Un scénario catastrophe ou un signal d'alarme ?
Wavre envahie par la végétation !

Non, vous n'avez pas rêvé c'est bien l'Hôtel de ville de Wavre que l'on peut voir sur la couverture du nouvel album de Christian Denayer et Franz, album fraîchement sorti de l'imprimerie et que quelques libraires arborent déjà dans leur vitrine. Mais un Hôtel de ville en piteux état qui se dresse sous un ciel rougeoyant, le toit effondré comme au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

A l'intérieur de l'album, la cité des Macas affiche un look encore plus désolant : la rue du Commerce, la rue Haute, l'église Saint-Jean-Baptiste, la rue Charles Sambon, la place Polydore Beaufaux, l'église Notre-Dame de Basse-Wavre, etc, sont envahis par la végétation. Des bâtiments émergent ci et là d'un paysage de désolation où des personnages inquiétants tentent, à force de violence, de subsister.

L'explication ? Parce que trop polluée, notre bonne vieille terre a été abandonnée par les hommes qui vivent « en haut sur des satellites. Seuls, les criminels y sont « déposés » pour purger leur peine et Gord, le héros de la BD, est mêlé à eux bien malgré lui.

Je ne suis pas un écologiste acharné, explique Christian Denayer, le dessinateur de la série, qui est venu s'installer à Wavre en 1975. Mais tant à Bruxelles - où se déroulait l'essentiel de l'action des deux premiers albums - qu'à Wavre, j'ai été frappé par la pollution qui menace notre environnement. Ce scénario d'anticipation est un signal d'alarme. J'aimerais que l'on prenne davantage garde à notre cadre de vie.

Christian Denayer, qui a effectué ses débuts dans le métier en tant qu'assistant de Jean Graton (sur Michel Vaillant) et de Tibet (sur Ric Hochet) est coauteur avec André-Paul Duchâteau de Yalek, d'Alain Chevallier séries ayant paru dans notre quotidien mais aujourd'hui abandonnées - et des Casseurs, dont le dix-neuvième album, « Le Trou dans la tête » vient de paraître également.

L'idée de cette nouvelle série est, quant à elle, née du désir de Denayer et de Franz (« Jugurtha », « Lester Cockney »...), qui habitaient à 100 mètres l'un de l'autre à Bruxelles, d'inventer une histoire se passant dans un milieu hyper-pollué. C'est ainsi que les deux premiers albums eurent pour cadre notre capitale envahie par des eaux nauséabondes et quelques-uns de ses plus célèbres édifice., tels l'Atomium et le Palais de Justice, envahis par la jungle. L'action du quatrième album se déroulera à Paris. Mais Franz, accaparé par son travail, n'en sera plus, ayant déposé dans les mains de son comparse les destinées du scénario.

Ce sera l'occasion de toucher davantage le marché français, avoue Christian Denayer, qui a dû chercher lui-même un nouvel éditeur, suite à des litiges avec les éditions du Lombard. Finalement, celles-ci ont rendu aux deux auteurs leurs droits et c'est ainsi que ce troisième album - tiré (provisoirement ?) à 20.000 exemplaires - ainsi qu'une réédition des deux premiers, viennent de voir le jour chez « P & T Production », une maison bruxelloise. Pour information, le repérage photo à Wavre date de 1988...

Mais il serait injuste de parier de Gord sans évoquer celui qui, dans l'ombre, a transpiré des jours et des nuits pour « imaginer », dessiner et fignoler ces fantastiques décors : le Wavrien Yvan Fernandez, qui est aussi l'assistant de Denayer sur les Casseurs. Un collaborateur on ne peut plus précieux Yvan traite avec une incroyable rigueur professionnelle tout ce qui lui passe entre les mains. Après plusieurs années de collaboration, il estime qu'il m'a apporté autant que moi je lui ai appris, reconnaît Christian Denayer, qui espère -c'est un message personnel - qu'Yvan le considère plus comme un ami que comme un patron.

Christian Denayer et le futur Hôtel de ville de Wavre. Charles Aubecq rêve-t-il d'un balcon comme celui-là pour s'adresser à la foule? Photos Joachim.

CHRISTIAN SONON dans Le Soir du 6 novembre 1992


        
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