DEBORDIANA

Pas de dialogue avec les suspects !
Pas de dialogue avec les cons !

Jan Strijbosch & Raoul Vaneigem pour le Conseil Central de l’I.S.
Anvers, 27 février 1963

Tract bilingue français/néerlandais [version française]

Archives situationnistes. Volume I. Documents traduits. 1958-1970
Traductions et notes de Luc Mercier. Éditions Contre-Moule/Librairie Parallèles, Paris, mars 1997

 

 

FORCE NOUS EST de constater que c’est actuellement en Belgique que l’on relève le plus grand nombre (et l’accroissement le plus rapide) d’imbéciles notoires et de gens louches qui essaient d’approcher les situationnistes sans en avoir les moyens.

Eu égard à l’unité du mouvement situationniste, nous sommes dans l’obligation de rappeler que le triage sévère de tout ce qui peut être intellectuels spécialisés, prétendus connaisseurs et collectionneurs de l’avant-garde ; ou ralliés plus ou moins gaiement à un conformisme plus ou moins exotique ; ignorants plus ou moins volontaires de la nature du pouvoir partout, et adorateurs de l’efficacité d’une police ou d’une autre, — que le triage, disons-nous, et le traitement nécessaire de ces gens ont été appliqués par les situationnistes en Allemagne, Scandinavie, Angleterre et France, constamment et d’une manière que personne ne peut plus ignorer. Il est donc évident que les Belges ne sauraient bénéficier d’une exception à cette règle ; en dépit d’une espèce de dissimulation gentille, produit naturel de l’acceptation d’un amateurisme politico-culturel débile.

Étant donné que nous représentons devant les spécialistes quels qu’ils soient, et comme justement leur incapacité de le comprendre le confirme, les idées critiques nouvelles et l’efficacité pratique du dépassement (parce que l’efficacité nous a choisis, et non l’inverse), ils doivent pour nous parler apporter la preuve préalable qu’ils nous ont compris, et qu’ils ont donc liquidé leur propre bassesse.

L’excès vraiment inconvenant d’une connerie s’adressant à nous au nom de n’importe quoi a été atteint à Anvers le 23 février courant, où un vieux raté du stalinisme littéraire et un quarteron de puceaux hystériques sont venus nous proposer à brûle-pourpoint d’admettre et de signer avec eux les trois extravagances suivantes — bêtement écrites et intitulées « Haut les mains ! » :

a) que le fascisme menace de saisir la Belgique ; b) que subséquemment la seule force révolutionnaire à appuyer serait le parti communiste belge ; c) qu’il serait bon que nous choisissions sur-le-champ entre le fascisme et leur propre nullité conservée et transmise, congelée, depuis 1930. Ce cas exemplaire devait être signalé pour l’instruction de tous leurs pareils.

Toute tentative, même plus discrète, de relations de ce genre avec l’I.S. devra avoir cessé en Belgique à la date du premier mars 1963.

27 février 1963

Pour le C.C. de l’I.S.
JAN STRIJBOSCH, RAOUL VANEIGEM


14 octobre 2000

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