous voilà arrivés sur notre premier site de chasse situé non loin de Rust de Winter, ou nous nous installons. Le lodge est confortable, la vue imprenable, ça y est, nous nous imprégnons. Howard s'équipe et part pour un premier contact avec le bush, Steph et moi faisons notre première rencontre avec un Elan (la plus grosse antilope Africaine) qui vient brouter tranquillement les herbes juste à coté du Lodge. Nous constatons rapidement qu'il s'agit d'un Elan domestiqué, et Steph lui tend gentiment une poignée d'herbe que ce dernier ne peut refuser.
Le lendemain, Louis le Game Farm Manager, nous fait faire un tour du domaine, les animaux sont là , nous pouvons les voir, nous faisons connaissance avec les affûts.
Le site se prête peu à l'approche et nous constatons que de très grandes étendues de terres ont été brûlées volontairement peu de jours avant notre arrivée, afin de favoriser la repousse. Petit problème, les animaux raffolent de ces jeunes pousses bien vertes et se cantonnent dans ces zones.
Avez vous déjà tenté une approche sur une terre brûlée ?
Je suis à l'affût depuis plusieurs heures, je vois arrivé vers moi un Blue Wildebeest (Gnou Bleu). Il s'agit d'un vieux mâle.
J'encoche une flèche et je suis sa progression. Il s'arrête en face de moi à 20m et entreprend consciencieusement de goûter un bloc de nourriture. Il est toujours face à moi, tête baissée, un tir de face, je n'ose même pas y penser.
Mon décocheur vient agripper la corde, mais mon ami le Gnou a décidé aujourd'hui de ne pas me présenter son plus beau profil, il continue son chemin ne m'offrant aucun angle de tir. Les jours commencent à passer sans offrir de réelles occasions, certes nous voyons les animaux mais bien loin.
Steph tentera une approche de 3h00 sur des zèbres, mais se fera éventer.
Nous choisissons de squatter les affûts, mais les inondations des ces derniers mois en Afrique, et cette terre fraîchement brûlée n'incitent pas les animaux à venir au point d'eau ou au sel.
Je suis à l'affût depuis 14h00, et d'ou je suis, je peux voir à droite un troupeau de Wildebeest qui fait paisiblement la sieste, en face de moi à 300m, un groupe d'une soixantaine de Blesbok qui les imitent.
Il est 17h00 les Blesboks se mettent en marche, ils semblent se diriger vers l'affût mais l'évitent soigneusement.
Une douzaine décident de venir s'abreuver, ils sont à 50m sur ma droite. Tous rejoignent le gros de la troupe à l'exception de 2 femelles qui prennent la direction de mon affût.
Je sens que cette occasion est celle qu'il ne faut pas rater. Je suis prêt, les 2 antilopes marchent l'une derrière l'autre. Encore quelques mètres et elles seront à portée. Il est 17h40 un tir avant le coucher du soleil peut s'avérer délicat, car traquer un animal à la lueur de la lampe de poche est un exercice difficile. Ca y est elles sont dans mes 25m. Mon choix se porte sur la première, qui continue de marcher au pas. J'arme doucement, 18m, je fais remonter ma mire le long de l'antérieur de l'animal, je décale légèrement vers la droite. Les 66# de l'arc propulsent la XX78 2117 montée d'une Thunderhead 125gr. Je vois nettement l'impact, la flèche a traversé l'animal, les 2 poumons sont atteints. L'antilope part au galop vers la plaine, je ne la voit plus d'ou je suis, je contrôle ma flèche aux jumelles, du sang jusqu'aux plumes. Je sors de l'affût et je vois mon Blesbok couché dans la savane. Je m'assois et commence à regarder ces couleurs qu'un coucher de soleil en Afrique sait nous offrir.
Il est 18h00 j'entend le 4X4 qui arrive, Howard, qui grâce à une technique personnelle et une bonne logistique (voir l'intéressé pour les explications) aura eu une après midi remplie, un Impala et un Hartebeest. L'ami Steph ronge son frein.
Nous partons de bonne heure pour le second site de chasse non loin de Thabazimbi. Le lodge est typique, nous nous installons à nouveau, chacun dans une grande tente montée sur pilotis.
Ce site de près de 4400 ha est réputé, nous devrions rencontrer le Kudu convoité. Une visite des lieux de chasse nous fait comprendre que toute approche est impossible, le bush est trop dense, les épineux attendent les téméraires. Nous faisons connaissance avec nos affûts, les heures et les jours passent, même constatation : les animaux ne viennent pas.
Marc comprend notre désappointement mais cette situation exceptionnelle est générale sur la majorité des sites de chasse. Nous jetons notre dévolu sur les pintades et les babouins qui sont nombreux. Stéphane mettra au point la : Arrow spécial baboon (tube 2419, équipée d'une pointe ogive, sans oublier la rondelle adder). Pour nous motiver nous mettons en place le challenge phacochère, petit paris amical.
Cet après midi il fait chaud 34°C, du haut de mon affût, je vois arriver un phaco qui me mettrait en bonne position pour le challenge. Ce gros mâle aux défenses impressionnantes se dirige au sel. Le vent qui tourbillonne cet après midi, met son odorat en alerte à chaque instant. Il se calme et se présente à moi plein face, baisse et relève la tête sans arrêt. J'arme en espérant qu'il pivotera sur sa gauche pour me présenter ne serait ce qu'un petit angle de tir. J'ai du le penser tellement fort qu'il commence à pivoter, encore un tout petit peu et je tente un 3/4 avant. Cela fait un petit moment que j'ai armé si je reviens il risque de partir. J'entend Marc, qui immobile et ne voyant pas l'animal, me chuchote "shoot, shoot..." La flèche part, nuage de poussière, raté, je lui passe dessous non sans lui avoir fait une séance de rasage de très prés.
La fin de l'après midi me permettra d'admirer un Caracal et 3 Duikers.
26 Septembre 2000 : Salut Georgie, Salut l'Ami.
Avant dernier jour de chasse, nous allons passer à table avec Marc. Un appel de Stéphane pour nous informer qu'il a tiré un Phaco, un peu bas d'après lui. Il nous donne ses coordonnées que j' introduis dans mon GPS (très bon exercice pratique) et nous le rejoignons. Nous commençons à suivre la piste en compagnie de 2 traqueurs, les traces de sang sont relativement lisibles. Puis il semble que nous le perdions. Nous cherchons les traces, à partir de cet instant tout va très vite : un des traqueurs qui était positionné en face d'un trou de phaco, voit en un éclair lui débouler l'animal entre les jambes. Je me retourne vers Marc, qui plus vite que Billy the Kid a déjà dégainé, armé son Glok, et pointe son arme en direction du fugitif qui fonce droit sur Steph qui s'était un peu avancé, il ne peut pas tirer, il a Steph en ligne de mire. Ce moment d'émotion intense passé, nous retrouvons la piste de l'animal qui perd beaucoup de sang, la piste est lisible, et là dans la série "pas de bol", notre phaco s'est engouffré dans un trou. Moment d'hésitation est il mort, va t'il nous refaire une sortie dont il a le secret ? Marc décide d'envoyer 2 balles dans l'entrée du trou et 2 autres dans la sortie. Si notre phaco n'est pas mort, il est sourd ça c'est sur !! Toujours rien : Steph à la manière d'un "Tunnel Rat" (unité spéciale Américaine lors de la guerre du Viétnam) décide de s'engouffrer lampe de poche et pistolet automatique à la main dans l'orifice (gonflé le garçon !) Il s'enfonce jusqu'à la taille et peux nous annoncer que l'animal est mort non pas grâce à la salve de notre ami Marc mais bien par son tir. Il faut maintenant sortir l'animal : solution ? : creuser. Le temps d'aller chercher quelques pelles, nos traqueurs font emmerger ce phacochère qui permet à Stéphane d'être en tête du challenge. Nous rejoignons Howard qui nous annonce fièrement après avoir raté quelques pintades et autres tourterelles, qu'il a shooté un phaco. La piste est facile, nous retrouvons l'animal à 80m, ce trophée permet à Howard d'être le gagnant de notre challenge spécial phaco.
Dernier repas, Sonia la cuisinière est un vrai cordon bleu et ses desserts ......
Nous prenons la route de l'aéroport, une petite halte nous permet d'acheter du biltong (viande séchée). Arrivée à la Réunion nous avons droit à un petit contrôle de routine de la part de la douane Française : c'est très joli un arc à poulies aux rayons X. Annick est là, Roseline également, notre ami Bertrand joue dans le hall de l'aéroport avec son petit Barnabé. C'est le moment de se dire au revoir, peut être y aura t'il un Kudu dans mes rêves cette nuit.

Steph, Bertrand, Thierry et le cochon gagnant