Journal de Médecine Mentale. T2

1862

DELASIAUVE.



III. Au surplus, le doute exprimé par M. Mesnet sur la localisation du langage articulé n'est qu'un incident dans son travail. L'objet qu'il s'est proposé a été principalement la déviation latérale droite des mouvements qu'il rattache aux mouvements circulaires ou de manège. On a supposé, néanmoins, que leur direction dépendait de la prépondérance d'action de certains compartiments nerveux. Le cervelet présiderait aux mouvements de projection en avant, le corps strié à ceux de recul en arrière. Le docteur Roth qui, sous ce titre : Histoire de la musculation irrésistible ou de la chorée anormale, a très bien décrit ces deux variétés, a été moins explicite sur l'espèce circulaire et notamment sur la progression oblique dont le malade D.... nous a offert un curieux specimen.
Suivant le rayon du cercle décrit, le mouvement circulaire est gyratoire ou de manège. Dans le premier cas, le malade tourne sur lui-même comme un tonton ; dans l'autre, il accomplit des rotations plus ou moins étendues. On s'accorde à attribuer au pédoncule du cervelet le mouvement gyratoire qui s'effectuerait presque constamment du coté de la lésion. Le siège de celui de manège serait moins précisé ; c'est pour Magendie la portion de la moelle allongée avoisinant les pyramides antérieures, pour MM. Flourens et Lafargue la couche optique, pour M. Longet ce dernier organe et la portion du pédoncule cérébral en avant ou un peu au-delà de la protubérance. La variation, du reste, est peu sensible, car chacun de ces points se renferme en un champ limité près de la jonction du centre encéphalique avec la moelle allongée, tandis que, dans les vivisections, le sens du mouvement est également respectif au côté de la blessure.
Le mouvement giratoire n'est pas rare dans les attaques épileptiques. Malheureusement, les autopsies ou ne sont point faites ou ne donnent que des résultats douteux. Dans un mémoire sur le tournis, lu, en 1833, à l'Académie de médecine, M. Belhomme cite un singulier cas de ce genre. Une dame était atteinte d'une affection convulsivante. Dans ses crises, elle roulait pendant un temps plus ou moins longtemps sur son siège avec une rapidité extrême, parfois de gauche à droite, le plus souvent de droite à gauche. On découvrit sur les côtés de la gouttière basilaire deux exostoses rugueuses du volume d'une petite noisette, celle de gauche un peu plus forte. Les pédoncules du cervelet présentaient des dépressions correspondantes rendant parfaitement compte du double mouvement gyratoire. M. Serres (Anatomie du cerveau, t. II) mentionne un autre exemple non moins extraordinaire.