Pérouges est un petit village datant du Moyen-Âge, situé à 40 km de Lyon, près de la ville de Meximieux et campé sur une modeste colline dominant la RN 84 qui va de Lyon à Genève.
     Au 1er siècle de notre ère, peu après la conquête de la Gaule, les Romains construisirent une tour à cet endroit, pour surveiller la route menant à Lugdunum (Lyon), dont ils avaient fait la capitale de leur nouvelle province. Cette position stratégique aux confins de la Dombes et de la Bresse, de l'ancien duché de Savoie et du Dauphiné, valut à Pérouges d'être constamment au cœur de conflits territoriaux. Il semble que la cité médiévale ait été fondée par une colonie italienne venue de la ville de Pérouse (Pérugia) en Ombrie. Il est intéressant de noter,  en plus de la similitude des noms, que les blasons des deux villes sont pratiquement identiques: on y retrouve les mêmes couleurs, avec des griffons sur l'un et un dragon sur l'autre. La seigneurie de Pérouges a longtemps fait partie du patrimoine des anciens comtes de Forez et de Lyon. Ceux-ci l'inféodèrent vers 1100 à Guichard d'Authon. Après être passée entre plusieurs mains, elle devint en 1319 la propriété des dauphins du Viennois qui la donnèrent en 1343 à la Maison de France. Elle fut cédée en 1460 à Philippe de Savoie en échanges d'autres terres, ce qui déplut aux Dauphinois qui tentèrent de la reprendre en 1468. Mais leurs assauts se brisèrent sur les remparts et une des portes de la cité conserve en un latin rudimentaire, une inscription empreinte d'humour rappelant ce fait d'armes:
« Pérouges, ville imprenable! Ces coquins de Dauphinois sont venus et n'ont pas pu la prendre! Ils ont emporté les portes et les gonds! Que le diable les emporte! »  En 1601, le village fut définitivement annexé au royaume de France. Ces conflits n'empêchèrent pas Pérouges de devenir une ville prospère avec des foires et un artisanat très actifs, notamment dans le domaine du tissage (là encore on note une grande similitude avec la ville italienne de Pérouse).
     Au XIXe siècle, l'essor de l'industrie textile provoqua un rapide déclin du tissage artisanal local et la main-d'œuvre partit chercher du travail dans les grandes villes voisines, si bien que le village paraissait condamner à disparaître. S'il échappa à la ruine et à la destruction, c'est que des mécènes lyonnais, amoureux du passé et des vieilles pierres décidèrent de lui redonner vie, avec l'appui d'Edouard Herriot, alors ministre des Beaux-Arts et qui, séduit par le charme insolite de la cité, fit classer monument historique le village tout entier. Les maisons, d'un style marquant la transition avec la Renaissance, qu'elles soient à pans de bois ou à encorbellement, des imposantes demeures seigneuriales aux échoppes, toutes furent restaurées avec le plus grand soin, en respectant parfaitement leur aspect d'origine et les rues pavées de galets ronds retrouvèrent leur animation d'autrefois. Particulièrement représentatifs de ce patrimoine architectural à l'intérêt archéologique de premier ordre,  l'hostellerie et l'église traversée par le chemin de ronde figurent parmi les joyaux de la cité. Les défenseurs du patrimoine historique de la France citent volontiers Pérouges en exemple pour la façon remarquable dont son architecture médiévale a été préservée.
     Aujourd'hui encore, le visiteur qui pénètre dans Pérouges apercevra ce que découvraient déjà les voyageurs et les marchands qui y faisaient halte au XVe siècle. En s'arrêtant à l'ombre du tilleul géant (un arbre de la Liberté planté là en 1792 par des patriotes de la région), qui jouxte l'hostellerie, magnifique demeure du XIIIe siècle, le touriste comprendra aisément que le village soit un lieu privilégié pour les cinéastes désireux de tourner en extérieur des scènes à contexte historique. Dans la maison des princes de Savoie, le musée du vieux Pérouges permet de survoler des siècles d'histoire.

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