Un document de 1906, relatif à la consommation et à l'inspection sanitaire. In "Constructions et agencement des abattoirs ", Dunod et Pinat, par J. de Loverdo, Ingénieur sanitaire, Licencié es sciences, Chargé de missions techniques à l'étranger par le Ministre de l'agriculture etc...

 

Trois noyaux s'étaient formés, d'inégale importance, dont quelques étudiants qui feuilletaient en silence les revues et journaux mis a leur disposition et se tenaient manifestement à 1'écart. Les conversations fusaient de toutes parts si bien qu'on eut pu croire les groupes plus nombreux qu'ils ne 1'étaient en réalité. L'atmosphère restait cependant relativement calme et détendue, troublée seulement par la fumée des cigarettes qui montait avec force au plafond.
Les étudiants continuaient à affluer les uns après les autres. Leurs silhouettes noires surgissaient des ténèbres pour apparaître dans le corridor battu par les vents avant de venir se détacher une a une en pleine lumière. Parfois, c'était tout un groupe de cinq ou six étudiants qui faisaient leur entrée en même temps. Enfin tout le monde, ou presque, fut là.
[…]


Bientôt, le responsable demanda d'une voix forte que chacun prit place. Les tables étaient servies d'avance, et les étudiants se ruèrent sur elles dans le plus grand désordre. Le repas commença.
Du temps ou il était lycéen à Kumamoto, Sanshiro ne buvait que du sake rouge, un alcool de piètre qualité qu'on fabriquait dans le pays; tous ses condisciples en faisaient autant, pensant que c'était là quelque chose de naturel. Et lorsqu'il leur arrivait de manger en ville, c'était dans 1'un de ces restaurants ou Ton sert du bœuf, que certains d'entre eux d'ailleurs suspectaient fort de n'être que du cheval. Les lycéens saisissaient avec leurs doigts la tranche qui garnissait leur assiette et la lançaient centre le mur : s'il retombait, le morceau de viande était censé être du bœuf, et du cheval si au contraire il restait collé au mur. Un tour de magie en quelque sorte! Aussi la réunion de ce soir-là, qui avait lieu entre de vrais gentlemen, revêtait-elle figure d'événement aux yeux du provincial qu'était Sanhiro. Tout a sa joie de manier couteau et fourchette, il avalait de grandes lampées de bière entre deux bouchées.
" C'est immangeable, vous ne trouvez pas?" lui demanda son voisin de table.
C'était un étudiant à 1'air posé et au crâne rasé, qui portait des lunettes cerclées d'or.
Sanshiro marmonna une vague réponse. S'il avait eu affaire à Yojiro, il lui aurait sans doute honnêtement avoué qu'il trouvait le repas délicieux, mais craignant que cet aveu ne put passer pour de 1'ironie aux yeux de son voisin, il préféra se taire.
" Vous venez de quel lycée? lui demanda ce dernier.
- Du lycée de Kumamoto.
- De Kumamoto? J'avais un cousin là-bas. Il disait que c'était un véritable trou perdu.
Il a raison, c'est un pays de sauvages. "

Sanshiro, de Soseki Natsume

Natsume Sôseki, billet de 1000 Yens

Soseki, immortel auteur de "Je suis un chat", oeuvre indispen-chat-ble aux amis des matous.

 

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