Comité Cambodgien de Vigilance
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FORUM DU CCVParis le 20 Décembre 1997THÈME : Cambodge, après le Coup dÉtat des 5 et 6 Juillet, quelles élections ?Compte-rendu de la réunion
I - INTRODUCTION par le CCVSouhaitant la bienvenue aux participants et intervenants, le Président du CCV leur indique les objectifs des colloques et forums annuels du CCV. Pour la réunion présente, constatant les difficultés pour obtenir les élections libres et équitables, il suggère de réfléchir également sur un éventuel gouvernement transitoire neutre pour le Cambodge. En guise dintroduction, Ros Lida, Secrétaire Générale Adjointe du CCV brosse un tableau général sur lenvironnement et létat de préparation des prochaines élections, notamment à partir des trois volets : juridique (institutions, lois, organes dÉtat ....), instruments du pouvoir (armée, police, justice, administration territoriale...), et contrepoids démocratique ( média, organisations sociales, organisations locale et internationale de défense des Droits de lHomme dont le LICADHO, le Centre des Nations Unies pour les Droits de lHomme et lAmnesty International ...). Elle fait également une étude comparative entre la situation actuelle et celle qui prévalait au temps de lAPRONUC. Et de son étude, elle tire les conclusions suivantes :
II - EXPOSES DES INTERVENANTS (résumés)II.1 M. TRANCHARD But (PDLB)Thème traité : Environnement électoral" En premier, dit-il, les élections libres et équitables ne peuvent avoir lieu que dans un État de droit. Or lÉtat sous M. Hun Sen nest pas un État de droit : usage des armes et de la violence, impunité des criminels, mafia et drogue, trafics en tout genre et destruction du patrimoine, problèmes sociaux et SIDA ..... Le Royaume du Cambodge ne sera dailleurs jamais un État de droit car M. Hun Sen vit de la situation de non droit. " " Lenvironnement électoral est très sombre. La délégation PDLB du TAT (Technical Advance Team de lUDC) a visité cinq provinces et a rapporté des témoignages très pessimistes : les antennes provinciales du PDLB ont été forcées de démonter leurs enseignes depuis le Coup dÉtat. Les sympathisants et militants ont été sommés de répondre par écrit à trois questions :
Dans ces conditions, il y a peu despoir davoir un environnement électoral valable. La bonne solution réside dans le recours au Roi pour quil accepte dassumer la charge du pays et dêtre le Président de la Commission Électorale, mais jusquici le Roi refuse. Cependant le PDLB persiste à demander à Sa Majesté le Roi de dissoudre le Gouvernement et de former un Gouvernement dunion nationale en vue de préparer des élections libres. Cela est conforme à lAccord de Paris, aux intérêts des puissances dans leurs relations transnationales pour aider le Cambodge. Il en est de même que de par la Constitution, le Roi étant le garant de lunité nationale, de lindépendance du Royaume et de la démocratie. " II.2 M. CHEA Sophoan (Funcinpec)M. Chea Sophoan est basé à Bangkok et a été mandaté par son parti pour intervenir. Y participe également M. UK Vithun, juriste et ancien Secrétaire dÉtat à la Justice. Thème traité : Évolution de la situation depuis le Coup dÉtat et activités diplomatiques de lUDC" Le Cambodge a reçu beaucoup daides internationales pour promouvoir la démocratie, la liberté, les droits de lhomme, pour réorganiser ladministration en déliquescence dans le cadre de la préparation des prochaines élections. Hélas, tout cela a été détruit par le Coup dÉtat. Depuis, le Royaume est isolé sur le plan international : siège vacant à lONU, suspension de son entrée dans lASEAN, gel des aides US et australiennes ainsi que du CEE , condamnation sans ambiguïté des institutions internationales telles que le Centre des Nations Unies pour les Droits de lHomme, lAmnesty International, lAssociation Internationale des Parlementaires .... Cela constitue une victoire pour les démocrates cambodgiens. Le Funcinpec fait partie de lUDC et veut des élections démocratiques. Il demande lapplication de lAccord de Paris et une réunion internationale pour résoudre le problème cambodgien. Il demande également au Roi de promouvoir le dialogue voire la négociation. Nous avons proposé un cessez-le-feu mais les troupes de M. Hun Sen sont venues nous attaquer à OSmach. LAssemblé Nationale, le régime actuel, la police, larmée et la justice ne sont plus des institutions étatiques normales. Ce déséquilibre institutionnel au dépens des forces démocratiques requiert dès lors, la présence active de la communauté internationale. Les partis politiques sont disloqués et sont sous les menaces permanentes. Le rapport de TAT est clair : 1- dans lenvironnement actuel, il ny aura pas de justice dans les élections étant donné que la justice, la police et larmée restent sous la coupe dun seul parti. Les droits de lhomme sont bafoués. 2- Pour ce qui est de la loi électorale et de la Commission Électorale, tout émane du PPC. Nous avons proposé de préparer une nouvelle loi en sinspirant de celle de lAPRONUC, mais notre proposition a été rejetée. Il ny a donc pas lieu despérer des élections libres. Nous avons demandé à la Troïka (Indonésie, Thaïlande, Philippines) et aux instances internationales de faire pression pour obtenir des élections correctes. Et à la France, Co-Présidente de la Conférence de Paris, de nous aider à instaurer un État de droit. En ce qui concerne la politique, le Funcinpec travaille à consolider lUDC et fait en sorte que notre charte en 19 points soit couronnée de succès. Et pour conclure, nous demandons à tous les cambodgiens de ne pas baisser les bras. " II.3 M. LIM Bun Sidareth (PNK)Le forum coïncide avec un événement tenant aux entrevues du président du PNK avec M. Hun Sen. Quelques réactions du public ont amené le représentant du PNK à sétendre longuement sur cette situation particulière). Le thème à traiter (perspectives dans les élections à venir) est plus ou moins occulté." A son retour au Cambodge, M. Sam Rainsy a fait une déclaration pour faire cesser la guerre. Elle na que trop durer causant de terribles destructions et ruines. Puis M. Sam Rainsy a mené une série dactivités :
On accuse le Président du PNK de coopérer avec M. Hun Sen. En fait, M. Sam Rainsy travaille avec lUDC, coopère avec Sa Majesté le Roi, participe aux manifestations et défend les syndicats. Il mène une politique auprès du peuple et a le courage de se jeter dans la mêlée (Pralauk). Après la rencontre avec M. Hun Sen il a proclamé quil continuerait de soutenir le Prince Norodom Ranariddh. Dautre part, un certain nombre de députés ainsi que le Roi sont également rentrés au Cambodge. Le peuple, des ouvriers, des soldats ont participé aux manifestations, dit Lim Bun Sidareth. Nous voulons la réconciliation nationale et il le fait. Pour gagner il faut continuer à travailler auprès du peuple. " II.4 M. EA Kuon (PKA)Thème traité : Nécessité de lunion des forces démocratiques" Les élections sont très importantes et nont de sens que dans la liberté, léquité et auxquelles tous les citoyens peuvent participer. Est-ce que ce sera libre et équitable ? Comme a dit M. Tranchard But, NON! Du temps du Prince Norodom Ranariddh, il y avait déjà abus de pouvoir. Après les 5/6 juillet, la situation sest empirée puisque tous les pouvoirs sont entre les mêmes mains. Il y aura des résultats en notre faveur si nous nous unissons pour exiger, réclamer comme nous le faisons avec lUDC. Nous commençons à récolter quelques fruits (ONU, ASEAN, gel des investissements étrangers ...) Les bons résultats ne peuvent être obtenus que dans la dynamique de lunion. Divisés, cest la défaite. La coopération avec Phnom Penh aboutira à la reconnaissance du régime et cest très dommageable. Pour ce qui est de stratégie électorale, nous avons prôné :
La stratégie électorale gagnante est celle de lunion dans le cadre de lUDC. Il faut voir clair. Lenjeu réside sur le choix entre deux groupes : les communistes et les partis de la liberté, de la démocratie et du droit. Enfin, il ne faut pas voir que les élections mais il faut se donner également les moyens et possibilités de gérer la suite." II.5 Amnesty InternationalNe pouvant envoyer à temps un représentant, Amnesty International nous a transmis un texte, lu en réunion et dont nous retenons ci-après les principaux points :
Amnesty International réclame que les auteurs des violences et crimes soient poursuivis et traduits en justice. Il appartient, selon lorganisation , à tous les gouvernements impliqués au Cambodge denvoyer des messages clairs, de faire pression pour remettre le pays sur le chemin du droit (demander au Secrétariat du CCV le texte intégral de lAmnesty International). II.6 M. David ASHLEY (de Londres, ancien consultant du Centre des Nations Unies pour les Droits de lHomme à Phnom Penh)Ayant résidé au Cambodge de 1992 à 1997 et servi dans différents postes notamment avec lAPRONUC, au Ministère des Finances et au Centre des Nations Unies pour les Droits de lHomme, parlant parfaitement le Cambodgien, David Ashley est pris damitié pour ce pays, lobserve et analyse avec sérénité la situation pour en dégager la perspective et une éventuelle solution. Il y a trois problèmes fondamentaux au Cambodge :
VIOLENCE POLITIQUEOn a tué tout au long de ces années. On a tué lors des manifestations. On a tué, exécuté après le Coup dÉtat. A lorigine, il y a la faiblesse insigne des institutions politiques, juridiques, administratives. La police, larmée, le pouvoir judiciaire ... règnent en maîtres. On napplique pas les lois et limpunité des crimes et de la violence encourage à entretenir ce climat de violence. La guerre aussi lentretient. Les politiques saccrochent à tout prix au pouvoir et nentendent le céder à personne. Ils ont donc intérêt à ce que dure cette atmosphère trouble. Ce manque de volonté politique explique la carence du système judiciaire et labsence totale de lesquisse vers lassainissement des institutions. Les pouvoirs du parti, du groupe et des clans sont plus importants que les institutions. La politique et la solidarité du clan sont au dessus des lois. Par ailleurs, les faibles salaires des fonctionnaires donnent prétexte à la corruption et à la perpétuation de linjustice et de linefficacité générale. Pour résoudre le problème, il faut une administration centrale forte, impartiale, juste. Mais ce nest pas possible même au temps du gouvernement bicéphale. Chaque responsable politique cherche à protéger ses troupes et clients pour consolider sa propre position. VIOLENCE GÉNÉRALELe cambodgien vit la violence quotidienne, nourrie et accentuée par ce cadre de violence politique et dinsuffisance institutionnelle. Il lhérite de ces trente années de guerre qui ont détruit à grande échelle des vies, des biens, des ressources naturelles, la morale sociale, la culture et au bout desquelles la vie est perçue comme tenue, ayant peu de prix, méprisable. On assiste ainsi à des meurtres et violences faciles, gratuites et pour peu de choses, par exemple à la suite dune querelle presque bénigne ou dune colère non contenue. La police et larmée dégainent facilement. Limpunité de leur injustice, de leurs bavures ou de leurs affirmations musclées du pouvoir, crée un cercle vicieux de manque de confiance et de justices personnelles. CULTURE SOCIALEPour décrisper cette situation, il faudrait beaucoup de soins et dattention de la part dun État qui donnerait lexemple de droit et de droiture, de sollicitude, de solidarité et damour. Cet État devrait se donner la charge dorienter, déduquer, de former son peuple traumatisé, abattu, de servir de modèle pour lamélioration de la vie et la restauration des valeurs morales et sociales. Il faut toute une politique globale de redressement. Il ny a rien de valable dans cette direction au Cambodge pour la simple raison que tout cela ne répond pas aux intérêts immédiats personnels des dirigeants. CONCLUSIONTous les problèmes du Cambodge viennent de la politique et du manque de volonté politique. M. Thomas Hammaberg, Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies, a dit :
Pour ma part, dit David Ashley, jai quitté le Cambodge quelque peu découragé. Mon opinion est que les prochaines élections ne résoudront pas le problème de la violence au Cambodge, ni la crise cambodgienne. Il ne faut pas placer une confiance excessive dans ces élections. La victoire de Hun Sen ne sera pas non plus une solution. Tout a été décidé davance. Dautre part il serait illusoire de trop sen remettre aux aides internationales. Il y a des problèmes que seuls les cambodgiens eux-mêmes peuvent résoudre. III - ÉCHANGES ET DÉBATSA part quelques questions autour de la position de M. Sam Rainsy vis à vis de M. Hun Sen ( émotions parmi les fervents partisans de lUDC qui craignent la divergence dans la stratégie électorale de lopposition ), lenvironnement électoral, ses conséquences et la prospection dautres voies constituent les préoccupations de lauditoire. Uk Vithun, ancien Secrétaire dÉtat à la Justice, donne son point de vue sur la loi électorale nouvellement adoptée et sur lenvironnement actuel. " Cette loi compte en tout 140 articles que nous ne pouvons pas les rejeter tous en bloc. Il y en a de bons, mais il faut faire attention : il se glisse toujours quelques uns, très discrets, subtils mais nocifs et ça suffit pour faire tout basculer. Par contre elle est taillée à la mesure du gouvernement actuel. La commission électorale dépendra de son Président et qui nommera ce Président ? Il y aura 1100 points fixes de vote plus un certain nombre dautres mobiles. Qui devra et pourra contrôler les opérations dans cette situation ? Trois chefs daccusation "mortels " attendent ceux qui ne collaborent pas avec le pouvoir sur place : Khmer Rouge, détention illégale darmes et relation avec les " forces anarchiques ". Les cambodgiens le savent mais ils vivent sous la terreur. On parle de 40 exécutions à la suite du coup dÉtat mais en fait il y a plus de deux cents disparitions et exécutions. Ainsi ne comptez pas trop pour que les prochaines élections soient " fair and free ". Il faut ensemble nous battre davantage pour une plus grande pression internationale. Vous qui êtes ici, vous pouvez le faire. Vous avez la possibilité de porter plainte contre ces exécutions sommaires, ces crimes contre lhumanité, contre ces trafics de drogue, ces atteintes aux droits de lhomme. Concernant les trois pouvoirs au Cambodge, exécutif, législatif et judiciaire, ils ne sont pas séparés. LAssemblée Nationale est sous intimidation et nest pas une Assemblée Nationale " normale " (prakradei). Certains parlementaires ne sont plus indépendants travaillant sous menace et dans une ambiance de coercition. Le gouvernement exerce une pression permanente et M. Hun Sen détient trois fonctions incompatibles. La justice na pu rien faire contre la corruption, les crimes, la mafia, le trafic des drogues, les ventes des biens nationaux ..... Pour peu quil y a comme lois existantes - code de procédure, code pénal et code civil - elles sont tout de même suffisantes pour attaquer et amener les coupables et responsables devant la justice, sil y a volonté réelle. Mais là on bloque tout parce que ces mêmes coupables et responsables sont membres du parti. Le problème juridique en est un. Mais il y a plus grave : limmigration vietnamienne incontrôlée et la perte territoriale se poursuit sans que le gouvernement ne sen soucie. On nous accuse de racistes den faire état mais cest le plus grand danger pour notre Cambodge. Question dun auditeur : Il y a une appréciation presque commune que les élections seront difficilement "fair and free". Alors ces élections auront-elles lieu ou pas ? Y participez vous ou pas ? Réponses : Ea Kuon (Parti Khmer Aphyeakret) Difficile, mais nous continuons activement de négocier, dexiger, de poser des conditions pour que celles-ci soient suffisamment appropriées à des élections libres. Cela nécessite du temps mais comme je lai dit, nos succès dépendent de la dynamique de lUnion des Démocrates Cambodgiens. But Tranchard (Parti Démocrate Libéral Bouddhique) Oui cest dur, daccord et si ça ne se révèle pas " fair and free " nous ne devons pas les accepter. En attendant il faut les négocier, exiger des amendements de certains articles des lois et parallèlement aller sur le terrain pour se préparer. Pour cela, lunion de lopposition est capitale. Il ne faut pas oublier les leçons récentes. En 1979, quand les forces de la Résistance sunissaient, on avait gagné lAccord de Paris. En 1993, on était désuni et voilà le résultat actuel. Limportant est donc lunité de combat. Question dun auditeur Hun Sen na jamais appliqué la loi ni respecté le verdict des urnes, sauf quand ça larrange. Il a lhabitude de dire que si on touche à quelque chose, il y aura lexplosion armée dans les 24 heures. La démocratie et le droit ne risquent-il pas ainsi dêtre les otages de ces soifs ou illusions politiques, de cet engouement précipité vers la démocratie formelle ? Ny aurait-il pas avantage à se donner un peu plus de recul et de temps pour restaurer quelque chose qui nécessite infiniment plus de soins ? Et dans la même démarche, puisque lÉtat cambodgien nest pas un État de droit, pourquoi se référer à ses lois et les subir et ne pas imaginer un solution autre telle celle dont parlait M. But Tranchard en recourant au Roi où à un gouvernement transitoire proposé auparavant par lASEAN? Réponses : Uk Vithun Lidée dun gouvernement intérimaire ne me parait pas adaptée car non conforme à la Constitution. Rien ne prévoit dans celle-ci la dissolution dun gouvernement dans la situation préélectorale actuelle. But Tranchard Je pense que lintervention éventuelle du Roi pour sauver le pays dune situation bloquée est constitutionnelle. Dans des articles de la Constitution, une série de dispositions fait du Roi le garant de lunité nationale, de lindépendance et de la souveraineté nationale, de la démocratie.... Sil y avait une volonté populaire forte, il pourrait y avoir une obligation royale. Question dun auditeur : Nous avons compris, après tous les exposés de cet après-midi, que la possibilité des élections libres est très mince et encore moins la possibilité de gérer le pays après une éventuelle victoire de lopposition sur le PPC. Et après avoir écouté M. Ashley, je suis daccord avec lui que le sort de la démocratie comme celui du peuple cambodgien dépasse de loin les enjeux électoraux qui nous préoccupent tant. Le système machiavélique de Hun Sen me fait peur, mais lopposition après tant derreurs me fait également craindre limpréparation. La popularité de lopposition acquise par le mécontentement est un atout, mais très délicate à gérer. Je me demande sil ne serait pas sage comme la suggéré le Président du CCV, de réfléchir à un gouvernement intérimaire proposé par lASEAN. Possible ou pas, il faut défricher une nouvelle voie au lieu de se hasarder uniquement sur un terrain hypothétique, miné et si risqué. Le gouvernement transitoire dune durée convenable donnera à lopposition le temps et la possibilité de se réorganiser, dêtre présente sur le terrain et de travailler dans des conditions plus normales. Cette durée permettra au peuple cambodgien de se " décrisper " et de retrouver une situation propice à lexercice de la vraie démocratie et de la liberté. Réponses : Chea Sophoan Le combat de lUDC sappuie sur le droit et les puissances amies - on nous aide à nous appuyer sur le droit, sur lAccord de paris. Le droit est le fondement pour la solution de la crise cambodgienne. LAPRONUC na pas tout réussi dans la mise en uvre des dispositions de lAccord (contrôle du retrait des troupes vietnamiennes, mise sous sa tutelle des cinq ministères clés, contrôle et supervision des élections de 1993 et le respect du verdict des urnes). La situation actuelle résulte en grande partie de ce semi échec. Les puissances se doivent de continuer à nous aider à redresser ces conséquences en sappuyant sur lAccord de Paris. Que pouvons nous faire dautres, sur quelles forces pouvons nous appuyer ? Il ny a pas à mon avis de troisième voie. Question dun auditeur à David Ashley Vous avez fait une analyse sociale et politique pertinente sur le Cambodge. Pourriez-vous nous dire comment vous entrevoyez la perspective ou la solution cambodgienne ? " Je persiste à croire que la perspective est étroite et que la solution nest pas dans limmédiat, en tout cas pas fondamentalement dans ces élections. Le mal cambodgien a une racine lointaine et demande du temps pour le traiter. Un des combats à mener est de sattaquer en profondeur à la violence que jai signalée, et ce, dès maintenant et sur tous les fronts possibles pour que la société cambodgienne, dirigeants compris, revienne à la normale. Je pense quil ne faut pas trop voir dans les élections démocratiques à loccidentale, rodées dans des contextes différents, une panacée bien adaptée à votre tradition culture ou conjoncture. Il faudrait être prudent et ne pas négliger dautres voies, mêmes plus longues. Dernière chose : quand vous serez rentrés chez vous, les puissances extérieures vous oublieront et vous serez seuls à vous débrouiller. " IV - SYNTHÈSE DU CCVIl y a un consensus général sur laffirmation que les élections ne seront ni libres ni équitables (non " fair and free "). La mission TAT est formelle : les conditions concrètes sur le terrain sempirent. La monopolisation des pouvoirs après le coup dÉtat ne semble pas laisser de place à une campagne électorale libre. Sappuyant sur le droit, aidés par la communauté internationale, les composants de lUDC entendent développer leur combat sur la dynamique de lunion. LUDC appelle les cambodgiens de lextérieur à dénoncer les violations de droits de lhomme, les crimes et les exécutions par le régime de Phnom Penh. Dilemme toutefois : résistance armée et tentation dopposition politique sur place, comment les concilier ? Comment concilier lexil actuel des opposants politiques, surtout les leaders, avec le court délai préélectoral ? Le dialogue de Sam Rainsy avec Hun Sen semble causer quelques inquiétudes dans les rangs de lUDC, craignant une divergence de fond dans la stratégie électorale. Vu le déséquilibre croissant entre lopposition divisée, condamnée à lexil et le PPC, maître absolu sur le terrain et tissant constamment ses réseaux de renseignements, appliquant leur méthode dintimidation et leur système de délation, lespoir dune opération électorale démocratique devient pratiquement nul. Il apparaît pour beaucoup que les élections telles quon " rafistole " actuellement ne signifie plus grande chose. Des voix sélèvent pour dire quau lieu davoir de mauvaises élections, il vaudrait mieux les retarder pour pouvoir les préparer soigneusement. Les préparer sous le gouvernement de Hun Sen naura non plus aucun sens puisque son coup dÉtat, ses exécutions, ses violations de droits de lhomme le désignent comme étant le responsable actif de la dégradation de lenvironnement électoral actuel. Pour régénérer lesprit démocratique, il faut un gouvernement autre. Un gouvernement transitoire neutre, de durée convenable pour organiser ces élections et si possible sous la direction du Roi, respecté du peuple cambodgien et jouissant dune notoriété internationale absolue. Amnesty International confirme : limpunité des auteurs des crimes, abus et violations des droits de lhomme rendent lenvironnement impropre pour les élections. Elle demande que soient poursuivis, jugés et punis les responsables et que les puissances envoient un message clair à ce gouvernement. Elle fait appel à la communauté internationale pour quelle pose cette condition comme préalable à la préparation dun environnement préélectoral valable. David Ashley a fait une analyse sur la violence dans la sphère politique et la société khmères actuelles. Il porte un regard lucide, non sans pertinence, sur la perspective cambodgienne. Il ne place pas de confiance excessive en lefficacité des élections pour la simple raison que la violence est dans lesprit des dirigeants et même dans la société. Aucun changement nest à espérer tant que les dirigeants sont au-dessus des lois pour leurs intérêts propres et pour leurs clans. Limpunité de ce régime est caractéristique et elle fera barrage à la démocratisation. Léducation est un préalable nécessaire et cela demande du temps. |
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