Poète et homme politique français. Né en juin 1913 à Basse-Pointe, en Martinique. Brillantes études à Paris ; Ecole Normale en 1935. Rencontre
avec Rimbaud, le surréalisme, L.S. Senghor. Milieux intellectuels africains et négro-américains de Paris. Revue d'étudiants noirs, liées aux idéaux
surréalistes et marxistes.Cahier d'un retour au pays natal 1936-1938.
Retour au pays en 39. Adhésion au parti communiste, élu maire de Fort-de-France, puis député.Discours sur le colonialisme, 1956.
Action politique, consécration poétique : textes poétiques, pièces de théâtre La tragédie du roi Christophe, 1963.
Œuvre exprime toute la révolte du peuple noir.
Introduction
Inspiration surréaliste et prise de conscience politique dans ce poème en
prose. Entrée en matière violente. Violence dans toute l'œuvre, sauf à la
fin : image de la colombe = paix. Dénonciation de la colonisation et de ses
conséquences.
Lecture du texte
Annonce du plan
Etude méthodique
I. La révélation indignée de l'état des Antilles.
A. Un réalisme sans complaisance.
- Mots crus > déchéance sociale.
- Maladie, images fortes, violentes, l.14 > misère soulignée.
- Champ lexical de la maladie l.17, 23, 12 " pustules ", " soleil vénérien "
> > état > lot commun de toute la région > répétition métonymie
" Antilles ". > > Amène poète à condamnation.
B. La condamnation des populations.
A deux niveaux :
- colons : plus spécialement de leur richesses (immeubles, promotion
immobilier). Profit de la situation par leurs productions l.10. En
filigrane, implicite : leur responsabilité face à l'alcoolisme l.15 >
dénonciation des puissants qui ont laissé faire.
- noirs : présentés comme responsable : valets du pouvoir occidental, par
terme péjoratifs : " larbins ". Langage trivial, même lorsque noir
prétendent parler au nom du sacré : "gris-gris ", " moinillon ".
Entrée en matière du poème violente dans son rejet par invectives :
va-t-en " ( 3fois). Indignation par images fortes, violentes, mais aussi
passages plus abstraits.
C. Passage à l'abstraction.
Désastre l.8
- Façon de s'exprimer philosophique ( l. 24)
- Métaphore : échouage , sentiment général, échec. ( l.15 à 16)
> > Poème mobilise toutes les ressources possible pour exprimer son
indignation : images, lexique trivial, constats concrets, réflexions
abstraites, métaphore, métonymie. A travers la condamnation, l'auteur va à l'encontre de l'image traditionnelle des Antilles (paradisiaque... ). Il veut
dénoncer les illusions attachées à cette région.
II. La dénonciation des illusions.
A. Le charme trompeur des Antilles.
L'auteur utilise tous les ingrédients, les clichés utilisés habituellement
pour les publicités : soleil, bar, plage, eau nue, perroquet. Ces éléments
traditionnels sont insérés dans un contexte qui vient démentir, corriger
ces images : " soleil vénérien " l. 12, " force putréfiante ambiance
crépusculaire "l. 11.
En fait de charme trompeur, ce sont les Antilles qui sont contaminées par
la maladie, la mort > > duperie.
B. Une immense duperie.
l. 6 : " face de femme qui ment ", l. 17 : " extrême trompeuse ", " désolée
eschare ", l. 21 : " vieille vie menteusement souriante "
> > Antilles apparaissent comme le pays de la duperie, du mensonge. L'auteur semble dire que les Antillais sont conditionnés par une puissance
idéologique ou religieuse " hanneton de l'espérance ". Ils ont crus à une
fausse promesse.
Dénonciation de la résignation au silence.
C. Résignation au silence.
Entretien de l'illusion, Antillais souffrent en silence > thématique du
silence l. 22, 23. Poète reconnaît discrètement l'existence de révoltes,
les évoque avec " martyres ". N'ont pas réussi à entraîner un mouvement
profond et durable.
Constat pessimiste mais espoir au bout de la colère.
III. L'espoir au bout de la colère.
A. L'implication du poète.
- " Je " l.2 : avec la force des images, il exprime sans retenue sa
sensibilité à vif.
- invective " va-t-en ", répétée 3 fois.
- l. 13 " d'anges frêles ", l. 25, 26 : sensible à souffrance et fragilité
des Antilles, il manifeste ainsi son amour pour son pays.
L'espoir est là aussi : rêve exprimé, contre le cauchemar.
B. Le rêve contre le cauchemar.
Vision catastrophique des Antilles > rêve = antidote contre le
cauchemar de la réalité l. 29 : place des songes
Au plus profond de lui-même : espoirs l. 9. Le rêve a une fonction sédative
(6-7), calme, apaise, entretien l'espoir.
Dans le rêve, calme (je), plus grand que " face de la femme qui ment ". Par
rêve, oubli de la réalité, misère, devient visionnaire l.6, 7. Passage de l'imparfait évoque le rêve.
C. Formes et forces du rêve de régénérescence.
Rêve associé à 2 thématiques :
- oiseau : liberté
- eau : purificatrice, réparatrice. Association l. 8 : " fleuves de
tourterelles ", l. 28 : " bouillonnement tiède picoré ", eau toute seule l.
27
Eau va régénérer : le soleil n'est plus trompeur, mais grâce à l'action
purificatrice de l'eau, soleil devient force. > expression du rêve
Image a une très grande force.
Association de l'eau et du feu , dans le dernier paragraphe : " volcans ",
eau " : la regénérescence attendue, souhaitée. S'associe pour détruire et
mieux reconstruire.
Force du rêve provient de la structure syntaxique :
- emploi du passé dans évocation du rêve. Rêve passé mais désir fort chez le
poète qu'il s'actualise.
- l. 45 : Emploi du futur : exprime la certitude et non plus un désir
exprimé à travers le rêve > fait du poète un visionnaire, un prophète.
- anaphore " Au bout du petit matin " : martèle, donne un rythme au texte.
>> peut avoir un rapport avec passé / présent
>> peut concerner passé de son rêve
>> peut concerner futur.
Expression riche dont le sens s'enrichit par ce qui suit.
- [...], l. 1 : effet d'attente, suspens. Annonce à venir : " insensé
réveil ", l. 22 >> réalisation d'un rêve suscité par l'espoir.
Conclusion
Le début du poème ouvre dans la violence de la dénonciation, mobilise
toutes sortes de moyens stylistiques et lexicaux au profit de la
dénonciation et d'un espoir fortement affirmé. Originalité de l'image dans
la thématique de la maladie. Symbolisme de la purification, pas de recherche
purement esthétique.
Poète recherche l'insolite pour arracher à la passivité. Violence non gratuite >> justifiée par des années de souffrance accumulées. Prend la plume pour une prise de conscience, un témoignage ; l'engagement dans le combat de la décolonisation. Ne pas négliger la beauté du langage, force poétique du mouvement, de l'image. La poésie surréaliste a toute sa force.
Merci à celui qui m'a envoyé cette
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