DEBORDIANA

Attention les chacals voyagent sous l’eau

Les Torpilleurs du Mensonge [Jean-Pierre Baudet & Jean-François Martos]
2 août 1982

Tract bilingue diffusé en Allemagne

Jean-François Martos, Correspondance avec Guy Debord
Le fin mot de l’Histoire, Paris, août 1998

   

 

LES IDÉOLOGUES qui pêchent en eau trouble derrière l’édition Nautilus n’ont, bien sûr, jamais présenté le moindre intérêt pour la critique révolutionnaire. Mais voilà : en tentant de faire main basse sur la théorie, et sur son édition, ils sont maintenant à la tête d’un pot-pourri éclectique où eux-mêmes sont incapables de distinguer le vrai du faux, et pour cause : ils n’y ont jamais rien compris. Lisez donc leur analyse sous-réaliste de la Pologne : « ainsi doit-on donner leur chance aux manœuvres de falsification si chères en déroulant devant la coulisse de la volonté générale la bobine de ce moment spécifique du Romantisme polonais — ce monstre engendré par trois partages et par le pathos de liberté du XIXe siècle — dans lequel les bourgeois assis s’exhibaient en tant qu’hypocrites disciplinés dans les banquets commémoratifs … en tant que célébration médiale, le nationalisme est la froide spiritualité sur les larmes sentimentales du XIXe siècle ».

Quand leur sous-poésie sous-sous-sous-dadaïste, qui ne vise qu’à fignoler et abstractiser leur absence de pensée, retombe sur ses palmes, ce ne peut être, entre mille autres sottises, que pour traduire et approuver comme étant le meilleur de ces deux dernières années le texte provocateur Protestation devant les Libertaires du présent et du futur sur les capitulations de 1980, après avoir édité son contraire, Du terrorisme et de l’État. Ainsi, avec la pseudo-Protestation, Ratgeb et Voyer, ils voudraient maintenant représenter le nec plus ultra de l’idéologie anti-situationniste après avoir voulu accaparer la théorie situationniste elle-même. Et on sait comment : si vous vous y retrouvez à travers les multiples coquilles infligées à La société du spectacle, vous pourrez vous estimer moins malheureux que les infortunés lecteurs de leur Revue-des-poubelles, Die Aktion — « politique et artistique », ma chère : si vous n’y croyez pas, allez-y voir vous-mêmes.

Bref, ils n’étaient que des benêts, et les voilà maintenant des salauds. Les révolutionnaires d’aujourd’hui savent donc maintenant ce qu’est Nautilus, et qui continuera à y barboter s’en séparera ipso facto.

POUSSONS CE QUI S’EFFONDRE !

LES TORPILLEURS DU MENSONGE, le 2 août 1982

 

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Achtung die Schakale bewegen sich
unter Wasser fort

Torpedos gegen die Lüge [Jean-Pierre Baudet & Jean-François Martos]
2. August 1982

Jean-François Martos, Correspondance avec Guy Debord
Le fin mot de l’Histoire, Paris, août 1998

 

 

DIE IDEOLOGEN, die im trüben Kielwasser der Edition Nautilus fischen, sind für die revolutionäre Kritik selbstverständlich nie von geringstem Interesse gewesen. Nun stehen sie aber, nach dem Versuch, die revolutionäre Kritik für sich einzunehmen, an der Spitze eines eklektischen Pot-pourris in dem sie selber unfähig sind, das Wahre vom Falschen zu unterscheiden und das mit gutem Grund : sie haben nie etwas davon verstanden. Man lese nur ihre unter-realistische Analyse Polens : »Hierdurch soll den beliebten Fälschungsmanövern Raum geboten werden, indem vor der Kulisse des allgemeinen Freiheitswillens das besondere Moment des polnischen Romantizismus abgespult wird — jenes Unding, das drei Teilungen und das Freiheitspathos des 19. Jahrhunderts hervorbrachten, in dem sich die gesetzten Bürger als disziplinierte Heuchler auf Festbanketten hervortaten… Als mediale Zelebration ist der Nationalismus die kalte Spiritualität auf die Gefühlstränen des 19. Jahrhunderts«.

Wenn ihre unter-unter-unterdadaistische Subpœsie, die nur darauf abzielt, an der Abwesenheit eigener Gedanken herumzufeilen und diese zu abstraktisieren, wieder auf den Teppich kommt, so nur, um unter einer Vielzahl anderer Dummheiten den provokatorischen Text Einspruch gegen die Kapitulationen von 1980 vor den Libertären der Gegenwart und der Zukunft zu übersetzen und als den Besten der letzten beiden Jahre gutzuheissen — und dies nach der Veröffentlichung seines Gegenteils, Ueber den Terrorismus und den Staat. Mit dem Pseudo-Einspruch, Ratgeb und Voyer möchten sie gerne das Nec plus ultra der anti-situationistischen Ideologie darstellen, nachdem sie sich der situationistischen Theorie selbst schon haben bemächtigen wollen. Wenn ihr euch durch die zahlreichen Druckfehler, die der Gesellschaft des Spektakels beigebracht worden sind, zurechtfindet, könnt ihr euch glücklicher schätzen als die leidgeprüften Leser ihrer Abfalleimerzeitschrift Die AktionZeitschrift zu Politik und Kultur : meine Liebe, wenn Sie’s nicht glauben wollen, schauen Sie doch selbst nach.

Kurz und gut, bisher waren sie nur Dummköpfe, jetzt sind die Schufte. Die Revolutionäre von heute wissen nunmehr was Nautilus ist, und wer sich weiter in deren Schlepptau einspannen lässt trennt sich ipso facto von den Ersteren.

ABER WIR SAGEN : WAS FAELLT, DAS SOLL MAN AUCH NOCH STOSSEN.

TORPEDOS GEGEN DIE LÜGE, den 2. August 1982


« Les gens de Nautilus commençaient à dépasser les bornes en faisant l’apologie de cette Protestation (…) sur les capitulations de 1980. Aussi je t’envoie rapidement cette torpille qui doit maintenant circuler en bilingue en Allemagne ; si elle ne suffit pas à leur crever les ballasts, du moins édifiera-t-elle leurs lecteurs potentiels dans le désert théorique qu’est ce pays. » — JEAN-FRANÇOIS MARTOS, lettre à Guy Debord, 11 août 1982.

« Le passage des mêmes sottises de Toulouse à Hambourg n’est pas trop étrange : il s’agit d’une sorte d’Interpol de l’édition. Tous ces gens ont aujourd’hui bonne mine, après les révélations accumulées en Italie dans les dernières semaines : quand la loge “P-2”, les services spéciaux, la Mafia, le Vatican, la droite démo-chrétienne, etc., se sont si fraternellement partagé la même besogne, où donc étaient les supposés “staliniens” autonomes de la Brigade Rouge ? Il n’y avait aucune place libre pour eux dans cette jolie boîte de sardines bien tassée.
Et où est-il maintenant, le beau Rouillan, qui parlait de la Terreur comme un Saint-Just des ordinateurs ? Mais où sont Carlos Ramirez et Pierre Courty ? Et le général Della Chiesa mourant a pu se dire qu’après le salaire vient la prime. » — G
UY DEBORD, lettre à Jean-François Martos, 21 octobre 1982.


On lira aussi :

ÉDITIONS CHAMP LIBRE (Gérard Lebovici), Correspondance avec Hanna Mittestadt, Éditions Nautilus. 11-16 septembre 1980


14 octobre 2000

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