EDUCATION D'ABORD
par R.SCAMARONI
- Président de l'ASCT - Association d'éducation populaire fondée en 1977 -
Primée sous l'égide de la Fondation de France pour le Centenaire de la loi de 1901.
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Beaucoup de personnes pensent que le troisième millénaire sera culturel. Aussi nombreuses sont celles qui croient qu’il sera spirituel, voire religieux.
Par contre, très peu imaginent ce millénaire comme devant être celui de l’Education. En effet, seule l’Education permettra le respect des différences en évitant d’abord les violences idéologiques, ensuite verbales et enfin physiques.
Culture, religion et idéologie engendrent parfois chez certains esprits un sentiment de mépris de l’autre. Le sport suit la même voie de temps en temps. Aussi faut-il sortir du cycle infernal de l’affrontement, «culture contre culture – religion contre religion – idéologie contre idéologie – force contre force». L'argument «c’est dans ma culture» peut paraître légitime mais, sans Education, il engendre l'intolérance et la violence. Une Organisation Mondiale pour l’Education (L’OME) serait d’ailleurs la très bienvenue.
En attendant l’OME, il existe partout beaucoup d'associations d’Education populaire, le mot populaire ne doit pas être connoté politiquement, il signifie tout simplement qui émane du peuple. L’ASCT que j'ai l'honneur de présider est l’une d’elles et sans doute parmi les meilleures puisque primée, sous l’égide de la Fondation de France, pour «son courage et son dévouement» à l’occasion du Centenaire de la loi de 1901.
De plus, au fil du temps, les années d’expérience doivent permettre aux associations, dans l’adversité et les vicissitudes parfois mais aussi et le plus souvent dans la joie, d’acquérir un savoir faire éducatif inestimable. Celui-ci doit être consigné dans un système de suivi et d'information qui doit faciliter la compréhension des choix et des goûts éclectiques de tous et de chacun, pour apprendre à les respecter.
Les associations doivent aussi savoir résister aux provocations même quand la loi est de leur côté et que le préjudice moral est flagrant. Pas de locaux, de subventions si vous n'adhérez pas à alors que les articles 20 et 27 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme stipulent que «Nul ne peut obliger quelqu’un à faire partie d’une association» et que «Toute personne a le droit de prendre part à la vie culturelle de la communauté...».
C’est pourquoi, mesdames et messieurs les élus de proximité, ne donnez pas de délégations qui vont à l’encontre de l’esprit des Lois. Sinon, un simple OPAQ, «Organisme Para-Associatif Quelconque», peut se permettre de juger «irrecevable » toute demande émanant du Citoyen.

  

Que la demande soit accordée ou refusée par les élus, est une chose et c’est leur droit le plus strict mais qu’une association n’ait même pas la possibilité de la solliciter, est autre chose. C’est très grave pour la Démocratie de proximité.
Autre exemple de provocation, le fait que des élus colportent durant des années que les membres restés fidèles à une association ayant refusé de s'auto-dissoudre sur leur ordre, «sont partis en emportant la caisse», relève juridiquement du préjudice moral, mais aussi d’un manque d’Education car il sous-entend, que ceux qui quittent une association doivent partir avec l'argent. Belle mentalité. L'argument «C'est de bonne guerre» trop souvent utilisé pour justifier ces provocations relève d'une stratégie politicienne déplacée et dépassée qui n’a pas sa place dans le monde associatif. Le respect et l'honnêté se gèrent au quotidien, par l'éducation et par tout le monde sans exception. (1)
Ces exemples ne sont pas destinés à ouvrir une polémique mais à renforcer la conviction de tous que l’Education populaire touche aujourd’hui toutes les couches de la population, même les plus élevées socialement et pas seulement, comme ce fut le cas dans le passé, les catégories les moins favorisées.
C’est pourquoi les associations doivent s’orienter vers plus d'Education dans leur objet et en tenir compte dans leurs objectifs quels qu'ils soient. Elles doivent :
-Eviter les insultes dans leur communication et sur les lieux de rencontre, de sports, de loisirs ou les salles de réunion.
-Bannir les photographies scabreuses de leurs publications et sites Internet.
-Condamner les arnaques dans les échanges à l'occasion des manifestations publiques.
-S'abstenir de porter des jugements de valeur sur telles ou telles créations artistiques, culturelles ou activités innovantes.
-S'adapter en permanence à l'évolution des mœurs.
Cependant les associations ne doivent pas être «sans étiquette politique», elles sont beaucoup plus riches que ça.
Elles se doivent d'être «toutes étiquettes politiques confondues».
Mais les adhérents doivent avoir la sagesse de les laisser devant la porte en arrivant pour «chausser la casquette de leur association» - Il faut oser la faire celle la - Car c’est en chaussant une casquette que l’on mémorise le mieux ce qui doit être retenu. Tout le monde sait ça !
A plus d’Education s'il vous plaît... sinon ce troisième millénaire sera celui de la violence et nous en serons tous responsables.

(1) TELERAMA N° 2755 -2 au 8 Novembre 2002- Article de Daniel Jacques - Rien de neuf - Page 5.