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L'église, l'hôtel-Dieu et le cimetière

Historique de l'église

L'église actuelle, qui très probablement fait suite à un édifice plus simple de première création, fut placée sous le vocable de Notre-Dame ; elle a été le siège d'un prieuré cure de l'ordre de Saint Augustin. Ce prieuré, desservi par des membres du clergé régulier, fut donné par Guillaume de Champagne, archevêque de Sens, à Garmond, sixième abbé de Saint-Jean de-Sens. La donation en fut confirmée par le pape Alexandre III en 1180. Elle a valu au supérieur d'être en toute la suite des temps à la nomination de l'archevêque (abbé de Saint-jean-les-Sens).

Ladite église fut édifiée par les soins de Philippe le Hardi, de 1270 à 1285, suivant le style roman pour le portail et le sanctuaire, et continuée par le style ogival pour le reste de l'édifice. Ce qui laisse supposer que, si le monument est remarquable dans ses détails, c'est qu'on a mis le temps et les ressources nécessaires pour le rendre complet.

Louis XI attiré dans le Gâtinais, selon les apparences, par les charmes de la belle Louise L'Huillier de la Motte d'Égry, vint fréquemment dans le village de ce nom, de 1466 à 1480. Ce fut pour lui un motif de venir habiter son château de Boiscommun. C'est au cours de l'un de ses séjours qu'il releva et dota la chapelle Saint-Louis de création antérieure, mais qui avait servi de sanctuaire à la châsse de Saint Pipe de 1429 au 6 novembre 1462.

Saint Pipe était vénéré à l'église de Beaune jusqu'à l'incendie de ladite église en 1429 par les Anglais. Les reliques, sauvées par miracle des décombres et transférées à Notre-Dame de Boiscommun, attirèrent un afflux de pèlerins considérable; plus de 10 000 dit la chronique à chaque pèlerinage. Cela fit la fortune de Guillaume Boucher dit Testenoire, le chapelain de Boiscommun, et en même temps des habitants (hôteliers en particulier). Par contre, en 1450, Maurice de Fauquembergues, curé de Beaune, meurt dans la misère, sans même un lit, n'ayant que son bréviaire comme fortune, précise le doyen du Gâtinais.

C'est pourquoi Boiscommun ne rendit les reliques à Beaune que contraint et forcé ; la poule aux oeufs d'or étant partie, il s'ensuivit une querelle de clochers qui dura cinq siècles. Louis XI releva la chapelle Saint-Louis pour compenser la désillusion causée par le départ de saint Pipe. Il dota le chapelain de 200 livres de revenus, à charge pour celui-ci de dire une messe pour le roi tous les premier vendredi du mois, accompagnée de soixante coups de cloches. L'église elle-même ne fut consacrée à nouveau, sans doute vu les modifications apportées, que le 3 août 1516, parjean de Médine, délégué de l'archevêque de Sens, Tristan de Salazard, frère de Galéas, seigneur de Laas.
Le jour de la consécration de l'église, l'officiant jean de Médine, évêque de Sienne, mit des reliques dans le creux de l'autel. Elles furent exhumées en avril 1623, et l'on trouva avec elles un certificat en latin dont voici la traduction.


L'An du Seigneur quinze cent seize, le dimanche troisième jour d'août, moi, Jean de Médine, évêque de Sienne et pour les fonctions épiscopales, suffrageant de notre Révérendissime Père en Dieu, Monseigneur Tristan de Salazard archevêque de Sens, sur l'ordre de mon dit Révérendissime archevêque, j'ai consacré l'église de Boiscommun, et cet autel en l'honneur de la glorieuse vierge Marie, et j'ai ici renfermé des reliques du Bienheureux Lyé martyr, octroyant, dans la forme recoutumée à l'Église aujourd'hui même, une année de vraie indulgence à chacun des fidèles du Christ et du jour anniversaire de cette consécration; quarante jours à ceux qui visiteront seulement cette église. J'ai signé De Médine évêque de Sienne.

Les notabilités de la ville et des environs, et ce jusqu'à la Révolution de 1789, se firent inhumer dans l'église; d'après les registres paroissiaux, plus de deux cents en deux siècles ; les dalles funéraires garnissaient presque entièrement le sol de l'église.

Le mercredi 10 avril 1619 furent bénies deux cloches, l'une nommée Marie destinée à l'église, l'autre appelée Lazare pour la chapelle du cimetière. Le 28 mai 1708, fut bénie la cloche Marie pour la chapelle Saint-Étienne de l'Hôtel-Dieu. Actuellement l'église possède 5 cloches, 3 au lanterneau pour l'horloge (et 2 pour les sonneries religieuses dont une grosse baptisée en 1849 avec pour marraine madame d'Illiers des Radrets, née Thaïs Pélerin, et une petite refondue en 1952 qui fut offerte par des habitants de Boiscommun et eut pour marraine Mlle Louise Juranville).

Le 8 septembre 1728, Madame la duchesse d'Épernon et son mari vinrent visiter l'église et signèrent le registre paroissial.


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