Razecueillé

Bulletin n° 1 (nouv. série) :Questions sur la tour ronde de Razecueillé
Voir brochure "Tours et châteaux" : notice sur la tour ronde de Razecueillé

La bataille de Razecueillé

Une tradition, encore vivante au début de ce siècle, veut qu’une bataille contre les Sarrasins ait eu lieu sur le territoire de Razecueillé au XIe siècle.

Cette tradition ne présente aucune vraisemblance, surtout si on la situe au XIe siècle, époque où les régions méridionales des Pyrénées n'étaient plus dominées par les envahisseurs Arabes. En 1085, donc à la fin de ce siècle, la "frontière" entre arabes et chrétiens se situait sur le Tage (prise de Tolède cette année-là).

Voici comment cette bataille a été rapportée d’abord par l’instituteur en 1883, puis par le curé en 1931, à peu près dans les mêmes termes. Nous prenons ici la version du curé.

La chapelle de Notre-Dame de Razecueillé fut bâtie, au XI» siècle par Messire Hyacinthe de Bartier, seigneur de Montbartier, Castanet, Grisolles, Saint Hilaire, Razecueillé et autres lieux.

Hyacinthe Bartier, instruit que les sarrasins descendaient d’Espagne par les gorges de Portet et de Couledoux, ravageant tout ce qui se trouvait sur leur passage, se rendit, avec les vassaux de toutes ses terres, à son château de Razecueillé et, après avoir pris toutes les dispositions nécessaires au fort du château, attendit de pied ferme ces brigands pour les exterminer.

II s’agit ici d’une nouvelle incursion des sarrasins, la première ayant eu lieu au VIIIe siècle, époque où ils furent défaits à Poitiers par Charles Martel. Repoussés en Espagne, ces barbares ont tenté, à diverses reprises, de franchir les Pyrénées pour s’installer dans les vallées fertiles du bassin de la Garonne.

L’emplacement exact du château de Razecueillé est inconnu. Sur le tertre du quartier des Castets, se dressent les restes d’une tour de forme ronde. Etait-ce la tour du château ou bien une tour à signaux correspondant avec celle du Col det Lac, à l’ouest de Sengouagnet ? Le château n’était peut-être pas dans le voisinage immédiat de cette tour. En tous cas, le nom de Castets donné au quartier attenant à cette tour suppose, à cet endroit, l’existence de quelque ancien château.

D’après certains, divers objets très anciens auraient été trouvés sur le tertre des Castets, en cultivant le terrain. Mais les données ne sont pas assez précises pour pouvoir retrouver l’emplacement exact du château. Disons toutefois que la tour encore existante était pourvue d’un souterrain conduisant jusqu’à la rivière pour permettre aux défenseurs de se ravitailler en eau.

Le combat s’engagea et par la position que Hyacinthe Bartier avait prise, les sarrasins furent défaits. Deux mille hommes restèrent sur le champ de bataille dans la petite plaine au bas du fort du château, ce qui a fait dénommer le lieu où se livra la bataille «madérèro», à cause du grand carnage. C’est le quartier du Pont-Vieux, de la Mourèro.

Hyacinthe Bartier portait toujours sur lui une image de la Ste Vierge et n’entreprenait jamais aucun combat sans avoir imploré sa puissante protection pour le triomphe de la religion catholique. L’histoire ne dit pas si ce seigneur fit le vœu de bâtir cette chapelle dans le cas où il serait vainqueur des sarrasins. Toutefois cette construction semble avoir été faite en reconnaissance de la victoire remportée sur eux.

La chapelle de Notre-Dame de Razecueillé, devenue église paroissiale au XIX siècle, devrait son origine au voeu fait par Hyacinthe Bartier.