Sujet: Les moqueries, ou la discussion créée pour Manu | Auteur : Manu au nez rouge Date : 12/07/2002 22:58
On le sait, Manu a tendance à être taquin.
Il lui est même arrivé de se moquer ouvertement des plus fins esprits de cercloforum.
L'avis de Manu sur les moqueries est donc décisif pour cette discussion.
_______________________________________________
1/ La moquerie est elle une arme ?
Oui évidemment, elle peut détruire le moral de quelqu'un de façon durable et relativement efficace, si la moquerie touche le point sensible de ce quelqu'un. Le moquant atteint son but lorsqu'il touche un défaut que le moqué tente tant bien que mal de dissimuler.
2/ Se moquer est il lâche ?
Tout dépend des circonstances.
Prenons des exemples :
- imaginons un groupe d'une dizaine de personnes se moquant en groupe du type qui vient de passer, dont le physique il est vrai est particulièrement disgracieux.
Dans ce cas, on ne peut pas dire que la moquerie soit particulièrement courageuse.
- imaginons maintenant le même type disgracieux passant dans la même rue le lendemain, et voilà notre bonhomme qui se moque de la tenue vestimentaire des membres du groupe de 10 personnes.
Voilà qui est courageux, surtout si l'on sait que ce type disgracieux ne court pas très vite.
- Imaginons un tyran se moquant de la pauvreté d'un de ses sujets. Pas courageux.
- Imaginons le dit sujet se moquant du nez plat du tyran sur la place publique. Voilà qui est courageux car le tyran a proclamé que quiconque parlerait de son nez serait immédiatement exécuté.
C'est surement parce que se moquer de son nez lui fait aussi mal qu'une lame de couteau planté dans son dos.
Par conséquent, et contrairement à l'avis atilien, il faut bien admettre que la moquerie peut être un acte de courage. Et tout le monde n'est pas porté à l'assassinat physique des êtres humains, non par lâcheté, mais par humanité.
Il y a d'ailleurs en droit pénal ce qu'on appelle des peines infamantes. Il arrive donc à la société qui est toute puissante de se moquer d'un de ses membres qui s'est mal comporté, sans lui faire aucun mal physique, et alors même que la faute commise peut être très grave.
Exemple : le banissement sous la République romaine, le pilori au moyen âge, la perte des droits civiques aujourd'hui.
Tout cela est une forme de moquerie, c'est la moquerie du groupe contre un de ses membres. La moquerie est ici ni lâche, ni courageuse, elle est une punition. On montre du doigt un coupable.
3/ Se moque t on par lâcheté ou par mépris ?
ON se moque par mépris, et parfois par mépris ET lâcheté.
Mais on peut aussi se moquer de quelqu'un pour son bien.
Les rois l'avaient bien compris : leur bouffon pouvaient se moquer d'eux, et ne s'en privaient pas. Si les rois acceptaient ces moqueries, et même les encourageaient, c'est que leur bouffon, en se moquant d'eux, leur montrait leurs défauts, ceux que personne n'osait leur dire.
Finalement dans ce cas, le moquant est le plus honnête , et le moqué le plus puissant, et chacun a besoin de l'autre.
| Répondre à ce message |
|