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HPL : Ses poèmes

Vous allez trouver ici des poèmes écrits par HP Lovecraft, pour la plupart extraits de "Fungi de Yuggoth et autres poèmes fantastiques". Ils sont aux nombre de quatre et la traduction française est tirée du livre des règles du JdR de l'Appel de Cthulhu 4ème éd. .

LE LAC DU CAUCHEMAR

Il y a un lac dans la lointaine contrée de Zan,
Au delà des régions habitées par l'homme,
Où médite seul, dans un état hideux,
Un esprit mort et désolé ;
Un esprit ancien et impie,
Lourd d'une effroyable mélancolie,
Qui des eaux ternes et profondes
Fait surgir des vapeurs de pestilence.
Sur les berges, dans un bouclier d'argile,
Se vautrent des choses d'une offensante corruption,
Et les oiseaux curieux qui atteignent ce rivage
Ne sont jamais plus revus par les mortels.
Ici brille le jour un soleil ardent
Sur des étendues vitreuses que personne ne contemple,
Ici s'écoulent la nuit de pâles rayons de lune
Dans les profondeurs béantes.
Il n'est dit que dans les cauchemars
Quelles scènes se déroulent à la lueur de ces rayons ;
Quelles scènes, trop anciennes pour la vue de l'homme,
Gisent englouties dans la nuit éternelle ;
Car ces profondeurs sont seulement arpentées
Par les ombres d'une race muette.
Par une nuit exhalant les relents du mal,
J'ai vu ce lac, assoupi et tranquille ;
Tandis que dans le ciel blafard voguait
Une lune gibbeuse qui brillat et brillait.
J'ai vu les étendues fangeuses de ces berges,
Et les créatures immondes qu'abritent les marécages ;
Lézards et serpents en proie à des convulsions mortelles ;
Corbeaux et vampires se putréfiant ;
Tous ceux-là, et au dessus des cadavres,
Les nécrophage qui en tirent leur pitance.
Et, alors la lune redoutable s'élevait dans les cieux,
Chassant les étoiles de la voûte céleste,
Je vis les eaux ternes du lac briller
Jusqu'à ce que des choses sortent de son sein.
Là-bas luisaient, à des lieux innombrables,
Les tours d'une ville oubliée ;
Les dômes ternis et les murs moussus ;
Des flèches aux algues emmêlées et des salles vides ;
Des temples abandonnés et des caveaux d'épouvantes,
Et des rue dont l'or n'était pas convoité.
Tous cela je l'ai comtemplé, mais j'ai vu aussi
Une horde d'ombres informes qui glissait lentement ;
Une horde malsaine qui sous mon regard
Semblait se livrer à une danse hideuse
Autour de sépulcres visqueux, proches
D'un chemin que nul ne parcourt jamais.
Emmanant de ces tombes monta une clameur
Qui trembla la maussade tranquilité des eaux,
Tandis que des ombres funestes venues de l'espace éthéré
Hurlaient à la face sardonique de la lune.
Alors le lac s'enfonça dans son lit,
Aspiré dans les cavernes de la mort,
J'usqu'à ce que la terre infecte ainsi mise à nue
S'élèvent en volutes fétides des vapeurs délétères.
Aux alentours de la cité, presque découverte,
Les ombres monstrueuses dansaient de plus belle,
Quand, regardez ! Brusquement s'ouvre
Le portail de chaques sépulcres !
Aucune oreille ne saurait comprendre ; aucune langue ne saurait décrire
Quelle horreur surgit à cet instant.
Je vis le lac, cette lune grimaçante,
La cité et les choses en ses murs...
Eveillé, je prie pour que sur cette rive
Le lac du cauchemar ne s'enfonce jamais plus !

H.P. Lovecraft

L'HORREUR DE YULE

Il y a de la neige sur le sol
Et les vallées sont glacées
Une nuit sombre et profonde
Plonge le monde dans les ténèbres ;
Pourtant une lueur sur la colline laisse présager d'antiques festins impies.
La mort est tapie dans les nuages
La peur rôde dans la nuit,
Car les morts dans leurs suaires
Saluent la fuite précipitée du soleil,
Et entonnent des chants sauvages dans les bois, en dansant autour de l'autel de Yule, fongueux et blanc.
Ce n'est pas une brise terrestre
Qui fait ployer la forêt de chênes,
Où les branches malsaines s'entrelacent
Et étouffent sous l'étreinte d'un gui démentiel
Ces puissances sont les forces des ténèbres, surgie des tombes des peuples oublié des Druides.

H.P. Lovecraft ; décembre 1926

HALLOWE'EN DANS UNE BANLIEUE

Les clochers sont blancs dans le sauvage clair de lune,
Et les arbres ont un éclat argenté ;
Au-delà des cheminées on voit voler des vampires,
Et les harpie des airs supérieurs,
Qui battent de l'aile, rient et observent.
Car le village mort qui s'étend sur la lune,
N'a jamais resplendi dans les derniers feu du couchant,
Mais a surgi de l'abîme creusé par les années défuntes
Où les rivières de la folie se déversent
Des gouffres dans le puit des rêves.
Un vent glaçé souffle entre les rangées de gerbes
Dans les champs au pâle chatoiement,
Et vient s'enrouler autour des pierres tombales luisantes
Où les goules du cimetière ricanent
En pensant aux récolte flétries et perdues
Même le souffle des étranges dieu gris du changement
Qui l'ont arraché aux passé, son domaine
Ne peut accélérer cette heure, lorsqu'une force spectrale
Répand le sommeil sur le trône cosmique
Et libère le vaste inconnu.
C'est pourquoi s'étendent à nouveau le vallon et la plaine
Que des lunes depuis longtemps oubliées ont contemplés,
Et les morts bondissent gaiement dans la lueur blafarde,

H.P. Lovecraft

L'AVANT-POSTE

Lorsque le soir rafraîchit le fleuve jaune,
Et que les ombres arpentent les pistes de la jungle,
Le palais de Zimbabwe reste brillament illuminé
Pour un grand roi qui redoute de rêver.

Car, seul entre tous les hommes,
Il a pénétré dans le marais qu'évitent les serpent ;
Et, cheminant en direction du soleil couchant,
A atteind le Veld qui s'étend au-delà.

Nul autre regard ne l'avait jusqu'alors contemplé
Depuis que des yeux avait été donnés aux hommes...
Mais là, comme le crépuscule devenait nuit,
Il découvrit la tanière du Secret Très Ancien.

D'étranges tourelles se dressaientt au-delà de la plaine,
Des murs et des bastions entouraient
Les dômes lointains qui souillaient le sol
Tels des champignons lépreux après la pluie.

Une lune gibbeuse se leva en renaclant pour éclairer
Des étendues ou la vie ne pouvait avoir de demeure ;
Et dans la pâleur lointaine, tours et dômes
Se révélaient sans fenêtres et maléfiques

Alors celui qui dans son enfance courait sans craintes
Parmis des ruines ornées de lianes
Trembla devant ce qu'il vit... Car ceci
N'était pas les vestiges d'une cité des hommes.
Des formes inhumaines, entr'aperçues, à peine devinées,
Mi-tangible et mi-éthérées,
Tombaient de gouffres célestes, béants et sans étoiles,
Et descendaient vers ces murailles nues et pestilentes.

Et vers les abîmes, depuis cette région à la folle pestilence,
Des hordesamorphes s'en retournaient en grouillant sombrement
Tenant dans leurs serres les débris
De choses dont les hommes ont révées et qu'ils ont connues
Les antiques Pêcheurs du Dehors...
Le grand-prêtre ne racontait-il pas
Comment il trouvèrent les mondes anciens,
Et s'emparèrent de ce qu'ils convoitaient

Leurs avant-postes cachés, cernés par l'effroi,
Ruminaient leur aigreur sur un million de mondes dans l'espace ;
Abhorrés par toute race vivante,
Et pourtant préservés dans leur sollitude.

Transpirant d'épouvante, l'observateur
Repartit vers les marais qu'évitent les serpents,
Afin d'être, au levé du soleil,
En sécurité dans le palais où il dormait.

Personne ne le vit partir, ni revenir à l'aube,
Et son corps ne portait aucunes marques
De ce qu'il rencontra dans ces ténèbre maudites...
Pourtant de son sommeil toute paix a désormais fui.
Lorsque le soir raffraîchit le fleuve jaune
Et que les ombres arpentent les pistes de la jungle,
Le palais de Zimbabwe reste brillament illuminé
Pour un grand roi qui redoute de rêver.

H.P. Lovecraft



NEMESIS

De l'autre côté des portes du sommeil gardées par des goules,
Au delà des abîmes nocturnes éclairées par une lune blafarde,
J'ai vécu des vies sans nombre,
J'ai sondé du regard toutes choses;
Et je me débats et je crie jusqu'à l'aurore, Poussé à la folie par l'effroi.
J'ai tournoyé avec la Terre à l'aube des temps,
Quand le ciel était une flamme vaporeuse;
J'ai contemplé la béance du sombre univers
Où les noires planètes roulent sans but,
Où elles tourbillonent inaperçues dans leur horreur,
Sans savoir, ni éclat, ni nom.

J'ai dérivé sur des mers sans fin,
Sous des cieux sinistres aux nuages gris
Que déchirent des éclairs échevelés,
Qui résonnent de cris hystériques;
Des beuglements d'invisibles démons
Qui s'élèvent des eaux glauques.

Je me suis élancé tel un daim parmis les arches
Du bois originel et immémorial,
Où les chènes sentent la présence en marche
Qui se tapit là ou aucun esprit n'ose rôder,
Et je fuis la chose qui m'entoure et m'observe
Entre les branches mortes au-dessus de moi.

J'ai cheminé près de montagnes perçées de cavernes
Qui se dressent nues et stériles au milieu de la plaine,
J'ai bu de l'eau fétide des fontaines à grenouilles
Qui suintent vers le marais et vers l'océan;
Et dans les lacs brûlants j'ai vu des choses
Que je ne souhaite pas revoir.

J'ai contemplé le vaste palais orné de lierre,
J'ai parcourue sa grande salle désertées,
Où la lune qui se lève au dessus des vallées
Révèle les créatures sur les tapisseries murales;
D'étranges silhouettes tissées sans harmonie
Que je ne supporte pas de me remémorer.

Etonné, j'ai jeté un regard depuis les croisées
Sur les prairies qui pourrissaient à l'entour,
Sur le village aux nombreux toits ployés
Sous la malédiction d'une terre cernée de tombes;
Et, en direction des alignements d'urnes de marbre blanc,
J'ai écouté, cherchant à déceler un bruit.

J'ai hanté les tombeaux des âges,
Porté par les ailes de la peur, j'ai survolé
L'Erebus qui gronde en crachant des nuées;
Des précipices enneigés et lugubres;
Et des royaumes où le soleil du désert consumme
Ce qu'il ne peut jamais égayer.

J'étais vieux quand les premiers Pharaons montèrent
Sur le trône incrusté de joyaux aux bords du Nil;
J'étais vieux en ces ères incalculables
Où moi, et moi seul, était vil;
Et où l'Homme, encore pur et heureux vivait dans la félicité
Sur la lointaine île Arctique.

Oh, grand fut le péché de mon esprit,
Et grande est l'étendue de sa condamnation;
La compassion des Cieux ne peut le réconforter,
Et la tombe ne peut offrir aucun répit:
Depuis les éons infinis surgissent en battant
Les ailes des ténèbres impitoyables.

De l'autre côté des portes du sommeil gardées par des goules,
Au delà des abîmes nocturnes éclairées par une lune blafarde,
J'ai vécu des vies sans nombre,
J'ai sondé du regard toutes choses;
Et je me débats et je crie jusqu'à l'aurore, Poussé à la folie par l'effroi.
J'ai tournoyé avec la Terre à l'aube des temps,
Quand le ciel était une flamme vaporeuse;
J'ai contemplé la béance du sombre univers
Où les noires planètes roulent sans but,
Où elles tourbillonent inaperçues dans leur horreur,
Sans savoir, ni éclat, ni nom.

H.P. Lovecraft

[25/07/2000]