L'AN 2440, REVE S'IL N'EN FUT JAMAIS

Chapitre VI





INTRODUCTION

 Le texte est un extrait de l'œuvre de L.S. Mercier (1740-1814), un des auteurs les plus fécond de son temps, en particulier dans le domaine du drame réaliste. Considéré comme préromantique par certains aspects, il découvre avant Chateaubriand la poésie des ruines et se fait le pittoresque conteur de la vie parisienne des années 1780. L'An 2440, Rêve s'il n'en fut jamais, publié en 1770, est le premier roman d'anticipation moderne. A travers cette fiction futuriste, l'auteur développe son rêve philosophique et politique : après 7 siècles de sommeil, il se réveille et découvre grâce à son guide un monde de sagesse et de raison.



LECTURE


ANNONCE DES AXES

I- Une position critique du narrateur
II- La satire des mœurs du XVIIIe
III- Une nouvelle définition de l'honneur


ETUDE

I- UNE POSITION CRITIQUE DU NARRATEUR

Dans un 1er temps, l'organisation du récit permet de voir qu'on a une position critique du narrateur quant à ce qu'il voit.

à alliance de deux termes contradictoires = but : attirer l'attention : sous-entendu : les hommes du XVIIIe étaient esclaves ("livrée ") de leur soif de paraître ("orgueil ")

TRANSITION

Comment se développe cette critique ?


II- UNE SATIRE DES MŒURS DU XVIIIe

En apparence le texte décrit la situation en 2440, mais en fait comme le point de référence reste le XVIIIe, la description de l'an 2440 permet de dénoncer ce qui n'existe pas à l'époque de Mercier. La critique se fait en trois points :


1. l.10 à l.15 : Critique du culte des apparences chez les nobles Cf. lexique : "habit magnifique ", "riche ameublement ", "protecteur ", "admirateur"
  -> univers superficiel, ostentatoire qu'est la cour.
En //, est proposé implicitement un autre système de valeurs, basé sur une conduite digne d'estime, une valeur réelle : lexique antithétique : "excellé dans son art ", "mérite ", "actions ", "récompense qu'elles méritent ".
  -> Insistance sur le fait que cet étalage n'a rien de réel. cf. l.6, l.23, l.25

2. l.15 à l.18 : Critique de l'esprit de concurrence à la cour

Phrase : antiphrase / situation de la cour au XVIIIe, puisqu'il y règne en permanence des intrigues et des luttes pour le pouvoir.

3. l.18 à fin : Critique du monarque

Cf. les termes désignant la proximité du Roi à son peuple dans le monde utopique de Mercier. souligné en mauve l.18-19, l.28-29 = idée d'un contact direct avec le peuple qui n'existe évidemment pas au XVIIIe.
De même, dans l'utopie se dessine l'image d'un monarque éclairé (guidé par la raison de philosophes) = c'est l'exact inverse de la monarchie absolue en France au XVIIIe. cf. champ lexical souligné en vert l.19-22

TRANSITION

Mercier fait ici l'éloge d'une nouvelle classe sociale cultivée et entreprenante qui veut fonder la réussite non pas sur les privilèges mais sur le travail et le mérite personnel. D'où le fait d'être une critique, le texte propose également une réflexion sur l'honneur.


III- UNE CONCEPTION NOUVELLE DE L'HONNEUR

Polysémie du mot "noblesse " l.36

Opposition entre

Cette idée du mérite personnel s'inscrit dans une réflexion plus large et très nouvelle à l'époque = la notion de citoyenneté (idée que l'homme n'est plus seulement un sujet du Roi, mais un citoyen qui participe activement à la vie de la Nation). Champ lexical de la citoyenneté, souligné en rouge
La distinction désormais n'est plus un privilège qui serait accordé aux nobles, mais c'est la reconnaissance d'un mérite qui est quelque chose de stimulant pour le peuple. cf. l.35-36 "L'homme n'est pas assez parfait pour faire le bien, pour le seul honneur d'avoir bien fait. "




CONCLUSION

Sous couvert d'un monde utopique, Mercier nous livre ici une critique très vive des mœurs du XVIIIe, tout en proposant une réflexion nouvelle sur la notion du mérite personnel. C'est un discours qui s'inscrit dans la lignée des philosophes de l'époque et tout particulièrement de Rousseau.
L'utopie est un mode d'expression littéraire original très pratiqué par les philosophes de l'époque (voir ce qu'ont fait Voltaire dans Candide et Marivaux dans L'Ile des Esclaves).


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Merci à Anne-Laure qui m'a envoyé cette fiche...