Le paysan et son heureuse femme
Il était une fois deux vieux paysans, le mari et la femme, qui vivaient dans une petite
maison tout près du fleuve. Ils s'aimaient beaucoup et tout ce que l'un deux faisait
pour l'autre était bien fait. Le mari se rendait chaque jour au marché pour vendre les
fruits et les légumes de leur petit jardin en les transportant sur une vieille charrette.
Un jour, ayant rencontré sur la route qui battait son pauvre âne avec un bâton, le paysan
proposa de l'acheter et donna à l'homme la moitié de son chargement de fruits et de
légumes. Un peu plus loin, le paysan rencontra une femme qui traînait par le cou une
pauvre oie à moitié déplumée. Il proposa également d'acheter la pauvre bête. La
femme accepta en échange d'un énorme panier de pêches. Il n'était pas encore
arrivé à la ville que sur la charrette s'ajoutèrent à l'oie déplumée un lapin boiteux
et un chien en muselière obtenus en échange des derniers abricots mûrs. Enfin,
le paysan rencontra un jeune garçon qui vidait dans un fossé un sac de pommes
flétries"Ne les jette pas l'exhorta-t-il, elles sont encore bonnes" "Prends-les donc"
lui répondit le jeune irrespectueux en lui jetant le sac à moitié plein et en s'en allant.
Le vieux paysan se pencha pour ramasser les pommes. Alors qu'il ramassait les
dernières, il entendit des voix derrière lui,"Regarder comme ils sont laids ces animaux"
"Quelle récolte d'avortons tu emmènes avec toi, mon ami" " Tu ne veux pas les vendre
au marché, j'espère" " Non, messieurs, répondit courtoisement le paysan aux riches
marchands qui le raillaient. C'est mon gain de la journée et je les reconduit à la maison."
"Tu as fait une bonne affaire, ta femme te maudira", se moquaient-ils, mais lui,
imperturbable," ma femme est toujours fière de ce que je fais et m'approuvera"
"Si elle le fait, on te donnera cent écus chacun" dirent les marchands et ils se
dirigèrent avec le paysan vers sa demeure. " Regarde, femme, ce que j'ai reçu en
échange de nos fruits et légumes" dit le paysan en embrassant sa femme. " Quelle
merveille répondit-elle heureuse, un âne pour nous aider aux champs, une oie qui
nous donnera des oeufs, un chien et un lapin qui nous tiendront compagnie. Ce
sac de pommes nous servira de nourriture et je pourrai faire une belle tarte à tes
invités". Les étrangers qui assistaient à toute la scène durent reconnaître qu'ils avaient
perdu et remirent au paysan cent écus d'or chacun comme ils avaient promis. Le
paysan et sa femme vécurent pendant longtemps avec leurs animaux et, grâce aux
écus qu'ils avaient reçus, ils purent en sauver beaucoup d'autres de la méchanceté
humaine.