Les tribulations d'un aquariophile en Guyane

Par Olivier REILHES (CAB 31)

Olivier tout comme un "Papillon" ou un capitaine Dreyfus est parti en Guyane mais lui c'est avec un grand plaisir . Revenu dans la région Midi-Pyrénées les balades virtuelles l'ont amené à s'inscrire au cab 31 . Au cours d'une des réunions du club il nous a fait une superbe présentation audiovisuellede son séjour en Guyane. Ce soir là les Astronautus du club ont réentendu les singes hurleurs , ambiance de la jungle... Il a accepté de faire ici un résumé de sa présentation .Merci et bravo Olivier ! RM

 

 

Que d'eau !

Olivier l'aventurier !

 

Difficile d'exprimer ce que l'on peut ressentir quand on est un aquariophile averti et qu'on apprend qu'on part pour 2 ans travailler en Guyane….A l'époque (en Avril 1999), ca devait ressembler à quelque chose comme " OUAAAAAOUAAAAAOUAHHHH ! ! ! ! ! ". Finis les quelques conchylicoles et autres Cyprichromis (que je reprendrai quand même comme pensionnaires à mon retour), quelques T shirts et épuisettes dans une malle et c'était parti pour l'aventure. Au programme, il était prévu de prendre un poste à la Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales de la Guyane, pour assurer une partie du contrôle sanitaire des eaux avec notamment la surveillance sanitaire des sites isolés en forêt …. Les mots étaient lâchés : EAUX et FORET.

 

Au début bien sûr, il faut apprendre les gestes de base : construire un carbet (abris de fortune pour passer la nuit), faire du feu, piloter une coque alu, être attentif et surtout vaincre ses phobies. Mais le résultat est vite là et on découvre enfin la magie de la forêt amazonienne et l'indescriptible attirance qu'elle procure, même encore maintenant que je vis à 8000 km de ce merveilleux territoire du bout du monde.

 

 

crique

 

 

De l'eau, encore de l'eau, toujours de l'eau….. Les criques (rivières en langage local) se suivent mais ne se ressemblent pas forcement. Une constance : l'eau y est acide, très douce et de teinte légèrement brunâtre à presque noire, phénomène lié à la décomposition permanente de matières organiques produites par l'imposante biomasse forestière omniprésente.

 

 

Par endroits, on trouvera une petite crique où l'eau presque transparente nous fait découvrir un joli fond sableux parsemé de pieds d'Echinodorus et où se promènent quelques Nannacara accompagnés de l'incontournable banc de characidés (les yayas). Cette crique fait le bonheur de l'aquariophile mais ce dernier devra être plus qu'adroit pour faire profiter son aquarium de toutes les merveilles qui se trouvent devant ses yeux.

 

 

Rapidement, la petite crique viendra alimenter une crique plus importante… Au fil de l'eau, la crique s'élargit, elle s'assombrit de plus en plus et le couvert végétal disparaît progressivement. Encore plus loin, elle terminera sa course dans le fleuve où l'eau y est presque noire et les découvertes piscicoles forcément plus aléatoires.

 

Les sauts (ou rapides) sont le domaine de prédilection des loricariidés ; mais leur extrême agilité associée aux nombreuses infractuosités de ce milieu rendent leur capture dans ce contexte quasi impossible (enfin pour moi en tout cas). Sur les zones sableuses de bordure des fleuves, on pourra trouver d'immenses bancs de Corydoras pouvant comporter plusieurs milliers d'individus. Cette observation spectaculaire me fera dorénavant mieux comprendre le précepte bien connu qui veut que " les Corydoras doivent être maintenus en banc " ; mais du coup, elle ne manquera pas de m'interroger sur la notion de banc et de taille minimale d'un bac destiné à ces charmantes petites bêtes.

 

 

 

 

 

Bien sûr, pour découvrir ce milieu hors du commun, inutile de penser à prendre la voiture, les chaises pliantes et la glacière. Le mieux sera la pirogue ou la coque alu pour les grands trajets, et le kayac pour explorer les petites criques plus difficiles d'accès.

Reste enfin à attraper ces petits poissons, objets de tant de convoitises. Ma technique préférée sera l'utilisation d'une épuisette renforcée qu'on balance énergiquement dans les zones herbeuses qui longent les cours d'eau. Parfois, l'utilisation à vue d'une petite épuisette d'aquarium peut s'avérer efficace surtout de nuit, à la frontale, mais cette technique doit être réservée à des pécheurs particulièrement patients (ce fut assez rarement mon cas). Enfin, j'ai pu tester la technique de la pêche à la ligne avec, à mon grand regret, le constat que ce sont toujours les mêmes qui se font attraper : les yayas et les pirayes (les fameux piranhas).

 

Par manque de moyens financiers et vu le peu d'offre que proposais le marché aquariophile guyanais, je décidais de me lancer dans la grande aventure du collage de bac, au grand désespoir de mes colocataires. Après maintes péripéties, le résultat n'était pourtant pas si mal et mon premier bac collé voyait le jour : un bac de 120*60*40 avec décantation maison en plexiglas. Le plus dur était fait !

 

Quelle joie d'aller à la crique du coin, épuisette à l'épaule, comme d'autres vont au magasin d'aquariophilie d'à côté. Un bon coup d'épuisette et c'est pas moins de 20 yayas d'un coup qui finissent dans le seau (Hemigrammus ocellifer, Moenkhausia oligolepis, Pseudopristella simulata…). Quand on en a une cinquantaine, on rentre à la maison (à 2 euros pièce en métropole, l'affaire est vite intéressante). J'y rajoutais par la suite quelques splendides killis (Rivulus geayi) et 4 ou 5 Nannacara aureocephalus qui, bien que moins colorés que leurs cousins N. annomala, sont tout de même très attrayants. Le bac fut tout aussi rapidement planté : Cabombas, élodées et Echinodorus ne manquent pas et la cueillette peut se révéler aussi passionnante que la pêche

 

 

Mais pour moi, grand amateur de cichlidés, ce bac était trop " gentil ". J'ai finalement réussi à me procurer un couple de Heros appendiculatus pêché dans le bassin de la Comté. Ces poissons sont superbes et font parfois penser, de part les nombreuses lignes turquoises qui leurs agrémentent la tête et les flancs, à nos bons vieux discus. Mais, le caractère en est bien différent et l'animation tant attendue fut vite au rendez vous : les yayas étaient tous mangés ! !

 

Cet incident, qui aurait pu être perçu comme une catastrophe sans précédent par tout aquariophile qui se respecte n'en fut finalement pas une. Car c'était sans compter en mon coup d'épuisette qui s'améliorait de mois en mois et qui, au final, alimentera mes cichlidés pendant près d'un an à raison d'une cinquantaine de yayas par mois (auxquels je rajoutais des paillettes comme complément alimentaire).

 

Ces poissons furent accompagnés de ceux qui resteront mes favoris : un superbe couple de satanoperca sp " red lips ", pêchés eux aussi dans la Comté et qui me raviront de leur comportement paisible de " mangeur de sable " et de leurs somptueuses couleurs irisées.

 

Bref, un aquarium pas si mal réussi, dans un contexte où l'aquariophile est quand même bien servi par Dame Nature.

 Salut !

Photos et texte d'Olivier REILHES

 

reilhes@caramail.com

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La Guyane : aperçu géographique


Pour compléter le récit d'Olivier quelques notions géographiques pour mieux découvrir le plus grand département français !

La Guyane est située entre le 2e et le 5e degré de latitude nord, au nord-est de l'Amérique du Sud, à environ 7000 km de la France. Avec 91 000 km2, la Guyane est le plus grand département français.

Au nord-ouest, le fleuve Maroni définit la frontière naturelle avec le Surinam, et au sud-est l'Oyapock celle avec le Brésil. Au sud, la limite est déterminée par les monts Tumuc-Humac.

Le climat équatorial de la Guyane est considérablement tempéré par les alizés. Le taux d'humidité relative est supérieur à 80%. La température diurne oscille entre 25° et 32°, la nuit elle peut descendre à 18°. Les saisons sont marquées par le niveau des précipitations :

" d'avril à juillet : une grande saison des pluies,

" de mi-juillet à mi-novembre : une grande saison sèche,

" de mi-novembre à février : une petite saison des pluies,

" une petite saison sèche appelée 'petit été de mars'.

Trois ensembles géographiques :

La côte : la Guyane subit les effets d'un puissant courant marin. Les fleuves déversent une quantité colossale d'alluvions à leur embouchure. Il en résulte que l'océan est trouble à plusieurs kilomètres de la côte empêchant le développement d'une activité balnéaire. Lorsque l'envasement du littoral est plus important, les palétuviers se développent, donnant naissance à la mangrove.

Les Terres Basses : elles représentent la frange littorale, soit environ 6% du territoire. On y rencontre, suivant l'altitude, les marécages, les savanes ou les massifs forestiers.

Les Terres Hautes : c'est le domaine de la forêt primaire équatoriale qui couvre 94% du territoire. Le sol, latéritique, est pauvre et peu propice à l'agriculture.

Le réseau hydrographique :

Des dizaines de fleuves, rivières et criques sillonnent ce territoire amazonien. Les principaux sont : le Maroni (520 km), la Mana (430 km avec 99 sauts), l'Iracoubo, le Sinnamary (avec un grand barrage hydroélectrique), le Kourou, la rivière de Cayenne, le Mahury, l'Approuague, l'Oyapock.

La Population :

Les 150 000 habitants de la Guyane se trouvent essentiellement sur le littoral formant ainsi les villes les plus importantes : Cayenne (30 000 hab), Kourou (20 000), mais aussi Rémire-Montjoly, Sinnamary et Saint-Laurent.

R MARCEL

En savoir plus ( Bon site sur les poissons de Guyane)

 

 

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