Chapitre III : L’environnement économique


 

I. La Chine au centre de la mondialisation.

 

II. L’économie chinoise.

 

III. Les investissements étrangers

 

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I. La Chine au centre de la mondialisation.

 

A. Une situation géographique favorable

 

Prenons une carte chinoise, la Chine ne se trouve plus à l’extrême-orient mais dans son rôle, l’Empire du Milieu. Au cœur de la région la plus dynamique du monde, se trouve Zhong Guo. A l’ouest très loin, on aperçoit l’Europe, de l’autre côté New York et l’ancienne côte atlantique. Regardons maintenant la position chinoise. Quatorze pays la jalonnent directement dont la majorité ont des taux de croissance à faire pâlir nos dirigeants, et à sa droite, se trouve le bassin pacifique. Au cours du XXème siècle, l’atlantique avait fait vibrer un grand nombre d’immigrants européens, New York était en quelque sorte le carrefour de tous les échanges internationaux et la côte-est américaine, un eldorado. Depuis une vingtaine d’années avec l’émergence du Japon puis des 4 dragons, les Etats-Unis se sont retournés à l’ouest. La " Sun Belt " (Los Angeles, San Francisco, Silicon Valley, Seattle) est la zone américaine qui a créé le plus d’emplois ces 2 dernières décennies. On assiste en fait à un déplacement du moteur économique de l’Atlantique au Pacifique.

 

La Chine se situe ainsi en plein centre d’un carrefour économique international. En effet, outre la présence de ses 14 voisins limitrophes, la Chine est proche des côtes japonaises, de Taiwan, de la Corée du Sud, de l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines, l’Australie...

 

A titre d’exemple voici un tableau récapitulatif des économies les plus performantes en Asie en 1995:

 

Pays Population PNB/ hab. Croissance Croissance

en Francs PIB 1995 85-95

Malaisie 20 20800 9,5% 8,2%

Thaïlande 58 14144 8,7% 9,8%

Indonésie 193 980 8,1% 7,1%

Chine 1200 224 10,2% 9,5%

Philippines 67 5564 4,8% 3,2%

Inde 929 1820 6,0% 5,1%

Singapour 3 138944 8,9% 8,5%

Hong-Kong 6 119600 5,3% 5,5%

Taiwan 21 59800 6,4% 6,6%

Corée du Sud 45 90688 9,3% 7,7%

 

 

B. Des infrastructures à l’échelle du monde et de la Chine.
 

1. Des ports pour s’intégrer dans l’économie monde.

 

Le retour de Hong-Kong à la mère Patrie, va permettre d’intégrer le port du sud, 1er port de container mondial, qui trouvera d’ici quelques années un pendant de l’autre côté du delta de la Rivière des Perles, le port de Zhuhai. Dans cette ZES, la Chine est en train de se doter d’un port dont la capacité sera supérieure à celle de son cousin de l’autre rive et qu’elle construit à coups de pioches et de dynamites sur les îlots escarpés entourant la ville de Macao. Un Hong-Kongais me confia cet été que pour mener à terme la construction du port de Zhuhai, les Chinois étaient en train de dynamiter les petits îlots et que les secousses d’une magnitude de 6 degrés sur l’échelle de Richter se ressentaient à Hong-Kong distante d’environ 80 km !

 

La Chine se dote d’un puissant moyen de communication vers le sud et en conséquence vers l’Europe via le détroit de Malacca, mais parallèlement elle est en train de développer le Port de Shanghai qui, lui, aura les yeux tournés vers le soleil levant et la Côte pacifique de l’Amérique du Nord et du Sud. Shanghai est le 1er Port de Chine (avant l’arrivée de Hong-Kong) et le 4ème mondial.

 

 

 

L’exemple de la compagnie maritime COSCO (4ème transporteur mondial après Evergreen - Hong-Kong - et Maersk) nous montre le développement considérable des échanges entre la Chine et le monde. Créée au début des années 1960 avec quelques vieux rafiots, elle a bénéficié de l’ouverture du Pays pour se hisser dans les premiers mondiaux et fait partie des 20 plus grandes compagnies chinoises dans le secteur de l’export.

 

2. Des centres financiers pour accroître l’investissement.

 

Le revenu moyen d’un Hong-Kongais est supérieur à celui d’un britannique. En fait Hong-Kong tire sa richesse de trois éléments : sa position stratégique au centre de l’Asie rugissante, ses liens étroits avec la diaspora chinoise et les occidentaux, enfin, son rôle de plaque tournante financière. Près de 70% des 34 Mds de US$ d’investissements étrangers en Chine se font via Hong-Kong, et la colonie sert d’intermédiaire entre la Chine et la province renégate, Taiwan. Les liaisons entre Taiwan et la Chine sont en pourparler et devrait d’ici peu être autorisées. Hong-Kong est la 3ème place bancaire et la 8ème bourse mondiale ce qui la place à des niveaux comparables aux bourses européennes.

 

En Chine continentale, Pékin a créé en 1986 à Shenyang la première bourse de valeurs. Shenzen et Shanghai en possèdent elle aussi une, depuis 1986 et 1990. Si leurs transactions restent encore limitées aux résidents locaux elle attire néanmoins des capitaux de plus en plus importants.

 

Ainsi, la Chine s’ouvre sur le monde, elle s’en donne les moyens et bénéficie d’un emplacement stratégique dans le contexte actuel de mondialisation des échanges.

 

 

C. Des villes sur mesures, les Zones Economiques Spéciales.

 

" Il est glorieux de s’enrichir "

Deng Xiao Ping

 

Deng Xiao Ping s’exprima en ces termes en Juillet 1992, l’année où visitant Shenzen qui ouvrait alors sa bourse, il venait admirer son bilan. 13 ans plus tôt il avait décidé d’ouvrir au monde la Chine, repliée sur elle-même depuis 1949. De cette petite bourgade à la bordure de Hong-Kong est né le concept de Zone Economique Spéciale.

 

L’histoire des Zones Economiques Spéciales a débuté juste après le début des grandes réformes dans l’agriculture de 1978. En 1980 fut instituée la Zone Economique Spéciale de Shenzen, suivie par la création de celles de Xiamen, Shantou et Zhuhai quelque temps plus tard en Chine du Sud. Les premières Zones Economiques Spéciales se sont en fait installées autour de Canton mais surtout dans un périmètre très proche de Hong-Kong afin de permettre l’exportation des produits destinés aux marchés internationaux. L’objectif de ces zones était de constituer des pôles d’attraction et de développement à capitaux étrangers, orientés vers l’exportation. En effet, afin de mener à bien le développement de l’économie chinoise, Pékin avait besoin d’acquérir des devises et des technologies étrangères censées renforcer sa position dans les échanges et le développement mondial. Dès 1980 les société mixtes, ou Joint Ventures, fleurirent.

 

La réussite spectaculaire des premières Zones Economiques Spéciales amena le gouvernement chinois à étendre l’ouverture du pays à 14 villes côtières et à l’île de Hainan. Il est intéressant de constater qu’en 1949, la Chine communiste avait décidé de développer l’intérieur du Pays en se repliant sur elle-même, dans des villes telles que Chongqing Kunming ou Chengdu, car c’était de la mer qu’étaient venus les impérialistes européens pour se partager la Chine. Ce développement autarcique se faisait d’ailleurs au détriment des métropoles côtières telles Shanghai qui " paya " littéralement pendant 40 ans son flirt d’avant-guerre avec l’occident.

 

En 1985, les avantages de la politique d’ouverture sont étendus aux trois deltas (fleuve Jaune, Yang Zi et rivière des Perles), puis aux péninsules du Shandong et du Liaoning. L’année 1990, voit l’ouverture de la 5ème Zone Economique Spéciale Chinoise : Pudong. Pudong (à l’Est du fleuve Pu), se trouve en face de la municipalité de Shanghai, Pékin veut en faire l’équivalent de Hong-Kong, et depuis 7 ans le développement de cette zone reste spectaculaire avec l’arrivée de la majorité des groupes bancaires et commerciaux internationaux sur son sol. Si les entreprises multinationales ne représentent que 2 % du PNB chinois, elles fournissent 40 % des exportations du pays.

 

Depuis, 1990, de nombreuses " Zones Economiques Spéciales " ont pu se créer sur le territoire chinois. Certaines sont par ailleurs " illégales " elles n’ont pas encore étaient approuvées par le Comité Central mais bénéficient des mêmes avantages que les autres. Par exemple, la ville de Changzhou (1.5 millions d’habitants) à mi-chemin entre Shanghai et Nanjing dans le Jiangsu développe depuis 1992 une High Tech Development Zone qui n’a pas reçu le " label Zone Economique Spéciale ". Le maire espère en fait qu’après une visite de l’un des responsables de Pékin, le Comité Central valide son appellation comme il le fit en 1993 pour le port de Qinghuandao sur le Jiang Zi.

 

Afin d’attirer les grands groupes internationaux, la Chine s’est dotée d’une myriade de zones de développement. Certes les avantages fiscaux que nous développerons dans le chapitre IV attirent les firmes multinationales, mais d’autres critères comme la qualité des infrastructures ou la qualification de la main-d’œuvre ainsi que son coût, sont aujourd’hui retenus. A titre d’exemple voici une grille des rémunérations concernant différentes villes Chinoises en 1994.

 

 

Villes Salaire moyen

Shenzen 3900 $

Shanghai 2600 $

Canton 2400 $

Pékin 2200 $

Tianjin 1600 $

Hangzhou 1300 $

 

Plus les villes sont développées et plus les salaires moyens sont importants, ainsi se profile le développement des zones en bordure des grandes métropoles (Suzhou, Wuxi, près de Shanghai) voire même à l’intérieur des terres (Harbin, Wuhan...). Quant au niveau de qualification, il peut pousser des groupes industriels très demandeurs de main-d’œuvre qualifiée à aller s’installer à Pudong. Si la vie, le logement et la main d’œuvre sont devenus quelque peu exorbitants, ils assurent à l’investisseur des conditions de fabrication maximales, car les employés y sont mieux formés qu’à l’intérieur des terres.

PNB par habitant

 

 


II. L’économie chinoise.

 

A. Les Révolutions Industrielles Chinoises.

 

La 1ère Révolution Industrielle avait vu le développement en Europe du charbon, de l’acier et du chemin de fer, c’est l’époque d’Haussman des grands travaux d’infrastructures du 19ème siècle français dont l’apothéose arrive avec l’édification de la tour Eiffel. La 2nde amena le développement de l’électricité, de l’automobile, et du moteur à explosion. C’était à l’aube du 20ème siècle, la Belle Epoque. Après la 2ème Guerre Mondiale on vit en occident la 3èmé Révolution Industrielle, qui réunissait, l’énergie nucléaire, l’aéronautique et la conquête spatiale. Depuis maintenant vingt ans nous serions rentrés dans la 4ème Révolution industrielle avec l’informatique, les télécommunications et les supraconducteurs. Le développement d’une économie ne peut se réaliser que dans cet ordre. En effet la maîtrise du l’acier permet les grands travaux d’aménagements et d’infrastructure (route, ponts, trains, ports...), la maîtrise de l’électricité, du moteur à piston conduit à l’amélioration des capacités de production et transport. Sans les précédentes enfin, il ne peut y avoir d’industrie aéronautique ou de centrale nucléaire et encore moins d’informatique.

 

Après observation des critères de développement économique des pays de l’OCDE, tournons-nous vers la Chine. « Les Echos » du 20 février 1997 titre " Deng Xiao Ping a propulsé la Chine du Moyen Age au XXIème siècle ". En réalité la Chine de 1978 ne ressemblait pas à un Etat médiéval mais plutôt à un pays autarcique, dont le développement était uniquement basé sur l’agriculture et l’industrie lourde à l’instar de son voisin soviétique.

 

Depuis l’ouverture, la Chine a modernisé son agriculture, en la libéralisant (elle représente 30 % du PNB en 1995), ainsi que son industrie lourde, malade des complexes sidérurgiques à la mode stalinienne. J’ai pu constaté au cours de mon voyage en 1996 à Shanghai et Tianjin que les sites de Bao Steel et leurs appareils de productions sont très voisins des sites d’Usinor Sacilor. En même temps la Chine a développé les autres secteurs de l’économie avec l’aide des capitaux et du savoir-faire occidentaux. Au début des réformes, la Chine acceptait, on pourrait dire, n’importe quoi et Hong-Kong, Singapour, investirent massivement dans des usines de montage (gadgets, textile, chaussures...).

 

Au milieu des années 1980 la Chine désireuse de nouvelles technologies a commencé a bloquer les investissements à faible intensité technique pour accueillir les projets de construction d’automobile, et de pétrochimie (Peugeot à Canton, Chrysler à Pékin, Citroën à Wuhan,...).

 

Depuis le début des années 1990, la Chine demande " uniquement " l’apport de hautes technologies (microprocesseur, informatique, telecom, aéronautique, nucléaire...). Si l’on prend un peu de perspectives, la Chine est en train d’acquérir les techniques qui lui permettront de réaliser très rapidement, en 20 ou 30 années les 4 Révolutions Industrielles pour lesquelles l’Occident a demandé deux siècles.

 

B. Un marché prometteur.

 

1. Principaux indicateurs économiques

 

- PIB 1995 : 700 milliards (1700 pour la France)

- Croissance : 11.8 % en 1994 et 10.8 % en 1995

- Dette extérieure : 115 Mds US$ en 1995

- Inflation 1994 : 25 % en 1994 et 15 % en 1995

- Revenu par tête en 1995 465 US$ pour les urbains et 186 US$ pour les ruraux

- Population active : 615 millions d’employés

 

On remarquera la maîtrise de l’inflation opérée depuis 1994 par Zhu Rongji facteur de stabilité économique et vecteur de confiance pour les investisseurs étrangers.

 

 

 

 

2. Répartition de la production

 

Répartition de la production industrielle par régions

 

 

 

La côte et les grandes zones côtière génèrent 50% de la production du pays. Ce graphique renforce l’opposition zones côtières riches et Chine de l’intérieur encore agricole, mais montre à quel point les ZES permettent à la Chine de progresser et surtout les perspectives de développement qu’offrira la Chine de l’intérieur au cours du prochain millénaire.

Répartition de la production industrielle par types d’entreprises

 

 

 

L’appareil de production reste encore largement contrôlé par l’Etat chinois. On notera par ailleurs qu’il ne signifie par forcément comme en Europe une lacune économique. En effet, dans la resplendissante Singapour, l’Etat contrôle 60% des entreprises...

 

3. Taux de croissance

 

 

 

4. Prévisions et perspectives

 

En partant d’une hypothèse de croissance du revenu annuel de 8% par an ( nous nous situons aujourd’hui aux alentours de 12%) et d’une hypothèse de croissance de 2% par an pour la population, nous constatons que le nombre d’habitants ayant accès aux biens de consommations (téléviseurs, électroménager...) et dont le revenu dépasse 1000 dollars par an était de 63 millions en 1992 et sera de 260 millions en l’an 2000. Comme le soulignait François Asselineau, conseiller pour les affaires internationales pour le ministère du commerce et de l’industrie au cours d’un colloque sur les investissements étrangers en Chine en 1994, " nous allons assister au cours des 20 prochaines années à une véritable révolution d’ampleur mondiale ". Le nombre de consommateurs potentiels devraient augmenter de 30 à 40 millions par an ce qui explique la croissance des investissements étrangers en Chine.

PNB par région

 

 
C. Le développement par secteur d’activité.

 

1. Aérospatial

 

A l'exception du programme spatial Longue Marche quelque peu aléatoire dans ses succès et de quelques productions d’avions soviétiques sous licence, la Chine n'est pas aujourd'hui en mesure de concevoir produire ou vendre des engins volants. Or, pour une nation qui désire rayonner au cours du XXIème siècle, il sera nécessaire de pouvoir maîtriser ces technologies. Pékin consciente de son besoin nécessaire qui lui permettrait de s’offrir l'indépendance vis à vis de ses fournisseurs occidentaux, vient de mettre en place un projet avion de 100 places en collaboration avec Singapour et Airbus. Le marché chinois des avions civils est en pleine croissance, au regard de la bataille que se livre le géant de Seattle et Airbus sur le marché du transport aérien chinois, et les experts prévoient l'achat de plusieurs milliers d'avions commerciaux, notamment en Asie pour les vingt prochaines années. Perspectives de croissance, et transferts technologiques seront les véritables atouts de la Chine aérospatiale de demain.

 

2. Automobile

 

Le parc automobile Chinois se montait en 1995 à 11.2 millions de véhicules. Le 8ème Plan quinquennal donne la priorité à la production automobile et souhaite voir passer la production de véhicules de 88000 en 1991 à 320000 en 1997. Afin de satisfaire la demande et de limiter les importations, les autorités ont encouragé les investisseurs étrangers à venir investir sur place. Les premier furent les Européens (Volkswagen à Shanghai, Peugeot à Canton), vinrent ensuite les japonais (Suzuki à Tianjin) puis les américains (Chrysler à Pékin). L’automobile est encore grandement orientée vers la production de camions puisque en 1994 sur les 1.34 millions de véhicules fabriqués on dénombrait 775000 camions et 316000 autocars. Néanmoins l’apparition du concept de voiture particulière est en train de voir le jour, et si 90% des automobiles sont encore aujourd’hui détenues par des entreprises, de plus en plus de Chinois sont à même de devenir propriétaires. Selon les prévisions du 9ème Plan, la production devrait s’accroître de 9% par an jusqu’en l’an 2000 date à laquelle la Commission d’Etat prévoit la production de 1.350 millions de véhicules particuliers (contre 250000 en 1994). Les perspectives sont à la hauteur du marché chinois, le parc actuel de 10 millions de véhicules devrait atteindre 45 millions en 2010. Dans ces prévisions se profile encore l’arrivée de constructeurs étrangers et de leurs équipementiers. Ainsi Citroën a investi à Wuhan dans une unité de production de ZX (Fu Kang) dont la capacité de production devait atteindre à l’origine 250 000 voitures annuellement.

 

3. Chimie et pharmacie

 

Héritière de la planification et de l’industrialisation soviétiques des années 1950, la Chine tient un important marché dans le secteur de la chimie lourde. Les besoins chinois sont énormes et vont du raffinage à la production de plastique en passant par les arômes alimentaires ou les engrais. La Chine souhaite rattraper son retard en terme de technique et de productivité. Secteur polluant, il est aujourd'hui investi de tous les côtés par les étrangers. BASF vient d'investir en février 24 milliards de francs dans un site de production de composants aromatiques près de Nankin et prévoit d'investir dans trois autres projets du même ordre dans les dix années à venir. L'américain Dow Chemical quant à lui investit massivement dans la production de polyéthylène téréphalate (PET) plastique servant notamment dans les emballages alimentaires et les équipements automobiles. J'ai pu visiter à Changzhou l'un des sites du Belge Solvay qui produisait des composants automobiles plastiques pour les usines Volkswagen de Shanghai. Pas de doute, l'Empire du Milieu sera bien au centre de la croissance de la chimie pour les cinq à dix années à venir. En effet selon les prévisions, le marché devrait progresser de 8% par an en volume jusqu'en l'an 2000. De quoi faire rêver les groupes européens qui ne prévoient qu'un maigre 2% sur le vieux continent. Les besoins restent énormes car la Chine est en train de revoir entièrement son économie et la chimie demeure une des parties intégrantes du développement économique.

 

4. Electroménager

 

Engagé dans la perspective d’un marché en très forte croissance, le secteur de l’électroménager, bénéficie d’avantages structurels notoires, comme le faible coût de la main-d’œuvre, l’adaptation rapide des entreprises locales et la qualité croissante des produits fabriqués due à l’arrivée des techniques importées. Le niveau de vie des Chinois s’accroît à un rythme d’environ 12 % par an depuis 1992 et les ménages cherchent à améliorer leurs conditions de vie. La Chine est devenue l’un des principaux producteurs d’appareils ménagers, néanmoins sa capacité de production est aujourd’hui arrivée à saturation face à un marché dont la demande reste encore limitée. Il existe en Chine environ 51 usines de téléviseurs, 50 de réfrigérateurs, 42 pour les machines à laver et une centaine dédiées à la production de magnétophones et de petits électroménagers. Toutefois, on pourra remarquer que même en phase d’adaptation, les Chinois souhaitent continuer le développement de ce secteur car il permet à la Chine non seulement d’acquérir rapidement des technologies importées mais en plus il représente une grande partie de ses exportations juste après le textile et l’habillement. Afin de résorber ces difficultés, les autorités ont pris des mesures dès 1989 et l’industrie chinoise devrait sortir rapidement de la surproduction. Ce secteur connaît en effet un grand potentiel. Dans l’avenir, le vaste marché chinois se développera dans les régions éloignées surtout dans les zones rurales où le taux d’équipement demeure encore à un niveau très faible (pénétration de 2.2% pour les réfrigérateurs et 50% pour les téléviseurs...chez les ruraux). Les grands projets récents d’investissement sont ceux de Whirlpool (machines à laver) et Kenwood (audio) à Shanghai. On notera enfin la remarquable percée de Haier (climatiseurs, réfrigérateurs...) sur le marché chinois.

 

 

5. Electricité

Le parc chinois en matière de production d’électricité se compose comme suit:

 

Ces chiffres ne font que ressortir l'importance considérable et prépondérante du charbon, encore sous-exploité mais cependant polluant. Pékin cherche tout de même à réduire ses émissions toxiques, soit en faisant appel aux techniques étrangères pour construire des centrales au charbon écologique (Laibin B et GEC Alshtom), soit en développant d'autres sources d'énergie moins polluantes (Daya Bay I-II et Ling Ao par EDF-FRAMATOME ou le barrage des trois gorges sur le Yang Zi).

Sont utilisation est faite comme suit:

 

 

L'outil de production de l'industrie lourde et la planification ne font aujourd'hui qu'utiliser avec certainement beaucoup de gaspillages la production déficitaire en électricité.

 

Selon Henri Charles Blanc (EDF): " le système électrique chinois ne suffit pas à répondre aux besoins croissants de son économie. Aussi, pour augmenter ses capacités de production, la Chine a-t-elle recours au soutien financier et technique des pays étrangers ". La Chine évalue ses besoins à 15000 MW par an, or elle n'a pu seulement mettre en oeuvre que 6000 MW en 1994. Ainsi, certaines provinces manquent encore cruellement d’électricité et il n'est pas rare en Chine de subir quelques coupures.

 

6. Pétrole et Gaz

 

La très forte croissance chinoise conduit le pays à rechercher de nouvelles solutions énergétiques. Si le charbon occupe aujourd'hui 60% de l’outil de production énergétique, il demeure néanmoins extrêmement polluant. Or, le gaz est en quantité importante sur le territoire chinois mais il reste encore sous-exploité, notamment dans le bassin du Tarim (Xinjiang). La Chine prévoit de doubler sa capacité de production annuelle (16 Mds de m3 en 1993) au cours des dix prochaines années. Les réserves prouvées sont estimées à 1% des réserves mondiales mais il se pourrait que la Chine soit assise sur d’importants gisements qui représenteraient une capacité de 30 000 milliards de m3 soit environ 28% des réserves mondiales. La Chine, selon Gaz de France devra certainement importer du gaz dès la fin du siècle pour produire de l’électricité. Afin d’effectuer ses investissements lourds et à long terme la Chine se finance à l'aide de taux bonifiés et demande l'assistance des opérateurs étrangers.

 

Comme le montre la carte des réserves énergétiques chinoises, la Chine dispose d'importantes réserves pétrolières. Les réserves totales sont estimées à 15.8 milliards de tonnes (10ème rang mondial) mais ainsi que le souligne EDF, la croissance de la consommation progresse plus vite que son exploitation. La Chine vient d’ailleurs de décider la création d'une troisième compagnie pétrolière (China National Star Petroleum Corporation) fin janvier afin de développer des activités indépendantes de prospection de production et de distribution de Pétrole. La création de la CNSPC répond à l'ambition du gouvernement de pallier la demande croissante des matières premières qui augmentent les importations chinoises. Ye Qing vice président de la compagnie s'exprime en ces termes : "Notre industrie pétrolière rencontre des difficultés de plus en plus grandes car la production de brut et de gaz naturel augmente lentement, une situation aggravée par la pénurie de moyens de prospection. Or, pour satisfaire la demande nationale croissante, 3.5 à 4 milliards de tonnes de réserves de pétrole et 500 milliards de m3 de gaz doivent rapidement être explorés."

 

7. Textile

 

Longtemps considéré comme la porte d’entrée du marché chinois, en particulier par les investisseurs de la diaspora chinoise, le textile n’est plus la priorité du gouvernement chinois. En effet, Deng Xiao Ping avait calqué les modèles de développement coréen et taiwanais qui au début de leur révolution économique avaient misé sur la production de textile afin d’inonder les marchés occidentaux. Si la part des exportations de textile demeure aujourd’hui importante (20 % avec les chaussures), elles sont encore la preuve d’un sous-développement dont la Chine aimerait bien se débarrasser. La production de textile nécessite peu de transfert de technologie et beaucoup de main-d’œuvre à bas salaires.

 

8. Telecom

 

Le marché des télécommunications est devenu un eldorado pour les occidentaux. Les 40 millions de lignes téléphoniques disponibles en 1994 montrent à quel point la Chine est sous-équipée. Le marché du téléphone domestique et privé ainsi que celui du portable sont en croissance exponentielle (la Chine est le pays ayant le plus grand nombre d'utilisateurs de mobiles au monde). En fait la Chine a une capacité actuellement de 3.2 lignes téléphoniques pour 100 habitants et le gouvernement chinois en fait sa priorité. Le 8ème Plan prévoit la construction de 50 millions de nouvelles lignes afin de doubler la capacité du pays dans les années à venir pour atteindre les 120 millions de lignes en 2000. Depuis le début des années 1990 le marché chinois croît en moyenne de 50 % par an et le gouvernement prévoit d’investir 342 milliards de dollars d’ici à l’an 2000. 24 contrats de Joint Ventures avec des sociétés étrangères ont été signés pour le développement du GSM depuis 4 ans.

 

Le développement d'Internet est aussi considérable. Si les informations sont contrôlées afin d'éviter aux chinois " la pollution intellectuelle occidentale ", le nombre de citoyens connectés reste cependant important puisque il y aurait aujourd'hui en Chine 1.7 millions d'abonnés et plus de 80 000 sociétés reliées au réseau. Ainsi il n'est pas rare de retrouver sur internet des informations relatives aux différentes demandes d’investissements étrangers formulées par les municipalités chinoises.

 

Afin d'accomplir son Plan, la Chine va devoir non seulement investir dans les infrastructures terrestres mais aussi spatiales. Aussi, a-t-elle mis sur orbite une trentaine de satellites de télécommunications depuis 1988 et de nombreux constructeurs occidentaux signent d'importants contrats pour la construction de liaisons sous-marines (Alcatel Câble), de commutateurs et de centraux téléphoniques. Alcatel est le premier fournisseur de commutateurs, Northern Telecom participe à la construction de trois usines de circuits intégrés et Bell installe un laboratoire de recherche à Pékin.

 

9. Banque et assurance

 

Le marché de l’assurance fait partie des secteurs qui connaissent actuellement en Chine la croissance la plus rapide. La demande est telle que, au cours des dix dernières années, il a enregistré une progression annuelle moyenne de 36%, atteignant un montant de primes de RMB 61,5 Mds (USD 7,4 Mds) en 1995. Plusieurs facteurs permettent de penser que cette tendance se poursuivra dans les années à venir. Tout d’abord, malgré sa croissance rapide, le marché chinois de l’assurance reste sous-développé. En 1995, les primes d’assurance versées par les particuliers représentaient moins de 0,1% du revenu par tête, contre 2% en moyenne dans les pays en voie de développement et 8 à 12% dans les pays industrialisés.

 

Ensuite, la forte croissance économique entretiendra la demande en assurance-dommage, tandis que la propension à épargner, l’évolution démographique et l’évolution structurelle de l’économie chinoise destinent l’assurance-vie chinoise à un développement certain. Enfin, la réforme des entreprises publiques devrait amener les compagnies d’assurance à se substituer progressivement aux organismes d’Etat en matière de protection sociale.

 

Dans ce contexte, il n’est pas étonnant que les assureurs étrangers s’intéressent de très près au marché chinois, qui leur est pour l’instant quasiment fermé. La PICC (People’s Insurance Company of China) détient encore près de 80% de parts de marché, et les 20% restants sont presque totalement partagés entre deux autres sociétés chinoises, China Pacific et Pingan. Seules deux compagnies étrangères opèrent depuis plusieurs années sur le territoire chinois. Il s’agit de l’américain AIG et du japonais Tokio Marine, qui disposent tous deux de licences à Shanghai et Canton. Deux autres sociétés ont obtenu récemment leur licence : le canadien Manulife pour commercialiser des produits d’assurance-vie à Shanghai et tout récemment la compagnie suisse Winterthur.

 

Le marché bancaire quant à lui, n’est pas en reste. La convertibilité du Yuan va permettre aux banques de prendre place dans le développement chinois. Le marché national étant jusqu’ici réservé aux banques chinoises. Or, afin de soutenir le financement de l’activité économique, Pékin commence tout juste à ouvrir ses portes. A Pudong quatre banques (Citibank, Mitsubishi Bank, Industrial Bank of Japan et la Hong-Kong & Shanghai Bank) viennent d’obtenir la licence des opérations en RMB (Janvier 1997) ce qui laisse à penser que cette pratique se développera à l’avenir.

 

Au-delà de l’intérêt économique que le marché chinois suscite pour nos sociétés, le développement de l’assurance et de la banque en Chine est aussi le moyen de concourir au financement du développement économique chinois et de faire bénéficier la population chinoise d’instruments de protection contre les risques personnels et sociaux.

 


III. Les investissements étrangers

 

A. L'investissement direct dans la transformation chinoise

 

C'est à la fin des années soixante-dix que le gouvernement chinois décide d'accorder aux investissements étrangers des avantages (notamment fiscaux) considérables, qui s'inscrivent dans la politique d'ouverture de la Chine. Ce n'est pourtant qu'au début des années quatre-vingt-dix que les investissements directs étrangers se sont vraiment accélérés. Ils ont alors connu un développement spectaculaire : en 1994, les entreprises mixtes effectueraient 8,6% de la production industrielle et 28,6% des exportations, contre respectivement 1,0% et 9,3% en 1984. Ces investissements se concentrent dans les régions côtières et proviennent surtout des Chinois d'outre-mer, notamment ceux de Hong-Kong. Ils concernent de plus en plus des secteurs à technologie avancée, favorisés par les autorités chinoises. A la fin de l’année 1995, la Chine a approuvé au total plus de 258000 projets étrangers et déjà 120 000 investissements ont été réalisés employant plus de 16 millions de personnes.

Utilisation des investissements étrangers en Chine (millions de US$)

Année Total Prêts étrangers Investissements Directs Autres Investissements

Etrangers Etrangers

1979-1983 14 348 11 755 1 802 881

1984 2 705 1 286 1 258 161

1986 7 258 5 014 1 874 370

1988 10 226 6 487 3 194 545

1990 10 289 6 534 3 487 268

1991 11 554 6 888 4 366 300

1992 19 202 7 911 11 007 284

1993 38 960 11 189 27 515 256

1994 43 213 9 267 33 767 179

1995 48 133 10 327 37 521 285

 

L'utilisation massive des capitaux étrangers, qui financent en 1994 un quart de l'investissement chinois en capital fixe, a largement contribué à la croissance économique du pays. Les entreprises mixtes ont permis à la Chine d'accroître rapidement ses exportations, notamment dans les industries légères : textiles, cuirs, postes de radio et magnétophones, jouets, produits plastiques, etc. Depuis le début des années quatre-vingt-dix, le gouvernement chinois s'efforce de promouvoir les exportations de produits à plus forte valeur ajoutée.

 

Les transferts de technologies avancées restent toutefois assez limités : les industriels de Hong-Kong ou de Singapour souhaitent surtout profiter d'une main-d’oeuvre bon marché et bénéficier d'avantages fiscaux. En outre, ces investissements n'ont profité qu'à quelques provinces côtières, déjà les plus riches, qui ont eu une croissance forte accompagnée d'ailleurs d'une forte inflation. C'est sans doute pourquoi les responsables Chinois semblent devenir plus sélectifs, et s'acheminent sans doute vers un traitement plus égalitaire des investissements étrangers et nationaux.

 

Provenance des investissements étrangers (flux réels cumulés 1979-1995)

 

 

 

Les Taiwanais et les Hong-Kongais fournissent la majorité des investissements en Chine, quel paradoxe pour un pays comme la Chine qui a aujourd’hui besoin des apports technologiques occidentaux !

 

 

B. La présence française

 

1. Le retard français

 

La part des investissements français en Chine est faible, elle représente environ 1.3% des flux cumulés depuis 1979. Tandis que celle de l’Allemagne avoisine les 4% et que même les Italiens ont de meilleures performances. La France, bien placée au début des années 1980 avec l’Allemagne (seuls Volkswagen et Peugeot furent autorisés à s’implanter en Chine en 1985) a marqué le pas à partir de 1989 où sa diplomatie à chercher à mélanger droits de l’homme et économie. Le résultat est que pendant 4 années, jusqu’au voyage d’Edouard Balladur en 1994, les industriels français ont " boudé " le marché chinois et même parfois étaient évincés par les autorités chinoises (métro de Canton par exemple). Depuis la visite de Jacques Chirac au sommet de l’ASEAN en 1995, les ambitions françaises sont de l’ordre de 5% des investissements à l’horizon 2000. Afin d’atteindre cet objectif, les Français vont devoir mettre les bouchées doubles car en fait si la présence des grands groupes français est établie, le gros problème reste encore celui des PME. Les Français individualistes par nature, ont souvent du mal à venir en Chine en association avec d’autres partenaires, contrairement aux Italiens ou encore aux Allemands. J’ai assisté à Wuxi (Jiangsu) où une grande communauté allemande et singapourienne réside, à l’un de ces dîners réunissant les chefs d’entreprises allemandes (PME ou grands groupes) afin de discuter des différents problèmes liés à l’exploitation d’une société en Chine. Cette solidarité n’est malheureusement pas l’apanage des Français qui loin de s’entraider tentent parfois de s’éviter ou de rester en cercle fermé, ce qui bien entendu pousse à décourager les nouveaux venus sur le marché chinois.

 

2. La présence remarquée de nos multinationales.

 

Loin de notre constat pessimiste les grands groupes français ont compris depuis 1992 (date de la reprise des investissements français) que l’avenir se jouait en Chine. Si les investissements français sont faibles, ils ont cependant l’avantage d’être concentrés dans les secteurs industriels où la France a fait preuve de leader technologique notamment.

 

Dans le secteur automobile la France tient une position importante. Même si Peugeot prévoit de transférer sa production dans les usines Citroën de Wuhan, le potentiel des Français reste quand même intéressant et l’on peut noter qu’ils sont tous présents (Renault est installé à Nanjing pour la production de petits véhicules utilitaires).

 

Dans le domaine de l’environnement l’avance technologique française a su marquer des points et les groupes comme Lyonnaise Dumez s’octroient une grande partie du marché chinois.

 

La pétrochimie française s’implante grâce à Air Liquide (Chongqing, Shanghai), Total Chimie, Elf Atochem et Elf (raffinerie de Shanghai), ou encore Rhône Poulenc (l’entreprise a collaboré à une quinzaine d’investissements) et Roussel Uclaf.

 

En ce qui concerne la construction, le leader mondial du secteur des matériaux Saint Gobain a construit plusieurs sites de réfractaires, de verreries et d’abrasifs (Norton, SEPR). De même ADP vient de remporter la conception du nouvel aéroport de Pudong.

 

L’énergie est là encore l’un des secteurs où le savoir-faire français est reconnu de longue date. La centrale nucléaire de Daya Bay ainsi que celle de Ling Ao ont été confiées au consortium EDF Framatome, et GEC Alshtom est en lice pour plusieurs projets de centrales au charbon, moins polluantes.

 

Dans les télécommunications, France Telecom s’implante dans le Guangdong pour le marché des GSM et Alcatel est le 1er fournisseur de commutateurs en Chine.

 

L’agro-alimentaire est aussi l’une des implantations stratégiques françaises. Les vins et spiritueux comme le cognac XO de Remy Martin sont appréciés et l’une des meilleures collaborations franco-chinoises reste le vin Dragon Seal dont les ventes explosent. Danone a réussi à faire apprécier le yaourt à un pays qui n’en connaissait même pas l’existence dix ans plus tôt, et ses différents sites de production (à Canton, Shanghai et dans le Zhejiang) ont donné une renommée nationale à Antoine Riboud. Le président de Danone a ainsi été nommé au comité institué par le maire de Shanghai et constitué par une quinzaine de PDG de multinationales, et conseille la municipalité dans son développement économique.

 

C. La présence étrangère.

 

Nous exclurons dans ce chapitre les investissements effectués par la diaspora ainsi que ceux effectués par Taiwan et Hong-Kong. En effet, les investissements de la diaspora représentent environ les deux tiers des investissements étrangers en Chine (26 milliards en 1993). En 1994, la France a investi 192 millions de dollars, les Etats-Unis, 2.5 mds, le Japon 2 mds et l’Allemagne 259 millions...

 

On remarquera la forte présence américaine, allemande et japonaise tout comme celle de la Corée du Sud et de Singapour.

 

1. Les Japonais

 

Les japonais ont été parmi les premiers investisseurs en Chine et leur présence reste somme toute importante puisqu’elle égale l’ensemble des investissements de l’Union Européenne à elle seule. On remarquera que ses investissements suivent d’abord le prolongement de leur logique de délocalisation qu’ils avaient commencée au début des années 1980 vers les 4 dragons. Certains investissements japonais (notamment dans le secteur Hi-Fi) sont en fait des délocalisations de précédentes délocalisations. L’attrait des bas salaires des 4 dragons est en train de se perdre au profit de pays encore plus intéressants tels que la Chine ou le Viet-Nam.

 

La localisation des entreprises japonaises est intéressante, implantée sur tout le territoire chinois (promenez-vous sur le Bund de Shanghai pour voir les enseignes omniprésentes des sociétés japonaises comme Sony ou Sharp), les Japonais investissent cependant massivement sur leurs anciennes zones d’influence comme la Mandchourie ou le Liaoning (Dalian) ainsi que tout autour de la mer de Bohai et enfin à Pudong. On retrouve les Japonais dans des secteurs à forte intensité capitalistique mais surtout dans les biens de consommation courante et l’automobile (Toyota à Tianjin, Suzuki à Chang’an...).

 

2. Les Coréens.

 

Le pays du matin calme voit ses prix devenir de moins en moins compétitifs sur le marché international et il délocalise à son tour sa production (textile, électronique...). Implanté dans le Guangdong, il chercherait plutôt à s’implanter autour de la mer de Bohai et plus particulièrement dans le port de Yantai dans le Shandong. Daewoo vient d’installer une joint venture pour les appareils de recherche sismique, Samsung est impliqué dans un projet concernant l’industrie de la pêche et Hyundai prévoit plusieurs investissements notamment dans la production de moteurs... Les Coréens envisagent d’investir en Chine plus de 4 milliards de dollars jusqu’en 2000. Les investissements coréens se sont élevés à plus de 600 millions de dollars pour l’année 1996 et plus de 1000 joint ventures ont été établies.

 

3. Les Allemands.

 

Les Allemands sont les investisseurs européens les plus dynamiques. Ils se sont très rapidement implantés en Chine (Volkswagen à Shanghai) et entretiennent d’excellentes relations avec les autorités chinoises. Bien implantés comme les Français dans les secteurs de l’automobile, de la Chimie (Bayer, BASF ou Agfa), ou même encore dans le transport ferroviaire (construction du métro de Canton...), leur force réside dans leurs PME. J’ai pu voir à Wuxi, que les grands groupes allemands (Siemens, AEG) avaient entraîné avec eux leurs différents partenaires et équipementiers. En résumé, la puissance allemande relève de la synergie de leurs investissements.

 

4. Les Américains.

 

Les investissements américains se sont répartis dans tous les secteur et les grandes compagnies multinationales se sont implantées dès le début de l’ouverture en Chine. Sarah Lee dans les cosmétiques, Coca Cola, Mac Donald’s, Kentucky Fried Chicken (plus de 100 restaurants) ou encore Chrysler et son Jeep Cherokee qui assemble ses véhicules dans la proche banlieue de Pékin et Du Pont qui investit dans d’importantes usines pétrochimiques de Shanghai. Les apports technologiques américains se font dans les domaines de l’éléctronique, et de l’informatique essentiellement. Sur le marché de l’informatique chinoise, Compaq qui bénéficiait jusqu'à l’année dernière d’un leadership incontesté vient cependant d’être dépassé par le groupe chinois The Legend Group. Dans l’électronique, Motorola a investi depuis 1992, 280 millions de dollars en Chine et vient d’annoncer la création d’une fabrique de semi-conducteurs dont le montant s’élève à 720 millions de dollars. La force des investissements américains tient non seulement à la taille de leurs multinationale mais aussi à leur diplomatie. Si les relations sino-américaines sont parfois houleuses, Pékin sait qu’elle a besoin des Etats Unis pour lui permettre d’entrer dans le prochain millénaire. Ainsi, dès que les Chinois et les Américains se réconcilient, Pékin fait des gestes en faveur des Etats-Unis, en leur octroyant des gros contrats (Boeing) ou des accords de Joint Ventures...