Thierry, Annick et Stéphane en Afrique du Sud

-Allo Thierry
-Oui
-C’est Stéphane, tu vas bien ?
-J'ai un plan chasse en Afrique du Sud, tu viens ?
-Euh.......

Le tir à l'arc, je le pratique depuis 10 ans, la chasse, et qui plus est à l'arc, je n'y connais rien. Un petit temps de réflexion, c'est décidé, j'y vais.

Mon recurve 55#, mes gamegatter II, Stéphane est là pour m'aiguiller sur un choix de lames, je retiens les Magnus 125gr.

Quelques séances d’entraînements plus tard et un peu de lecture sur l'Afrique du Sud, billet d'avion en poche, rendez vous à l'aéroport pour un décollage prévu à 11h00, destination Johannesburg.

Yann est la pour nous accueillir, nous chargeons les bagages dans le 4X4, destination Sikelele au Nord de Johannesburg.

Une petite halte le temps de faire le plein et de goûter du biltong (viande séchée), nous repartons.

Après 3 heures de route nous arrivons, il est 19h15, il fait nuit.

Yann s’arrête, descend et ouvre le grand portail ou je peux lire Sikelele, nous voilà arrivés. A la lueur des phares nous empruntons une piste sablonneuse et arrivons au lodge. Yann sort son briquet et allume les lampes à pétrole.

Les chambres sont très confortables et décorées sobrement avec goût, ma femme Annick et moi prenons possession de la notre et Stéphane la sienne.Après avoir déballé nos affaires nous nous retrouvons tous dans le lodge principal ou Yann nous attend pour nous faire goûter un vin blanc Sud Africain au demeurant fort sympathiqueLe repas terminé chacun rejoint sa chambre, réveil prévu à 6h30.

Yann vient nous réveiller, il fait un peu frais dehors, le café est le bienvenu, nous tirons quelques flèches qui me rassurent, mais je me sens un peu fébrile. Nous partons, Yann me dépose à un point d'eau et me conseille de me positionner en surplomb de ce dernier. Je m'exécute et trouve un endroit qui me convient, légèrement couvert, la tenue advantage fera le reste. Yann et Stéphane partent, me voilà seul l'arc à la main. Je me remémorais les conseils prodigués par Stéphane, pas de mouvement, pas de bruit, si un animal arrive ne te précipite pas, prend ton temps, il faut que tu vises la zone vitale, à priori j'avais tout compris.

Les heures passent, j'écoute les bruits de la brousse, je n'ai toujours rien vu, curieuse impression de bien être. J'entends le bruit du 4X4, Stéphane et Yann sont de retour, ils n'ont rien vu, nous retournons au lodge prendre un repas. L'après-midi sera consacrée à l'approche, sans succès mais nous voyons des animaux au loin, cela me rassure. Ce soir nous mangeons autour du feu et chacun de raconter sa journée, la nuit est belle, c'était ma première journée de chasse.

Les 2 jours suivants seront identiques, nous ne voyons pas grand chose, Stéphane est un peu désappointé.

Cette nuit nous partons faire un tour en brousse. Nous sommes à l'arrière du 4X4, il fait frais, nous roulons à faible allure, les phares balayent la brousse, quand tout à coup, sorti de nul part un porc-épic apparaît.

Yann bondit du 4X4, je fais de même, mon pied se coince dans une corde qui traînait là et je me prend une gamelle de chez gamelle (éclats de rire). Nous courons après le porc-épic, mais le bougre est rapide et la lueur de la lampe de poche bien faible. Nous retournons au véhicule et repartons, la brousse la nuit a quelque chose de magique. De retour au lodge, j'ai un peu mal au genou (c'était vraiment une sacrée gamelle), mais aujourd’hui c'est mon anniversaire.J'avais pris dans mes bagages une bouteille de champagne, nous trinquons à ma santé‚ et celle du porc-épic.

Le lendemain matin, j’ai le genou de la taille d’un ballon de rugby. Yann un peu inquiet me conseille d’aller voir le toubib qui se trouve à 60km....

Une heure de route plus tard, me voilà dans le cabinet médical. Le toubib très sympa ne diagnostique pas de fracture, mais un gros hématome, je suis rassuré, mais le bandage qu’il m’a mis limite un peu mes mouvements.

De retour au lodge, Yann nous propose d’aller chasser chez un de ses amis à environ 70km.

Yann nous dépose Annick et moi prés d’un point d’eau où nous montons tant bien que mal (surtout moi) dans un affût situé à environ 5 mètres du sol. Je m’assois sur la chaise qui se trouvait là, ce qui me permet de soulager mon genou, et j’essaie de trouver la position de tir idéale. Le tir assis n’est pas ma spécialité et en plus il faudra tirer au travers d’une espèce de meurtrière en forme de croix, simple.....

Je regarde ma montre il est 9h25, l’attente commence dans un silence de cathédrale. A 10h40, par la droite, un groupe de 3 phacochères arrive au petit trot, l’arc est dans la main, la flèche encochée, ils commencent à boire. L’angle de tir n’est pas idéal, ils vont rester à peine une minute, et s’en retournent par ou ils sont venus.

Une heure plus tard Yann et Stéphane sont de retour, nous partons nous restaurer. Yann nous dit qu’il ne faut pas traîner, les phacos viennent au point d’eau à l’heure du midi.

12h15 nous sommes à nouveau dans affût, 15 minutes plus tard, toujours du coté droit, 3 phacos pointent le bout de leur nez, et viennent calmement au point d’eau.

J’en repère un qui me présente un angle correct, j’essaye d’adopter une position confortable dans la chaise, je monte mon arc, j’arme, mon phaco n’a toujours pas bougé, je vise et là je suis pris d’un tremblement, l’émotion est très forte voir trop forte, je décoche, ma flèche lui passe au moins 15cm au dessus et les 3 lascars disparaissent dans un nuage de poussière. J’en tremble toujours et mes pulsations cardiaques ont du monter à 150.

Je n’étais pas préparé à recevoir une telle décharge d’adrénaline, c’était la première fois que je visais en direction d’un animal et je peux vous dire que ça vous secoue.

L’attente reprend, je vois passer des phacos, mais qui ne font que passer. Yann avait raison, il semblerait que ce soit la bonne heure.

Une heure s’est écoulée depuis mon dernier tir et à nouveau 3 phacos qui arrivent au petit trot, dont un mâle qui a un gabarit plus que correct. Ils hésitent à s’avancer jusqu’au point d’eau, nous auraient ils sentit ?. Le mâle est nerveux, il n’arrête pas de baisser et de monter la tête, j’ai l’impression qu’il regarde dans ma direction. Ils se mettent à boire, on dirait qu’ils sont plus calmes.

Le tir assis ne m’ayant pas réussit, je décide de m’extirper de la chaise, le tout sans faire de bruit et de tenter un tir à genou. Je pose mon genou gauche, et ma jambe raide en arrière comme je peux. Un petit coup d’oeil par la fenêtre de tir, à priori tout va bien, ils n’ont rien entendu.

Je monte mon arc, le phaco se présente ¾ arrière, ma main droite est au contact, je ne tremble pas, au moment où je décoche, le mâle décide de bouger légèrement et ma flèche lui passe entre les pattes. Je vous passe le nuage de poussière.

Il est 14h30, je commence à douter, quand nous voyons arriver par la gauche cette fois une femelle toute seule, qui semble se diriger vers le point d’eau. Elle a l’air méfiante et n’arrête pas de renifler, elle marche à droite et à gauche mais ne semble pas vouloir s’approcher du point d’eau. Je reprend ma position à genou dans l’éventualité d’un tir, Annick m’encourage du regard et je me dis à moi même si je rate, je me met au ping-pong.

La femelle est toujours là, à une distance que j’estime à 18 mètres, elle se présente de profil, ma flèche part, j’entend le bruit sourd de l’impact, mais je suis incapable de dire si j’ai atteint une zone vitale, elle file en direction du bush.

Que d’émotion, je reprend petit à petit mon souffle, Annick me dit que c’est un bon tir, moi je sais pas.

Nous décidons d’attendre la ½ heure réglementaire, je tente avec mes jumelles de repérer l’animal, mais je ne vois rien, le bush est trop dense. Le temps ne passe pas vite, je regarde ma montre toutes les cinq minutes.

Tout à coup nous entendons au loin un râle, je suppose que c’est mon phacochère, mais je n’en suis pas sur.

Au moment ou nous descendons de l’affût Yann et Stéphane arrivent, et je leur montre l’endroit de l’impact.

Ils regardent tous les deux, pas de sang à l’impact et une trace qui n’est pas très nette, il semblerait que la recherche s’annonce difficile. De leur coté Yann et Stéphane ont fait très fort, 3 tirs pour Yann et 2 pour Stéphane.

Yann nous demande de rester sur place, il part chercher les traqueurs. De retour, un traqueur reste avec moi, Yann et Stéphane partent chercher leurs phacos.

Le traqueur commence ses investigations et retrouve ma flèche cassée, avec du sang sur l’empennage. Je me dis à moi même que c’est bon signe.

Je ne sais pas comment il fait pour s’y retrouver parmi toutes ces traces, mais toujours est il qu’il choisit une direction et décide de suivre ces empreintes là.

Nous continuons notre progression espérant que cela ne sera pas trop long car mon genou ne semble pas d’accord. Il voit un peu de sang sur un branchage, nous continuons et là devant mes yeux le phacochère est là, posé, nous nous approchons avec précaution, il est bien mort, le traqueur me dit "good shoot", ma flèche a traversé l’animal de part en part et a atteint les poumons.

Je suis bien sur fou de joie, l’animal a parcouru 40 mètres depuis le point d’impact, et la recherche n’aura duré que 20 minutes. J’apprendrai plus tard que si une zone vitale n’est pas atteinte, il est difficile de retrouver un phacochère, car c’est un animal très résistant.

Je remercie le traqueur et lui offre une cigarette, nous faisons la photo et tirons l’animal sur le bord de la piste et attendons l’arrivée du 4x4.

Yann et Stéphane sont de retour il ont retrouvés 3 phacos et me félicitent pour mon trophée.

Nous repartons sur Sikélé avec 4 trophées, c’était une sacrée journée, riche en émotion.

Les quelques jours de chasse qu’il nous reste ne nous offrirons pas d’occasion de tir. Notre séjour de chasse s’achève dans une excellente ambiance, Yann notre hôte, connais un tas d’histoires de chasse et le soir autour du feu il est intarissable.

Le grand portail de Sikélélé se referme une dernière fois derrière nous, j’emporte avec moi des tas de souvenirs et d’émotions fortes, c’est sur je reviendrai en Afrique et depuis le téléphone a sonné 2 fois. Merci à Stéphane.

Thierry