LES PONTS

Arthur Rimbaud






Naissance : Charleville, 1854. Élève indiscipliné, fugue à plusieurs reprises. Ses premiers textes sont inspirés de Victor Hugo. Rencontre avec Verlaine déterminante (-> Illuminations). A partir de 1875, silence poétique. Meurt à Marseille en 1891.

Illuminations : recueil de poèmes (environ 40) en prose (différent des vers classiques).
C'est un nouveau genre dans le poétique ; il apparaît au XIXe siècle (1er écrit : Aloysius Bertrand, auteur méconnu qui n'a pu publier de son vivant).
Mais Rimbaud est le plus connu ; il renouvelle le genre.


Introduction

     Illuminations contient trois poèmes dédiés à la ville : deux "villes" et un "ville".
     La ville portuaire, chargée d'histoire (Londres), évoquée à travers le poème "Les ponts", qui est par ailleurs le seul poème ayant un déterminant. Les ponts de Londres sont décrits.
     Mise en scène de cette ville, mise en scène théâtrale et musicale. On a l'impression qu'il nous raconte une histoire. Le style apparaît fantastique, climat assez proche du conte, féerique. Sujet essentiel de ce "tableau" : les ponts.
     Comme s'il évoquait de manière picturale la ville. Mais image mobile, animée de manière fugitive (opéra, carnaval).

Lecture

Annonce des axes



Etude

I) Le poème se présente comme un tableau

1.1) Le tableau abstrait

Évocation visuelle de la ville. Dès la première phrase, on est plongé dans l'atmosphère de la peinture. (ciels : fonds en peinture)
Attention particulière aux couleurs et aux nuances.
    "veste rouge"
    "rayon blanc"
    "gris de cristal"
    â              â
    Terne       pureté et luminosité
Expression presque oxymorique.
Eau grise bleue (sûrement la Tamise)
5 occurrences de couleurs, dont 2 grises.
Gris -> brouillard -> fog anglais.
L'œuvre se rapproche de celle de Turner "Lyons"
Grand paysagiste anglais, donne une importance particulière au ciel et à l'eau.
-> L'impressionnisme (Monet, …) -> Tamise, Seine.
Surtout ciels brouillés (valorisation des impressions de lumière).

1.2) Les lignes

"droit", "angles", "figure", "bombés", "obliquant" -> se rapportent au dessin, presque industriel. Lignes horizontales, verticales valorisées. ("canal", "mâts", "longs".
Esquisse, gravure. Impression différente de celle perçue dès la première phrase. Les phrases 2, 3, 4 décrivent le dessin de ces ponts. Vision étendue, impression donnée par la multiplicité des ponts, impression qu'ils s'enchevêtrent (enchevêtrement des lignes.), -> sorte de dessin géométrique.
Le dessin géométrique prend le pas sur la géométricité.
Le poète serait-il sur un bateau ?
A partir de la carte, construction du paysage (Rimbaud étant allé à Londres, -> carte pour visiter)
"Ponts chargés de masures"-> Moyen Age, anciens ponts (Paris, jusqu'au XVIIe siècle).
-> Inspiration d'une gravure (peut-être reproduite dans le plan de la ville).
"longs et légers", "frêles parapets" ponts presque aériens, abaissant les rives ; ponts en train d'élever le paysage. Vision de plus en plus complexe, évolution du paysage, animation.
Rédaction en prose : souplesse, fluidité. -> superposition des visions.
Ce qui est donné à voir est finalement un spectacle dans lequel la musique a une réelle importance.


II) Le spectacle, comédie fugitive.

2.1) Des accords musicaux

C'est une transition musicale.
Tableau -> musique, mouvement -> spectacle.
Rimbaud joue sur les métaphores et la polysémie.
Correspondance musicale entre le dessin et la musique (vue / ouïe)
-> Voir Baudelaire, "Correspondance", p243.
Ponts : ce qui relie les berges, les accordent.
Accords : relations, raccordement.
Réseau lexical de la musique.
"Cordes" : Câbles soutenant les ponts.
          Instruments à cordes.
"On distingue" -> On voit ? On entend ?
Le poète joue sur plusieurs tableaux à la fois.

2.2) La parade

Titre d'un autre poème des "Illuminations". Vision d'une parade, d'une fanfare costumée (veste rouge, allusion à d'autres costumes) dont on ne distingue que des touches de couleur, cortège bariolé.
Il est souvent question dans les "Illuminations" de fanfares, de parades, où les sensations visuelles et auditives sont mêlées. Rimbaud invite le lecteur, et dérobe la perception ; il introduit le doute. Il fait rentrer dans son jeu le lecteur, invité à cet étrange spectacle.

2.3) Le rayon blanc

Le rideau de lumière tombe, éclaire l'atmosphère. -> Le brouillard disparaît, qui par ses formes floues permettait à l'imagination de voguer librement.
Chute du texte : "tombe et anéantit".
C'est une dernière phrase de clôture, matérialisée par un tiret, important : il marque une rupture et isole cette chute du texte.
Précision "du haut du ciel" -> peut faire penser à un rayon divin, tombant du ciel comme la foudre.
Le poète nous a fait glisser du tableau,… et nous a guidé.
Figure du poète magicien, qui a des pouvoirs de création divins -> poète démiurge.
Poésie en grec, vient du verbe fabriquer.
Poète : crée un autre univers.
          Porteur de pouvoir de création, mais il ne se prend pas au sérieux. (ébauche de carnaval, pour s'amuser, pour nous inviter à faire pareil)
Comédie : renvoie à la parade (fanfare)
          Renvoie à toute création.
Voir "parade", "Illuminations" (comédie magnétique), "Aube", livre 2nde
"j'ai seul la clé de cette parade sauvage."
Parade avec des maîtres jongleurs.


Conclusion

     Le poème "Les ponts" est représentatif des illuminations. Le poète nous invite à une succession de spectacles, où finalement le monde réel se trouve magnifié, mais aussi brouillé.
     "Cela s'est passé ; je sais aujourd'hui saluer la beauté"




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Merci à Clément qui m'a envoyé cette fiche...