Faut-il dire « Izaut de l’Hôtel » ou « Izaut de l’Autel » ? 
 
Les lecteurs les plus perspicaces auront deviné qu'il s'agit d'Izaut, dans ce titre énigmatique.
Effectivement, on s'est demandé, un temps, si le qualificatif de cette commune ne devrait pas être "de l'Autel".
Comme la question revient de temps à autre, nous allons essayer de faire le point.
Un certain Du Mège, connu pour ses recherches historiques, mais qui parfois ne s'embarrassait pas de scrupules, émit cette idée.
Il apportait comme argument la découverte, sur le territoire de la commune d'une statue d'Isis, qui, comme chacun sait, est une divinité égyptienne. Cette statue serait "dans un musée toulousain".
Castillon d'Aspet, dans son ouvrage Histoire des populations pyrénéennes se fit l'écho de cette découverte. Il trouvait là une cohérence forte avec les idées qu'il avait développées sur l'influence orientale (spécialement grecque et phénicienne) dans le peuplement de la frange nord-pyrénéenne.
Dans une note il précise : "Isis, divinité Phénicienne, était adorée à Izaut-de-l'Hôtel où l'on a trouvé une de ses statues". Ce qui implique qu'on admette qu'Isis avait été adoptée par les phéniciens, ce qui n'est pas exclu, tant le syncrétisme était fort dans le monde antique. Il ajoutait : "Le même Dieu était adoré à Trébos, où l'on a découvert un de ses bustes". Où est Trébos ? S'agit-il de Trébons ?
Sur la présence phénicienne dans notre région, le même Castillon apporte un autre élément, qui concerne le village voisin de Juzet. Nous citons : "Dans le petit village de Juzet, situé dans le canton d'Aspet, on a trouvé au pied d'un mur une grande quantité de médailles et de monnaies en cuivre. Parmi elles, on en distingue plusieurs d'une forme grossière et avec une écriture inconnue. D'autres portent, d'un côté, une tête mal frappée, et au revers, un cavalier avec une lance autour duquel sont empreints, en forme d'exergue, des caractères étranges. Tout fait croire que ces monnaies sont carthaginoises et les lettres phéniciennes." A notre connaissance, le souvenir de cette découverte est complètement estompé et aucune chronique locale n'y fait référence.
Dans le second tome de l'Histoire des populations pyrénéennes, publié en 1852, Castillon donne une longue note qui reproduit l'inventaire détaille des objets d'art déposés aux Musées de Toulouse", inventaire qui a dû être établi après 1829.
Il y est dit ceci concernant la statue d'Isis : "Statue d'Isis. Ce petit monument est en bronze et selon moi son antiquité est suspecte. On dit cependant qu'il fut découvert dans le village d'Izaut de l'Autel, nom qui pourrait dériver d'un autel élevé à la compagne d'Osiris (Ndlr : Isis). Si cette figure n'est pas une contrefaçon moderne, on peut du moins assurer qu'elle ne provient pas de l'Egypte. Le diadème, les cheveux partagés sur le front, le "modius" ou boisseau qui supporte la tête et que recouvre par derrière une draperie, tout indique un temps assez bas, des symboles et un style qui diffèrent entièrement des symboles et de l'ancien style égyptien. Seulement la partie inférieure de la figure ne dessinant aucune figure humaine, annonce que l'on a voulu donner à ce monument un caractère singulier. Une main, la seule qui soit apparente, tient le jeune Horus (Ndlr : fils d'Isis et d'Osiris, représenté avec une tête de faucon) et la déesse semble l'offrir ainsi aux regards de ses adorateurs."
Voilà qui laisse peu de doutes !
Alors, du Mège a-t-il été complice d'un faux ? Castillon, souvent enclin  à laisser courir son imagination, a-t-il pris pour argent comptant les affirmations de du Mège ?
Quoi qu'il en soit, la statue doit dormir aujourd'hui dans les réserves d'un musée toulousain.
Faut-il le regretter ? En tous cas Izaut reste "Izaut-de-l'Hôtel". Et le rapport entre le mot "Izaut" et le mot "Isis" est des plus fantaisistes.