Tous ceux qui ont eu l'occasion
de faire des photos du ciel connaissent le comportement aberrant des films
quand ils sont soumis à de très faibles éclairement.
Tout se passe alors comme si la sensibilité nominale du film diminuait
. C'est ce qu'on appelle l'écart à la loi de réciprocité
ou encore effet Schwarzschild. Heureusement, il existe des moyens de corriger
ce comportement des films en leur appliquant certains traitements.
Le plus utilisé est
celui à l'hydrazote (ou forming-gas ). Il consiste à chauffer
la pellicule pendant plusieurs heures dans un mélange d'azote et
d'hydrogène. Cette technique est longue et nécessite un matériel
onéreux, aussi beaucoup d'amateurs hésitent avant de se lancer
dans un tel investissement. De plus, la pellicule hypersensibilisée
doit être stockée au congélateur.
Il existe également une autre technique : le pré-flashage
;
Le pré-flashage est
largement employé dans les laboratoires qui pratiquent l'autoradiographie
des substances radioactives, et présente de nombreux avantages.
Le but de ce bref article est de présenter cette
méthode afin que chacun puisse la tester personnellement. C'est
tellement facile, comme vous allez vous en rendre compte.
Réalisation pratique
, essais préliminaires
Le principe
Pour hypersensibiliser le
film, il faut l'éclairer faiblement pendant quelques millièmes
de seconde. Il n'est donc pas question d'utiliser toute la puissance du
flash, sous peine de "griller" irrémédiablement la surface
sensible. Il faut atténuer l'éclair, en masquant partiellement
la fenêtre du flash. Un pré flashage correct nécessite
une quantité de lumière bien définie, et il est indispensable
de déterminer par des essais préalables, les réglages
nécessaires pour chaque type de flash.
Les masques...
Dans un premier temps, il
faut fabriquer trois masques à partir de 2 morceaux de carton bristol,
de papier machine et de trois caches pour diapos en plastique.
Masque 1 : percer un
trou de 2 mm de diamètre au centre du premier bristol et insérer
celui-ci dans le premier cache à diapo.
Masque 2 : à
réaliser de la même façon que le premier mais en perçant
un trou de 4 mm.
Masque 3 : Mettre dans
le cache diapo un morceau de papier machine. Le rôle de ce masque
est d'être un diffuseur de lumière.
Première série
d'essais:
Empilez le masque 3 sur
le masque 1 et fixez le tout sur la fenêtre de votre flash à
l'aide de ruban adhésif noir. Veillez à ce qu'il n'y ait
pas de fuite de lumière, sinon la pellicule serait voilée.
Le bon réglage de l'éclairement est celui qui produit un
léger voile sur le film après développement. J'ai
pu constater par expérience que le comportement au voilage était
comparable pour le TP 2415 et pour l'Ilford Pan F. Comme ce dernier film
coûte bien moins cher que le 2415, il y a tout intérêt
à l'utiliser pour les essais préliminaires. Pour procéder
aux essais, chargez votre appareil photo de Pan F, fixez-le sur un trépied
et installez-le en chambre noire avec votre flash. Reliez le flash à
l'appareil photo par un câble de 2 m environ, enlevez l'objectif
et mettez à la place un carré de papier calque. Si votre
flash est automatique vous devez l'utiliser en mode manuel.
Exposez successivement 4
vues de votre film en plaçant le flash à 0.7 m, 1 m, 1,4
m et 2 m du boîtier photo. Attendez environ 30 s entre chaque exposition
pour permettre au flash de se recharger complètement.
Deuxième série
d'essais:
On procède de la même manière mais en
équipant la fenêtre du flash avec les masques 2 et 3. Il vous
reste à développer votre film dans les mêmes conditions
que le 2415. La bonne exposition est celle qui donne sur le négatif
un voile léger mais bien net. Ce voile est sans conséquences
sur le résultat final. Si toutes les expositions sont trop fortes,
utilisez un masque avec un trou plus petit que 2 mm, et mettez 2 épaisseurs
de papier machine pour le masque 3.
Hypersensibilisation
sur le terrain
Comment procéder...
Vous devez la réaliser
avant chaque prise de vue, avec le boîtier photo sansobjectif
ni télescope.
L'obscurité de la nuit est suffisante pour
éviter le voilage accidentel pendant les préparatifs. Après
le coup de flash il faut ABSOLUMENTréarmer
en débrayant l'avance du film et en bloquant la manivelle de rembobinage.
Si on oublie cette manoeuvre, la prise de vue qui suivra se fera sur une
portion de film non hyper ! Certains boîtiers disposent d'un bouton
spécial pour la surimpression, ce qui facilite beaucoup cette opération.
Pour repérer la bonne distance flash-boitier photo,
il est commode d'utiliser une ficelle coupée à la
bonne longueur.
Résultats...
On peut considérer que cette technique procure un
gain d'un facteur 3. Une pose de 15 minutes sur film hyper
donnera les mêmes résultats que 45 minutes de
pose sur une portion non hyper. Cette technique supprime les problèmes
de conservation puisque elle s'applique facilement vue par vue sur le terrain.
Et il est possible d'avoir sur le même film des vue hyper et non
hyper, alors que c'est irréalisable avec l'hydrazote.
Une vue hyper et une vue non hyper...
Orion. Poses de
6 m.Objectif 50 mm, f1,8
Conclusion...
L'hyper sensibilisation
par pré flashage présente de nombreux avantages :
Rapide: pas besoin de chauffer le film pendant
plusieurs heures. Simple et pratique: un simple flash électronique
même bas de gamme est suffisant. Plus de problèmes de stockage.
C'est le seul procédé permettant une hyper sensibilisation
soit vue par vue, soit pour la totalité d'une bobine.
Économique: coût pratiquement nul,
là encore sans comparaison avec l' hydrazote. J'espère que
cette technique intéressera les astronomes amateurs, et en particulier
ceux qui pratiquent l'astrophotographie d'une façon épisodique.
NOTE:
La technique originale décrivant l'hyper sensibilisation du
TP 2415 a été publiée dans "Astro-Ciel " n° 44
de 1992 et dans "Sky & Telescope " de juillet 1995 sous le titre "Preflashing
- hypering with light ".
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© Astro-Club de Limagne-Sud, 2000
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