ARISTOTE


De la divination dans le sommeil.

J. BARTHELEMY SAINT-HILAIRE

(Paris, 1847)



CHAPITRE PREMIER. Préjugés répandus généralement en faveur des rêves. – Il est absurde de croire qu'ils viennent de Dieu. – Les rêves peuvent être les signes des dispositions intérieures de notre corps ; et les médecins feraient très-bien d'y donner une sérieuse attention. – Les rêves peuvent, en outre, être la conséquence de certaines actions faites durant la veille, et, à leur tour aussi, déterminer quelques autres actions. – Pour tout le reste, ils ne sont que des coïncidences purement accidentelles.

§1. Quant à la divination qui nous vient dans le sommeil, et qui peut, dit-on, se tirer des rêves, il est également embarassant et de la dédaigner et d'y croire.

§2. D'un côté, l'opinion générale, ou du moins l'opinion fort commune, c'est que les songes ont un sens ; et cette croyance semble ainsi mériter quelque attention, parce qu'elle paraît fondée sur l'expérience. Par là on peut se laisser aller à croire que la divination au moyen des songes a lieu dans certains cas ; et une fois qu'on admet qu'il y a en ceci quelque apparence de raison, on n'est pas loin de supposer qu'il en peut être de même de tous les autres songes.

§3. D'autre part, comme on ne voit aucune cause qui, raisonnablement, puisse justifier cette opinion, on est poussé à n'y pas ajouter foi ; car, en supposant que ce soit Dieu qui les envoie, voici une première absurdité, sans parler de bien d'autres encore : ces révélations sont accordées, non pas aux hommes les plus sages et les meilleurs, mais aux premiers venus.

§4. Une fois qu'on a écarté cette cause, toute divine, des songes, il n'en reste pas une seule parmi toutes les autres, qui doive paraître admissible ; car, que l'on puisse croire qu'il y a des gens qui voient ce qui se passe aux Colonnes d'Hercule ou sur les rives du Borysthène, c'est là ce qui dépasse notre intelligence, et nous renonçons à expliquer d'où viennent de telles croyances.

§5. Il faut donc ou que les rêves soient la cause de certains phénomènes, ou qu'ils en soient les signes, ou enfin qu'ils soient de simples coïncidences ; ils peuvent être tout cela, ou seulement quelques-unes de ces choses, ou même n'en être qu'une seule. Quand je dis cause, j'entends, par exemple, que la lune est cause des éclipses du soleil, et que la courbature est cause de la fièvre. Le signe de l'éclipse, c'est que l'astre entre dans le disque du soleil ; le signe de la fièvre, c'est que la langue est rude et amère. Enfin, la simple coïncidence, c'est que le soleil s'éclipse au moment où je marche. En effet, cette dernière circonstance n'est ni le signe ni la cause de l'éclipse, pas plus que l'éclipse n'est la cause qui fait que je marche. Voilà pourquoi la coïncidence n'est jamais ni perpétuelle, ni même ordinaire.

§6. Mais, parmi les songes, quelques-uns ne peuvent-ils pas être les causes, et d'autres, les signes, par exemple, de ce qui se passe dans le corps ? Aussi, même les médecins habiles prétendent-ils qu'il faut donner la plus sérieuse attention aux rêves. C'est là encore un genre d'observation que peuvent très raisonnablement faire ceux qui, sans être versés dans l'art médical, savent observer les choses d'une manière vraiment philosophique.

§7. Les mouvements de cette nature, en effet, qui se produisent en nous durant le jour, à moins qu'ils ne soient très-considérables et très-violents, disparaissent et nous échappent à côté des mouvements bien autrement forts que la veille produit. Dans le sommeil, c'est tout le contraire ; alors les plus petits mouvements paraissent énormes ; et ce qui le prouve, c'est ce qui arrive souvent dans cet état. On s'imagine entendre la foudre et les éclats du tonnerre, parce qu'un tout petit bruit s'est produit dans les oreilles ; on s'imagine sentir du miel et les saveurs les plus douces, parce qu'une goutelette imperceptible d'humeur vient à couler sur la langue. On croit traverser des brasiers et être brûlé, parce qu'on a quelque petite cuisson dans une partie quelconque du corps. On reconnaît sans peine toutes ces illusions quand on se réveille.

§8. Or, comme les débuts de toutes choses sont toujours très-faibles, les commencements des maladies et de toutes les affections que le corps doit subir, le sont également ; et il est évident que tous ces légers symptômes doivent être nécessairement plus clairs dans le sommeil que dans la veille.

§9. Il n'est pas plus absurdes de supposer que quelquefois des visions qui se montrent dans le sommeil, aient été cause de certaines actions personnelles à chacun de nous. Ainsi, soit avant un acte que nous devons accomplir, soit pendant que nous l'accomplissons, ou après que nous l'avons accompli, nous y pensons souvent, et le faisons dans des rêves qui s'y rapportent exactement. Ce qui est tout simple, puisque le mouvement a été préparé par les éléments mêmes recueillis durant le jour. En prenant l'inverse de ceci, il est encore également nécessaire que les mouvements qui se passent dans le sommeil, soient souvent le principe de certaines actions que nous faisons pendant le jour, parce que déjà la première idée de ces choses s'est présentée à nous durant les rêves de la nuit.

§10. Voilà comment les rêves peuvent être parfois les causes ou les signes de certaines choses.

§11. Mais la plupart ne sont que des coïncidences toutes fortuites ; et surtout ceux qui sortent du cercle ordinaire des choses, et dont le principe n'est pas en nous ; par exemple, ceux qui nous retracent des combats de mer et des évènements arrivés dans des lieux éloignés. Il en doit être dans tous ces cas probablement comme quand on se souvient d'une chose, et que cette chose arrive précisément à ce moment même. Pourquoi, en effet, n'en serait-il pas de même dans les rêves ? Loin de là, il est très vraisemblable que bien souvent les choses se passent ainsi. De même donc que se souvenir de quelqu'un, ce n'est ni le signe ni la cause que cette personne approche, de même non plus le rêve ne saurait être pour celui qui le voit, ni un signe ni une cause de la réalité qui vient à la suite ; ce n'est qu'une coïncidence. Aussi, bien des rêves ne se réalisent-ils pas, parce que, je le répète, les coïncidences accidentelles ne sont jamais ni perpétuelles, ni même ordinaires.


CHAPITRE II. Les rêves dans les animaux et dans les hommes inférieurs prouvent bien que les rêves en général ne viennent pas de la divinité : rêves fréquents des mélancoliques. – Intervention du hasard, même dans les phénomènes célestes. – Réfutation d'une opinion de Démocrite : autre hypothèse proposée pour certains rêves. – Rêves et prévisions de quelques extatiques. – Règles de l'interprétation des rêves : qualité d'esprit que cette explication exige.

§1. Ajoutons cette autre observation générale : comme il y a aussi des animaux qui rêvent, on ne saurait dire que les songes leur soient envoyés par la divinité ; ou du moins s'ils le sont, ce n'est certainement pas pour leur révéler l'avenir. Mais ces songes seront, si l'on veut, l'oeuvre des génies, et n'est point divine.

§2. Ce qui prouve encore ceci, c'est qu'il y a des gens tout à fait inférieurs qui ont en songe des révélations de l'avenir, et dont les rêves se réalisent ; certes ce n'est pas la divinité qui les leur envoie. Mais tous les hommes dont la nature est à la fois bavarde et mélancolique, ont très souvent des visions de tout genre. Comme ils ont des émotions nombreuses et de diverses natures, ils finissent, dans leurs songes, par en rencontrer quelques-unes qui se rapportent à la réalité, pareils à ces joueurs qui doublant toujours finissent par gagner. C'est le cas du proverbe : "Si vous lancez beaucoup de flèches, vous finirez toujours par attraper quelque chose." Ici, il en est absolument de même.

§3. Il n'y a donc rien d'étonnant que beaucoup de rêves ne se réalisent point. C'est ce qui arrive même pour les signes célestes, qui ne se réalisent pas toujours dans les grands corps de la nature ; par exemple, les signes des pluies et des vents. En effet, s'ils survient quelque mouvement plus fort que le mouvement antérieur, qui produisait le signe quand il devait agir, ce mouvement ne se réalise pas. C'est ainsi que souvent les plus belles résolutions qui réglaient notre conduite, doivent céder devant des considérations plus fortes.

§4. En général tout ce qui doit arriver n'arrive pas toujours ; et ce qui sera n'est pas du tout la même chose que ce qui doit être. Mais, tout ce que l'on peut dire, c'est que ce sont là des principes d'où il n'est rien sorti, et qu'ils sont les signes de choses qui ne sont pas arrivées.

§5. Quant aux songes qui ne viennent pas des causes que nous avons indiquées, mais qui se rapportent à des temps, des distances, et des grandeurs qu'on ne peut mesurer, ou qui, même sans avoir aucun de ces caractères, ont apparu à des personnes qui n'en avaient pas en elles-mêmes les principes, il faut dire que, si les prévisions de ce genre ne sont pas de pures coïncidences, l'explication suivante est du moins plus admissible que celle de Démocrite, recourant à des copies et à des émanations des choses.

§6. Ainsi, quand on agite l'eau ou l'air, l'air et l'eau peuvent communiquer le mouvement à quelque autre objet ; et quand le mouvement initial s'est arrêté, le second peut se propager jusqu'à un certain point, bien que le moteur ait cessé d'agir. De même, il se peut fort bien que certain mouvement, certaine sensation, parvienne jusqu'aux âmes durant les rêves ; et de là Démocrite tire ses copies et ses émanations des choses ; et ces mouvements, de quelque façon qu'ils arrivent à l'âme, sont plus sensibles durant la nuit. Dans la journée, au contraire, ils se dissipent aisément, tandis que l'air est de nuit moins agité que de jour ; les nuits étant plus calmes, ces mouvements font alors impression sur le corps à cause du sommeil, parce que les petites sensations intérieures se sentent mieux quand on dort que quand on est éveillé.

§7. Ce sont précisément ces mouvements qui produisent des images, à l'aide desquelles on prévoit ce qui doit advenir dans les cas analogues ; et voilà comment les affections de ce genre se rencontrent chez les premiers venus indistinctement, et ne sont pas réservés aux plus sensés des hommes ; car elles viendraient pendant le jour, et elles viendraient aux sages, si c'était Dieu qui les envoyait.

§8. Voilà, selon toute apparence, comment les gens les plus vulgaires peuvent prévoir l'avenir ; car la pensée de ces gens-là n'est guère portée à la réflexion ; mais elle est comme déserte, et vide de toute idée ; et quand elle vient à être mise en mouvement, elle subit aveuglément l'impulsion du moteur qui la pousse.

§9. Ce qui fait encore que quelques hommes, sujets aux transports extatiques, ont des prévisions de l'avenir, c'est que les mouvements qui leur sont personnels ne les troublent pas, mais sont en eux comme réduits en pièce ; et ces gens-là sont plus disposés à sentir les mouvements qui leur sont étrangers.

§10. S'il y a quelques personnes dont les songes se réalisent, et si des amis prévoient surtout ce qui concerne leurs amis, cela vient de ce que les gens qui se connaissent pensent davantage les uns aux autres. Et de même que tout éloignés qu'ils sont, on les reconnaît mieux que d'autres personnes, de même l'on sent ainsi même leurs mouvements ; car les mouvements des personnes connues sont aussi plus reconnaissables.

§11. Quant aux mélancoliques, on dirait, à cause même de la violence de leurs sensations, que tout en tirant plus loin, ils atteignent le but plus sûrement ; et que, par la mobilité extrême qui est en eux, leur imagination crée sur-le-champ tout ce qui doit suivre. C'est comme pour les poëmes de Philaegide : ceux qu'ils transportent prédisent et imaginent les conséquences d'un cas analogue ; et pour eux, c'est comme Vénus même. C'est ainsi que les mélancoliques aussi rattachent les choses qui suivent aux précédentes ; mais à cause de sa violence même, le mouvement ne peut être chez eux vaincu par un autre mouvement.

§12. Du reste, l'interprète le plus habile des songes, est celui qui sait le mieux en reconnaître les ressemblances ; car tout le monde pourrait expliquer des songes qui reproduisent exactement les choses. Je dis les ressemblances, parce que les images des rêves sont à peu près comme les représentations d'objets dans l'eau, ainsi que nous l'avons déjà dit : quand le mouvement du liquide est violent, la représentation exacte ne se produit pas, et la copie ne ressemble pas du tout à l'original. Dans ce cas, l'homme habile à juger les apparences serait celui qui pourrait le plus promptement démêler et reconnaître, dans ces représentations tout oscillantes et toutes disloquées, que telle image est celle d'un homme, telle autre celle d'un cheval, ou celle de tout autre objet. Le songe produit ici un effet à peu près semblable ; le mouvement brise le rêve et l'empêche d'être l'exacte copie des choses.

§13. Telle est donc la nature du sommeil et du rêve ; telles sont les causes qui produisent l'un et l'autre ; telle est enfin l'explication de la divination tirée des songes.



NOTES


• DU CHAPITRE PREMIER


§1. Egalement embarassant. Dans le cours du traité, Aristote se prononce contre la divination plus nettement qu'il ne le fait ici. Mais on ne doit pas s'étonner qu'un philosophe se soit préoccupé de ce sujet. Du temps d'Aristote, c'était une croyance fort répandue, comme il le remarque lui-même, et l'on peut ajouter qu'elle l'était parmi les gens les plus éclairés. Il suffit de lire Xénophon et l'Anabase, liv. I, chap. VII ; III, 1 ; IV, 3 ; V, 6 et VI, 1. Dans l'Odyssée, on peut voir l'importance donnée au songe de Pénélope, chant XIX, v. 540 et suiv. Dans l'Iliade, chant II, v. 6, le songe vient de la part de Jupiter visiter Agamemnon. – Platon, en rapportant ce passage dans la République, liv. II, p. 120 de la trad. de M. Cousin, semble blâmer cette superstition. Elle n'en était pas moins très-autorisée et très-répandue. Dans la Bible, on sait quel rôle jouaient également les songes, témoin celui de Pharaon et tant d'autres. Dans le Deutéronome, XIII, 1, il est ordonné de tuer les faux prophètes et les interprètes des songes qui s'élèvent contre la doctrine de Dieu. Au Moyen Age, Saint Thomas, dans sa Somme, secunda secundae, questio 95, autorise la divination, pourvu qu'elle soit faite à bonne intention, et qu'on ne s'entende pas avec le démon. De nos jours, cette superstition n'est pas détruite. Aristote a donc bien fait de la combattre de son temps. Une chose assez singulière, c'est que Cicéron, qui, dans son Traité de la Divination, est du même avis qu'Aristote, ne semble pas avoir connu son traité. On ne saurait cependant douter que cet ouvrage ne soit authentique. – Platon paraît avoir cru à la possibilité de la divination ; voir le Timée, p. 201, trad. de M. Cousin.

§2. L'opinion générale. Il y a donc quelque courage à s'élever contre un préjugé si répandu.

§3. Car en supposant. La raison que donne ici Aristote est aussi simple que puissante ; voir plus bas, ch. II, §1, une autre objection non moins forte.

§4. De telles croyances, ou "de tels faits" : le texte est complètement indéterminé. J'ai préféré le sens de "croyances" pour que la réprobation d'Aristote fût encore plus directe.

§5. De certains phénomènes. J'ai pris ce terme un peu vague, afin qu'il pût s'adapter aux pensées qu'Aristote doit développer plus bas, §6 et suiv.
La lune est cause des éclipses de soleil. Dans les Derniers Analytiques, II, XVI, 1, Aristote attribue les éclipses de soleil à l'interposition de la terre entre le soleil et la lune.
Entre dans le disque du soleil. Le texte est moins explicite. – Pour la définition du Signe, voir les Premiers Analytiques, II, XXVII, 2 et suiv.

§6. Par exemple. Voir aussi plus bas, §9.
Les médecins habiles. Aujourd'hui la médecine néglige à peu près complètement les signes de maladie qu'on pourrait tirer de la nature des rêves : évidemment c'est un tort, et le conseil que donne Aristote est excellent. L'état général du corps et de la santé influe beaucoup sur les rêves.
Sans être versés. Quelques éditions retranchent à tort la négation.

§7. Disparaissent et nous échappent. Voir plus haut, Traité des Rêves, ch. III, §2 et 14, une observation analogue.
Un tout petit bruit. Observation très-exacte : on sait assez quels sont les effets du cauchemar, quand il est causé par quelque objet matériel qui presse l'une des parties de notre corps.

§8. Sont toujours très-faibles. Voir la même idéeautrement appliquée, Réfutation des Sophistes, ch. XXIV, §6.

§9. Il n'est pas plus absurde. Les rapports de nos actions pendant la veille à nos rêves pendant la nuit, et des rêves aux actions, sont très-exacts ; et l'on peut les observer très-fréquemment.

§10. Les causes ou les signes. Voir plus haut, §5.

§11. Du cercle ordinaire des choses. Le texte n'est pas tout à fait aussi précis dans ce passage entier.
Quand on se souvient d'une chose, ou "d'une personne", comme semble l'indiquer la suite du contexte.
Dans les rêves. Mot à mot : "Dans les sommeils".
De la réalité qui vient à la suite. Le texte est un peu moins développé.
Je le répète. Voir plus haut, §5 à la fin.

DU CHAPITRE II


§1. Il y a des animaux qui rêvent. Voir plus haut, ch. I, §3.
Pour leur réveler l'avenir. Le texte dit seulement "Pour cela".
L'oeuvre des génies ... conduite par des génies. Aristote semblerait ici se rapprocher des opinions du Timée ; voir la traduction de M. Cousin, p. 137 et suiv. Voir aussi la Métaphysique, XII, VIII.

§2. Ce qui prouve encore ceci. C'est-à-dire que les songes ne sont pas envoyés par la divinité. – Léonicus, qui croit, avec l'orthodoxie, aux songes envoyés par Dieu, suppose qu'Aristote a connu en partie cette vérité, et il appuie cette conjecture sur le paragraphe précédent et sur l'intervention des génies : il accumule en outre des preuves nombreuses, pour démontrer que toute l'Académie et l'Ecole Néoplatonicienne surtout, ont admis l'origine divine des songes ; et il cite l'opinion de Psellus, qui soutient que les génies ne se communiquent qu'à ceux qui en sont dignes ; voir plus haut, ch. I, §1. n.
Tout à fait inférieurs. Voir, id., §3.
Ces joueurs qui doublant toujours. J'adopte la leçon de l'édition de Berlin. Quelques manuscrits portent une leçon différente : "Ceux qui finissent par l'emporter dans la lutte". Le sens reste au fond tout à fait le même, et il est assez clair.
Par attraper quelque chose. J'ai pris cette tournure familière pour conserver les allures vulgaires du proverbe.
Ici. c'est à dire dans le cas des mélancoliques.

§3. Dans les grands corps de la nature. Le texte dit seulement : "Dans les corps".
Les plus belles résolutions. Cette comparaison toute morale a ici quelque chose qui étonne.

§4. Tout ce qui doit arriver. L'expression n'a peut-être pas ici toute la netteté désirable, bien que la pensée se comprenne fort bien : il aurait fallu paraphraser le texte pour le rendre plus précis.
Ce sont là des faits qui ne portent pas leurs conséquences naturelles et présumées.

§5. Que nous avons indiquées, dans le chapitre précédent, §6.
Des temps, des distances. Voir plus haut, ch. I, §4.
Sans avoir aucun de ces caractères. Le texte dit : "Sans être aucune de ces choses".
Celle de Démocrite. Voir les fragments de Démocrite, édition de Mullach, p. 408. On a souvent rappelé cette opinion de Démocrite.

§6. Ainsi quand on agite l'eau ou l'air. Aristote a déjà employé une comparaison analogue, Traité des Rêves, ch. III, §4.
Certain mouvement, certaine sensation. Aristote donnerait ainsi une cause presque toute extérieure aux rêves ; voir plus haut, ch. III, §1 et suiv.
De quelque façon, ou "en quelque lieu". J'ai préféré le premier sens comme étant plus d'accord avec le contexte.
Soient plus sensibles durant la nuit.Voir plus haut, ch. I, §7, et le Traité des Rêves, ch. III, §2.

§7. Aux plus sensés des hommes. Voir plus haut, §2.

§8. La pensée de ces gens-là ... aveuglément. Voir un peu plus haut, §11, ce qui est dit des mélancoliques.

§9. Aux transports extatiques. On voit qu'Aristote prend ici le mot d'extase dans son sens étymologique et vrai : "Ceux dont l'état est déplacé, dont l'état est boulversé". Les commentateurs croient qu'il veut désigner les Pythonisses et les prêtres inspirés.
Qui leur sont personnels. Le texte dit : "Propres". Cette observation est profondément vraie.
Ne les troublent pas. Mot à mot : "Ne les enivrent pas".
Comme réduits en pièces
. Le texte emploie une métaphore tout à fait pareille.

§10. Et de même que tout éloignés qu'ils sont. Le texte n'est pas tout à fait aussi précis, mais la pensée me semble incontestable.

§11. A cause de la violence de leurs sensations. Le texte est plus vague.
De plus loin ... plus sûrement. Le texte a des positifs au leu de comparatifs.
Philaegide. On ne connaît pas autrement ce poëte. Léonicus suppose ingénieusement une variante qui consiste à lire : Philénis, au lieu de Philaegide. Philénis était une courtisane qui avait fait des poëmes érotiques fort licencieux. Le texte, selon moi, s'accomoderait très-bien de cette conjecture, si toutefois je l'ai bien compris.

§12. Qui reproduiraient exactement les choses. Le texte n'est pas tout à fait aussi précis, j'ai dû le développer un peu.
Ainsi que nous l'avons déjà dit. Voir plus haut, §6, et Traité des Rêves, ch. III, §4.
Brise le rêve et l'empêche... J'ai dû ici paraphrase le texte.

§13. Telle est donc. Résumé de tout le traité.
Tirée des songes. Peut-être cette expression eût-elle été plus convenable pour le titre même du traité.

§14. Il faut étudier maintenant. Je ne sais pourquoi l'édition de Berlin a supprimé cette phrase que donnent la plupart des éditions et des manuscrits. C'est elle qui justifie la place qu'occupe le petit traité suivant : il se rattache d'ailleurs, comme tous ceux qui précèdent ou qui viennent après, aux questions déjà discutées dans le Traité de l'Ame.