LA LIGNE VERTE

La ligne de conduite

Décidément, Frank Darabont aime Stephen King. Après avoir adapté, il y a quatre ans, la brève nouvelle Les Evadés, voilà qu'il réitère l'expérience avec le roman feuilleton La Ligne verte du même auteur. Et bien que la recette soit identique, force est de constater, que cette fois-ci, le résultat s'avère moins enthousiasmant. Reconnaissons que les deux films procurent quelques émotions fortes et que dans son dernier film, Darabont soulève quelques problèmes métaphysiques, liés à la mort et à l'éternité, mais cela reste peu abouti. En comparant les films, au risque de paraître didactique, on s'aperçoit que le cinéaste raconte la même histoire avec quelques variantes pour camoufler ce pseudo-remake. On pourrait rejeter la faute sur Stephen King mais cela serait un autre débat.

Ainsi, dans Les Evadés et dans La Ligne verte, très longs métrages campés dans l'univers carcéral, on retrouve des personnages similaires, manichéens comme l'innocent accusé à tort de double meurtre et condamné à une peine maximale (perpétuité ou la mort) qui, après avoir été plus ou moins méprisé pour son acte, finit par gagner le respect de la collectivité grâce à ses compétences mises au service du bien. Quant au vrai coupable, démasqué mais pas forcément puni, il jouit d'un statut d'être immonde, totalement immoral.

L'évasion dans Les Evadés s'effectue par l'intermédiaire d'un tunnel et dans La Ligne verte, c'est la chaise électrique qui donne le salut au prisonnier. Précisons que pour aller s'installer sur les genoux de la “Veuve Courant”, le condamné doit traverser un couloir, soit un tunnel (et lorsque l'on passe de l'état de vie à celui de mort, l'imaginaire veut que l'on visualise un tunnel, éthéré, non tangible, mais qui reste un tunnel).

Ajoutons dans cette liste que les deux protagonistes principaux, de couleur différente, se lient d'amitié. Et sur un plan plus formel, Frank Darabont utilise le même principe de construction : récit en flash-back avec introduction du narrateur en voix off. La seule grande différence réside dans le caractère fantastique de La Ligne verte.

Si La Ligne verte semble plus pauvre, cela vient peut-être d'une mise en scène trop proche du roman. La nature de la source d'inspiration en est certainement la cause : la nouvelle Les Evadés, très succincte, offre juste une trame de récit obligeant ainsi le cinéaste à être plus créatif. Enfin, espérons que pour son prochain film, Darabont renouvelle sa thématique : à trop valoir resservir le même plat sous le prétexte douteux de la délectation... Gare à l'indigestion!

Cécile Petit

La Ligne verte (The Green Mile). Réal: Frank Darabont. Scen: Frank Darabont. Mus: Thomas Newman. Prod: David Valdes, Frank Darabont. Int: Tom Hanks, David Morse, Michael Clarke Duncan, Doug Hutchison...

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