Continuation des Amours

Ronsard






Introduction

      Ronsard, prince des poètes et poètes des princes privilégie le thème de l’amour. Recueils très différents adressés à de différentes femmes. (ex. : Cassandre Salviati, Hélène de Surgères, Marie). Dans ce sonnet en Alexandrins à partir d’un anagramme du prénom de Marie, le poète invite la jeune fille à l’aimer. Mais cette invitation dépasse de le cadre de l’expérience personnelle et nous révèle tout un axe sur la conception philosophique de l’amour caractéristique de la pensée épicurienne de la Ren.

 

Lecture du poème

Marie, qui voudrait votre beau nom tourner,
Il trouverait Aimer : aimez-moi donc, Marie,
Faites cela vers moi dont votre nom vous prie,
Votre amour ne se peut en meilleur lieu donner ;

S'il vous plaît pour jamais un plaisir démener,
Aimez-moi, nous prendrons les plaisirs de la vie,
Pendus l'un l'autre au col, et jamais nulle envie
D'aimer en autre lieu ne nous pourra mener.

Si faut il bien aimer au monde quelque chose :
Celui qui n'aime point, celui-là se propose
Une vie de Scythe, et ses jours veut passer

Sans goûter la douceur des douceurs la meilleure.
É, qu'est-il rien de doux sans Vénus ? Las ! à l'heure
Que je n'aimerai point puissé-je trépasser !


Explication du texte

I/ Une invitation à l’amour

  1. situation d’énonciation bien définie
  2. a- l’adresse initiale (prénom de Marie associé au thème du poèmeà anagramme, mis en valeur par césures)

    b- fréquence des 1e personne et adjectifs possessifs de 1e/2e personne, impératifs supposent un récepteur (Marie). 1e personne plur. englobe poète et Marie dans une même unité.

    Retour 1e personne sing. à la fin du poème.

  3. lien étroit établit entre Marie et le poète
  4. a- alternance des 2 personne. puis prédominance de la 2e personne à importance accordée à Marie.

    b- "l’un l’autre " : réciprocité des sentiments souhaitée dans leur relation.

    c- impératifs (empressement du désir amoureux R souligné par césures/coupes : émoi amoureux)

    d- indicatifs futurs (avenir heureux certain dans l’esprit du poète).

    Ce désir amoureux est justifié par la façon qu’il explique l’amour.

  5. Valorisation de l’amour

a- omniprésence du thème "votre amour ", mis en relief par coupe ou enjambement.

b- majuscule " aimer "v.2 sans complément à valeur absolue/idéal, noblesse du sentiment.

c- sentiments caractérisé à travers tout le poème: ●amour charnel(Vénus v.7) ●douceur(hyperbole au superlatif v.12) ●fidélité(emploi des négations absolues v.7-8, mis en relief de jamais, vie à pérennité du sentiment, amours au sens large).

Expérience vécue sous un angle + large, celui d’une réflexion généralisante.

II/ Conception philosophique de l’amour

  1. Généralisation dans les marques d’énonciation
  2. a- les indéfinis/impersonnels dans les 2 tercets (sauf dernier vers " je ")

    b- présent de vérité générale à actualisation

    c- structure qui révèle une changement de perspective, opposition entre 2 quatrains (poète-Marie  : expérience personnelle) et 2 tercets(les hommes en général " je "à en tant qu’homme et humaniste).

    Le jeu de mot initial (anagramme) est un prétexte à une réflexion sur l’amour. Les 2 tercets justifient par des propos généraux l’invitation initiale.

  3. amour conçu comme une nécessité liée à la fuite du temps
  4. a- caractère nécessaire de l’amour "faut-il"v.9. "si" : aussi/c’est pourquoi.

    b- amour/vie : lien étroit, rapport avec absence d’amour/mort "trépasser" vivre sans amour à mort vivant

    c- conception épicurienne "nous prendrons(au sens de cueillir) les plaisirs" : Carpe Diem d’Horace. Épicure(plaisirs sains) opposé aux Stoïciens(détachement du matériel, courage, dignité humaine).

    d- amour est une nécessité vécue comme une condition indispensable au bonheur.

  5. lyrisme personnel au service de l’idéal humain

a- émotion perceptible dans dernier tercet "Las !"à souhait final, priée de délivrance, vie vide sans amour.

b- influence de l’Antiquité dans réf culturelles peu nbreuses mais très expressives Scythe, Venus (invoquée par Lucrèce De natura rerum poème philo. Nouvelle "religion" fondée sur l’amour se dessine, dont Marie=Venus).

 

Conclusion

      Le poème de Ronsard est une des nombreuses variation que l’on peut trouver sur l’amour. Elle est savante malgré une apparence simple. Influence de l’Antiquité, le culte de Vénus vient remplacer celui de Marie. Ce qui rime avec ‘Marie’ est ‘prie’ au vers suivant, prière de l’aimerà pléiade.




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