Montréal, le 20 septembre 1999

 

Conseil pour la Paix dans la Région
des Grands Lacs Africains
630 rue Guy suite 3
Montréal (Québec)
H3J 1T3

Tél. : (514) 570-2808
(514) 343-0677
Fax : (514) 333-5055

 

A l’Honorable Llyod Axworthy,
Ministre des Affaires étrangères
du Canada

 

Objet : Demande de modification de la composition de l’équipe burundaise
invitée à la conférence du 1er et 2 octobre 1999

 

Excellence Monsieur le Ministre,

 

Le Conseil pour la Paix dans la Région des Grands Lacs Africains (CPRGLA) qui regroupe des ressortissants du Burundi, du Rwanda, de la République Démocratique du Congo (ex-Zaïre) ainsi que des canadiens sympathisants vient, par la présente, dénoncer et interpeller , une fois de plus, le gouvernement canadien sur sa politique dans la région des Grands Lacs Africains et plus particulièrement au Burundi.

En effet, Excellence Monsieur le Ministre, permettez-nous de vous rappeler que la Coalition des Organisations des ressortissants des pays des Grands Lacs Africains dont fait partie le CPRGLA, a dénoncé lors du sommet de la Francophonie à Moncton, les gouvernements du Burundi et du Rwanda pour crimes de génocides, crimes contre l’humanité et crimes de guerre, qu’ils continuent de perpétrer sur les populations des Grands Lacs Africains.

Permettez-nous de vous rappeler également que l’avocat de la Communauté Burundaise du Canada ( CBCA Inc.), Me John PHILPOT, vous avez adressé, en date du 1er août 1999, une lettre pour vous demander d’exclure du sommet de Moncton et/ou d’arrêter la délégation du gouvernement burundais pour crimes de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre.

Force est de constater malheureusement que, par le truchement de l’Organisation Alternatives, le gouvernement canadien continue d’appuyer le régime putchiste et criminel de Pierre Buyoya en invitant les représentants de ce dernier à la conférence du 1er et 2 octobre 1999 en violation des provisions de la Loi sur l’immigration qui stipule que " Les personnes suivantes appartiennent à une catégorie non admissible :...

j) Croyance pour des motifs raisonnables, dans la commission, à l’étranger, d’un fait constituant un crime de guerre ou un crime contre l’humanité au sens du paragraphe7(3.76) du Code criminel ;

l) celles qui, à un rang élevé, font ou ont fait partie ou sont ou ont été au service d’un gouvernement qui, de l’avis du ministre, se livre ou s’est livré au terrorisme, à des violations graves ou répétés des droits de la personne ou à des crimes de guerre ou contre l’humanité, au sens du paragraphe7(3.76) du Code criminel ".

En effet, Excellence Monsieur le Ministre, le CPRGLA est indigné de voir des personnalités telles que Monsieur Eugène Nindorera, soit-disant ministre responsable des "Droits de la personne ", soit parmi les invités du gouvernement canadien, alors qu’il couvre la multiplication des violations massives des droits de la personne au Burundi (Génocide rampant et continu, Assassinats, Tortures systématiques, viols organisés, implantation des camps de concentration, etc.). De même, le CPRGLA considère inacceptable que Monsieur Gilbert Midende, complice de la sanglante épuration ethnique effectuée contre les étudiants hutu de l’Université du Burundi dont il est recteur, soit considéré comme une personne crédible pour parler de réconciliation entre burundais.

La composition de l’équipe burundaise invitée à la dite conférence est d’autant plus contestable qu’elle représente, non seulement une seule des dix sept parties présentes aux négociations d’Arusha, mais aussi celle qui continue à imposer des souffrances atroces au peuple burundais, alors que le thème centrale a être débattu est le processus de paix au Burundi.

Excellence Monsieur le Ministre, vu que le Canada est considéré comme la figure de proue en matière de respect des droits de l’homme, le CPRGLA est porté à croire que cette attitude de complaisance envers le régime criminel de Pierre Buyoya relève plus d’une mauvaise information sur la situation de violations massives des droits de l’homme au Burundi que d’une volonté du gouvernement canadien à prolonger les souffrances du peuple burundais. En conséquence, Le CPRGLA ne peut pas s’empêcher de questionner le rôle de Monsieur Marc LEMIEUX, Ambassadeur Itinérant du Canada dans la région des Grands Lacs Africains, qui est supposé informer correctement le gouvernement canadien sur la situation qui prévaut dans les pays de la région des Grands Lacs Africain, y compris au Burundi.

Compte tenu des faits ci-haut mentionnés et de la nécessité de ne pas mettre en danger les négociation encours à Arusha en adoptant une attitude partisane, le CPRGLA vous demande, Excellence monsieur le ministre, de reconsidérer la composition de l’équipe burundaise invitée à la conférence des 1er et 2 octobre 1999 pour que les points de vue des différents partis présents à Arusha soient pleinement rendus par leurs représentants.

Espérant une suite favorable à la présente demande, le CPRGLA vous prie d’agréer, Excellence Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères, l’expression de sa haute considération.

 

Pour le CPRGLA

Bwana CONSTANT

 

CPI