SONNETTE D'ALARME

La jeunesse rwandaise est confrontée à de multiples problèmes au sujet de son avenir. Dix ans viennent de s'écouler et laisser le Rwanda dans les ténèbres les plus sombres de son histoire sans espoir de paix et de tranquillité pour son peuple. Nos compatriotes, nos parents, nos frères et sœurs ont été et continuent à être sauvagement massacrés. Le tueur, quant à lui, ne cesse de triompher dans le monde sans la moindre inquiétude. La situation est grave. Le FPR avec ses mille mensonges ne cesse d'endormir l'opinion internationale qui directement ou indirectement cautionne à assassiner le peuple rwandais. Comme nous l'avons souligné dans le mémorandum du 6 avril 2000 adressé au Ministre de la justice, le FPR entreprend tout ce qui est possible pour faire obstruction à l'avenir de la jeunesse rwandaise.

Primo, personne n'est sans ignorer que plus de 150.000 personnes sont détenues dans les prisons mouroirs du Rwanda. Parmi eux les jeunes se comptent par milliers sans espoir de retrouver un jour la lumière de la vie. Pour eux, l'éducation et l'école ne sont qu'un grand rêve. Ce Rwanda meurtri est ainsi privé d'une force vive dont la contribution s'avérerait immense dans le cadre du développement auquel tous les peuples aspirent.

Secundo, au lieu de prendre le chemin de l'école pour apprendre la science, la moralité humaine et universelle, les bonnes mœurs d'un peuple digne de son existence, une autre partie de la jeunesse rwandaise est enrôlée par force dans l'armée pour aller mourir sous les canons dans une guerre absurde qui ravage le peuple congolais. Les 70.000 hommes que compte l'armée rwandaise ne sont que des jeunes rwandais déscolarisés et rangés sur le front comme au CONGO contre l'armée de KABILA d'un côté et contre l'armée ougandaise de l'autre. Cette jeunesse est victime des sentiments hégémoniques d'un petit groupe de personnes voulant faire la loi sur le peuple de la région à l'image du nazisme hitlérien au moment où le peuple rwandais regroupé dans les camps de concentration ne s’adonne plus au travail. Et qu’on s’interroge, hélas ! sur le martyr du peuple congolais de KISANGANI pris entre le marteau et l’enclume et pourquoi ? Le génocide perpétré contre le peuple hutu depuis 1990, ensuite avec le démantèlement des camps au Zaïre et jusqu’aujourd’hui est maintenant exporté contre un peuple déjà éprouvé par les problèmes socio-économiques résultant des pillages orchestrés par ces soit disant armées de libération et tout cela devant le silence et l’indifférence de la communauté internationale.

Tertio, les jeunes qui parviennent à s'échapper sont forcés à l'exil. Plus de la moitié des 200.000 réfugiés éparpillés dans le monde sont des jeunes vivant dans une situation d'apatride. Nous pensons principalement aux réfugiés qui continuent à errer dans la forêt équatoriale sans espoir de retrouver encore la signification de leur existence. Pour eux le concept d'école n’est qu’un rêve, la préoccupation majeure étant la lutte pour la survie du jour au lendemain. Il convient de penser également aux compatriotes campés dans les zones forestières du Congo Brazzaville, aux réfugiés non assistés au Kenya, au Cameroun, en Centrafrique, au Gabon et ailleurs.

Un réfugié c'est un étranger apatride ayant perdu la protection internationale de son pays. Dans les pays d'accueil, c'est un étranger très souvent exclu dans la vie socio-économique et politique à cause des sentiments xénophobes ou tout simplement à cause des motifs légitimes de nationalisme donnant la priorité aux autochtones. Tout cela débouche sur la conclusion selon laquelle l'avenir du peuple rwandais et surtout de la jeunesse de ce pays est incertaine. Pour ce faire, la situation ne laisserait personne indifférent. C'est ainsi qu'il a été jugé très nécessaire de mettre en place une organisation à travers laquelle la jeunesse rwandaise exprimerait ses inquiétudes, ses réactions en réclamant la dignité humaine, la justice équitable la paix et la sécurité pour le peuple de l'Afrique des grands lacs et du Rwanda en particulier. L'idée de création du Collectif du Six Avril 1994 Rwanda en abrégé COSAR est venue de cette nécessité.

La jeunesse de la diaspora rwandaise désespérée, voudrait donc LANCER UNE SONNETTE D’ALARME SUR SON AVENIR COMPROMIS ET SUR CELUI DU RWANDA en général. Il veut lancer encore une fois un appel pathétique à la condamnation de l'attitude belliqueuse du FPR qui non seulement entretient la haine entre les deux communautés rwandaises, mais aussi monte les voisins du Rwanda contre les ressortissants de ce pays alors que ces derniers n'approuvent guère cette attitude expansionniste et suicidaire.

La date du six avril a été choisie pour un motif principal : elle rappelle l'attentat contre l'avion présidentiel avec tous les massacres qui ont suivi. Mais, elle nous fait également revivre les événements du 1 octobre 1990, du 8 février1993, du 21 octobre 1993, du 21 et 22 février 1994, du 5 juin 1994, ainsi que de toutes les tueries jusque là jetées dans l'oubliette. Cette date cause un regret dans les cœurs des rwandais pour avoir perdu la coexistence pacifique avant la guerre de 1990 entre différents groupes sociaux. Elle constitue le mémorial des rwandais de la diaspora qui a soif de retrouver sa terre natale et revivre le climat de la compréhension mutuelle entre les différentes ethnies, le climat de la joie et de la beauté des Mille Collines et devenue le pays des Milles Douleurs. La jeunesse réfugiée en Belgique voudrait donner sa contribution dans la construction de ce mémorial qui peut donner l'élan de lutte pour la justice accessible par tous.

C’est ainsi que le COSAR a organisé une manifestation le six avril 2000 non seulement en mémoire des victimes du six avril, mais aussi dans l'intention de réclamer que justice soit faite sur tous les crimes commis contre le peuple rwandais sur le sol rwandais et dans les pays voisins. La manifestation s'est déroulée avec succès car le comité du collectif avait réussi à mobiliser un public intéressant et près de 400 personnes étaient au rendez-vous. Une délégation s'est constituée pour rencontrer le délégué du Ministre de la justice. Celui-ci a accueilli favorablement le mémorandum de la délégation et a suggéré de formuler des plaintes à déposer sans tarder au juge d'instructions à la cour d'assise, Me VANDERMEESHE. Le 2 mai 2000, la délégation a organisé une autre rencontre de suivi auprès de la même personnalité en vue de lui fournir des éléments plus édifiant sur l'implication du FPR non seulement dans l'attentat mais aussi dans le drame que le peuple rwandais continue à vivre depuis 1990 jusqu'aujourd'hui. Une fois encore, il a insisté sur la nécessité d'introduire des plaintes auprès du juge d'instructions.

S'agissant des objectifs à poursuivre, le COSAR voudrait mener des actions de sensibilisation dans les milieux d'accueil sur les raisons réelles de la présence des rwandais en dehors de leur pays. Cette campagne peut faciliter la procédure d'octroi d'asile politique ainsi que l'insertion professionnelle qui parfois est limitée pour la jeunesse rwandaise dont la présence est considérée par certains comme faisant partie des réfugiés économiques. Par conséquent, le COSAR cherche à donner le meilleur de soi-même pour que la jeunesse rwandaise prenne conscience sur son destin en se basant sur des principes suivants:

La jeunesse rwandaise compte sur la compréhension de tout homme et de toute femme épris de paix et de justice pour pouvoir contribuer efficacement à la recherche des solutions adéquates aux problèmes rwandais. Ainsi, votre concours est vivement souhaité dans l'organisation des activités notamment des conférences, des colloques, des cercles de débats comme des états généraux prévus l'année prochaine et surtout des activités d’assistance de nos frères jeunes éparpillés partout en Afrique et démunis de tout.

C'est digne pour des personnes qui luttent pour la légitimité de leurs valeurs morales et qui ne piétinent jamais l'esprit de la justice.

Nous devons croire à un combat juste, celui qui vise la restauration de la culture du respect de l'autre et de la dignité humaine aujourd'hui bafoué dans notre pays.

Je vous remercie.

KALIHUNGU Adrien

Président du COSAR