Soueich

Histoire du village (extraits du livre Le canton d’Aspet de Jacques Ducos)

Le village de Soueich est construit de part et d’autre du Ger, avec des quartiers situés sur un plateau qui domine le village. Les noms de “ Castet ” ou “ Castera ” donnés à ces quartiers semblent indiquer que c’est là que se trouvait le noyau initial de peuplement.
Population : 1793 : 1000 habitants ; 1851 : 1109 ; 1911 : 644 ; 1936 : 546 ; 1982 : 467 ; 1990 : 502 : 1999 : 501. Atitude : 390 m.
E. Nègre (op.cit.) attribue au nom “ Soueich ” une origine occitane. Avec, cependant, un point d’interrogation. Il propose “ Eits Such ”, qui désigne un “ terrain sec ”, ce qui ne semble pas tellement correspondre à la situation actuelle, le village étant traversé par une rivière. Mais peut-être s’agit-il de l’ancien noyau de peuplement, situé sur le plateau, mieux protégé. Pour Dauzat, il faudrait recourir à la racine “ suillum ”, relatif au porc, dans le sens de bouge ou de mare fangeuse. R. Aymard évoque ou bien «soui-lh», dans le sens de «boue», ou bien «soej» (gaulois) dans le sens de «suie», avec un point d’interrogation.
Le mot apparaît sous la forme “ Soyex ” en 1256 et “ Suexio ” en 1387.

Le peuplement du site est sans doute très ancien. A l’occasion de la découverte d’une tête gauloise, près du Ger, Georges Fouet rappelait, dans un article de la Revue de Comminges, que “ Soueich se situe dans un pays où les traditions celtiques se sont maintenues durant l’époque gallo-romaine aussi bien dans les cultes que dans l’imagerie et les traditions populaires. ”
D’autres découvertes archéologiques ont été signalées par Georges Fouet, mais elles n’ont pas été exploitées de façon assez systématique pour qu’on puisse en tirer des conclusions sur l’origine du terme qui désigne le village.
Au Moyen-Âge, Soueich faisait partie de la châtellenie de Salies, mais la ville a eu, comme il arrivait souvent, des seigneurs particuliers. Les Templiers, puis les Hospitaliers y avaient aussi des intérêts. Charles Higounet (op.cit.) indique que les Templiers de Montsaunès avaient des possessions à Figarol et à Soueich. Il cite des documents de 1256, de 1254 (casal dels Ferrancgs et de Molera), et de 1385. Au-delà de Soueich, l’influence templière s’exerçait aussi, plus à l’ouest, à Cabanac-Cazaux et à Régades.

En 1256, noble dame Grise, femme de Roger, comte de Comminges, fait entre les mains d’Auriol d’Aspet commandeur des Templiers de Montsaunès, donation de deux fiefs qu’elle possède à “ Soyeix ”, ainsi que sa part de juridiction sur cette ville. Cette part sera réduite à un quart par une convention de 1617 qui reconnaissait les trois-quarts d’autorité à Guillaume de Saint-Jean, seigneur de Soueich.
La seigneurie de Soueich était entrée dans la maison de Saint-Jean de Pointis dès le début du XVe siècle par le mariage de Roger de Saint-Jean, capitaine gouverneur de Saint-Lizier, avec Marguerite d’Izaut, dame de Soueich. En 1552, Gaspard Saint-Jean dénombre à Soueich. Il dénombre, en particulier, deux moulins à blé à deux meules et un moulin drapier. La seigneurie est ensuite divisée entre ses deux fils, Tristan et Gaudens. Ce dernier transmet sa part, ainsi que le titre seigneurial, à sa descendance directe qui la garde jusqu’à Jean-Jacques (1687-1752). La fille de Tristan, Marie, porte l’autre part aux d’Encausse-Labastide par son mariage, en 1643, avec Jean-Louis d’Encausse. Le petit-fils de Jean-Louis en hérite de son frère et la laisse en 1760 à son neveu, Hugues de La Tour, baron de Saint-Ignan, sieur de Landorthe, Soueich et autres lieux.
On peut penser que la ville a dû être close, à en juger par la présence d’une porte, qui n’a disparu qu’à la fin du XIXe siècle, lors de la construction de la route qui allait de Ganties à Labroquère. La rue qui, de l’emplacement de cette porte, va vers le Ger s’appelait “ camin dets barrats ” (les “ barrats ” désignant les levées de terre qui entouraient le noyau urbain ; on trouve ce même mot à Aspet pour désigner la rue qui a pris la place des anciens fossés).




Bulletin n° 13 : Les commerces du canton en 1912

Découvertes archéologiques sur la commune
Extrait de Jacques Ducos "Aspet et son canton", avec l'aimable autorisation de l'auteur

L'existence d'un habitat néolithique est attestée par la découverte récente de diverses pièces sur la commune de Soueich. G. Fouet en a établi une brève relation dans la Revue de Comminges en 1973 (p. 408 sa) dans les termes suivants : (des habitants) viennent de découvrir de nombreuses pièces néolithiques en divers lieux du territoire de Soueich : au Prat-Bédiau, au Buchet, en bordure du Ger, ainsi qu'une belle meule dormante dans les prés du quartier de la Pède.
(...) La présence des Celtes dans la région d'Aspet est attestée, en particulier, par une découverte faite dans la même commune de Soueich.
Il s'agit d'une tête gauloise. G. Fouet lui a consacré une étude (Revue de Comminges, 1976, p. 141). Il estime qu'il s'agit d'une divinité gauloise. Les "têtes humaines isolées, précise-t-il, sont assez fréquentes dans l'art celtique. Elles ont comme caractéristiques de ne représenter que le nez et les yeux.

Sous le proche d'entrée de l'église de Soueich, on peut voir quelques traces d'une fresque représentant la Crucifixion. Le Christ était entouré des deux larrons (l'un d'entre eux, le Bon Larron, est encore visible dans la reproduction que nous donnons).

Une restauration récente a fait disparaître un certain nombre de détails qui s'estompaient progressivement (Saint Jean et la Vierge, par exemple).
L'église elle-même a été restaurée il y a peu d'années. La situation au bord de la rivière est assez fréquente dans la région, par exemple à Saint-Paul de Pujos, à Couret, à Izaut-de-l'Hôtel, à Razecueillé.

Léon Foch


On se souvient encore à Soueich et dans le canton des exploits de Léon Foch en matière de pèche à la truite.
Né en 1898, il meurt en 1974, à 76 ans. Fils de Jules Foch, greffier de justice à Aspet, il appartient à une famille d'instituteurs. C'est cette profession qu'il exerça à Soueich, avec une originalité pleine de panache.
Il eut trois passions : la pêche, la chasse et l'automobile. Mais c'est comme as de la pêche qu'il est surtout connu. On lui doit plusieurs ouvrages à succès, dont L'art de pêcher la truite (1928) ou Avec Dame Truite (1960).

Jean Lassère

Jean Lassère est né à Aspet en 1917.
Il fut maire de Soueich de la Libération jusqu'à sa mort en 1974. De profession il était exploitant forestier.
Il milita au sein du parti socialiste et fut élu député de la sixième circonscription de la Haute-Garonne en 1973. Il ne siégea que quelques années au Parlement puisque la mort l'emporta en 1974.
On lui doit, à Soueich, plusieurs réalisations : mairie-école, maison des jeunes, etc.
Une plaque sur la place principale du village rappelle son souvenir.

Eléments d'histoire

Soueich n'a jamais fait partie de la baronnie d'Aspet. Lorsque l'administration royale s'imposa, Soueich fut rattaché à la chatellenie de Salies. Le village a appartenu aux Hospitaliers de Montsaunès. C'est pour cela sans doute qu'il bénéficia d'une protection particulière. Au milieu du XIXe siècle, on voyait encore une porte fortifiée à l'entrée de la rue du Paty (pati = aire, place), la "Pourtalado". Le nom "Carrèro des barrats" qui désigne une des rues donnant sur la place indique la présence d'une levée de terre (barrat) et d'un fossé.
L'illustration que nous donnons ici est extraite d'un travail effectué par les élèves de l'école de Soueich en 1989-1990.

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