Pygocentrus nattereri: le fameux piranha.

Le piranha est un poisson carnivore grégaire potentiellement dangereux dans certains cas ou timide dans d'autres... A ne pas confondre avec par exemple le Metynnis argenteus un proche cousin mais herbivore qu'il convient de considérer comme tel. Ce poisson a suscité bien des commentaires...

 

 

A Aliotis ,le superbe Aquarium de Sologne dont il faudra que je vous parle un jour un banc de 1200 piranhas adultes capte les regards des visiteurs. Des photos montrent une expérience réalisée quelque temps auparavant :un mouton mort entier a été jeté dans le bac ...en quelques instants c'est un assaut frénétique. Demi-heure après...le squelette est propre ! ! ! A Aliotis également un plongeur vêtu d'une combinaison en cotte de maille descend deux fois par jour dans le bac géant de ces derniers, avec un gros brochet ou un lapin à la main. Spectacle impressionnant et terrifiant...

P nattereri au cab

Et pourtant il s'agit bien de la même espèce maintenue au club si calme chez nous en tout petit groupe dans un bac de 300-400 litres( bac sans gros courant planté de mousse de java, riccia...)D'après certaines expériences il semblerait que l'agressivité intraspécifique augmente également si les poissons sont maintenus dans un aquarium où les nitrates s'accumulent en grandes proportions ce qui expliquerait la voracité de l'espèce dans la nature en période sèche. Des changements d'eau fréquents apaiseraient les mœurs prédatrices du Piranha. Lorsque qu'il est affamé et en groupe, il attaque tout ce qui vit et le déchiquette en quelques minutes.

La ponte, pas très souvent obtenue en captivité, se déroule parmi les plantes et généralement le matin. L'eau doit avoir un pH voisin de la neutralité et une dureté assez faible. De 1000 à 1500 œufs sont déposés dans des cuvettes creusées dans le gravier. Le mâle défend le frai et durant 24 heures la femelle participe à la défense, après quoi elle est chassée par le mâle. Les œufs éclosent au bout de 4 jours d'incubation. Les jeunes nagent librement au bout de 4 à 5 jours après la résorption du sac vitellin ensuite, il seront nourris avec des nauplies d'Artémias. Un renouvellement régulier du quart du volume de l'aquarium est conseillé pour assurer une bonne croissance et éviter l'accumulation de nitrates. Ils consommeront vers l'âge de deux-trois mois, du filet de poisson émietté, des vers hachés.

p nattereri au CAB 

Ils ont besoin d'un bac spacieux de 300-400 litres minimum avec un filtre suffisant mais sans gros courant, cela permettra d'héberger 4 ou 5 spécimens. Pour la maintenance de ces poissons l'eau aura un pH compris entre 5.5 et 7.5 avec une dureté modérée. Une végétation abondante et des racines doivent procurer des refuges et composeront le décor. L'alimentation, principalement carnée, est composée de poissons (pas forcément vivants ), évitez le hamburger car dans la nature il ne mange pas du bœuf tous les jours ! L'introduction des doigts dans l'aquarium est déconseillée au moment du nourrissage surtout si vous venez de vous couper en taillant une vitre de couverture... mais en dehors de ce moment là dans des conditions de maintenance correcte on peut plonger les mains dans le bac : je me souviens d'une réunion pendant laquelle notre chère secrétaire du cab m'a demandé de retirer des plantes d'un bac : je l'ai fait tout en bavardant : ce n'est que l'opération finie que je réalisai que Nathalie n'avait pas voulu plonger ses petites mains délicates dans le bac aux piranhas. ..Je laisse la plume ou plutôt le clavier à Jean-Paul qui a bien voulu relater son expérience personnelle de maintenance.

Robert Marcel (2001)

Le piranha : un grand calme avant la tempête.

ORIGINAIRES D'AMAZONIE

Les piranhas font partie de l'ordre des cypriniformes et d'une famille proche des characidés les Serrasalmidés. Il en existe une douzaine d'espèces dont les plus grands peuvent atteindre 60 cm. Mais toutes ces espèces ne sont pas carnivores.

Ils vivent à l'état naturel dans une eau très douce et acide (pH 5,5)

 

DES PREDATEURS FEROCES

On les retrouve souvent en bancs de quelques dizaines à quelques milliers d'individus, de même taille, nageant dans la même direction. S'ils sont craintifs de nature, en grand nombre ils se sentent invulnérables. La faim aidant, ils s¹attaquent à toutes sortes de proies, si grandes soient-elles : poisson, oiseau, reptile, mammifère. Leur réputation de prédateur et de cannibale n'est plus à faire. Tout mouvement d¹eau sera interprété comme une proie potentielle et ils n'hésiteront pas à attaquer. Ils se précipitent et leurs mâchoires puissantes pourvues d¹une rangée de dents triangulaires, pointues et tranchantes ont vite fait déchiqueté leur repas. Ils n'hésitent pas à tuer et manger l'un des leurs s'ils le sentent malade, blessé ou fragilisé. D'un odorat très développé, la moindre goutte de sang les affole. S¹ils attaquent un poisson, ils lui coupent d'abord les nageoires caudales pour l'empêcher de fuir. En saison sèche lorsque la nourriture se fait rare ou à la saison des pluies quand les mâles gardent la ponte, leur frénésie est à l'extrême et ils s'entre-tuent pour la nourriture.

 

EN AQUARIUM,

ils supportent l'eau du robinet (pH 7,5) et une température variant de 20 à 27°.

Carnivores et piscivores, ils produisent beaucoup de nitrites auxquels ils sont sensibles. Un bon brassage de l¹eau et un renouvellement régulier leur permettra de vivre dans de bonnes conditions.

Il est préférable de lui donner au moins un compagnon( Ndlr : plutôt plusieurs) dans la mesure où il vit en bancs dans le milieu naturel. Le poisson deviendra d'autant plus grand que son espace sera important( ndlr : ne l'hébergez pas dans un bac minuscule pour ne pas le faire grandir!!!) Si possible, ne pas introduire d¹autres piranhas par la suite car ils se feraient attaquer.

 

IMMOBILISME ET FRENESIE

J'ai maintenu pendant deux ans six piranhas dans un bac de 300 litres. La plupart du temps ils se tenaient cachés sous des pierres ou des feuillages, sans bouger pendant des heures. J'ai longtemps hésité à plonger la main pour nettoyer les vitres, imaginant qu'ils n'attendaient que ça pour la réduire à l'état de squelette. En fait, c'étaient eux les plus craintifs . Si je les touchaient, ils s'enfuyaient dans un mouvement d'affolement.

C'est au moment des repas qu' ils s'agitaient. J'ai essayé divers aliments, le plus souvent c'était des cubes de larves de moustiques congelées. Ils se précipitaient dessus, les gobaient avant même qu¹ils ne dégèlent. Le blanc de poulet les a laissés indifférents: pas assez saignant. Ils préféraient le vivant. Les vers de terre bien gros et gras n'arrivaient pas au sol. Un jour, la chatte de la maison avait laissé pour moitié mort un lézard. Lui aussi a été gobé en un éclair. C¹est à peine croyable ce que peut avaler un piranha. Les guppys, jeunes ou adultes ne faisaient pas long feu, en particulier les mâles à la queue colorée. Une fois le repas avalé, ils regagnaient leur cachette pour s¹immobiliser entre deux eaux.

Par suite d¹un changement d¹aquarium, mes six piranhas sont morts en deux jours. J¹avais dû faire une fausse manœuvre quelque part.

Plus tard, après avoir attrapé le " cichlid-virus " j'ai racheté deux piranhas. Ils me débarrassaient des poissons fragiles, des pontes trop abondantes. Certains cichlidés assez vifs narguaient les piranhas sans qu¹ils ne soient jamais mangés. Quelques personnes disent avoir maintenu des loricaridés avec des piranhas.

Je m'étais laissé dire qu'au contact des piranhas, les poissons malades guérissaient. Certainement, je pensais, le traitement était radical: un coup de mâchoire et plus de bobo! Mais j'ai essayé, en séparant les deux poissons par une grille. Effectivement, certains s'en remettaient, ... mais pas d'autres.

J-P Carme

A voir le site d'Aliotis le superbe aquarium de S ologne qui vaut le détour.