Ce Turc à moustache et aux costumes qui en
jettent est, sans doute, l'homme le plus connu dans
le monde virtuel. Pourtant, Mahir est un être tout
ce qu'il y a de plus réel. Il vit à Izmir, seul et aimerait
se faire des amis. Un jour, il demande à un de ses
copains de lui construire sa page perso et de la
mettre en ligne sur Internet. Des photos : Mahir en
costard, Mahir en pongiste, Mahir en slip de bain
sur la plage, Mahir fixant l'horizon, façon gars
sympatico-romantique, Mahir en chemise à
carreaux, Mahir jouant de l'accordéon, etc. Son
adresse, son numéro de portable et quelques
phrases : " My profession jurnalist, music and
sport teacher, I makepsycolojy doctora. I like to
take foto-camera…
 ". Voilà la home page de Mahir
Cagri. Jusque-là pas quoi attirer les foules. Jusqu'à
la nuit du 3 au 4 novembre 1999. Ce soir-là, un petit
malin pirate le site de Mahir, y ajoute des phrases
choisies : " Qui est vouloir venir Turquie. Je peux
invitationner et elle peut rester mon chez moi
 ". Et
surtout le " I kiss you " qui va faire craquer la
communauté des internautes. Son portable sonne à
tout va. Sa mail-box explose. 500 000 messages en
deux jours ! Deux millions en quinze jours ! ! La
Mahirmania est lancée. Des tee-shirts, des tasses à
café sont imprimés, les images de Mahir sont
détournées : on voit le Man from Izmir en Che, en
Travolta. Les sites-parodies (près d'une centaine)
consacrés à Mahir se développent à la vitesse
grand V. Avec sa homme page, Mahir gagne de
l'argent. Il dit vouloir reverser une partie de ses
gains à de bonnes causes comme la Tchétchénie.
Aujourd'hui, il est sollicité par le monde entier pour
répondre à des interviews et signer des
autographes. Il a entamé un Mahir Tour qui l'a
conduit à New York, Los Angeles, San Francisco.
Aux dernières nouvelles, les groupies se pressent
pour le voir, le toucher et, qui sait, obtenir un petit
bisou (et plus si affinités).
Laure Malet

Mahir: I kiss you
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