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La communauté d'Estadens appartenait à la baronnie d'Aspet et les seigneurs d'Aspet ont toujours été seuls seigneurs d'Estadens.
Références au château dans la Charte des coutumes.
Nous avons conservé une copie de la Charte des coutumes octroyée
par le seigneur d'Aspet, Arnaud I de Coarraze le 11 janvier 1403. Ces coutumes
seront
confirmées en 1424 puis en 1430. Le texte original a malheureusement
disparu. La copie, produite lors d'un procès, a été longtemps
conservée à la Mairie.
Elle doit se trouver aux Archives départementales. La Charte contient
de nombreuses références à ce château, qui ne manquent
pas d'intérêt pour se faire une idée de la fonction de cette
construction. En voici un résumé.
Il est dit que les consuls détiennent les clefs de l'enceinte du château
et qu'ils prennent les décisions qui s'imposent pour la garde et le guet
en cas de
besoin. Ils ne sont pas tenus de faire effectuer des travaux dans le château
et dans la tour : ils sont simplement chargés de l'entretien de l'enceinte
et de la
porte. Le château doit être occupé en permanence : le "châtelain"
(gouverneur au nom du seigneur) doit y rester jour et nuit, il doit avoir feu
et vivres dans ledit
château. Le château possède une prison. Il n'est donc pas
symbole de puissance, mais de protection.
Le texte fait, en outre, référence aux défens de la ville, ce qui signifie que le village devait être fortifié. Jusqu'au rattachement de la baronnie d'Aspet à la couronne, sous Henri IV, Estadens n'a pas eu de seigneurs particuliers. "Pour quelques fiefs à Estadens, note P.-E. Ousset, des particuliers ont pu se dire seigneurs "audit" lieu d'Estadens et non "dudit" lieu d'Estadens".
Dans le chapitre qu'il consacre au fief de la Comère, P.-E. Ousset
(Notices sur Aspet, manuscrit) apporte les précisions suivantes
: le château et les terres
appartenaient à une branche de la famille Bordes, qui en portait
le titre seigneurial. Au XVIe il fut acquis par Jean Ier d'Ustou Montgaillard.
En 1571, François
d'Ustou s'établit au château d'Estadens. Il se qualifie
de seigneur de Lamothe, Cazaux et Estadens.
Lorsqu'en 1642 Louis XIII met en vente le domaine royal, Jean d'Ustou-Montgaillard
s'en porte acquéreur. La possession est de courte durée, le retour
au
domaine royal ayant eu lieu en 1667. En 1716, Jean III cède le fief aux
de Boussac, à l'occasion du mariage de sa sœur Marguerite avec Jean de
Boussac, seigneur de Chaum. Le Compoix de 1773 donne la liste des possessions
seigneuriales. "Monsieur de la Comère" possède un château,
écuries, granges, basse-cour, jardin,
terres labourables et pré à la Comère et a Croustet. Ses
25 pièces de terre (comprenant deux moulins à farine avec canal
d'amenée) totalisent une surface
de 71 arpents. Le château avait donc changer de mains depuis 1571, si
l'on admet qu'à cette date il appartenait à la famille d'Ustou.
La Révolution confisqua La Comère à Jean-Baptiste de Boussac,
qui émigra. Le château et les terres qui en dépendaient
furent vendus pour 21 487 francs.
Le domaine fut acquis par l'abbé Dencausse. Au moment de la Révolution,
les d'Ustou, qui ne se disaient plus que "seigneurs de Lestelle et Beauchalot",
conservaient des biens à Estadens. "Messire Joseph-Jean-Bernard Dustou",
seigneur de Lestelle et Bauchalot possède deux métairies, à
Mouchoux, une à La Clin, une maison avec écurie et jardin au Cap
d'Arbon, ainsi que deux moulins et diverses autres terres : le tout pour une
surface totale d'environ 100 arpents.
Les deux familles nobles possédaient le sixième des terres du consulat d'Estadens. Une des originalités du château d'Estadens, c'est qu'il ne se trouve pas sur une hauteur, mais au centre même du village, près de l'église paroissiale, qui fut sans doute le siège d'un prieuré (sur lequel on a fort peu de renseignements). Il était destiné à la protection de la population qui s'était établie tout autour.
En 1924, J. d'Elne (Revue de Comminges 1924, p. 39) donnait les précisions
suivantes : "Le donjon n'a pas bougé : il n'a ni toiture ni fenêtres.
Les ruines du
corps de logis rattaché au donjon accusent très nettement
le style du XVIIe siècle. La porte d'entrée avec ses encadrements
à pilastres, ses frises
superposées, son fronton coupé, dans le milieu duquel
est sculpté l'écusson des d'Ustou, a une allure très
élégante ; l'escalier à vis est encore
reconnaissable". Déjà d'Elne signalait que le grand bâtiment
sert de carrière aux gens du village.
Voici maintenant la description faite par Mondon en 1931 : "C'est un
rectangle flanqué de deux tours d'angle carrées encadrant
le principal corps de logis.
La partie centrale de la façade (sud), avec sa grande porte
d'honneur, aux pieds-droits ornés de sculptures soignées,
est ajourée de 3 baies d'inégale
dimension. Celle de l'étage supérieur, la plus large,
est presque carrée.(...) Les riches ornementations donnent grand
air aux ruines d'Estadens. A
mi-hauteur, sur cette même façade, s'ouvre une jolie fenêtre
ovale.
Comme le reste de l'édifice, et hautes actuellement de 17 mètres
environ, les tours sont intérieurement divisées en plusieurs étages
correspondant sans
doute aux cinq fenêtres de petite dimension s'ouvrant sur la façade
sud de la tour droite assez bien conservée. De celle de gauche, il ne
reste plus que la
moitié. Au nord, peu ou pas de murs... Seuls restent encore debout quelques
pans de murs de refend. Une enceinte, presque disparue, entourait jadis un vaste
terrain autour du château". On sait aussi que le château fut détruit
par un incendie en 1610. En 1615. il est question d'une tour fort vieille, ruines
d'un château dans ledit village". Mais ce château garde sa valeur
symbolique et c'est par l'entrée et la sortie de l'enceinte des murailles
dudit château que François d'Ustou prend possession de sa charge
de gouverneur de la ville et baronnie d'Aspet.
Les choses ont bien changé depuis 1931. L'enceinte reste ce qu'elle
était. Elle forme un rectangle de 110 mètres sur 80 environ et
elle est aujourd'hui
propriété communale. Dans une ferme voisine on peut encore voir
le pigeonnier (signalé dans l'inventaire de 1773), qui ne manque pas
d'allure. Du château proprement dit, il ne reste plus qu'une des deux
tours (le donjon) signalées par Mondon. Les matériaux du château
ont été utilisés par la population comme carrière
de pierres : il n'y a pratiquement pas de matériaux au sol. La tour restante
(dite "tour de droite" dans la description de Mondon) n'a plus aujourd'hui qu'une
dizaine de mètres et trois niveaux de fenêtres.
On voit encore au sol les fondations de plusieurs murs, mais l'essentiel a disparu en l'espace d'une cinquantaine d'années. C'est vraiment dommage ! L'intérieur de la tour restante est un rectangle imparfait d'environ 5 mètres de côté. A l'intérieur, on distingue parfaitement la séparation des étages : il y en a actuellement trois. Les fenêtres des façades nord et est ont une ornementation différente, mais elle sont d'un type très voisin. L'épaisseur des murs varie entre 60 et 80 centimètres.
Estadens possède les ruines d'un deuxième château, appelé "Le Castérot". Il est situé entre Prat de Biros et Estadens-Dessus. Si l'on en croit la notice écrite par l'instituteur du village en 1885, le "château de Coarraze au Mont Castérot" aurait été détruit sur ordre de Richelieu (comme celui d'Encausse). Du Castérot il ne reste plus que quelques traces au sol. L'inventaire de 1773 signale au nombre des biens d'un riche propriétaire, les murs d'un vieux château et d'une chapelle et terre inculte au Castet.
Cette construction, qui n'a pas laissé d'autres traces écrites,
s'inscrit très certainement dans le réseau des tours à
signaux. Vu sa situation, elle pouvait
communiquer avec le château de Montespan et avec la tour du Chucaou d'Aspet.
Mais la présence d'une chapelle castrale amène à se poser
des questions
sur son utilisation. Si elle possédait une chapelle c'est qu'elle avait
dû être utilisée comme habitation.
Notons, à ce propos, que le village d'Estadens, à l'habitat
réparti en plusieurs hameaux, possédait plusieurs édifices
religieux. Il y avait d'abord l'église
paroissiale, au Plan, l'église de Saint-Paul, dans le vallon
du même nom, la chapelle du fonds de la Vielle, dédiée
à Sainte-Magdelaine (disparue à la
Révolution), la chapelle Saint-Jean, au Plech, la chapelle du
Castérot. La chapelle au centre du hameau de Pujos, aujourd'hui
désaffectée, date de la fin du
siècle dernier.
Pour l'histoire d'Estadens, on se reportera au livre de Jacques Ducos, Aspet
et son canton, et pour l'histoire religieuse à la brochure : Trésors
religieux du
canton d'Aspet.
Origine : L'église dans son état actuel date du XVe siècle. Mais il y a eu certainement un édifice antérieur. Elle est dédiée à Saint Paul qui, suivant la tradition serait passé par là en se rendant en Espagne. Cette tradition a très peu de vraisemblance, mais le pèlerinage de Saint-Paul a été fréquenté, jusqu'à la guerre de 14-18, par les habitants du Val d'Aran.
Aujourd'hui pèlerinage le 29 juin. Jusqu'à la dernière guerre, la célébration de Saint Paul se doublait d'une fête profane très fréquentée. Il était de tradition d'y acheter des sifflets (une "Cansoun" de Bouery, Et piouletoun, y fait référence).
Portail : Très original. De style gothique. Arc en accolade. L'extrados est orné de quatre feuilles de chou. Bouquet de feuilles de chou également au sommet.
A droite, un buste nu, représentant un personnage non identifié.
Inscription au-dessus : DELECTARE I DNO // ET DABI PETI // CIONES CORDIS (Réjouis-toi dans le Seigneur et il te donnera les demandes de ton cœur).
Autre inscription : VILAT J VILAC PUIOCUS (Vilat, J. Vilac, de Pujos).
Inscription au-dessus du portail : I BOC ALIAS CADUCS. C'est certainement le nom et le surnom du sculpteur.
Intérieur : L'édifice se compose de deux parties : la chapelle Saint Paul et la chapelle Sainte Anne.
Le retable en bois doré de la chapelle Saint Paul est du XVIIe siècle. Refait et redoré en 1867. De part et d'autre, statues en bois doré de St Pierre et de St Paul.
La statue de Saint Paul qui se trouve sur le mur nord est classée. Reliquaire dans le socle.
Vierge à l'enfant du XVIIIe siècle.
Dans la chapelle Sainte Anne, ajoutée au XVIIIe siècle, retable avec Christ de facture rustique.
Groupe en bois représentant Sainte Anne et la Vierge, classé. Restauré en 1830.
Autel gallo-romain : Curieux monument. Sur le devant, croix grecque, sur le socle svastika. Sur un côté, animal stylisé, sans doute taureau (culte de Cybèle ?), sur l'autre animal non identifié (loup, chacal ?)
Cimetière : La croix du cimetière porte la date de 1776. L'inscription : IN HOC CIGNO VICES (In hoc signo vinces = par ce signe tu vaincras : référence à la conversion de l'empereur Constantin).
L'ensemble de l'édifice a été restauré il y a quelques années à peine.
Elle s'ouvre juste en-dessous de l'église. On vient traditionnellement boire de cette eau, qui a la réputation d'opérer des guérisons.
Jules Dupin, dans son ouvrage "Célébrités du canton d'Aspet" (épuisé), parle à son propos de "nécropole gauloise", sans justifier autrement cette affirmation. Il ajoute : "Peut être considérée comme unique au monde en raison de son rayonnement ; radioactivité avec dégagement du rayon gamma".
A l'intérieur de cette grotte ont été découverts des vestiges préhistoriques, en particulier un crâne d'ours des cavernes et des restes humains datant de l'âge du bronze. Une autre grotte, dite "grotte du Moulin" s'ouvre un peu en aval et elle débouche sur le même ruisseau.