Roger Braun
(1862-1941)

Extraits de la causerie faite à l'occasion du dîner du "Vieux Papier",
le 18 novembre 1998.

Delphine Lallement, "Roger Braun (1862-1941), collectionneur et vice-président du Vieux Papier", Bulletin de la Société Archéologique, Historique et artistique Le Vieux Papier,
Fascicule 352, Tome XXXV, Avril 1999, pp.241-247.

Collectionneur de menus et d'affiches illustrées

Cette présentation est un aperçu du mémoire de maîtrise d'histoire de l'art. Elle vise faire connaître un collectionneur inconnu du large public, qui vivait à Paris à la fin du XIXe et au début du XXe siècle.


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  1. Biographie
  2. Collections
  3. Portraits
  4. Sociétés et amis artistes
  5. Ex-libris
  6. Collections de menus et d'affiches
  7. Conclusion

Biographie

Roger Théodore Edouard Braun
(1862 Ville d'Avray - 1941 Paris).
Ses parents étaient d'origine alsacienne et protestants très pratiquants. Il épousa Jeanne-Marguerite Falconnet, avec laquelle il eut une fille. Sa soeur épousa l'artiste , collectionneur et membre de l'Institut Etienne Moreau-Nélaton.
Il exerça la fonction de notaire pendant près de trente ans à Saint-Maur-des-Fossés.
Il fut toujours attiré par le domaine de l'art. De 1883 à 1885, Il travailla comme journaliste littéraire et artistique, puis rédacteur en chef du quotidien de la programmation théâtrale et musicale "L'Orchestre". Il participa au mouvement artistique et délirant des "Incohérents".


Collections

Le terme de "collectionneur de collections" lui correspond bien. Il menait de front plusieurs collections : menus illustrés, programmes artistiques, estampes, affiches françaises et étrangères, éditions rares, albums, revues, journaux satiriques, cartes d'adresse et cartes d'invitation, catalogues. Et sa résidence en Alsace contenait des porcelaines, tableaux et meubles anciens.



Roger Braun par Léandre
Roger Braun par Charles Léandre

Portraits
Sur la photographie de Harcourt, il paraît sévère, strict et grave. Mais n'oublions pas qu'à cette époque les personnes prises en photo ou portraiturées devaient avoir l'air sérieuses. Dans un autre portrait, Lucien Jonas lui adoucit les traits le rendant moins strict et plus souriant. Son ami artiste Charles Léandre le caricatura, lui donnant un faciès plus avenant.




Sociétés et amis artistes
Il fréquenta beaucoup d'artistes qui devinrent ses amis, tels Charles Léandre, Adolphe Willette, Georges Villa and Maurice Neumont.
Très actif, il s'investit dans une vingtaine de sociétés culturelles, telles que la société historique et archéologique des 1er et 2nd arrondissements Le Centre de Paris, la société le Vieux Papier (dans laquelle il fut le vice-president), Le Vieux Montmartre (dont il fut également vice-president), Le Cornet et il fut vice-président et membre fondateur de la société Les Bibliophiles du Cornet.
A cette époque, la société bourgeoise et les artistes artists joignaient souvent leurs connaissances et leur humour autour d'un bon repas, sans femmes.


ex-libris

Ex-libris
En tant que bibliophile averti, il fit réaliser un ex-libris. Cette marque de propriété reflète ses goûts, ses idées et sa profession.
L'instrument, le cor de chasse, rappelle sa participation au sein des chasseurs alpins, et l'épée désigne le grade d'officier. La représentation de la République assise est l'enseigne utilisée pour désigner les cabinets de notaires. Les livres empilés soulignent soulignent sa passion pour les éditions rares. Ses initiales "R.B." sont également inscrites sur l'un de ses livres. La plume rapelle son intérêt pour les arts et les lettres.
Son ex-libris résume toutes les passions de ce collectionneur, amateur d'art.



Menu de G. Villa
Menu de Georges Villa pour la Société Le Cornet
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Collections de menus et d'affiches

- Les menus

Sa collection de menus était très conséquente : nous estimons le fonds entre 16.000 et 20.000 menus.
Il s'est plus précisément attaché aux manues militaires, de guerre et de l'armée, ceux portant la signature d'artistes célèbres et avant la lettre, montmartrois ou non, aux menus-réclames et ceux édités par les sociétés, notamment celles dont il était adhérent.
Très fier de sa collection, il écrivit dans son testament qu'elle était "unique au monde", ce qui s'approche de la vérité.

Il collectionnait les menus et devint également un commanditaire. Pour un diner de la société le Cornet qu'il devait présider, il demanda à son ami Georges Villa de réaliser un menu. Comme pour l'ex-libris, nous trouvons des livres, le cor de chasse, mais également sa collection de menus. Un jeune enfant tient une affiche sur laquelle on peut distinguer son profil. Derrière le mur de livres, un autre garçon ramasse de vieux papiers, ce personnage symbolise la société le Vieux Papier.
Il commanda un menu à son ami Maurice Neumont en hommage à son ami décédé Adolphe Willette.




- Les affiches
Sa seconde grande collection est celle des affiches illustrées françaises et étrangères. Il possédait un peu plus de mille affiches, avec des noms célèbres tels que Chéret (il en possédait cent), Mucha, Steinlen (trente-deux), Grasset (quatre-vingt), des marques telles que le papier à cigarettes Job et des sujets connues, comme la grande exposition le Salon des Cent, des artistes de music-hall artist comme Loïe Fuller et Sarah Bernardt.




En conclusion

Nous pouvons affirmer que ce "collectionneur d'arts" a créé son expression artistique avec sa collection.
Il vivait avec l'art et par son implication dans le monde de l'art, nous pouvons afirmer que c'était un "estète", comme beaucoup de personnes du XIXe siècle.
Toute sa vie, il fut un homme généreux et il continua par de là sa mort avec ses collections, en en faisant don aux musées français.