Chapitre I : Introduction à l’histoire et à la géographie chinoises

I. Histoire de la Chine.

 

 

II. Précis de Géographie

 

Retour au sommaire

 


I. Histoire de la Chine.

 

La population chinoise est de 1.2 Milliard d'hommes, soit 23% de la population mondiale couvrant environ 6.5% de la planète. La République Populaire de Chine est bordée à ses frontières par 14 pays (Corée du Nord, Russie, Mongolie, Inde, Pakistan, Bhoutan, Laos, Népal, Vietnam, Afghanistan, Tadjikistan, Kyrghistan, Kazakhstan. La culture chinoise a reçu diverses influences de l'extérieur. De plus, du fait de la présence des fleuves Yang Tzi et du Fleuve Jaune, la Chine a pu développer ses routes de commerce.

 

A. L’âge d’Or de la Chine Impériale.

Néanmoins, lorsque la Grande Muraille fut érigée sous le règne du premier empereur de la Dynastie des Qin, l'objectif de cette gigantesque barricade architecturale était de "contenir l'influence extérieure", suscitant le commerce tout en protégeant la Chine. De 221 av. J.C. à 1912, la Chine a été un empire unifié sous le règne de l’empereur, connu sous le nom de Fils du Ciel. L'autorité de l'empereur était transmise de père en fils, créant par la même une dynastie.

 

Les frontières chinoises ont souvent fluctué avec les transmissions de pouvoir. Les nouvelles dynasties soit s'arrogeaient des territoires autour des provinces qui alors constituaient la Chine, soit les perdaient. Le gouvernement chinois été constitué d’un empereur assisté d'officiels dont le rôle se devait d'être loyal envers lui mais surtout de faire appliquer le pouvoir central sur les 18 provinces qui composaient l'empire. L'économie féodale de ces provinces, principalement agricoles, faisait partie du domaine d'action de ces mandarins.

 

La Dynastie des Ming, en 1406, décida d'établir la capitale à Pékin (Beijing : littéralement capitale du Nord, Bei signifiant Nord, par opposition à Nankin ou Nanjing, capitale du Sud et à Dongjing, capitale de l'Est qui tout simplement est Tokyo). Afin de montrer leur puissance, les Ming décidèrent de construire à leur gloire la Cité Interdite. Ce palais, dans lequel seul l'empereur et sa cour avaient le droit d'accès fut construit de 1406 à 1420 et se compose de 1000 bâtiments, de 9999 chambres, et il demeure aujourd'hui le plus grand jamais construit par l'homme.

 

En 1644, une tribu du nord-est de la Chine (Mandchourie), renversa les Ming et établit la Dynastie Mandchou. La Chine vécut alors une nouvelle renaissance avec l'empereur Kangxi (1661-1722), qui, passionné par l'art et la littérature, invita les meilleurs artistes et lettrés à sa cour. C'est à cette période que les Jésuites, comme Ferdinand Verbiest, introduisirent le catholicisme grâce à leurs connaissances en astronomie.

 

En effet, l'astronomie était considérée par les Chinois comme divinatoire. Les Fils du Ciel « voyaient » dans le ciel les bons et les mauvais augures de leur règne. Les astronomes chinois, n'avaient malheureusement pas la maîtrise du calcul des éclipses de lune et les Jésuites arrivèrent à la cour pour les prédire avec exactitude. Convaincu par la science que pouvait apporter la religion chrétienne, Kangxi autorisa enfin les missionnaires à convertir la population chinoise. Cependant, la conversion fut rapidement stoppée du fait de l'intransigeance de Rome qui ne voulait pas que soient mêlés rites catholiques et rites bouddhiques, la « querelle de rites » termina l'épopée jésuite en Chine.

 

Qianlong succéda à Kangxi, et dans le même esprit de renaissance il encouragea des expéditions militaires pour agrandir les frontières chinoises. Pendant cette période, les pays européens commençaient leur expansion coloniale et établissaient des relations économiques avec de nouveaux pays. Bien que les Européens fussent désireux d'entreprendre des échanges avec la Chine pour le commerce de la soie, de la porcelaine et du thé, la Chine resta indifférente à toutes les propositions occidentales à l'exception de l'argent (métal).

 

B. L’arrivée des Européens marque le déclin de la Dynastie Mandchoue.

 

1793 restera une date important dans les relations marquant l'Europe et la Chine. C'est ici que commence le décalage entre la mentalité judéo-chrétienne et la vision confucéenne du monde. L'Angleterre envoie un ambassadeur, Lord Mac Cartney. Lorsque l'ambassadeur du roi Georges III refuse d'exécuter le kowtow (cérémonie de salutation de l'empereur qui consiste à s'agenouiller 9 fois) devant le fils du ciel, Qianlong, répond alors que la Chine est en possession de tout ce dont elle a besoin et qu’il n’y a aucune nécessité à commercer avec l'Angleterre.

 

Malheureusement, les Britanniques trouvèrent ce qu’il manquait à la Chine : l'opium (la couronne britannique était en situation de surproduction en Inde). S'apercevant des ravages provoqués par le "médicament" sur la population, l'empereur décida la destruction d'une cargaison anglaise en 1839 entraînant la guerre dite de l'opium qui se termina en 1942 par le traité de Nankin. Ce traité inégal oblige alors la Chine à payer des dommages de guerre, à ouvrir cinq de ses ports (Canton, Xiamen, Fuzhou, Ningbo, Shanghai) au commerce extérieur et à céder le territoire de Hong-Kong aux Anglais afin de leur donner un site pour le transport et l'acheminement de son commerce colonial. Le traité de Nankin marque le début de ce que les Chinois considèrent comme les humiliations nationales.

 

En 1851, le peuple Chinois, considérant l'empereur Mandchou comme incapable (concessions faites aux étrangers, économie délabrée...) décide alors de se révolter, c'est le début de la révolte des Taiping Tianguo (Royaume céleste de la Paix). La rébellion ne sera finalement éliminée qu’en 1868 et avec l’aide anglaise et américaine. Les Qing commencent dès le milieu du XIXème siècle à montrer des faiblesses sur le plan intérieur.

 

La guerre sino-japonaise, se termine par le traité de Shimonoseki qui donne au Japon, la Corée et l’île de Taiwan. Les Allemands s’octroient la province du Shandong, et la ville de Qingdao en 1895. La France, elle, obtient la juridiction de Zhanjiang, près de Canton tandis que la Russie peut exploiter des lignes de chemins de fer dans le Helongjiang et le Jilin en 1896.

 

La convention de Pékin, signée en 1898 cède les nouveaux territoires (face à Hong-Kong) aux Anglais pour un bail d’une durée de 99 ans

 

En 1900, la révolte des boxers, marque une nouvelle fois l'essoufflement de l'empire, et la montée en puissance du nationalisme anti-européen. L'impératrice douairière Cixi qui gouverne depuis 1861 place sur le trône Puyi son neveu en 1908. Les turbulences internes sont de moins en moins maîtrisables et l'empire est alors renversé en 1912.

  

C. La République Populaire de Chine achève un long processus de transition.

 

La République Chinoise est fondée par Sun Yat Sen, mais trois semaines après les élections, le pays replonge dans le chaos jusqu'en 1949 (Seigneurs de la guerre, 1914-1918, invasion japonaise, Longue Marche). L'avènement de Mao Zi Dong entraîne la création de la République Populaire de Chine avec la fuite du Guo Ming Tang de Chang Kai Chek à Taiwan.

 

De 1949 à 1997 nous pouvons distinguer 7 étapes dans l'ère de la Chine moderne.

 

1. La transition vers le socialisme : 1953 à 1957.

Le premier plan est caractérisé par le retour à la production industrielle à son niveau d'avant-guerre inspirée par le modèle d'industrie lourde soviétique, la collectivisation des terres et la centralisation politique du pays.

 

2. Le grand bond en avant : 1958 à 1960.

Ce mouvement conduit par les mouvements antidroitistes propose une approche militante du développement pour le IIème Plan. Il instaure la création des communes populaires où chaque district est en charge de sa propre production d'acier, de céréales, de l'éducation, et introduit le concept de brigade. Ce fut un échec, dont les conséquences sur la population furent considérables (famines, mouvements sécessionnistes...).

 

3. Les réajustements et la reconstruction : 1961-1965.

Mao semble discrédité par l’échec du Grand Bond, et les dirigeants de l'aile droite du parti réintroduisent des cadres dans l'industrie afin de remplacer le pouvoir des brigades.

 

4. La Révolution Culturelle : 1966-1976.

Le Grand Timonier tente de sortir de son isolement politique et accuse les intellectuels de tous les maux, il lance la révolution culturelle, et entraîne les étudiants chinois à le soutenir dans un grand mouvement de rééducation des cadres. La révolution amène la Chine à détruire tous ses temples, ses universités, et oblige les intellectuels (écrivains, universitaires, lettrés) à aller travailler dans les champs. L'objectif de Mao est la réintroduction dans le peuple Chinois de la pureté idéologique et de la ferveur révolutionnaire.

 

5. L'ère post Mao : 1976-1978.

L'année 1974 voit disparaître Mao et Zhou En Lai, et le vide est immédiatement occupé par la Bande des Quatre (veuve de Mao et consorts). Leur désir de continuer la politique pure et dure de Mao les pousse à des excès que les gouvernants du PC ne vont pas tarder à freiner. Ils sont alors arrêtés puis condamnés, l'ouverture de la Chine vers l'extérieur peut enfin commencer.

 

6. La Chine et les quatre Modernisations : 1979-1997.

Deng Xiao Ping est nommé à la tête de la République Populaire et décide de "corriger" les erreurs de la Révolution Culturelle. Il proclame alors que Mao a eu raison à 70% et tort à 30%. Sans discréditer le grand timonier, fondateur de la République Populaire de Chine, leader de la longue marche contre les corrompus du Guo Ming Tang, et vainqueur de l'occupant japonais, il engage la Chine dans un vaste mouvement de réformes instituant l'Economie Socialiste de Marché. En effet pour Deng, le marché n'est pas forcément synonyme de capitalisme, selon lui "peu importe que le chat soit noir ou blanc, l'important c'est qu'il attrape les souris !". Les quatre modernisations vont alors s'effectuer dans quatre directions : politique, sociale, culturelle et économique. Observant la réussite du Japon et des quatre Dragons mais surtout celle de Singapour, où le régime sous un semblant de démocratie reste ferme et permanent, il se prête alors à rêver d'une Chine puissante et moderne qui retrouverait sa splendeur d'antan. Deng Xiao Ping, décide d'ouvrir à l'instar des Dragons au lendemain de la guerre, l'économie chinoise aux capitaux étrangers. En 1979, quatre ZES (Zone d'Economie Spéciale) sont créées, la plus connue étant Shen Zen à mi-chemin entre Canton (Guangzhou) et Hong-Kong (Xiang Gang). La Chine commence alors un long processus d’ouverture vers l’extérieur. Les investissements étrangers commencent à affluer et le pays se développe peu à peu. Les événements de 1989, qui voient la répression sanglante des revendications étudiantes entraîne deux conséquences. La première conforte la place du régime communiste autoritaire qui souhaite voir se développer le pays mais à l’unique condition qu’il en garde le contrôle. La seconde est la mise au ban de la scène internationale de la Chine. Condamné par toutes les démocraties occidentales, l’Empire du Milieu subit pendant quatre années un « gel » de tous les investissements étrangers. Depuis 1993, la Chine, grâce à une diplomatie redoutable a réussit à redonner confiance aux investisseurs tout en faisant comprendre qu’elle entendait bien ne pas mêler les affaires « internes » à ses relations économiques...

 

7. Mort de Deng Xiao Ping. 21 février 1997.

La Chine est orpheline de celui qu’elle avait surnommé le " Petit Timonier ". Il n’a pas tenu sa promesse de survivre au retour de Hong-Kong au sein de la mère patrie. Deng laisse néanmoins derrière lui, la porte qu’il a ouverte il y a 18 ans. Son héritier, Jiang Zemin en place depuis 1993 à la présidence de République, va enfin pouvoir montrer toute sa puissance. Continuera-t-il les réformes ? Veut-il les ralentir ? Ou sera-t-il en proie aux luttes entre les réformateurs et les durs du parti ? Nul ne peut le savoir, il semble a priori, que même si l’idéologie communiste apparaît comme un peu torturée par les réformes de Deng, si la criminalité augmente, il a pris conscience que la porte ouverte avait libéré les forces vives du peuple chinois, que grâce à celle-ci, Zhong Guo était sur le chemin du retour. Quel retour ? Le retour vers la grandeur du passé, la Chine entend, bien sûr, retrouver la place qu’elle avait perdue au détriment des envahisseurs blancs depuis 150 ans. Nous pouvons simplement remarquer avec la mort de Deng, que cette disparition marque la fin du règne des vétérans de la Longue Marche très idéologiquement marqué par la doctrine maoïste, et qu’une nouvelle génération née entre les deux guerres arrive au pouvoir : Jiang Zemin est né en 1926, les autres successeurs potentiels en cas de bouleversements inattendus sont Zhu Rongji, 66 ans, Premier Vice Premier Ministre, Luo Gan, 59 ans, secrétaire général du gouvernement, Qiao Shi 72 ans un des chefs du parti.....

 

Les capitales du monde entier ont rendu un hommage unanime à Deng Xiao Ping, à celui qu’elles considèrent comme l’homme qui a réveillé la Chine. Jacques Chirac assure " qu’il restera dans les mémoires comme l’une des plus grandes figures de l’histoire de la Chine ", Bill Clinton a salué " la longue vie de M. Deng, au cours de laquelle il a mis un programme historique de réformes économiques ayant grandement amélioré le niveau de vie en Chine et modernisé une grande partie du pays " enfin, le premier ministre japonais Hashimoto s’est quant à lui exprimé par ces mots : " C’est l’homme qui a contribué à moderniser la Chine et à jeter les bases des bonnes relations entre la Chine et le Japon ".

 

Quelles traces, Deng laissera-t-il dans le cœur des Chinois, la répression sanglante de Tian An Men ou le développement spectaculaire du pays à la suite de ses réformes ? L’histoire nous le dira.

 


II. Précis de géographie.

 

A. Le territoire.

 

Plus qu'un pays, la Chine est un continent qui s'étend sur quatre fuseaux horaires (mais une seule heure pour tout le pays). Sa superficie est de 9 596 961 km² c’est-à-dire, à titre de comparaison, 17 fois la surface du territoire français (550 000 km²) et le pays s’étale d’est en ouest sur 5000 km et du nord au sud sur 5500km. La topographie chinoise est complexe, la partie occidentale est composée de hautes montagnes (Tibet, environ 4000 mètres), de cuvettes arides (Xinjiang) et de plateaux désertiques (Mongolie intérieure) couvrant la moitié du territoire. La partie orientale est formée de plaines et de plateaux dans sa partie nord, de collines et de moyennes montagnes au sud.

 

Les voies fluviales constituent une distance de 220 000 km et l'on dénombre plus de 1500 fleuves. Le Yang Zi (Chang Jiang) est le plus grand, avec une longueur de 6300 km, sa source se situe au fin fond du Qinhai dans les montagnes tibétaines à partir desquelles il commence une longue traversée qui l’amènera à l’est de la Chine à Shanghai. La vallée du Fleuve Jaune (Huang He) est le berceau de l'ancienne civilisation chinoise, en conséquence il existe de nombreux sites historiques et reliques culturelles sur ses abords, il s’étend sur un peu moins de 5000km. Dn plus, les Chinois ont construit plusieurs canaux, le plus connu est le Grand Canal reliant Beijing à Hangzhou (au sud ouest de Shanghai) dont la construction commença au Ier siècle avant Jésus Christ et qui s'étend sur 1800 km.

 

Les terres arables ne représentent que 10% de la surface du pays et se situent toutes à l’est.

 

B. Population.

 

1. Contrôler 1.2 Milliard d’êtres.

 

Le recensement de 1982 rapporta une population de 1.008.180.738 personnes, selon un rapport du bureau national des statistiques daté du 14 février 1996, la Chine comptait au 1er octobre 1995 un total de 1.207.780.000 d’habitants, dont 616.29.000 d’hommes et 591.490.000 femmes. D’après, le quotidien Hong-Kong Standard la population sera en l’an 2000 de 1.259.000.000 habitants.

 

 

 

 

 

 

La Chine est le pays le plus peuplé de la planète et détient sur son sol 1/5ème de la population totale du globe, autant dire que la situation des gouvernements chinois n’est pas des plus faciles, si l’on considère que le rôle d’un dirigeant est que chacun de ses administrés ait un travail et de quoi se nourrir. Or, comment nourrir 1/5ème du monde sur seulement 7% du globe ? La Chine exporte beaucoup de blé mais, il va de soi qu’une telle croissance de sa population ne peut qu’être contrôlée. Ainsi, les dirigeants de Pékin ont décidé l’instauration du régime de l’enfant unique. L’application de ces mesures fut progressive puisque les familles durent se limiter à deux enfants pendant les années 1970, puis à un seul et unique enfant depuis 1979. L’objectif est, bien sûr, de réussir à stabiliser la population pour atteindre 1.6 Md d’hommes en 2040

 

2. Répartition de la population.

 

 

 

 

Au regard des deux cartes illustrant mon exposé on remarque que les plateaux arides et les hautes montagnes sont désertés par les Chinois avec des densités de population très basses de 10 à 50 personnes au Km². A contrario l’est du pays ressemble à une véritable fourmilière humaine avec des pics allant jusqu'à 800 personnes au Km² (Shanghai, Canton, Pékin). La moyenne Chinoise s’établit à 125 personnes au Km² si l’on considère que l’ensemble du territoire est habitable... A titre de comparaison la France a une densité démographique de 104, le Japon 330, et les Pays-Bas 440. Il faut remarquer que la population est concentrée sur les terres les plus fertiles du territoire et je me suis interrogé lors de mon voyage dans le Jiangsu sur les dangers qu’encourait la Chine à détruire rapidement voire méthodiquement ses surfaces cultivables pour construire des routes ou d’autres infrastructures. La famine est une crainte pour tout gouvernement qui tient à la stabilité et Pékin prend peut-être un risque à ne pas tenter de limiter la destruction de terres cultivables au profit de son développement économique.

 

C. Villes et provinces autonomes.

 

Le territoire chinois est composé de 27 provinces, dont les cinq suivantes sont indépendantes: Mongolie intérieure (nord), Ningxia (nord), Guangxi (sud), Xinjiang (nord-ouest) et le Tibet (sud-ouest). Notons aussi que quatre villes sont " autonomes ", mais dépendent directement du gouvernement central : Beijing, Tianjin, Shanghai et Chongqing.

 

1. Beijing et Tianjin.

On retrouve surtout l'industrie légère dans ces villes distantes d'environ 100 km. Les industries du textile, de l'électronique et de la chimie y sont majoritaires. Cependant depuis 10 ans, l'industrie automobile a pris un essor considérable à Tianjin, alors que l'industrie des camionnettes a évolué à Beijing. Le long de la nouvelle autoroute qui couvre la centaine de kilomètres séparant les deux villes, il s’échappe une odeur nauséabonde rappelant la prééminence de l’industrie pétrochimique dans la région. Pékin aspire à demeurer une capitale plus politique qu’économique, d’ailleurs lorsque vous vous y promenez vous apercevez rapidement la différence avec les grandes métropoles économiques comme Shanghai ou Canton, la municipalité semble vouloir maîtriser son développement, conserver ses grandes avenues, éviter la construction d’une sorte de Manhattan chinois côtoyant la fabuleuse cité interdite.

 

2. Shanghai.

Shanghai a toujours eu une position importante voire dominante en Chine en ce qui a trait aux investissements étrangers. Dès le siècle dernier, les occidentaux ayant partagé la Chine s’étaient octroyé Shanghai comme une cité internationale. Le Bund (la croisette de Shanghai) ressemble plus à Londres qu’à une capitale économique asiatique. La ville est aussi la plus développée et la plus près de ce que l'on retrouve en Occident. Elle est très ouverte aux investissements étrangers, c'est d'ailleurs pourquoi en 1992, le gouvernement chinois a décidé de créer la Zone d'Economie Spéciale de Pudong. De plus, Shanghai possède depuis deux ans à l’instar de Shenzhen, l'une des deux places boursières de Chine. Enfin une des raisons qui font de Shanghai une ville de choix, est que la main-d’oeuvre y est diversifiée et qualifiée.

 

Les observateurs annoncent pour le siècle prochain le grand duel entre Shanghai et Hong-Kong. En fait Hong-Kong jouit d’une réputation incontestable de place financière internationale et de base de lancement à une majorité de projets d’investissement. Or cette position, Pékin souhaiterait la voir se rééquilibrer au profit de Shanghai, afin de recentrer ce pouvoir financier au centre du Pays. Pudong qui va bientôt accueillir la bourse que l’on déménage dans des locaux flambants neufs, est par ailleurs le lieu de transit obligatoire à toutes les banques étrangères souhaitant opérer en Yuan sur le territoire chinois.

 

Lors de mon voyage en 1996 j’ai pu apercevoir, une ville grouillante, construisant des buildings de plus de 30 étages, des ponts à 6 voies, deux boulevards périphériques suspendus par des pylônes à plus de 20 mètres d’altitude. Un cadre de la Dresdner Bank of Shanghai, me confia qu’à Shanghai il y avait à l’heure actuelle environ 50% du parc mondial de grues !

 

3. Chongqing.

 

Devenue depuis le mois de mars la quatrième " ville indépendante " du pays, Chongqing est située au cœur de la Chine. Cette ville de 30 millions d’habitants dépendait auparavant de la province du Sichuan et vient juste d’obtenir le statut de Ville Province au grand dam de Chengdu la capitale provinciale. Chongqing est un important maillon stratégique du développement chinois car la cité se trouve être le plus gros centre industriel de la Chine intérieure mais aussi l’un des ports les plus importants du Yang Zi. L’autonomie de Chongqing est très certainement due à la construction du fameux barrage des trois gorges. En effet, à son terme le barrage créera un gigantesque lac artificiel qui engloutira la partie basse de la ville. Si Shanghai est considéré comme la " tête du Dragon " à l’embouchure du Yang Zi, Pékin en réduisant les échelons hiérarchiques (la ville dépendant directement du pouvoir central et non plus de Chengdu) espère bien transformer Chongqing en " queue du Dragon " afin de transporter le dynamisme de la côte au centre du Pays.

 

4. Les provinces autonomes.

(Mongolie intérieure, Ningxia, Guangxi, Heilongjiang, Tibet)

Les cinq provinces indépendantes sont les moins développées de la Chine. Cependant, beaucoup d’efforts sont entrepris afin d'améliorer le sort des habitants de ces régions composées en grande partie de cultivateurs. Ainsi, des personnes plus instruites vont enseigner dans des écoles ou centres de formation afin de donner une formation de base plus adéquate aux habitants. Ces provinces indépendantes ont été mises en place car elles accueillaient en leur sein des minorités ethniques représentatives (Coréen et Mongol au Helongjiang, Mongol en Mongolie Intérieure, Ouygouor, Tadjik, Kazakh, Kirghize, Ouzbek Tatar et Russe au Xinjiang, Hui au Ningxia, Zhuang au Guangxi...)

 

D. Schéma géographique des provinces.

Afin d’éviter de faire un inventaire trop descriptif de chacune des 27 provinces du pays, nous pouvons découper la Chine en six régions :

 

 

1. Le nord-est.

(Heilongjiang, Jiling, Liaoning)

 

La région nord-est est une des premières régions industrialisées de la Chine. Au début des années 1930, après l'invasion des Japonais, ceux-ci y avaient installé quelques-unes de leurs industries. De plus, au début des années 1950, lors du commencement du régime communiste, les Soviétiques ont grandement contribué à l'essor de cette région voisine de l’URSS.

 

On retrouve surtout l'industrie lourde dans cette région. La province de Liaoning est spécialisée surtout dans l'aciérie, la province de Jiling dans l'industrie de l'automobile, alors que la province de Heilongjiang manufacture surtout des machines-outils.

 

 

2. Le nord.

(Mongolie intérieure, Hebei, Shanxi, Beijing et Tianjin)

 

Dans la région nord, on retrouve d'abord les villes de Beijing et Tianjin dont il a été question précédemment. L'industrie du charbon est la principale activité économique de la province de Shanxi. La majorité de la production est exportée au Japon. Parallèlement le nord détient d’importantes réserves minérales (gaz, pétrole...). La province de Hebei regroupe l'industrie légère dont l'industrie chimique, centralisée dans la ville de Shijiazhuang. L’industrie sidérurgique de Beijing, Baotou, Taiyuan, Tianjin et Tangshan forme la seconde plus grande industrie de base du pays.

 

3. L'est.

(Shandong, Henan, Jiangsu, Anhui, Zhejiang, Shanghai)

 

C'est la région industrielle et agricole la plus importante de la Chine ainsi que celle qui détient la plus forte densité de population. L'industrie y est très diversifiée. Les retombées économiques de la région, incluant Shanghai, sont égales au tiers des retombées totales du pays. Les retombées de Shanghai à elles seules équivalent à un sixième des retombées du pays. Le dixième de la population totale de la Chine habite dans cette région. La région possède le port le plus important du pays (Shanghai) et des chantiers navals considérables. L’industrie lourde (acier et pétrochimie) y a été redéveloppée depuis 20 ans et dépend directement des richesses minérales du Nord. Cette bande côtière est favorisée par des sols très riches cultivés avec abondance. La province du Jiangsu (à l’est de Shanghai) est appelée le « grenier à riz de la Chine ».

 

4. Le sud.

(Hubei, Hunan, Guangxi, Guangdong, Jiangxi, Fujian)

 

La région sud de la Chine est surtout développée le long de la côte en raison de la proximité de Hong-Kong. Cette région se spécialise surtout dans l'industrie légère, notamment l'électronique. De plus en plus d'investisseurs étrangers s'y installent, la présence de la Zone Economique Spéciale de Shenzhen favorisant les investissements. Le delta de la rivière des perles où trois rivières affluent, grenier à nourriture et de biens de consommation, place la ville de Canton dans une situation favorable. La position de cette région au " cœur " de la Chine et à l’intersection du système maritime et ferroviaire lui donne une importance stratégique signifiante.

 

5. Le sud-ouest.

(Sichuan, Yunnan, Guizhou, Tibet)

 

La région sud-ouest était, il y a quelques années, spécialisée dans la fabrication d'armement militaire. La demande d'armes ayant baissé, la presque totalité des industries a réorienté sa production vers des produits de consommation. Outre cette spécificité d’orientation industrielle, la région possède à la fois les terres les plus fertiles et les plus hostiles du territoire chinois. Le Sichuan est considéré lui aussi comme " un bol de riz " tandis que le " toit du monde ", au Tibet, est une terre des plus rudes à la colonisation humaine. La région a un potentiel hydroélectrique considérable, le Yang Zi traverse ainsi le Sichuan, le Yunnan et le Tibet avant d’aller se jeter à l’est du pays. C’est en effet dans le Sichuan que les Chinois sont en train de construire le " Barrage des trois gorges ", projet pharaonique, en fait, à l’échelle de la Chine et de ses aspirations, de 125 milliards de francs qui produira en 2010, 10% de l’électricité du pays (85 000 MW soit l’équivalent de 80 réacteurs nucléaires). Enfin, les provinces de Guizhou et de Yunnan ont toujours été historiquement les plus pauvres du pays, les Chinois disent de celles-ci : " il ne se passe jamais trois jours sans qu’il ne pleuve, il n’y a pas trois pieds de terrain au même niveau et personne n’y possède trois taels d’argent ". A l’exception de la ville province de Chongqing, à l’embouchure du Yang Zi et de Jialing, il n’existe que très peu d’embryon d’industrialisation. La séparation de la région d’avec le reste du pays à cause d’un terrain difficile ne la favorise guère.

 

6. Le nord-ouest.

(Shaanxi, Qinghai, Xinjiang, Gansu, Ningxia)

 

Dans le nord-ouest, seule le Shaanxi à un potentiel industriel. On y retrouve principalement l'industrie pétrochimique et pétrolière. Les investissements étrangers ont grandement favorisé le développement de cette dernière. La principale ville de Shaanxi est Xian, où l'on retrouve plusieurs types d'industries allant de la fibre optique à l'aéronautique. Cette zone constitue 32% du territoire chinois mais ne contient que 7% de la population. La région est néanmoins composée en grande partie de plateaux désertiques (Gobi, la plaine de Guanzhung et Taklamakan). Si d’importants champs pétroliers ont été découverts dans le Xinjiang, leur exploitation restera difficile dans la mesure où, situés loin des zones d’habitations, ils nécessitent la construction de pipelines et de chemins de fer pour assurer l’acheminement des hydrocarbures. Le développement de la région se fait essentiellement avec les républiques de l’ancienne Union Soviétique.

 


LinkExchange
LinkExchange Member