Auteur : Florian Date : 01/07/2002 04:20
Cette vielle carne a passe l'arme a gauche, il fut mon chien pendant plus de dix ans...il s'est eteint le 24 fevrier 2001...Anniversaire et demi d'un nevrosé...
J'avais ecrit un mail a ma soeur Amandine aujourd'hui puisqu'elle etait de passage sur Castres et j'en ai donc profite pour lui passer un petit bonjour ainsi qu'a toute ma petite famille, du patriarche a mon homologue canin Rambo. J'ai recu il y a quelques heures une reponse breve de sa part qui n'etait autre qu'une mauvaise nouvelle. Pour un nouvel an chinois, cette annee du Serpent (mon annee !) demarre sur les chapeaux de roues. Je suis presque sur que certains d'entre vous aurons deja compris: c'est l'epee de damocles qui s'est violemment abattue sur Rambo.
Il est tombe la gueule par terre et sur qu'il ne se relevera jamais...Il est deja au find fond du jardin entrain de se bouffer des pissenlits par la racine et les guibaules par la vermine...Il a meme pas attendu que je revienne le rosse...sale molosse !
Vous me direz peut-etre "tout ca pour un chien"...Je vous repondrai "Pire qu'un chien, un vrai batard !". Alors, (trop) influence par l'ideologie judeo-chretienne dans laquelle baigne notre societe, je tenais a lui dedier cette messe, ecrite par son maitre pour son chien, ce clebard, ce sale roquet comme on en fait plus, digne descendant d'Ouka sa catin d'grand-mere qui aura, au grand damn de la theorie darwinienne de l'evolution, pondu une chienne qui allait mettre bas une nuee de marmots dont le seul chiot rescape ne serait autre que le denomme Rambo...qui justifia ainsi son noble patronyme dont les conditions d'attributions ont depuis longtemps sombrees dans l'oubli meme s'il ne fait aucun doute aujourd'hui que je sois le seul a avoir pu soumettre au conseil de famille, un nom pareil !
Rambo, vous l'avez tous connus; tous avez entendu les narrations de ses nombreux exploits, de ses moultes cochonneries. Tous avez ete seduit par son caractere exceptionnel, un caractere de chien, une putain d'feignasse, un vaurien bon a rien comme on n'en fait plus : "assis !", "couche !" (qu'il differenciait bien difficilement !) et "degages putain tu fais chier" auquel il savait repondre par un de ses regards dont il avait seul le secret ou 'l'art de faire culpabiliser'...Il savait s'y prendre avec moi, et toujours il insistait, et toujours, il finissait par l'emporter !
Il a mene une vie de chien, troisieme du nom en Cote d'Ivoire, Il s'auto-proclama chef de meute (qu'il incarnait a lui tout seul) peu avant de s'expatrier en France. Pays qui fit de lui ce qui le rendit celebre : un veritable franchouillard: grognon, obsede et feneant !
Bien vite en effet, plus vite que son maitre sans aucun doute, il fit du Siala-Bas son domaine, de sa niche un 'no dog's land' et du fauteuil du salon un espace reserve qu'il ne fallait surtout pas squatter sous peine de le voir sieger, le regard scrutateur et rancunier, jusqu'a ce que bien lui soit rendu !
Vous l'aurez tous compris, ou vous le saviez deja, il etait beaucoup, enormement, pour son maitre et durant toutes ses annees (une grosse dizaine pour etre precis) il le lui rendit bien; lui obeissant au doigt et a l'oeil, surtout au doigt d'ailleurs lorsqu'il le sentait menacant et le trouvait bruyant (mon doigt se devait d'etre tres bruyant pour se faire comprendre !). Mais il avait son caractere et le faire sortir en plein hiver un jour de tempete etait cause perdue: porte ouverte, truffe au vent, le cul visse sur le carrelage, rien ni meme le plus terrible braillement, le plus mesquin des coups de pieds dans l'arriere-train ne l'aurait fait decoller cette canaille...Peut-etre une cuisse de poulet mais c'eut ete malhonnete car c'etait la son peche mignon : "un sale goinfre" aurait scande Eric. Je ne l'ai jamais contre-dit sur ce point ni sur beaucoup d'autres d'ailleurs; concernant Rambo, Il connaissait son maitre et donc son chien par consequent.
Rambo et moi nous avons tous partage, nous avions les memes envies, les memes hobbies, les memes habitudes...et quelles habitudes !
Lui et moi, nous avions l'habitude de jouer a 'chat' dans le jardin...Il n'aimait pas du tout etre 'chat' et je passais souvent plus de temps a lui courir apres que l'inverse. Il faut dire que dans ses plus belles annees la bete etait svelte, musclee et veloce et ses aptitudes physiques aurait fait palir de jalousie nombre de levriers...Meme si force est de reconnaitre qu'avant mon depart pour Singapour, son penchant pour la course avait fortement diminue (carrement disparu devrais-je dire !) et qu'il se contentait de reluquer le petit cul bien roule de la bergere Bosh denommee Cybelle qu'il regardait gambader d'un oeil sournois, se rejouissant de ce cadeau tombe du ciel et qui lui avait procure une seconde jeunesse.
Lui et moi avions l'habitude de bouffer des pates et jamais je ne le vis snober une assiette de spaghetti au beurre (et gruyere les jours de fetes !) quoiqu'il ne crachait pas non plus sur un petit (tout est relatif) filet d'huile sur ce succulent met : "au diable le cholesterol" semblait-il me dire quand il me trouvait trop chiche avec la bouteille !
Lui et moi avions l'habitude de mater ensemble des films de boules dans le salon. Il avait cet inestimable avantage d'etre souple, moi je me contentait d'une main et d'un sopalin. Avec la bouffe, les auto-fellations constituaient une de ses plus grandes faiblesses. Il n'a jamais compris cette sentence : 'Il faut vivre pour se branler et non se branler pour vivre' !
Gwendal ou plutot sa chaussure en aura fait la degoutante experience:'ne jamais caresser, meme du pied, un Rambo excite'.
Lui et moi avions l'habitude de passer par les gitans. Moi pour aller rendre visite a Celine et lui pour aller aux putes, une horde de chiennes en chaleur dont il semblait 'tirer' entiere satisfaction. On le croisait regulierement dans la grande montee et Eric, toujours intransigeant, ne manquait jamais de le corriger verbalement: "Toujours aux putes, Rambo ?? Allez hop a la maison !".
Il s'en foutait, il avait fait son affaire et la langue pendante sur sa babine gauche, le regard brillant, il s'executait en trottinant d'un pas leger (mmh mmouaih) et guilleret.
Enfin lui et moi avions l'habitude de recevoir nos amis pour faire la teuf au Siala-Bas, je me souviens encore de son premier buzz : une soufflette de Nico (cte pute !)..."comme son maitre" aurait dit Eric une fois de plus (au souffleur pres !)
Rambo c'etait mon chien, ou plutot "Bon chien !", "Boooon chien !", "Bon chien chien !" (interjection qui avait le surprenant effet de le faire eternuer et de l'exciter) dont je me rappelerai avant tout comme d'une corne d'abondance inversee, pret a tout pour un rien...Eric se souviendra d'ailleurs sans aucun doute du parcours du combattant qu'il avait construit dans le salon et que Rambo avait realise de facon surprenante en un temps record (malgre ses vieux os) pour pouvoir gober une chip a la fin sous les bravos admiratifs de ses deux maitres (car je crois qu'Eric l'avait adopte...et vice versa !)
J'espere qu'au paradis des batards, Il y a des putes, de la biere et des pates (a l'huile) parce qu'il le vaut bien...
Il va sacrement me manquer l'enfoire.
Que l'univers soit son cimetierre, notre souvenir son eternelle vie sur terre, le Siala-Bas sa vaste biere et sa depouille pour les vers...
Ah mais crotte (de chien) !
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