LA
FAVCONNERIE
DE IEAN FRANCHIERES,
GRAND PRIEUR D'AQUITAINE, AVEC
tous les autres autheurs qui se sont peu trouuer
traictans de ce subiect.

A PARIS,
Chez la veufue ABEL L'ANGELIER, au premier
pillier de la grand'Salle du Palais.

M. D. C. XVIII.




de
Jean FRANCHIERES

LIVRE SECOND
CHAP. X.

Du haut mal ou Epilepsie, dont les oiseaux tombent parfois, de ses causes & remedes propres
pour les guerir.


Qvelquesfois il aduient que les Faucons tombent de l'Epilepsie ou haut mal : & leur procede ce mal, comme dient les maistres Fauconniers, de certaine chaleur de foye qui leur fait monter les fumees au cerueau & puis apres tomber du haut mal. Pour remedier à ce fascheux inconuenient, maistre Molopin au liure du Prince, dit qu'il faut chercher derriere la teste de l'oiseau, & là on luy trouuera deux fossettes, lesquelles il luy faut chausser d'vne verge d'airain ou fil de richard, & il guarira. Et si celle recepte ne profite, faites celle qui cy apres ensuit. Prenez le petit rond, duquel a esté cy dessus parlé & le faites fort chauffer : puis luy en baillez le feu sur la teste par la maniere deuant dite : mais que ce soit doucemẽt & dextrement : car autrement le pourriez tuer. Ce fait prenez lentilles rousses, & les mettez secher au four, & en faites poudre subtile, & encores de la limeure de fer la plus deliee que pourrez trouuer autant de l'vn cõme de l'autre, & les meslez & battez fort ensemble auec du miel de mouche recent. Puis en ayant fait des pillules de la grosseur d'vn moyen pois, prenez vostre oiseau & luy en faites aualler deux ou trois : le tenant puis apres tousiours sur le poing, tant qu'il ait esmuti vne fois ou deux : puis soit mis au feu ou Soleil, & ne soit pu iusques à deux ou trois heures apres, que vous luy donnerez d'vne aisle de Pigeon : luy continuant ainsi ceste façon de medecine & regime iusques à sept ou huict iours consecutifs. Et ce pendant soit le dit oiseau tenu de nuict à la fraicheur, & pareillement de iour en lieu obscur. Autre recepte pour guarir de ce mal à enseigné maistre Aymé Cassian, disans qu'il faut fendre l'oiseau la peau dessus la teste à l'endroit des fossettes dessusdites, & là sont petites veines ou arteres qu'il faudra serrer & lier auec un petit fil de soye : puis apres oingdre & en graisser cest endroit de sang ou graisse de poulaille : & consequemment luy donner des pillules de lentilles & limure de fer par la forme cy dessus descrite, par l'espace de sept ou huict iours. Et de nuict tenu au serain & au vent, & de iour en lieu obscur, comme cy dessus a esté dit, & deux ou trois heures apres soit pu d'un aisle de Pigeon ou de volaille de moyenne gorge : mais donnez vous garde de tenir autre oiseau pres de luy, ou le paistre sur le mesme gant : car ceste maladie est dangereuse & contagieuse, & pourroit prendre à autres oiseaux qui en seroient approchez, ou pus sur le mesme gant.

FIN DE CE SECOND LIVRE



la Fauconnerie de
GUILLAUME TARDIF
(du Puy en Velay)

Contre le haut mal, dit epilence, les signes, la cause, le remede
& la contagion de celle maladie.


CHAP. V.

On esprouue le haut mal d'epilence en ceste maniere, quand l'oiseau chet soudainement, & gist par quelque temps comme mort, & cela luy vient souuent au matin, & au vespre. Il a les yeux clos, les paupieres enflees, l'haleine puante, & s'efforce d'esmutir. La cause de ceste maladie est, chaleur & fumee du foye, laquelle monte au cerueau, & le lie & trouble. Le remede est, purger l'oiseau, comme est escrit en la premiere partie de ce liure, au chapitre vingt & vniesme.De puger l'oiseau en tout temps. Tu luy donneras dedans peu de chair le gros de deux poix d'aureau alexandrine, puis apres fais poudre de lentilles rousses & prens limeure de fer bien menue, tant d'vn que d'autre, & lie tous les deux en miel, & en fais pillules du gros d'vn poix, desquelles deux ou trois feras avaller à l'oiseau. Apres tiens ton oiseau sur le poing au Soleil ou aupres du feu, iusques à ce qu'il ait esmuti vne fois ou deux, & ne soit pu, iusques apres midy, lors donne luy bon past, & petite gorge. Ou fais pillules de poudre de Gerapigre, auec ius d'aluyne, lesquelles donneras à l'oiseau en sa cure. On luy donne poudre de gomme Balsami & Castorei, auec ius de mentastre, autrement nommee herbe contre les puces, soit l'oiseau tenu de iour, en lieu obscur, & l'eau deuant luy, laquelle luy est necessaire, & de buict soit tenu à la fraicheur, & fais ainsi six ou huict iours. Ceste maladie est contagieuse, pource garde qu'autre ne luy touche.



la Fauconnerie de
Messire Arthelouche de Alonga,
Seigneur de Maraueques,
Conseiller & Chambellan du Roy de Sicille.


Les signes d'Epilepsie és Oiseaux.


Ayant l'oiseau ceste maladie d'Epilepsie, il tiẽt la teste haute tant qu'elle touche les aisles, & bien souuent les espaules, & subitement se laisse cheoir en arriere à terre, & à reuers : & là se tourne & vire, par la grãd angoisse qu'il sent, & aucunesfois demeure comme mort. Laquelle infirmié les prent souuent le matin, & le soir apres qu'ils sont puz, & ont les palpebres des yeux enflés, comme s'ils eussent la pierre, ou qu'ils eussent le catarre : & quasi continuellement tiennent les yeux serrez, & leur halaine put fort. Et quand ils esmeutissent, ils s'espraignent fort, comme s'ils eussent la pierre, & ces signes sont plus ou moins, selõ que les oiseaux sont passiõnez, ne perdãns point le manger par ceste maladie.


La Medecine.

Le premier iour, faictes vomir vostre oiseau, & l'autre apres faictes le esternuer. Et quand vous ne le fairez point esternuer ne vomir, donnez luy de aurea Alexandrina, enuiron la grosseur de deux pois chiches, à ieun, & quelque petit morceau de chair : & au soir donnez luy vne pillule de yera ex octo rebus, cum agarico, en la plume. Et ce deuez faire continuellement iusques à ce qu'il soit guery. Et quand il sera bien purgé par les purgations dessusdites, donnez luy vn cautere au milieu de la teste, ou derriere des yeux, qui profonde iusques à l'os. Et si par ce premier cautere ne guerist, donnez luy en vn autre, vn peu plus arriere vers la nuque. Cassian guerit vne epilepsie, cum yera pigra, cum succo absintij, & de ce fais pillules, & les donne en la plume, vne fois de l'vn, & autresfois de l'autre, iusques en fin de guerison. Et Moymon fauconnier Arabique luy donnoit vne pillule faite de gomma balsami, & castoreo, cum succo mentastri, & leur mettoit en la gorge vne pierre de castoreo, gros comme vne petite feue. Que s'il la reiette, luy soit retournée : & garde que la goutte de la teste ne descende.


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