Freinet, Célestin (1896-1966)
Educateur français, fondateur de la Coopérative de l'enseignement laïc et d'une école expérimentale dans laquelle il développa une pédagogie nouvelle fondée sur les «méthodes actives» et la «libre expression de l'enfant».

Né à Gars (Alpes-Maritimes), Célestin Freinet, participa à la Première Guerre mondiale, dont il devait garder de graves séquelles pulmonaires, et fut nommé instituteur à Bar-sur-Loup en 1920. Militant syndical et politique, il développa une réflexion active sur son métier et participa en 1924 au Congrès international d'éducation nouvelle de Montreux, où il eut l'occasion de confronter son expérience avec celle d'autres éducateurs. En difficulté avec les autorités académiques, il dut quitter l'Éducation nationale et ouvrit en 1935 une école privée à Vence. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il participa à la Résistance. En 1948, il créa l'Institut coopératif de l'école moderne, succédant à la Coopérative de l'enseignement public, et qui regroupe aujourd'hui encore plusieurs milliers d'adhérents issus du milieu enseignant. Une pédagogie empirique De sa pratique d'instituteur, Célestin Freinet retira la conviction que l'enseignement devait favoriser le développement de la personnalité de l'enfant, en respectant ce qu'il nommait, dans ses contributions à l'étude de la Santé mentale de l'enfant (1959), son «équilibre vital!». Fondée sur l'expérience, cette notion d'équilibre s'éprouve à chaque moment de l'enseignement: comme le fait observer Freinet dans les Dits de Mathieu (1959), on peut constater que la résolution d'un type de difficulté, ou le passage d'un «cap», se fait d'autant plus facilement que l'enseignant a su amener ses élèves, par des questions simples ou des incitations motivantes, à adopter une attitude de recherche. De la même manière, l'expérience prouve que la mémoire n'est pas stimulée par la répétition mais par une certaine atmosphère, participant de la sphère affective, que l'on ne saurait négliger dans le cadre des phénomènes d'apprentissage du savoir. Persuadé qu'une réforme globale de l'enseignement ne pouvait se mettre en place que par la transformation raisonnée des habitudes, Célestin Freinet détermina le cadre (abolition de l'estrade, utilisation des moyens audiovisuels, instauration d'un carnet scolaire permettant de mesurer une progression) et le type d'activités (travaux manuels, sorties-enquêtes, conception et réalisation d'un journal, depuis l'enquête jusqu'à la diffusion) susceptibles de servir sa conception d'une Éducation du travail, titre d'un essai publié en 1947. Une réflexion globale sur l'enseignement Bien qu'il se soit défini lui-même comme un «praticien», Célestin Freinet a élaboré une réflexion générale sur le sens de l'enseignement, et a publié de nombreux ouvrages dont les Techniques Freinet dans l'école moderne (1964) et Pour l'école du peuple (1969). S'inspirant du philosophe Alain, il utilisa le doute comme une «arme souveraine contre tout système et tout endoctrinement», et critiqua aussi bien l'autoritarisme traditionnel que les partisans du «laisser-faire» ou ceux d'un «conditionnement» visant à établir des résultats prédéterminés. Lecteur de Lamarck, Célestin Freinet en retira l'idée que le processus universel du vivant emprunte au «tâtonnement», et que la fonction de la pédagogie ne consiste pas à brimer l'élan créatif en voulant domestiquer l'individu, mais doit au contraire lui permettre de développer l'ensemble de ses possibilités. Cherchant, comme Claude Bernard dans son étude du vivant, à déterminer les Invariants pédagogiques (1964), Freinet établit que l'échec est inhibiteur et que l'école devait, plutôt que sanctionner, inciter l'enfant à poursuivre ses essais. Étranger à tout dogmatisme, Célestin Freinet proposa d'appliquer à l'enseignement une «méthode expérimentale permanente» qui permette aux enfants comme aux éducateurs de se remettre «à vivre et à créer». Ses réflexions inspirèrent les instructions officielles après la Seconde Guerre mondiale et certaines de ses innovations ont connu une large diffusion dans le cadre de l'enseignement primaire.

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