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 La duchesse d'Enville à la Roche-Guyon

"Le XVIIème siècle prit réellement fin avec la mort de Louis XIV, le 1er novembre 1715. C'est donc dans une ère nouvelle que Louise Elisabeth Nicole de La Rochefoucauld, duchesse d'Enville, comtesse d'Aubijoux, marquise de Barbezieux, baronne d'Artye, naquit à Paris le 22 septembre 1716..."
[ in Daniel Vaugelade, Le salon physiocratique des La Rochefoucauld animé par Louise Elisabeth de la Rochefoucauld, duchesse d'Enville (1716-1797), Publibook, Paris, 2001.]

Généalogie de Louise Elisabeth Nicole de La Rochefoucauld, duchesse d'Enville
Elle était l'aînée des cinq enfants issus du mariage de Elisabeth de Toiras et de Alexandre de La Rochefoucauld (1690 - 1762).
Son père était lui-même l'un des dix enfants que Madeleine Le Tellier de Louvois avait donnés à François VIII de La Rochefoucauld (1663-1728). Il hérita du titre ducal après que ses trois frères aînés soient morts de la petite vérole (François, Michel-Camille, Charles-Maurice). Quant à Roger, le quatrième, il devint le quatrième abbé du Bec-Helloin et Fontfroide, ce qui ne l'empêcha pas de mourir de la petite vérole lui aussi à Budapest en 1717. Les deux frères cadets Guy et Aimery devaient mourir de la même terrible maladie. Ainsi Alexandre resta seul survivant de huit garçons. Ses deux soeurs eurent davantage de vigueur : Madeleine-Françoise devint religieuse à Saint-Denis. Emilie la petite dernière, naquit avec le siècle le 9 novembre 1700. Elle épousa le 4 janvier 1725 Charles-Emmanuel de Crussol, duc de Crussol puis duc d'Uzès, gouverneur de Saintonge et d'Angoumois, à Versailles, en présence du roi et de l'infante d'Espagne, Marie-Anne Victoire, futur femme du dauphin. Pour la petite Louise-Elisabeth âgée de 9 ans, cette cérémonie fut l'occasion de faire ses premiers pas à la cour parmi tous ces grands du royaume qu'elle devait cotoyer si souvent tout au long de sa vie...
Trois ans plus tard, en 1728, son grand-père, l'illustre guerrier François VIII de la Rochefoucauld disparaissait. Aussi, c'est son père qui recueillit le titre ducal sous le nom de Alexandre Ier, duc de la Rochefoucauld et de la Roche-Guyon, prince de Marsillac, comte de Duretal, marquis de Liancourt, baron de Verteuil, de Marthon, d'Ertissac, d'Enville (ou d'Anville), de Montignac. Il lui succéda dans ses charges de pair de France, de Chevalier des Ordres et de Grand-Maître de la garde-robe du Roi.
Entré dans la marine à l'âge de 17 ans, capitaine de vaisseau en 1710, à la tête d'un régiment d'infanterie depuis 1712, Alexandre de La Rochefoucauld recueillit une fortune assez considérable à la mort de son père. Très apprécié du jeune roi Louis XV, il passait pour un homme influent à la cour. Il vivait à Versailles, ou en son hôtel rue de Seine à Paris. Il se rendait aussi sur ses terres de Liancourt (Oise) et de La Roche-Guyon (Val d'Oise) mais la vie y était tellement moins confortable ! Surtout dans cette froide et austère forteresse dominant le méandre de la Seine.
Voici ce que Diderot dit d'Alexandre de La Rochefoucauld en 1765, dans Les salons (Paris, 1887) :
"Bon châtelain, actif, industrieux, agronome, philanthrope et très honnête homme, M. le duc de la Rochefoucauld était en ces derniers temps presque le seul qui vécût dans ses terres en grand seigneur. Son rang se montrait, non dans la hauteur de ses manières, mais par d'éminentes vertus. Sa fortune immense servait à répandre des bienfaits, à encourager l'industrie, à mettre le pauvre en état de gagner sa vie par son travail. Cet esprit de bienfaisance s'est perpétué par sa famille."
C'est dans un luxe et un entourage exceptionnels qu'Alexandre éleva ses trois filles Louise Elisabeth (1716-1797), Marie (1718-1789), et Adélaïde (1722-1737). Il aurait été sans doute le plus heureux des hommes au milieu des siens, s'il n'avait eu à pleurer la mort en très bas âge de ses deux fils (le premier né en 1717 mourut en 1718, le second né en 1720 mourut en 1721). Une sorte de fatalité semblait planer au-dessus de la descendance masculine des La Rochefoucauld, la variole qui faisait des ravages en ce début de siècle emporta les deux fils après six frères !
L'absence de descendance mâle qui mettait le nom des La Rochefoucauld en péril obligea le duc à négocier en très haut lieu, auprès du roi et du pape, la possibilité de faire reporter sur ses filles les droits et les titres que ses fils auraient dû recevoir. Ces faveurs n'étaient que très rarement accordées, car en France la tradition salique voulait que le seul fils aîné reprenne le flambeau du père.
En novembre 1731, tout juste 15 ans, Louise Elisabeth obéit aux ordres de son père en acceptant de prendre pour époux un homme de vingt ans son aîné, un homme qui pourrait porter la couronne ducale, ainsi que le roi en avait décidé : le titre ducal serait transmis au mari à condition que celui-ci soit né La Rochefoucauld lui-même.  L'attribution du titre de duc est du ressort exclusif du roi ; les ducs étant les plus grands seigneurs après la famille royale.
Louise Elisabeth ne connaissait que trop bien l'homme qu'elle allait épouser, c'était son oncle paternel, le frère cadet de son père, Gui II (1696-1731), que le roi fit duc de la Roche-Guyon. Mais quelques jours avant les noces, la petite vérole emporta le septième et dernier frère d'Alexandre.
Trois mois plus tard, le 28 février 1732, on lui offrait à épouser son cousin cette fois, Jean-Baptiste de La Rochefoucauld (1707-1746), fils de Louis de la Rochefoucauld, marquis de Roucy. Le roi renouvela ses lettres patentes afin que le jeune Louis pu porter désormais le titre de duc d'Enville.

- Tout ou partie du texte est tiré de D. Vaugelade, Le salon physiocratique des La Rochefoucauld animé par Louise Elisabeth de la Rochefoucauld, duchesse d'Enville (1716-1797), Publibook, Paris, 2001, p. 13 à 15.
- Se reporter aussi à l'article de Michel Rival La maison des La Rochefoucauld, paru dans Curiositas Humana Est, pages 109-121, Val d'Oise, éditions 1998.


Le domaine de la Roche-Guyon au début du XVIIIème siècle
"Les terres de la Roche-Guyon avaient échu à la famille La Rochefoucauld en 1669 par le mariage de Charlotte de Plessis Liancourt avec François VII de La Rochefoucauld. Le domaine, s'il était déjà conséquent, n'était sans doute pas mis en valeur autant qu'on l'aurait pu.", estime Daniel Vaugelade.
François VIII réussit à agrandir son domaine en achetant des terres, des bois et des seigneuries même si ce n'était pas toujours affaire facile. Il en fut ainsi par exemple pour l'acquisition de la seigneurie de Bonnières au prix de 40 000 livres, "ce qui nécessita de faire un procès contre le duc de Sully", indique aussi l'historien local dans son ouvrage.
Le château, au début du XVIIIème siècle, avait encore l'aspect d'une forteresse avec ses fossés, ses remparts, ses tours, son pont-levis. Inévitablement, les appartements y étaient sombres et inconfortables.
Présent aux archives départementales du Val d'Oise, l'inventaire du château qui fut fait en 1684 montre combien l'ameublement était rustique, usé, dépareillé, bien loin du luxe qu'Alexandre et la duchesse d'Enville apporteront plus tard.
On dénombre 40 chambres y compris celles des domestiques et des officiers contre 87 un siècle plus tard, la capacité d'accueil était donc assez limitée.
A partir de 1744, le duc Alexandre fit construire une rigole cimentée et couverte de 3140 mètres qui amenait l'eau d'une source depuis Chérence. La canalisation suivait la crête de la colline de craie, enjambait la côte des bois de La Roche grâce à une arche, desservait le lavoir communal situé sur la dite côte, et terminait sa course dans le tout nouveau réservoir du château creusé dans la roche. D'une capacité de 2200 muids (plus de 600 mètres cubes), d'une longueur de 70 pieds et d'une profondeur de douze pieds, il conservait toute l'année une eau fraîche et transparente.
Cette citerne alimentait aussi la fontaine publique érigée en 1742 par l'architecte Louis Villars, à l'usage des habitants du bourg.
Le duc Alexandre tenta de transformer le vieux château fort en palais. Il perça la muraille pour construire un grand escalier et une cour d'honneur dans laquelle il fit construire le pavillon dit de l'horloge. Remparts et pont-levis supprimés, il fit construire des écuries luxueuses dans le style de celles de Chantilly, ornées d'une sculpture représentant un cheval au galop (de Jamay) sur la porte centrale, là même où sont installées aujourd'hui les salles d'exposition. Des fossés furent creusés autour de la cour des écuries, dont l'entrée fut ornée d'une magnifique grille en fer forgée surmontée de la couronne ducale.
A l'emplacement de la grosse tour du château fort, il fit élever le pavillon Fernand qui comporte trois étages et augmente sensiblement la capacité d'accueil du châtelain.
De l'autre côté de la route, il entama l'aménagement du jardin potager protégé de la Seine par un épais mur de brique.
Enfin, il fit effectuer de nombreuses plantations dans son domaine, plusieurs centaines d'ormes entre LA Roche-Guyon et Limetz, par exemple. Il s'attaqua à la réfection de diverses routes qui mènent à La Roche-Guyon, de même qu'il fit procéder au pavage des rues du village.
Mais l'oeuvre la plus originale, la plus spectaculaire peut-être pour l'époque, fut l'aménagement d'une bibliothèque considérable de plusieurs milliers de volumes.

Le retour des tapisseries d'Esther
 

Les tapisseries d’Esther et l’ensemble du mobilier qui habillaient le salon de la duchesse d’Enville avaient été dispersés en 1987. Ayant un temps appartenu au grand couturier Karl Lagerfeld, les tapisseries sont mises en vente chez Christie’s en avril 2000. Le ministère de la culture exerce alors son droit de préemption et finance la moitié de l’acquisition.

Depuis la semaine dernière, les tapisseries d’Esther sont de retour au château de la Roche-Guyon. Ayant appartenu un temps à la collection de Karl Lagerfeld, les tapisseries ont été rachetées par le conseil général du Val d’Oise en avril 2000 pour 4,5 millions de francs. Depuis 1769, date de leur création à la manufacture royale des Gobelins, les tapisseries d’Esther du nom de ce personnage biblique qui inspira les artistes du Moyen-Age à la Renaissance, n’avaient jamais quitté les salons de la duchesse d’Enville hormis cet intermède de 14 ans. Le château n’étant ouvert au public que depuis 1994, les quatre tapisseries et leur mobilier n’ont jamais été dévoilés. Régulièrement entretenue, dépoussiérées et rarement exposées à la lumière, les couleurs des oeuvres, dûes à l’atelier “Cozette” de la célèbre manufacture, ont conservé un superbe éclat. La visite du château s’en trouve aujourd’hui considérablement enrichie.

L’histoire d’Esther commandée par Louise-Elisabeth duchesse d’Enville en 1767, et dont le metteur en scène est le peintre Jean-François de Troy a été réalisée en sept tableaux en 1769. L’intégralité de cette suite est visible au château pour l’exposition qui s’y tient jusqu’au 19 août 2001.

Après David, Esther est sans doute l’un des personnages de l’Ancien Testament qui a été représenté le plus souvent. L’histoire de cette jeune et belle femme qui utilise son pouvoir de séduction et sa grande intelligence pour sauver le peuple juif d’un massacre annoncé possédait toutes les qualités pour nourrir l’imaginaire classique et rentrer, au même titre que Judith, au panthéon des héroïnes bibliques.

Un récit biblique en sept tableaux
“Ceci arriva au temps d’Assuérus... qui régnait depuis l’Inde jusqu’à l’Ethiopie”. Ainsi débute le Livre d’Esther. Assuérus est le nom biblique du roi de Perse, Xercès Ier, qui régna de 485 à 465 avant J.C. La reine Vahsti répudiée, le roi fait venir à Suse, capitale de son royaume, les plus belles filles pour choisir une nouvelle épouse. Le jour de la présentation au roi, Esther sacrifie au cérémonial de la toilette pour être richement parée et vêtue (La Toilette d’Esther, 1ère pièce).

“Et le roi l’aima plus que toutes les autres femmes..., et la couronna” (Le couronnement d’Esther, 2ème pièce). La nouvelle reine vit avec son vieil oncle Mardochée. Le roi ignore qu’ils sont juifs. Par l’entremise d’Esther, Mardochée devient de plus en plus influent auprès d’Assuérus, il déjoue notamment un complot formenté contre le roi. Cependant Aman, le grand vizir prend ombrage de la personnalité de Mardochée. Lorsque le premier est nommé ministre par Assuréus, tous les serviteurs du roi viennent se prosterner devant lui. Seul Mardochée refuse de faire allégeance à Aman.

De fureur celui-ci demande à Assuréus de faire périr le peuple juif. Assuréus remet le sort des juifs dans les mains d’Aman. Mardochée apprend la nouvelle. Il va au palais prévenir Esther et lui demande d’user de toute son influence auprès du roi pour faire abroger le décret de génocide. Elle entreprend alors d’implorer la grâce de son peuple auprès du roi (Le dédain de Mardochée, 3ème pièce).

Sans invitation, personne ne peut pénétrer dans le palais. Bravant l’interdit, mais impressionnée par son acte de courage, Esther s’évanouit devant Assuérus qui, en signe de grâce et d’amour, lui tend le sceptre d’or près du visage (L’évanouissement d’Esther, 4ème pièce). Assuérus promet d’accéder à sa requête et de sauver son peuple.

Voir les livres historiques de la Bible ou la Bible de Jérusalem en ligne


A propos du retour des tapisseries :

Article publié dans Le Courrier de Mantes, le 12 avril 2001

Lire aussi sur le site www.catholique95.com, les tapisseries retrouvées

Les tapisseries d'Esther à la Roche-Guyon (sur le site du conseil général du Val d'Oise)

Manufacture Royale des Gobelins

Vers 1440, le teinturier Jean Gobelin avait installé son atelier en écarlate sur les bords de la Bièvre. Deux tapissiers flamands appelés par Henri IV en 1601, Marc de Coomans et François de La Planche, s'installèrent dans cet atelier. Louis XIV chargea Colbert de réorganiser la manufacture, qui prit le nom de manufacture royale des tapisseries de la Couronne (1662), dirigée par Charles Le Brun; en 1667 s'y adjoignit la manufacture royale des meubles. Dans ces établissements travaillèrent les meilleurs artistes du royaume et on y créa plus de 5 000 tapisseries d'après des cartons célèbres (Le Brun, Poussin, Audran, Van Loo, Boucher, et à l'époque moderne, Lurçat et Picasso). Depuis 1826, les Gobelins abritent l'ancienne manufacture de la Savonnerie et, depuis 1940, celle de Beauvais. Les ateliers, qui ont conservé une organisation et des méthodes artisanales, travaillent désormais uniquement pour l'État.


Jean-François de Troy, 1679-1752

Surtout connu de nos jours pour ses élégantes scènes de genre comme la Lecture de Molière ou le Repas d'huîtres, Jean-François de Troy bénéficia en son temps de prestigieuses commandes pour Versailles et Fontainebleau, récompensées par le collier de l'ordre de Saint-Michel et la fonction enviée de Directeur de l'Académie de France à Rome, avant le rare privilège pour un artiste étranger d'être élu "prince" de l'Académie romaine de Saint-Luc.
Rassemblé pour la première fois dans ce catalogue raisonné, l'œuvre peint et dessiné de l'artiste frappe par sa variété. Du portrait, spécialité de son père François de Troy, aux compositions religieuses et même au paysage, les toiles de J.-F. de Troy s'imposent par l'habileté de leur exécution et la richesse du coloris.
De retour d'un long séjour italien, J.-F. de Troy commença sa brillante carrière parisienne comme peintre mondain, connu autant pour ses bonnes manières que pour la rapidité avec laquelle il savait répondre à toute commande. Il travailla d'abord pour la clientèle des financiers de la fin du règne de Louis XIV et de la Régence. Les commandes de la Municipalité parisienne et celles de l'ordre des Lazaristes lui permirent aussi d'explorer de manière inédite des sujets historiques modernes.
La victoire qu'il remporta ex-æquo avec François Lemoyne au concours organisé par les Bâtiments de roi en 1727, souligne d'ailleurs la place que de Troy avait su conquérir dans la peinture d'histoire. Grâce aux modèles de l'Histoire d'Esther et de l'Histoire de Jason destinés à la manufacture des Gobelins, il s'imposa comme un grand décorateur, sachant admirablement mettre en scène d'immenses scènes d'expositions chatoyantes qu'il exposa avec succès au Salon.
En marge de l'étude de l'œuvre de J.-F. de Troy, son activité à la tête de l'Académie de France à Rome, de 1737 à sa mort, est également abordée, de la vie quotidienne au palais Mancini aux fêtes comme celles de la Caravane du Sultan à La Mecque, qui participèrent au renouveau de la Rome de Settecento.
Bibliographie : Jean-François de Troy, 1679-1752  par Christophe Leribault, Editions Arthena (Association pour la diffusion de l'Histoire de l'Art). Volume relié, format 24 x 32, 496 pages, 470 illustrations dont 100 en couleurs.

 

Un théâtre de société à la Roche-Guyon

« Si la haute société aime les beaux livres, elle se plaît aussi à donner la comédie et à jouer de la musique. Pour ses invités, la duchesse d’Enville aménage sous le grand salon un ravissant théâtre : achevé en 1768, il est doté d’une tribune en 1784. On y descend par deux escaliers, l’un très étroit, l’autre d’une étonnante largeur, creusé dans le roc derrière la bibliothèque. Les comptes renferment plusieurs factures – pour les costumes ; les rubans, les fils et les étoffes ainsi que pour le bois et les clous servant aux nombreux décors. Le répertoire est malheureusement inconnu, à une exception près : en 1770, on joue Le Déserteur, pièce en trois actes en prose de Sedaine sur une musique de Monsigny, compositeur très en vogue… » (Le château de La Roche-Guyon, p. 28)

 « Avant la construction du pavillon d’Enville, la comédie était jouée dans la salle de compagnie, sur une estrade aménagée à cet effet (les décors étant démontés à chaque représentation). Dès 1767, la duchesse d’Enville fait aménager dans le roc, sous le grand salon, un petit théâtre caché et intime, inauguré avec faste à l’automne 1768. La duchesse, très friande de théâtre et d’opéra, affectionne particulièrement sa « comédie ». Ses invités dont Turgot peuvent y entendre Le Déserteur de Monsigny, Le Tableau parlant de Grétry, ou la Servante Maîtresse de Pergolèse. Ils se transforment souvent eux-mêmes, pour un soir, en comédiens. Le théâtre, agrémenté d’une tribune, est décoré avec raffinement, des fauteuils de velours cramoisi permettent de recevoir une vingtaine de personnes. On y accède alors par deux escaliers, l’un monumental et extérieur, peut-être destiné aux acteurs et aux décors, l’autre intérieur, en bois, réservé plus vraisemblablement aux hôtes. Six décors mobiles animent la scène. Les comptes du château nous apprennent qu’un tambour a été acheté pour imiter le grondement du tonnerre. Actuellement, l’état de conservation du théâtre ne permet pas sa visite. » (Texte d’accompagnement de la maquette du théâtre actuellement présentée aux visiteurs du château de La Roche-Guyon [Val d’Oise])
--« Pour moi, je suis au milieu de vingt-cinq personnes dans la douce espérance d’un opéra-comique que me donnent demain mes enfants pour l’ouverture d’un théâtre que je leur ai fait faire, il sera suivi d’une comédie, samedi deux autres et tout le mois de novembre des représentations… »

(Extrait d’une lettre de la duchesse d’Enville à Saussure du 18 octobre 1768 [citée dans Curiositas humana est. Le château de La Roche-Guyon. Un salon scientifique au siècle des Lumières, Conseil Général du Val d’Oise / Val d’Oise, 1998, p. 43])


 
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