LES TRAGIQUES

Livre I (vers 97 à 131)






INTRODUCTION

L'auteur de ce texte, Agrippa d'Aubigné vécut au XVIème siècle ; né d'une famille protestante, il reçut une éducation humaniste, dans les principes de la Réforme. Voué à la défense de la cause protestante, il prit rapidement les armes et s'engagea au coté d'Henry de Navarre. Déçu par l'abjuration de ce dernier (devenu Henry IV), c'est par l'écriture qu'il poursuit son combat : Les Tragiques, dont est extrait le texte qui suit, est une œuvre poétique de combat, liée à l'action du parti protestant au cours des guerres de religion. Le premier chant présente la tragédie de la France à travers une grande allégorie.


LECTURE

ANNONCE DES AXES

I - Un texte bâtit sur une allégorie de la France / mère
II - Les procédés d'amplification
III - L'engagement d'Aubigné en faveur d'un camp


ETUDE

I - LE RECIT D'UN EPISODE TYPE DE LA RESISTANCE

Dès le premier vers en alexandrin, le poète annonce clairement et solennellement son intention : "Je veux peindre la France une mère affligée" :
- Le terme "peindre" suppose bien une construction progressive, à la manière d'un tableau
- L'expression "mère affligée" met bien en valeur l'ambivalence du thème : la France est à la fois "mère" (et le texte va développer cet aspect protecteur et nourricier) et "affligée" ce qui annonce déjà le thème de la peine et de la violence.
à Ces deux aspects vont être largement développés dans le texte et vont contribuer à étoffer l'allégorie.

A. L'image de la mère nourricière

B. Le registre de la violence physique

C. L'union des 2 thèmes dans la prosopopée finale

Les 2 lexiques se rejoignent dans une horrible union formulée dans les paroles de la France à la fin (vers 31 à 34) : l'union du sang et du lait
- "Vous avez (…) ensanglanté / le sein qui vous nourrit" : v. 31-32 : association mise en valeur par l'enjambement.
- "Je n'ai plus que du sang pour votre nourriture" v. 34

TRANSITION

L'allégorie de la mère affligée frappe l'imagination par la violence des images du combat entre 2 frères. Si l'on ressent autant cette violence, c'est que l'auteur ne néglige pas les procédés d'amplification.


II - LES PROCEDES D'AMPLIFICATION

En étant engagé au service d'une cause, l'écrivain refuse de rester simple spectateur d'un fait historique : il veut convaincre son lecteur, le persuader et l'émouvoir. C'est pourquoi les procédés d'amplification ont une importance déterminante dans son écrire.

A. Figures de l'exagération

à Bilan : Ces tournures contribuent à prouver au lecteur l'importance du sujet et la force de conviction du poète. B. Reprises de type anaphorique produisant de puissants effets oratoires à Bilan : Un effet oratoire certain qui dramatise volontairement le ton du texte et le rend très solennel.

C. Les rythmes confèrent aussi de l'ampleur à l'évocation

Conclusion : Sans s'engager en tant que tel dans le texte (il ne dit qu'une fois "je" au vers 1) le poète donne la mesure de son engagement par la force des paroles rédigées qui donnent au texte une tournure solennelle qui n'élude jamais la notion de violence et de souffrance.


III - L'ENGAGEMENT D'AUBIGNE EN FAVEUR D'UN CAMP

A. Utilisation des figures bibliques pour marquer son engagement personnel dans le conflit

Dans la Bible (Genèse, verset XXV), Jacob, le cadet, le préféré du père, a racheté le droit d'aînesse à Esaü (pour un plat de lentilles), ainsi dépossédé de son héritage.

à A priori, d'Aubigné se situe donc clairement dans le camp des Protestants (fidèle en cela à son engagement).

B. Une seule vraie victime : la France

Mais, en réalité, la position du protestant d'Aubigné n'est pas aussi manichéenne qu'on peut le croire : si la balance penche en faveur du plus jeune, cependant, la prosopopée finale condamne les 2 frères : "sanglante géniture" v. 33

L'idée majeure du texte : c'est la France qui se stérilise et s'empoisonne de ce combat fratricide :
- "vivez de venin", "Je n'ai plus que du sang pour votre nourriture" v. 34-35
- "aux derniers abois de sa proche ruine" v. 30, "succombe à la douleur, mi-vivante, mi-morte" v. 22


CONCLUSION



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Merci à Anne-Laure qui m'a envoyé cette fiche...