Elle était déchaussée, elle était décoiffée...

Hugo






Biographie de Victor Hugo

Situation

- Ecrit en 1853
- Fait parti du recueil " Les contemplations ", marqué par le deuil de sa fille et son exil.
- C'est un des rares poèmes du recueil où la douleur n'est pas témoignée.

Texte

Elle était déchaussée, elle était décoiffée,
Assise, les pieds nus, parmi les joncs penchants;
Moi qui passais par là, je crus voir une fée,
Et je lui dis: Veux-tu t'en venir dans les champs?

Elle me regarda de ce regard suprême
Qui reste à la beauté quand nous en triomphons,
Et je lui dis: Veux-tu, c'est le mois où l'on aime,
Veux-tu nous en aller sous les arbres profonds?

Elle essuya ses pieds à l'herbe de la rive;
Elle me regarda pour la seconde fois,
Et la belle folâtre alors devint pensive.
Oh! comme les oiseaux chantaient au fond des bois!

Comme l'eau caressait doucement le rivage!
Je vis venir à moi, dans les grands roseaux verts,
La belle fille heureuse, effarée et sauvage,
Ses cheveux dans ses yeux, et riant au travers.

Mont.-l'Am., juin 183...


Thèmes

- L'invitation à l'amour
- La nature
- La sauvagerie, l'absence de société

Style et structure

- Lyrique, avec la présence du " je " et " moi ", un peu romanesque.
- Alexandrin formé de 4 quatrains et rimes embrassées.
- Se découpe en 4 strophes qui peuvent être séparées en 3 parties : 2 premières strophes qui décrivent la scène et l'invitation à l'amour, puis la 3ème strophe qui admet une réponse de la jeune fille qu'on ne connaîtra qu'à la 3ème partie (4ème strophe).


Etude

- dé-chaussée, dé-coiffée : répétition, importance de l'état de la fille, les pieds nus ; aberration pour la société qui ne permet pas aux femmes de montrer leur chevilles ou coiffées.
- Introduction du moi (propriété du lyrisme)
- fée : si elle est décoiffée, elle n'est sûrement pas maquillée, donc inhabituel de voir une jeune femme " au naturel " et de la trouver aussi belle.
- Veux-tu t'en… : Le tutoiement ne veut pas dire qu'ils se connaissent, car il n'y a aucun indice qui peut nous faire conclure ceci, mais c'est un moyen fort pour attirer cette femme ; une manière non-civilisée ; sauvage.
- regard suprême : regard amoureux et direct, regard franc, non voilé ou timide de la femme civilisée.
- Quand nous triomphons : Les hommes triomphent lorsqu'ils séduisent une femme et réussissent. Mais le triomphe est encore incertain, car la femme ne fait plus de geste.
- A la répétition des questions, le tu la rappelle, et le mois où l'on aime ainsi que les arbres profonds montrent l'envie grandissante de faire l'amour avec cette femme.
- Les vers suivants indiquent une réponse de la femme, on devient de plus en plus en plus certain qu'elle va rejoindre ses gestes qui sont décrits en 3 vers, telle une image au ralenti qui fait grandir notre curiosité.
- Le vers 12 reprend l'idée romantique et presque imaginaire (fiction), qui montre le poète perdu dans le bonheur de son amour, et on est encore plus sûr de la réponse de cette fille, puisque la nature les accompagne aussi.
- Vers 13 très sensuel qui augmente la passion qui s'élève entre ces deux personnes auquel la nature les accompagne.
- Je vis venir à moi : le poète note à nouveau sa réponse à cette invitation à l'amour qui là devient clair.
- Dans : Ce mot est répété au vers 4 : la question possède ce mot tout comme la réponse.
- Parmi les joncs penchants (vers 2) et dans les grands roseaux verts : 2 choses : 1. la nature n'est plus parmi eux, mais en eux. 2. Allusion (érotique) à cette passion qui augmente chez le poète.
- heureuse, effarée et sauvage : intensifie l'importance de la nature qui se confond en eux et le bonheur trouvé.
- Le dernier vers peut symboliser cette idée où ses cheveux deviennent comme les arbres et le rire est le bonheur éprouvé entre eux, et il y une double image qui se forme : celle évoquée par Hugo et celle de nous, lecteurs entrain d'apercevoir entre les arbres, (sous les arbres profonds).


Conclusion

- Montrer le côté où la nature est plus forte que la société ; le poète trouve le vrai amour dans toute sa franchise dans la nature et non dans la civilisation et ses lois.
- La nature se confond entre eux : rappel de cette nature qui est la source de l'amour (reproduction).
- C'est très possiblement autobiographique puisque écrit au printemps.




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Merci à Taryn qui m'a envoyé cette fiche...