FESTIVAL DU FILM DE PARIS

Pour continuer dans la lancée de notre tour des festivals français de cinéma, nous avons souhaité aller faire un tour du côté de celui de notre chère capitale. Le festival international du film de Paris s'est ouvert cette année le 27 mars dernier au Gaumont Marignan sur les Champs-Elysées. Le festival ayant augmentée sa capacité d'accueil, c'est désormais tout le Gaumont qui se consacre à la diffusion des films du festival. Cette année, le festival s'est associé à la ville de Los Angeles et à pour l'occasion, demandé à Faye Dunaway de présider le jury. A ses côtés, Michèle Laroque, comédienne ; Danièle Thompson, réalisatrice et scénariste ; Noëlle Chatelet, écrivain ; André Bercoff, journaliste ; Philippe Carcassonne, producteur ; Gérard Gros, directeur de Metrobus ; Eric Serra, compositeur ; et Erick Zonca, réalisateur. Un jury assez éclectique qui pourra noter en toutes connaissances de cause. Le festival nous propose une sélection de 70 longs métrages et d'une cinquantaine de courts.

La présidente du jury a remis le grand prix de la compétition officielle au film chinois Suzhou River, film apatride, réalisé sur deux années grâce à un producteur français. L'actrice du film, Zhou Xun, a remporté également le prix d'interprétation, tandis que le prix du meilleur acteur allait à Billy Crudup, pour sa performance dans Jesus'son. Le prix spécial du jury a été décerné au film français André le magnifique de Emmanuel Silvestre et Thibault Staib. Le public a également décerné son prix, via les votes organisés à la fin de chaque projection, et c'est le film australien de Nadia Tass, Amy qui l'a emporté. Prix de la presse pour The dream catcher de Ed Radke, quant au meilleur court-métrage, c'est La part d'ombre d'Yvon Marciano qui a été choisie.

Hormis la compétition officielle, on peut assister à des débats avec de jeunes talents (Sylvie Verheyde, Emma DeCaunes, Marion Cotillard, Guillaume Canet…) ; à des conférences sur les métiers du cinéma (Chef opérateur avec Agnès Godard ; Chef Monteuse avec Monique Fardoulis, etc…). Bien entendu, hors compétition, on peut également se délecter d'une sélection de films issus du jeune cinéma espagnol, ainsi qu'une sélection de films dit 'coup de chapeau' avec entre autre JFK, Rien sur Robert, Ceux qui m'aiment prendront le train, Kennedy et moi, Les Aventuriers … En partenariat avec le magazine Teknikart, le festival propose également une sélection de films décalés. Et lorsque l'on est vraiment quelqu'un de célèbre, on peut assister aux avant-premières, dont la plus attendue : celle du nouveau Martin Scorcese, A tombeau ouvert.

J'aurais malheureusement un coup de gueule personnel à pousser contre ce festival. En effet, après lecture de nombreux hebdomadaires (supplément Paris de Télérama, Pariscope) et du programme officiel du festival, j'avais la ferme intention d'assister à l'avant-première du dernier Scorcese. C'est dans l'attente d'un bain de foule que je me présente au festival, une heure largement avant la séance, muni de l'accréditation d'un ami producteur ayant un film en compétition, supposant qu'ainsi j'aurais plus de chance pour accéder au film. Effectivement, ce pass me permet de traverser les premiers barrages et d'accéder aux portes de la salle. Là, je suis surpris de voir beaucoup de gens brandissant un carton d'invitation pour pénétrer dans la salle. Et comme je ne m'appelle ni Agnès Varda, ni Carla Bruni et que cette dernière était déjà accompagnée, je n'ai pas pu rentrer voir le film. Ce n'est pas faute d'avoir essayé, mais même ma tentative de séduction de la jolie attachée de presse du distributeur du film n'a pas fonctionné ! Dans un registre un peu différent, j'ai également été intrigué et attiré par certaines conférences dont celle de la délégation américaine. Et là je me retrouve dans une salle énorme remplie de 'fans' en folie, courant à droite à gauche histoire d'obtenir un autographe… Sur la scène, trois américains, les comédiens Christian Slater et Adrian Paul accompagné par Irvin Kershner, réalisateur de L'Empire contre-attaque. Personnages à priori ayant beaucoup de choses intéressantes à apporter si ce n'est qu'ils avaient à peine vingt minutes chacun pour s'exprimer et que les questions posées étaient grandement sans intérêt. En effet, aucun meneur de débat, juste les questions du public. Je n'ose imaginer la première partie de cette rencontre qui avait accueilli en début de festival Oliver Stone, Faye Dunaway, Rosanna Arquette. Une conférence à la Sorbonne avec cette même délégation, mais uniquement sur invitation, devait être plus productive et instructive, les débats étant menés par deux maîtres de conférences de la section cinéma de l'université de Paris III. C'est donc cette manière peu constructive d'exposer des célébrités au public, dans un esprit purement People digne des journaux Gala et Paris Match, qui m'a franchement gêné et déçu ! Le festival de Paris veut se donner une image d'une grandeur proche de celle de Cannes. Malheureusement, il est loin, déjà par quelques lacunes dans leur logistique, et par un petit manque de respect de leur public ainsi que par une sélection officielle très intéressante mais qui ne peut rivaliser avec la sélection cannoise.

Malgré la capacité d'accueil augmentée, le Gaumont n'est pas adapté pour un tel événement. Ce lieu, hormis les salles, se résume à un grand hall qui est beaucoup trop restreint pour accueillir la seconde vie du festival qui s'est donc exporté à la Terrasse Martini, un peu plus loin sur les Champs-Elysées, lieu accessible uniquement aux invités, à la presse et aux professionnels du cinéma. En conclusion, si vous allez dans un festival dans l'unique but de pouvoir assister à des projections de films, n'hésiter pas, les tarifs sont attractifs, les films nombreux et plusieurs fois projetés. Si vous allez dans les festivals comme moi, pour bien sûr regarder des films mais également pour vous faire de nombreux contacts dans la profession, laissez tomber ce festival.

Simon Chancerel

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