Poésies de Pierre Louis Narcisse du Rosemont-Girard
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  1. Le Repentir de Narcisse
  2. Le matin brumeux où je l'ai rencontré...
  3. L'automne...
  4. Je regarde succomber...
  5. Comme l'absourdité...
  6. Haïkus décadents
  7. Alcool
  8. Aube
  9. Passion
  10. Regret
  11. Une transverbéreuse frilosité...

Le Repentir de Narcisse

                Il n'avait jamais plu, mais
dans   la   moiteur   irisée   de  l'été
j'entendis l'Écho d'une fleur éclose.
NEVERMORE, cet immensurable
espace clos mutile ses cris hallucinés.
Et l'amère narcissine - l'alcaloïde
fiévreuse - fane la corolle diaphane
de mon âme fuligineuse.

Le matin brumeux où je l'ai rencontré
le bonheur gisait
sous l'évanescence de l'encore trop
juvénile aurore
- imperceptible frisson qui m'envahit.
J'écoutai alors
tout appelait le silence, le silence
seul... et rien de plus.

L'automne
l'âme bouffonne
se pâme
et abandonne

une oraison de pluie.

J'entend l'instant frémir
et les feuilles éparses.

Je regarde succomber
en rêveries lentes
et blanches
une minuit
triste
de fleurs évanouies.

La neige recouvre en fin
les lourdes empreintes
laissées par la mémoire.


Comme l'absourdité
                                   des
                                          voix






               dévoile






                          un abolisme d'anaurorité,
                                                                       je me tais!

Haïkus décadents

Le crépuscule crépite
Un lucide éclair albâtre
Silencieux dans l'anthracite
Vespéral de mon noir âtre

Jaillit. Et l'inanité
Qui cédera aux coups lourds
Et à ses velléités
Me laissera seul et sourd.
        II
Les nervures ennemies
A n'en nommer que les unes
Enivrées des endémies
Avilissent mes veinules
-Vanité haine rancune-
Et l'inavoué. Car nul

Ni l'inique nuit naissant
De la noire inhibition
Ni l'anémie des encens
Dans la nitescence enfuie
N'annihile l'affection
Nue que me porte l'ennui.
        III
Faudra-t-il qu'au lointain rien
S'exhalent bifides ors
Du soûl d'un ennui ancien
Seules et tues les aurores?

Et elle en l'air séphyrien
Du ombre à l'aura sonore.

Alcool

Dans les douceurs feintes
Folles à liées
Des chutes d'absinthe
Trop hallucinées

Un ciel gris de payne
Qu'allant vers attristent
Et bavent d'halleine
Les mers améthysthe

S'ivre des vents pires
Que les sanglots verts
Du sang des vampires
Aux fleuves ulcères

Et les vomissures
De l'arcure en cieux
Teignent mes gerçures
D'océans huileux

Puisqu'en les abysses
Lacives et molles
Mes lèvres bleuissent
D'ambres et d'alcool.

    Aube

J'admirais les masques en mire des murmures
Survivant aux crépuscules allés quand d'or
Née des nues incandescentes une aube encore
Endormie y mêla un angélisme obscur.

L'angoisse menaçant d'inhibition de purs
Oiseaux de feu et leur plumage éteint alors
-Sépulcres sonores à l'orée des aurores-
Mira dans ces masques comme à travers l'azur

En l'ombre palit sous les ciels aux échos ivres
Du néant des orbes les vieux halos de givre.
Soudain silencieuses les brumes se jettèrent

Sur les nocturnales toutes dernières voiles
Délaissant pour un jour leur unique mystère:
Soir Immense Lune Ebréchée Nuit Claire Etoile.

    Passion

Puis le désespoir hideux d'ors et de suaire
Obscurcit des poisons l'aphase firmament
En voile sueux de sang des ciels solitaires
- On entendit pleurer Saint Pierre amèrement.

L'immense immensité muette et s'immanant
Bavait les brumes luies, et d'obscurité feinte
Le monde s'acheva en nuits nues et néant
Dans la moiteur enclos d'une tombe d'hyacinthe.

Seules - tout aboli - l'orbite creuse et lente,
Vomissaient en convulsions, incandescentes
Et purpures, les fuligineuses nuées

Quand en l'âme ceinte d'étranges hystéries
Le crépuscule allunit d'orgueil se tarit:
Immobilement tu, le Christ était tué.


    Regret

L'amas de mers candides qu'endeuille aux impures
Sylphides l'écume insoumise de l'essor
Et de ses rives à rebours, prie et implore
D'ange les nues aux nuits de jasmins en gélure.

Une lune anomale envahit la diaprure
Ingénue où d'ennui, lorsqu'elle s'évapore
A l'éther éthéré des régions du nord
Se pleure l'immortelle et envieuse nature.

Et solitaire dans son agonie de cuivre,
Reflété par les eaux, un viel orgueil qu'enivre
Le génie furieux quitte l'extase d'étoile

Et des convulsions soeurs. Qu'en, à toute étrangère
Reste-t-il sinon rien à son art éphémère
En guise d'infini, l'infini de ses voiles.

Une transverbéreuse frilosité
Se terre en agonie
Dans la compulsive confusion
- Fébrile et inféconde -
Des calcédoines
En échos aux fleurs artifficiellement closes.

Ce rien n'effraye
D'absence
Qu'inespérement vague.
Et le sang noircit et les convulsions
Pâles
Fustigent le passé.

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