Mois de décembre 2000


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Samedi 2 décembre 2000

Sincérité

 

Je ne sais pas comment font mes "collègues" diaristes pour parvenir à répondre de façon satisfaisante à la fois à l'écriture, à la correspondance via les mails, et... à vivre aussi dans le "réel".

Pour ma part, c'est parfois impossible de tout mener de front. Une fois la vie physique terminée pour la journée, il ne reste pas un temps infini pour la vie du net. Lorsque je m'adonne à la lecture de mes diaristes favoris, que je vais faire un tour sur le site de la CEV, que j'ai lis mes mails... il ne reste plus beaucoup de temps. D'autant moins que je suis généralement passé lire et répondre à mon courrier professionnel, faire de même sur une boite "privée" (ah, les identités multiples!) et que j'ai parcouru quelques forums...

Bref, mes soirées sont bien remplies et je ne peux tout faire. Du coup, ce sont soit les réponses au mails qui tardent un peu, soit le journal qui ne reçoit aucune confidence. Je dis ça, mais je ne voudrais surtout pas manquer de ce retour des lecteurs (pas si fréquent que ça finalement).

Ces dernier jours, une lectrice jusque là inconnue, m'a écrit. Un long mail, puis un autre ce soir (merci S.). J'aime découvrir de nouveaux lecteurs. Mais je me souviens aussi de mes débuts, lorsque j'écrivais en pensant un peu trop à ces lecteurs potentiels. Même si j'essayais d'en faire abstraction, il m'était difficile d'écrire vraiment lbrement. J'y parviens mieux maintenant (peut-être justement parce que j'ai peu de retour?).

S. (je m'abstiens de donner l'identité des gens, en général) m'a écrit que ma façon d'écrire lui paraissait trés sincère. Je dois dire que c'est une remarque qui me fait particulièrement plaisir puisque c'est vraiment un souhait profond de ma part. Ce n'est pas la première fois qu'on me le dit. Et c'est, semble-t-il, relativement étonnant de la part d'un homme.

D'écrire ces phrases, vous ne vous en rendez peut-être pas compte, est un signe de ma sincérité. Parce que je ne crois pas être du genre à faire de l'auto-satisfaction. Il faut que je me sente suffisamment libre pour oser l'écrire en sachant que ce sera lu.

En écrivant ces mots, je me demande pourquoi je dis tout ça... Une chose et son contraire. Auto-satisfaction puis atténuation immédiate de peur d'être mal perçu. C'est bien moi ça!

A ce propos, hier nous avons eu une longue conversation téléphonique avec Inès. Suite à des remise à plat de nos attentes respectives. Elle me parlait d'un mail dans lequel j'écrivais de cette façon: chaud et froid mélangés. Heureusement qu'elle me connaît bien maintenant, et qu'elle sait que ce sont mes contradictions internes qui transparaissent ainsi. Lorsque je dis que je ne me sens plus capable de la rencontrer, mais que quelques lignes plus loin j'évoque avec nostalgie (et envie) les moments passés ensemble...

C'est une lutte entre mon éducation qui me garde prisonnier d'un cadre rigide, et mes envies de vivre ma vie comme bon il me semble. Parfois c'est un coté de moi qui l'emporte, parfois c'est l'autre. Les deux étant proches par leur force.

 

Charlotte était là hier, et elle à bien compris qui me téléphonait. Malgré une gène initiale de ma part, je ne me suis pas empêché de faire ce qui me plaisait. Je sais qu'elle n'aime pas, qu'elle est jalouse, mais je sais aussi qu'elle accepte que je vive mes envies. Elle sait que sa jalousie n'est pas quelque chose qu'elle doit écouter en elle. Ce matin, elle ne m'a pas caché qu'elle grommelait, seule dans le lit alors que j'étais "avec" une autre. Mais Charlotte sait aussi que je vis avec elle et que je n'ai jamais eu la tentation d'aller ailleurs. C'est Charlotte la femme de ma vie, et il n'y a aucune ambiguité la dessus... même s'il faut régulièrement que je la rassure à ce sujet.

 

Bon, vous remarquez que je me disperse... C'est bon signe! Je crois que ça veut dire que je suis les cheminements de ma pensée sans m'imposer de sujet particulier en sachant que je serais lu et que mes divagations seront peut-être malaisées à suivre.

 

En écrivant le paragraphe sur Inès, je me suis rappelé une crainte subite hier soir: lorsqu'elle m'a dit qu'elle lisait de temps en temps le journal d'une diariste dont je lui avais parlé. Angoisse! Et si elle a l'idée de suivre quelques liens? Il n'est pas exclu qu'elle tombe un jour sur mon journal et il y a fort a parier qu'elle ne mettra pas longtemps à me découvrir. Et a lire ce que je dis de notre relation...

Pourquoi cette crainte? N'aurais-je pas le même discours avec elle et dans ce journal? Pour l'essentiel, je suis sincère. Mais il n'est pas exclu que certains détails soient relatés ici de façon un peu plus... crue que ce que je lui ai dit. Rien ne me vient particulièrement en mémoire, mais je sais que plusieurs fois j'ai écrit ici des choses que je ne lui ai pas dites de la même façon (dans le but de la protéger des mes idées défavorables).

Flagrant délit de tricherie!

C'est évident, je suis le plus sincère ici. C'est bien pour cette raison que je garde l'anonymat.

Je me demande par quel détournement de ma volonté mon inconscient m'a poussé à lui parler des journaux en ligne. Sur le moment, c'était pour lui expliquer pourquoi j'avais moins de disponibilité pour elle. Je lui ai donc expliqué cette découverte de la vie des autres via leur journal... et donné une adresse. Par contre, je me suis bien gardé de lui dire que j'en tenais un moi-même! Mais ne lui ai-je pas quand même donné un début de piste?

Bon, où en étais-je de mon sujet initial? Je remonte le curseur..... hop.... voilà! Bon, je parlais de sincérité suite au message de S.

Ben... rien de plus à dire. Pas grave. On est pas à l'école ici: pas de sujet à tenir. La liberté prévaut et à droit de parole!

Sincérité... Il y a quelques jours, Claudio en parlait: il n'aborde jamais le domaine de la sexualité. Et moi non plus (ou si peu...). Certes, il y a certainement d'autres sujets que je n'aborde jamais, mais fonction de l'importance de la sexualité dans nos vies, il est bien étonnant qu'elle ne transparaisse jamais ici.

Je pourrais m'en tirer avec une pirouette en disant qu'on ne parle pas de ce qui va bien.

Oui, mais ce serait tricher avec vous (pas avec moi, je ne suis pas dupe de moi!). J'ai souvent pensé à en parler, mais ça ne s'est jamais déclenché. Pas facile d'aborder ce sujet, pourtant si "banal" parce qu'il nous concerne tous. J'ai osé aborder les relations extra-conjugales (mais ça, ce serait presque "bien vu"), les évocations évanescentes des pensées incestueuses (vous suivez ma phrase?), mais jamais le sexe.

Sexe. Rien que le mot dégoutait ma fille, il y a quelques années. Marrant d'ailleurs comme l'esprit associe les mots et les idées et trouve "laides" certaines consonnances, ne reflétant en fait que nos dégouts internes. Je ne sais pas ou vous en êtes de votre liberté sexuelle, que j'éspère trés grande, mais je vous propose une réfléxion.

Que pensez-vous des mots: cajun, valve, perm', tennis, éviction... rien de bien particulier n'est-ce pas?

Maintenant, que pensez-vous des mots proches dans leur consonnance, tels que: vagin, vulve, sperme, pénis, éjaculation... pas pareil non? Pour moi, rien que de les écrire, j'ai l'impression d'être vulgaire, limite choquant.

Si vous ne ressentez rien de ça, bravo, vous êtes largement plus libérés que moi!

Voila, maintenant que vous sachez que ces idées me gênent, vous comprendrez aisément que ma vie sexuelle ne peut pas être des plus épanouies. Même si elle va quand même bien, je vous rassure ;-) Disons qu'elle est un peu... engourdie. Alors que l'esprit va trés bien lui, au contraire! Mais passer des idées aux actes... alors là... il y a un pas.

Voilà mesdames et messieurs, vous saurez que madame Idéaliste ne passe pas tous les soirs "à la casserole".

Ne me demandez pas pourquoi j'écris tout ça ce soir, je n'en sais absolument rien. Envie d'aller plus loin dans la sincérité sans doute...


Dimanche 3 décembre

 

Petite crise de remords cette nuit. Je me suis trouvé réveillé en pensant à ce que j'avais écrit ici. Tout d'un coup je réalisais que je laissais des traces de mes pensées lisibles par beaucoup de monde...

J'ai parfois des éclairs de doute sur ce qui me pousse à me dévoiler ainsi devant "des millions de gens". Même si je sais qu'ils ne sont que quelques dizaines, au maximum, à me lire. La semaine dernière, un jour il n'y a eu que 5 visites, mais un autre il y en a eu 25. Et bien figurez-vous que ça change les choses. On ne s'exprime pas avec la même assurance devant 5 ou 25 personnes. D'autant plus que lorsqu'il y a peu de visites, je pense à peu prés savoir de qui il peut s'agir. Des lecteurs fidèles, diaristes pour la plupart d'entre eux. Ceux qui plus ou moins régulièrement m'écrive un mail.

Mais 25 personnes... ça veut dire beaucoup d'inconnus. Qui sont ces inconnus qui ne se manifestent jamais? Comment interprètent-ils mes écrits? Qu'est-ce qui les pousse à me lire? Reviennent-ils où sont ils seulement venus au hasard des liens du web?

Je pense parfois à ces diaristes qui racontent leur quotidien sur leur journal: le boulot, les sorties, les faits marquants de leur journée. Il me semble que cette façon d'écrire pousse moins à des remises en question sur la pratique de l'écriture en ligne. Pour ma part, mes introspection me ramènent souvent à me poser des questions à ce sujet. Mais peut-être n'est-ce qu'une manifestation supplémentaire de mes doutes sur l'opportunité de tout ce que je fais.

Je constate que j'écris souvent sur l'écriture. Je ne parviens pas à oublier ce coté "verso" de ma vie. C'est toujours: "Voici ce que je pense", suivi immédiatement de "mais pourquoi je le pense?", et enfin "mais pourquoi je le raconte?" .

Et pourtant, je continue. Il faut croire que j'y trouve une satisfaction :-)

 

Hier soir, j'ai fait une petite remise à jour de l'index thématique de mes archives. Faute de temps, je ne suis pas allé plus loin qu'Août. J'avais un peu peur de me replonger dans mes écrits, car je crains que la relecture me fasse peur. Mais finalement, c'est une relecture trés superficielle, survolant les paragraphes. Presque une lecture technique, sans accés à la profondeur du texte. Du coup, je ne garde aucun souvenir de ces phrases à peine lues, juste le temps nécessaire à savoir dans quelle rubrique les placer.

Je n'ai jamais relu mes entrées. Je ne sais pas si je le ferai un jour. Pour mon journal papier je ne procédais pas autrement. Si relecture il y a, c'est en picorant au hasard. Ou alors dans le but de rechercher un moment précis du passé, pour comprendre une évolution, ou l'origine d'un évenement dont les suites sont toujours d'actualité. En fait, cet archivage de mes pensées ne me sera peut-être jamais utile...

Qu'importe, puisque c'est l'écriture qui représente l'acte le plus important. Celui qui met au jour et qui me révèle ce que sont mes pensées. Un peu comme les photos, qu'on a du plaisir à immortaliser... mais qu'on regarde finalement assez peu. L'esprit photographie mieux qu'un support papier. Et le simple fait de choisir un cadre de vue, une scène particulière pour la photographier, imprègne déjà notre esprit de ce moment, de ce lieu. Le petit bout de papier que l'on en garde ne fait que rappeler cet instant de pose. Je crois que c'est un peu la même chose pour l'écriture: on garde en mémoire la trace de ce qu'on a figé par des mots à un moment précis. Et plus besoin de le relire ensuite.

Pourtant, la relecture peut avoir un coté instructif, en comparant une façon de penser ancienne à celle que l'on a des mois ou des années aprés.

Lorsque j'ai voulu comprendre pourquoi j'étais resté attaché aussi longtemps à Laura, mon amour d'adolescence, j'ai relu plusieurs fois ce que j'en avais écrit à l'époque. Mêlant mes souvenirs (forcément faussés) et l'écriture du moment (fausse aussi), je crois que je suis parvenu à en avoir une vision un peu plus juste. Comment deux visions faussées (parce qu'embellies ou fragmentaires) peuvent elles s'approcher d'une vérité? Par leur confrontation, justement. Trace écrite contre souvenirs. Ou plutôt "avec", parce que ce sont les deux versions d'une même histoire, mais vues par deux personnalités différentes (séparées par le temps écoulé entre la jeunesse et l'âge adulte).

Ouf! Vous me suivez?

Voilà l'exemple typique des découvertes que permet l'écriture: tout ce que je viens d'énoncer est sorti directement de ma pensée. Jamais je n'avais réfléchi à ça de cette façon.

Pause... je laisse le cerveau se reposer.

 

Je crois n'avoir jamais beaucoup parlé de mon passé, qui m'a fait tel que je suis maintenant. Parce que pour moi c'est une chose claire. Mais vous qui me lisez... ressentez-vous l'envie de savoir ce qui forge la personnalité de quelqu'un? Ou bien le lecture au jour le jour des pensées d'un inconnu est-elle suffisante en soi?

Il me semble que vouloir expliquer qui je suis serait quelque chose de trés prétentieux, trahissant une impression de compter pour vous. Or je ne suis qu'un diariste parmi les autres, dont vous picorez la vie comme je le fais moi-même pour les autres.

Il me semble qu'il serait préférable, pour moi, de me concentrer sur quelques personnes plutôt que de vouloir en suivre plusieurs simultanément. Je sais que celles que je lis avec le plus d'assiduité sont celles dont j'ai lu le journal depuis le départ. Et je n'aime pas vraiment rentrer d'un coup dans l'intimité de quelqu'un sans avoir suivi tout son parcours. Mais parfois cela demanderait tellement de temps que je ne m'y suis pas encore lancé. Je sais pourtant que mes plus grandes émotions sont apparues lors de lectures "en continu". C'est là que j'ai senti parfois une vraie communion de pensée, presque une intimité avec la personne qui écrivait.

En ce moment, S. (ou So.) qui m'écrit, me dit qu'elle lit mon journal en continu, depuis qu'elle l'a découvert il y a quelques jours. Elle le lit progressivement (pas en un seul jour), mais en intégralité (ou en grande partie). Et justement, elle me dit ressentir cette similarité de pensée. Et elle me l'écrit (3 mails dans la semaine). Alors que les lecteurs habitués (si j'en ai?) ne m'écrive qu'assez rarement, voire jamais... tout comme moi dans le sens inverse. Sauf, justement, ceux qui m'ont lu en entier...

Il me semble qu'il se crée une forme de complicité avec la lecture intégrale. On a l'impression de "connaître" le diariste. Ce qui n'est pas faux... mais pas vrai non plus: on ne connaît que ce qu'il veut bien montrer. Ceci dit, dans la réalité, les choses ne sont pas bien différentes, puisqu'on sait tous que chacun porte des "masques" et ne se montre que sous un certain jour.

 

Bref, tout ça pour dire qu'un jour j'évoquerai peut-être mon enfance/adolescence, qui ont forgé (lapsus: j'ai écrit "forcé"...) celui que je suis à présent. En particulier, mon histoire avec Laura, que j'évoque parfois mais sans rentrer dans les détails depuis le départ.

Ca existe les lapsus en écriture? Ce n'est pas la première fois que je constate ça. Un mot écrit à la place d'un autre. Dans le cas précédent, on voit bien que ce n'est pas une faute de frappe, puisque le g et le c ne sont pas côte à côte (bien qu'ils ne soient pas trés éloignés). Je vais tenter d'interpréter ça, si la situation se reproduit...

 

Tiens, puisque vous êtes sages, j'ai envie de vous monter un petit coté de moi...

 

 

Voici mon écriture vraie, celle de mon journal papier (écriture rapide donc...). Pour le graphologues en herbe, intérprétation libre :-)

 

 

Ajout aprés mise en ligne et vérification (ce qui est trés rare!): Ben... pourquoi que l'image n'apparaît pas en entier sur le site?

C'est parfois bizarre ces transferts de fichiers


 

Mercredi 6 décembre

 

1h 30 du matin

Je finis en fait ma journée de mardi...

J'ai passé un moment à installer ICQ, que je connaissais de nom sans bien savoir en quoi ça consistait. C'est une de mes lectrices (merci S.D.) qui m'a proposé ce moyen de dicussion. Je suis assez curieux de savoir quel genre de contact on peut avoir avec ça puisqu'elle m'a dit que c'était assez différent du Chat.

En fait, c'est quelque chose qui manquait à ma panoplie d'explorateur des "relations virtuelles".

C'est curieux, mais je disais il y a quelques jours avoir peu de retour de la part de mes lecteurs, et voila que cela déclenche des mails. Serait-ce la résultante de ce que j'avais dit?

 


Jeudi 7 décembre

 

0h20

Je n'ai pas pu disposer bien longtemps de l'ordinateur ce soir. Mon fils l'avait "réservé" pour un Chat.

Pas de temps disponible dans la journée. Et des mails auxquels je n'ai pas répondu! Mais c'est que la vie sur internet est prenante, si l'on n'y prend pas garde!!

Bah, si je n'ai rien à raconter ces jours-ci, c'est que je n'ai pas de soucis. Pas de satisfactions particulières non plus... J'en viendrais presque à souhaiter l'hiver et la neige pour que mon activité se réduise. Mais ici, la neige n'a fait que blanchir les sommets. Pas comme au Québec où les diaristes parlent de la neige et du froid. Ici c'est plutôt douceur exceptionnelle.

Bon, j'écris si peu que je me demande si je dois transférer ces pauvres phrases sur mon site. Elle n'auront pas d'autre utilité que de montrer que certaines périodes sont "vides" de vie intérieure.

Pourtant, je sais que je pourrais partir sur des sujets un peu approfondis, évoqués par des mails que je reçois et qui me font réfléchir. Mais je ne "sens" pas vraiment l'inspiration pour mettre ça par écrit en ce moment.

 


Vendredi 8 décembre

 

J'ai enfin un peu de temps pour ecrire ce matin. Temps pris sur mes heures de travail, en fait, mais puisque ce travail prend sur mes soirées, ce n'est qu'une juste compensation.

Je lisais hier une chronique de Frannie qui disait rouspéter contre les diaristes paresseux qui ne font pas de mise à jour. Je suppose que c'était dit avec humour, mais cela m'a interpellé quand même.

Nous avons nos vies, et un journal, même s'il y a une place importante, ne peut devenir primordial. Faute de temps, le plus souvent, il n'est pas toujours possible d'écrire ce qui nous passe par la tête.

Mais cette remarque de Frannie rapelle aussi cette "exigence" du lecteur face au diariste. Le lecteur attend une production régulière d'écrits, sinon il s'impatiente. C'est quelque chose de connu, je le sais, mais qui démontre une fois de plus le rapport qui s'établit entre diariste et lecteur.

Et c'est justement ce rapport qui me "force" parfois à écrire... Je n'attends plus que ce soit une irrépressible envie qui me pousse. J'écris parce que je sais que j'ai des lecteurs et que je ne veux ni les décevoir, ni les perdre. Une forme de dépendance, donc. Dépendance mutuelle puisque le lecteur attend sa dose quotidienne d'écrits, alors que le diariste ne peut cesser de le nourrir sous peine de perdre sa raison d'écrire.

Et je suppose que chacune des deux parties sent que ce rapport n'est pas le meilleur. Il serait évidemment préférable que les écrits ne viennent que spontanément. Je me demande si je ne vais pas souscrire au principe, finalement fort pratique, de la liste de lecteurs (c'est à dire inscription pour être informé des mises à jour). Deux de mes diaristes préférés ont adopté ce système et je trouve que c'est bien pratique: je suis informé par mail de chacune de leur mise à jour. Pas de visite inutile avec ça... et pas la petite frustration de retrouver une page inchangée.

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Puisque j'explore (une nouvelle fois...) le sujet de l'écriture, je constate aussi combien l'environnement est important. Je ne peux écrire qu'avec l'assurance de ne pas être dérangé. Donc soit seul, soit avec mes enfants occupés à l'autre bout de la maison. Mais de loin , je préfère être totalement seul.

Ces derniers jours, soit j'étais trop occupé, soit j'étais relativement libre aux moments où la vie familale est en activité. Donc pas d'écriture possible. Parfois j'étais seul avec Charlotte, occupée ailleurs dans la maison, mais je ne pouvais me mettre à écrire librement. J'aurais craint son intrusion dans ma "bulle" de solitude qu'est l'écriture de ce journal.

Et le soir, je l'ai déjà dit, mes soirées sont consacrée à la vie "virtuelle": lecture des diaristes, participation aux forums, petites escapades au fil des liens hypertexte... Et ce jusque vers 2 h du matin le plus souvent. Alors, à moins d'avoir vraiment quelque chose qu'il me tient à coeur de dire, je ne trouve plus le temps d'écrire. Et je le regrette vraiment.

 

Bon, vous constatez que je cherche à me justifier... C'est tout moi ça. Me sentant éternellement coupable de ne pas faire assez bien. Je ferais mieux de me poser moins de question, ne pas chercher à donner des explications, et écrire pour de bon.

Parfois, j'ai l'impression que mon inspiration tarit. Que ce qui fait que mon écriture à plu à des lecteurs risque de ne plus fonctionner. On m'a souvent dit apprécier ma sincérité (et j'en suis touché), et maintenant j'ai peur que mes entrées manquent singulièrement de "densité". De moins en moins souvent de révélations, de découvertes sur moi-même. Car c'est, je crois, ce qui attire l'attention des lecteurs. Le fait que par mes mots, les impressions, les faits que je relate, ils retrouvent une partie de ce qui fait leur vie. Il me semble qu'on peut trouver, en lisant des opinions, matière a enrichir notre propre expérience. Ou à nous éclairer sur des questions qui sont en nous.

Chaque fois que j'ai la confirmation de ce phénomène, soit directement par mail, soit en découvrant avec surprise qu'un diariste me cite, s'appuie, ou rebondit sur ce que j'ai pu dire (merci Claudio, en particulier), j'en suis trés touché. Si j'ai pu aider quelqu'un à progresser dans la découverte de son chemin, alors je suis parfaitement satisfait et récompensé.

Je crois que notre petite communauté de diaristes fonctionne beaucoup de cette façon, parce qu'on se lit tous entre nous. Pas tous, évidemment, mais par petits cercles d'affinités propres à chacun. Il me semble que c'est de l'ordre de 5 à 10 journaux lus régulièrement par chaque diariste. Ne me demandez pas d'où je sors ce chiffre, il vient probablement de recoupements faits par ma mémoire en fonction de différentes informations sur le sujet.

 


Dimanche 10 décembre 2000

 

 Plaire et être sincère?

 

0h 30

Voila, je viens d'installer un moyen d'informer les lecteurs qui le souhaitent de mes mise à jour. Il me semble que je me sentirai plus libre.

Parce qu'en ce moment, c'est un peu la panne d'inspiration. il faut dire que je le cherche un peu... Je participe à cinq forums, sur des sujets trés variés, mais parfois assez prenants. Débat sur la peine de mort notamment. A chaque fois ce sont des messages qui m'obligent à aller chercher au fond de moi. Et à force de chercher, et bien je n'ai plus l'inspiration pour écrire ici.

Bah, je sais bien que ce n'est pas la seule raison. Sans doute un nouveau rythme à trouver pour ce journal. Peut-être envie d'un peu plus de légereté aussi? Je constate que je suis un peu en retard pour répondre à mes mails... je ne ressens plus cette passion que j'avais à trés vite répondre. Je me contente de lire, avec un grand plaisir, ce que me disent mes lecteurs, mais sans ressentir ce besoin de leur dire en retour comment je perçois les choses.

C'est un peu un passage à vide en ce moment.

Par contre, j'ai enfin pu tester Icq... avec une de mes lectrices (bonjour S.). Assez étonnant comme moyen de discussion. Et trés "vivant", par l'immédiateté des réactions. Encore plus rapide que le Chat (elle m'avait prévenu...), parce que les lettres s'affichent une à une. Les hésitations aussi! Et ce genre de "silences" peut laisser passer beaucoup de choses. On touche là trés prés du dialogue réel, la présence en moins... et donc la sincérité en plus. Parce que le phénomène "confiance-confidences" marche trés bien là aussi, comme pour tout le reste de l'internet relationnel.

C'est aussi la première fois que j'échange directement avec une de mes lectrices... J'avais un peu peur de ce que je ressentirais en écrivant ici, mais je constate, à l'instant même, que ça ne semble pas avoir d'effet notable. Je sais simplement qu'elle lira ces lignes...

Aucune gène à converser avec quelqu'un qui en sait beaucoup sur moi. Seulement l'impression de rabacher parfois... Mais je savais aussi qu'en tant que lectrice elle serait indulgente, parce que "conquise". Elle ne m'aurait pas proposé cet échange si mes mots ne l'avaient pas accrochée.

Fort gentiment, elle m'a dit ses impressions (hum... plutôt favorables, voire très favorables) sur cette façon que j'avais d'écrire. Je dois dire que c'était trés trés agréable et réconfortant à entendre. Ce n'est pas que j'ai besoin de réconfort, mais je me rends compte que l'avis des autres compte beaucoup pour moi. Cela m'aide à m'accepter de savoir que d'autres acceptent mes idées.

La vie réelle n'est pas suffisante pour quelqu'un qui reste assez réservé sur ses opinions. Ce complément m'est donc trés précieux.

 

Je me suis rendu compte, ces derniers jours, que le diariste en ligne apporte aussi quelque chose à ceux qui le lisent. Et ces confidences en déclenchent souvent en retour. Comme si cette libération par la parole donnait envie à d'autres de le faire. C'est amusant d'ailleurs cet échange de confidences entre inconnus. Le premier pas est fait par le diaristes, sans qu'il se rende compte qu'il est en train de toucher les pensées d'un lecteur. La suite dépend du lecteur, qui se sentira ou non suffisament concerné, mis en vibration, pour oser franchir la barrière du premier mail. Parfois ça ne va pas plus loin, mais assez souvent cela crée un échange qui dure plus ou moins.

Parce qu'internet est aussi rapide dans les prises de contact que dans les oublis. Quelques jours passent, puis semaines... et on "oublie" cette personne dont on a été proche quelques temps. Plus de message, plus de signe de vie de part et d'autre. Et cela semble tacitement accépté.

Je ressens toujours un léger malaise en constatant que le contact s'est distancié au point de s'éteindre. Mon coté fidélité, sans doute...

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9h00

Cette nuit j'ai a nouveau fait un "cauchemar éveillé". Il s'agit d'un état trés particulier pendant lequel je suis prisonnier de mon sommeil, mais conscient. Je fais ce genre de rêves depuis 3 ou 4 ans, heureusement assez rarement.

Ca se passe de la façon suivante: je prends peu à peu conscience au mileu du sommeil. Au départ, amusé de cet état intermédiaire, j'avais été curieux de savoir comment j'allais en sortir. Mais d'un coup je prenais conscience que je ne pouvais pas. J'étais conscient, mais enfermé dans un corps en sommeil qui refuse d'obéir. Pas moyen de bouger le petit doigt! Alors j'essayais de gémir, mais aucun son. Alors une angoisse terrible: et si je ne me réveillais pas?

De rêve en rêve, je commence à connaitre le phénomène. Je sais désormais que je ne peux pas bouger, alors je commence par attendre patiemment que le processus de réveil se mette en place. A chaque fois, il a fallu que je passe à nouveau par une phse d'inconscience de quelques secondes (?) avant de me réveiller. Jamais je ne suis parvenu à sortir doucement de cette léthargie.

Cette nuit, donc, je fais un cauchemar. J'étais prés de chez moi, dans le noir le plus absolu qu'aucune nuit ne donne. Et j'entendais venir au loin des grognements d'un animal en colère dont je devine qu'il vient vers moi (gros chien, sanglier, chevreuil?). Je ne sais pas vers où fuir, dans ce noir absolu.

C'est à ce moment que je prends conscience du fait que je fais un cauchemar: je sais que je suis dans mon lit et qu'il faut que je me réveille. Et je me rends compte que je suis dans cet horrible état intermédiaire! J'essaie de me réveiller, mais c'est impossible. Je ne veux pas reomber en état de sommeil parce que je sais que le cauchemar est là et récommencera.

Pas question de retomber en phase de sommeil avant le réveil. Je veux me réveiller MAINTENANT. Mais, connaissant cet état, je sais que je ne peux ni bouger, ni gémir. J'ai conscience de tout ça, accumulant le souvenir des expériences passées. Je sais que je suis dans mon lit et que Charlotte est à coté de moi.

Alors je rassemble mes forces et je me mets à hurler. Enfin, je perçois que j'émets un gémissement. Charlotte se réveille. Je hurle encore: il faut qu'elle comprenne que j'ai besoin d'elle pour en sortir. Heureusement, elle sais que je fais ce genre de cauchemar. Je l'entends me parler. Mais je reste encore prisonnier de mon corps et prêt à retomber dans cette nuit face à cet animal en colère. Alors je continue à hurler/gémir pour qu'elle ne s'arrête pas... et, enfin, je reprends possession de ma conscience éveillée.

Infernal ce truc, je vous assure! Vraiment un état trés particulier qui ne correspond pas à une totale conscience, ni au sommeil. Parce que lorsque je me réveille effectivement, je me rends bien compte que je passe d'un état de conscience partielle à celui de conscience totale. Cette nuit, pour la première fois, je suis parvenu à passer d'un état à l'autre sans coupure. Juste une étincelle qui fait que je bascule dans la réalité, que mes yeux s'ouvrent, que mes mouvements et ma parole redeviennent actifs.

Lorsque je suis dans cet état, je sais trés bien où je suis (dans mon lit, sur un fauteuil,..). Je sais aussi si Charlotte est à coté de moi. Ce qui signifie bien que j'ai une certaine conscience. Je sais aussi que je suis dans un certain état de sommeil, et j'ai le souvenir des fois précédentes. Donc conscience là encore. Je sais enfin que je n'ai qu'a attendre la fin du processus.

Mais en même temps, j'ai souvent l'impression de me voir dormir. Comme si j'étais un observateur extérieur. Je me vois là où je suis, ce qui n'est pas possible, tout en étant dans mon corps. Et puis souvent, les gémissements que je croyais laisser sortir, que je croyais entendre... n'existaient pas. Charlotte n'avait rien entendu. Les mouvements de doigt, quelques millimètres de déplacement d'une seule phalange du petit doigt, au prix d'une concentration énorme... je ne crois pas qu'ils soient effectifs. Illusion, donc état inconscient. Et puis souvent, lorsque je me réveille, je ne suis pas exactement dans la position dans laquelle je croyais être. Donc illusion d'être vraiment conscient de l'espace qui m'entoure.

Bizarre cette frontière entre la conscience et l'inconscience, qui nous est habituellement inaccessible...

C'est un peu l'inverse de l'hypnose. Je suis conscient de mon corps qui dort. Mon esprit est prisonnier.

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18 h 00

Je profite d'un dimanche pluvieux pour écrire. La semaine est trop stressante, surtout en ce moment, pour que je parvienne à avoir le cerveau libre.

En écrivant cette phrase, je me suis rendu compte que j'avais parfois des micro temps d'arrêt, pour choisir un mot adapté. C'est quelque chose qui ne m'arrivait pas sur mon journal papier. Et je dois dire que ça me perturbe un peu. Toujours le fait de savoir que je suis lu qui me pousse a choisir un vocabulaire plus précis. Vraiment, j'aimerais parvenir à retrouver ici le même type d'écriture que celui de l'instantanéité. Mais serais-je compréhensible? En ce moment, écrivant ces lignes, j'ai pris ce rythme où les mots s'écrivent à la vitesse de mes doigts, sans hésiter. Pas facile parce que je ne lis pas mon écran et que je sais que je fais des fautes d'orthographe multiples. Sinon, je suis toujours en train de corriger ces fautes de frappe, ce qui nuit grandement à la vitesse d'écriture. Et si je m'amusais à laisser ce texte tel quel? Non, ce serait illisible!!!

Alors je vais écrire, puis corriger les fautes de frappe ensuite, mais uniquement à ça , sans toucher à un seul mot du texte ni à sa structure.

Hé hé.. si, je le laisse tel quel. C'est amusant finalement :-)

Non, comme vous avez pu le consater, je l'ai corrigé. Pas forcément idiot comme méthode d'ailleurs, parce que ça me permet de relire ce que j'écris.

Bien, venons-en a ce que je voulais dire. Deux sujets, sans aucun rapport entre eux.

 

Ce matin, j'ai emmené ma chère fifille à une compétition de cross (course à pied). Il y avait là des centaines d'enfants parés pour la compétition. Et une fois de plus, j'ai ressenti parfois une émotion me saisir. Je ne sais pas pourquoi, mais souvent la vue de petits enfants m'émeut aux larmes. Et ça fait des années que je le constate. Une des premières fois, c'est en croisant dans la rue une longue fille d'enfants de maternelle qui se rendaient (toute une école, sans doute) à je ne sais quelle activité culturelle. De voir tous ces petits bout-de-chou se donnant la main m'avait mis les larmes aux yeux. Et assez fréquemment ce genre de scènes me fait le même effet.

Toujours je sens comme un lien se faire avec ma propre enfance. Comme une époque bénie qui serait révolue et à jamais inaccessible. Je les vois passer et me souviens de mes copains d'école, de maternelle. C'est déjà si loin... Il me semble que j'étais heureux à ce moment là. Heureux parce qu'insouciant. Je n'avais aucune conscience des problèmes du monde, de la médiocrité ou de l'élite, de la connerie humaine ni de ses possibilités. J'étais encore naïf et innocent.

Est-ce que ça signifierait que je regrette d'avoir grandi? Non, certainement pas. Mais je garde une grande nostalgie de cette période de ma vie. C'était avant mon adolescence et tous les problèmes qui sont nés à ce moment la. Ou qui se sont révélés.

Alors ce matin, en voyant ces enfants d'une dizaine d'année courir, souffrir, renoncer j'étais ému. Emu de voir les vainqueurs triompher avec une volonté déja farouche, le regard déterminé. Emu de voir pleurer ceux qui n'en pouvaient plus, ému de voir les derniers, oubliés du public, mais qui continuaient ce pour quoi ils étaient venus, jusqu'au bout.

Je dois dire que je ne savais pas trop où me mette, j'avais peur qu'on voit mes yeux briller.

Et la peur... (c'est dingue d'en arriver là!), la peur que l'on me prenne pour un amateur de petits enfants (vous voyez où je veux en venir...). Probablement parce qu'au fond de moi je les trouvais jolies ces petites filles avec leurs longs cheveux qui dansaient sur leurs épaules.

Quand je vois des enfants, je vois des adultes en devenir. Je me dis que ces enfants encore insouciants deviendront des gens biens... ou des vrais cons. A cet âge là, les différences me semblent moins marquées, et toutes les évolutions sont possibles. Je sais que ces enfants vot découvrir la vie... et souffrir. C'est bizarre que je vois plus le coté souffrance que plaisir à devenir autonome, libre des ses choix. C'est là que je me rends compte que j'ai souffert en quittant l'enfance.

***

 

L'autre sujet, c'est encore autour de l'écriture de ce journal.

Décidément, j'ai l'impression d'écrire à longueur de temps le pourquoi de mon écriture! Autogénération scripturale...

Ca m'est venu en lisant quelques passages de "Cher écran", et à la suite de ce que j'écrivais ce matin au sujet du contact avec les lecteurs. Je ne parviens pas à trouver l'équilibre entre un journal intime et celui-ci, diffusé sur le web, avec son langage plus recherché. Je voudrais vraiment parvenir à la sincérité totale... et j'ai en même temps besoin de l'écho des lecteurs. Comment être sincère et chercher à "séduire" en même temps? Pourtant, je sais que c'est ma sincérité qui plaît...

Une sincérité totale pourrait déplaire (?) et je n'aborde donc pas certains sujets. C'est peut-être à moi que je pourrais déplaire aussi? Je me rends compte que je donne une certaine image de moi, vraie parce que je ne triche pas... mais fausse parce que je ne dis pas tout. J'aurais peur de déplaire (je me répète...).

Alors qu'aujourd'hui j'essaie le principe de la "liste de lecteurs", je me demandais tout à l'heure si la meiulleurs solution pour la sincérité ne serait pas de couper tout contact avec le lecteur. Supprimer tout moyen de savoir si je suis lu ou non, supprimer mon adresse mail (pour ceux qui me connaissent) et ne pas en créer de nouvelle. Sans aucun retour, je pourrais alors peut-être retrouver cette liberté que j'avais dans mon journal privé. Bien que ce journal-là soit manuscrit, et que, hormis celui ici présent, je ne l'ai jamais tenu sur un ordinateur.

Mais peut-être que, plus simplement, je pourrais réouvrir ce journal papier, ce confident intime et y avoir une écriture parallèle au journal-web. C'est marrant, mais j'aurais presque envie d'écrire au sujet de ce journal-web, finalement pas si "léger" à porter que ce que j'aurais cru...

Ben oui, c'est pas si facile d'écrire en ayant à l'esprit que des gens lisent. Ca oblige à une certaine rigueur: régularité, écriture travaillée tout en étant inaboutie. Entre la liberté du journal papier et la véritable autobiographie (avec vocabulaire choisi, style littéraire, relectures multiples, recherche de perfection,...), se situe cet hybride du journal-web. Mi-spontané, mi travaillé.

Pourtant, ce coté "non travaillé" permet une mise en ligne sans prétention. Ce que j'aurais énormément plus de mal à faire avec un texte abouti. Parce que je craindrais l'usurpation de titre. Approcher de l'écrivain mais sans en avoir le talent. Et oser croire suffisamment en soi pour mettre ses écrits en ligne relève d'une prétention que je ne supporterais pas de montrer.

Plusieurs fois je me suis posé la question de mettre en ligne, en annexe de ce journal, un texte autobiographique travaillé. Ce n'est plus du tout un journal, bien qu'il y ait puisé des ressources. Mais, outre le fait que je n'aime pas bien le mélange des genres, j'aurais on y revient...) peur de décevoir mes lecteurs. Peur que ce texte soi-disant abouti n'arrive pas à la cheville de ce que j'écris ici. Parce que pour un texte littéraire (ou se voulant comme tel, même sans aucune prétention), il me semble que le lecteur sera beaucoup plus exigeant. Ne serait-ce que parce que la comparaison avec un vrai écrivain sera inévitable. Le journal-web n'est encore pas trop comparable à des références, parce que trop récent, donc avec des styles trés divers. On ne parlera pas d'un webdiariste avec la même aura de respect et d'admiration que celle qui entoure l'écrivain. Ou même le journaliste, moins bien situé dans la hiérarchie des écrivants. Le webdiariste est sans prétention, il fait son petit truc dans son coin, suivi par une poignée d'initiés. Et personne n'en parle en dehors de ce cercle. Voila pourquoi ce statut demande beaucoup moins d'exigence... mais n'en est pourtant pas dénué.

Sans compter que notre "travail" de diariste n'est pas notre profession, contrairement aux journalistes (eux aussi tenus à une certaine régularité, mais moins impliqués), ou aux écrivains (dont le travail est limité dans le temps et la longueur).

C'est sans doute ce "poids" de l'écriture en ligne qui fait que nombreux sont les journaux qui ont cessé au bout de quelques mois ou années d'existence. Ou que certains ont changé de style de journal. Moi-même, je me demande parfois combien de temps je tiendrai. Parce qu'il est évident que ce journal ne durera pas des années (en fait, je n'en sais rien!). Je ne me vois pas soutenir ce rythme indéfiniment. Il se pourrait alors que le journal en ligne cesse, ou que les entrées s'espacent. Ou qu'il prenne un forme de chroniques, plus abouties et mises en ligne occasionnellement (ce qui ne serait plus, à proprement parler, un journal).

19h15... vous voyez comme c'est prenant comme temps d'écrire?

 


Lundi 11 décembre

 

C'est étonnant cet hiver qui ne vient pas. Aujourd'hui il a fait encore trés doux, comme depuis une semaine (prés de 20° dans certaines villes). Il n'y a pratiquement pas eu de gelées nocturnes de tout l'automne. Certains arbustes fleurissent, des primevères aussi...

Lorsque les gens en parlent, revient immédiatement la question du réchauffement climatique. C'est bien, ça veut dire qu'ils commencent à y être sensibilisés.

Mais quand je lis qu'au Québec il a fait -20° ces derniers jours... je pense que notre vision des choses est bien fragmentaire. On a vite fait de généraliser ce qui se passe devant notre nez.

Ceci dit, je ne suis pas climatologue... Et d'aprés ce qu'on nous en dit, ce réchauffement ne sera pas homogène. Refroidissement en certains points, augmentation de la pluviosité en d'autres, sécheresses ailleurs... En fait, on ne sait pas trop et il est probable que l'on devra attendre de constater les premiers effets catastrophiques irréfutables pour commencer à appliquer des mesures. Ce sera certainement trop tard, s'il a fallu des décennies avant un déreglement du climat.

Bon... on n'y peut pas grand chose à notre échelle. A part essayer d'avoir un comportement d'éco-citoyen: ne pas prendre sa bagnole pour des petites distances, éviter de multiplier les déplacements. Utiliser des produits recyclables, faire le tri des déchets pour éviter leur incinération inutilement, diminuer sa consommation éléctrique (quoiqu'en France la production éléctrique soit peut consommatrice d'énergie fossile, nucléaire oblige...).

Pourquoi je raconte ça moi? Voila que je me mets dans le militantisme écologique?

 


Mercredi 13 décembre 2000

 

Pour ceux qui me suivent, vous aurez constaté que mes entrées sont assez irrégulières...

J'ai comme un petit ras le bol d'internet ces jours-ci. J'y ai passé beaucoup de temps dimanche et tout d'un coup je me sens vide. Comme si j'avais trop donné... en pure perte. Je pense surtout aux forums en écrivant cela. Parce que ce sont des lieux où on échange avec des gens que l'on connaît à peine (dans le meilleur des cas) ou pas du tout. Alors finalement, ces grandes dicussions ne mènent pas à grand chose. Une fois le débat clos, qu'en reste-t-il? Un enrichissement mutuel... probablement, mais je n'en suis même pas convaincu. C'est trop souvent une joute qui finit par lassitude des "combattants".

Je suis toujours débordé de travail et assez fatigué (travail physique). La "machine humaine" commence à accuser le coup. Vivement la période des fêtes et le relachement qui ira avec. Et puis cette année, j'ai décidé de prendre quelques jours de vacances! Ben oui! La saison à trés bien marché, financièrement parlant (mais mes prétentions sont modestes...), et je peux me permettre ce petit plaisir. Peut-être que je passerai un peu de temps pour améliorer un peu ce site. Mais je verrais ça selon mon inspiration...

Aujourd'hui j'avais un peu de route à faire pour aller à Lyon. Pas de chance, Charlotte avait gardé l'autoradio dans son sac. Du coup j'ai du me taper la route avec le ronronnement du moteur comme seul accompagnement. Je me suis retrouvé quelques années en arrière, lorsque je pensais trés souvent à Laura à une période où je roulais beaucoup. En général la radio m'occupe l'esprit tout en raccourcissant le trajet.

Mes pensées pour Laura sont venues, mais n'ont pas eu prise sur moi. Il ne se passe plus rien lorsque je pense à elle. Quand je pense que pendant des années je ne pouvais rester un jour sans penser à elle... Certains jours, et durant plusieurs semaines, je pensais à elle dès que mon esprit était libre. Une véritable obsession! C'était un mélange de regrets, de nostalgie, de colère. Charlotte m'a fait remarquer récemment qu'à cette période je n'écoutais que des musiques mélancoliques.

Je dois dire que j'ai un peu "pété les plombs" à cette période là. Trois ans de galère psychologique. Pourtant je me sentais trés "vivant", parce qu'émotionellement trés sensible. Ma vie n'était qu'émotions, tristes ou gaies. Hypersensibilité quasi permanente.

Depuis le début de ce journal, j'indique de temps en temps que j'aborderai un jour cette histoire avec Laura. Je ne le fais que par bribes, sans bien savoir pourquoi j'en parle. Ou plutôt si, je sais pourquoi: j'aimerai la raconter, mais sans la banaliser. Et il me semble que ce serait trop long à raconter ici. Ce qui s'est passé avec Laura est le fondement de ma vie sentimentale d'adulte. Une chose pareille, ça ne se raconte pas en quelques lignes. Et puis j'aurais peur de la laisser s'échapper de moi cette histoire qui est réstée si longtemps enfouie dans mes rêves.

Il m'a fallu la mettre à jour pour moi-même d'abord, puis l'accepter. Désormais j'envisage de la sortir de ma vie... mais je me demande aussi si c'est nécessaire. Qui peut être intéressé par ça? Peut-être des personnes qui ont vécu la même chose, ou qui la vivent en ce moment? Peut-être des jeunes qui sont en plein désarroi?

Ouais... sauf que mes lecteurs semblent se situer dans la même tranche d'age que moi (ce qui est bien normal). Ils ont donc passé l'âge des grands questionnement amoureux. Ecrivant ça, je me rends compte de l'absurdité de ces mots: moi-même j'étais passionné par le sujet il y a encore quelques mois. Et Claudio semble en plein dedans ;-)

Bah... de toute façon, je sens bien que je la sortirai cette histoire... Je me demande même si ce journal serait né si je n'avais pas eu cette idée en tête.

 


Vendredi 15 décembre 2000

 

 

Un de mes lecteurs, qui s'inquiétait de ne pas recevoir de réponse à ses messages, m'a fait réfléchir sur l'importance de ce lectorat. Je me rends compte que ce retour compte beaucoup, et sans doute plus (ou différemment) que ce que je pensais.

Ces petits (ou longs) messages que je reçois jour aprés jour sont extrêmemenr valorisants. Parce que je constate que ma littérature compte pour des gens dans ce monde. Que mes pensées sont lues et appréciées par des gens trés divers. Parfois je ne connais rien d'eux, ou au contraire certaines personnes se livrent en retour de ce que je donne de moi. Chaque contact est différent, mais chacun m'apporte quelque chose à sa façon.

Hier soir, au cours d'une conversation impromptue sur Icq, je me suis rendu compte brutalement que je donnais quelque chose avec ces pensées. Je n' y avais jamais songé. Pour moi, c'était une forme d'expression qui me convenait, et tant mieux si elle plaisait a des lecteurs. Mais je crois avoir compris que ce don que je faisais pouvait aussi être reçu comme un enrichissement par ceux qui me lisent.

Ca peut paraître prétentieux de ma part de ressentir une satisfaction, mais je dois dire que je l'ai découvert avec naïveté. Je m'aperçois combien cette écriture engendre un apport mutuel. Je donne, et vous me le rendez bien.

Dire "je donne" n'est absolument pas dans mes habitudes. L'autosatisfaction, trés peu pour moi! Pourtant, je suis bien mis devant cette évidence et il serait idiot de refuser de la voir. Au contraire, et comme me le disait cette lectrice, Iris, hier il serait temps que je découvre les vertus de la fierté. Mot que je refuse pour son coté "être content de soi".

C'est tout un pan de mon éducation qui est à découvrir, et une vision de moi-même à modifier. Être fier de soi (de ce que je crée avec ce journal, comme de ce que j'apporte comme valeurs à mes enfants) n'est pas une honte, mais une lucidité. L'acceptation de celui que je suis, de mes choix. Ce n'est pas le hasard qui guide mes actions, mais bien ma volonté d'aller dans telle ou telle direction. Et lorsque le résultat est positif, il est idiot de me dire que c'est un coup de chance et que je n'y suis pas pour grand chose.

Non, mes choix je dois les assumer autant dans les erreurs (ce que je sais faire) que dans les réussites. Et de cela, il est juste (et sans doute nécessaire!) que je retire une certaine fierté. Si je veux croire en moi, il faut que j'accepte de voir mes bons cotés, et que les valorise à mes propres yeux.

Pas facile d'écrire ces phrases...

Je crois que je touche là quelque chose de trés important, et vous en êtes les témoins. Jamais je n'ai su être fier de moi (ou alors si peu... tout au fond de moi). J'assimile trop la fierté à une valeur masculine déplacée. Trés prés de l'orgueil. Pour moi, ce sont des "défauts". Hier soir, j'ai senti, en quelques phrases, que ça pouvait aussi être une qualité.

Et ces retours, c'est vous qui me les apportez. Vous qui, par vos remarques, vos questions, me poussez à aller chercher un peu plus loin au fond de moi pourquoi je dis telle ou telle chose. Un rôle psychothérapique évident, je vous l'assure.


Samedi 16 décembre 2000

 

Je vais embaucher un/une secrétaire pour répondre au courriels...

Je plaisante, mais je dois bien avouer que je suis un peu débordé. Je ne parviens plus a répondre dans des délais raisonnables. J'espère que mes correspondants seront patients...

Comme je crois l'avoir déjà dit, je n'ai jamais eu autant de contacts que depuis que je tiens ce journal. Aujourd'hui, j'ai conversé pour la première fois avec une des lectrices qui m'écrit trés régulièrement depuis une quinzaine de jours. Contact trés rapide, puisque nous nous "connaissions" déjà par journal ou mails interposés.

Ce qui pourra un jour me poser des problèmes, c'est lidentification de chaque personne. Pas facile de ne pas mélanger lorsqu'on a aucun support visuel. Ce que je dis à une personne, ne lui ai-je pas déjà dit? Est-ce que je ne risque pas d'intervertir la profession de l'une avec celle de l'autre? Ce sont des questions qui ne demeurent pas longtemps, mais qui sont un peu préoccupantes au départ, avant d'avoir vraiment mis la personne en accord avec sa personalité. Je veux dire qu'en quelques contacts l'ambiguité n'existe certainement plus.

Heureusement, je n'ai encore jamais commis ce genre de bourdes!

 

***

 

Il se passe quelque chose de curieux dans ma pensée en ce moment. Il y a quelques jours je me demandais sur ces pages si je n'avais pas écrit ce journal en pensant à Laura. Acte souligné par M.W, un de mes lecteurs, et remarqué par Claudio. Ces remarques de leur part auraient-elle fait pencher la balance?

Toujours est-il que je constate que ce message "bouteille jetée à la mer" a eu un écho. Et c'est sans doute ce que j'attendais...

Parce que depuis, l'idée de mettre un trés long texte en ligne me trotte sérieusement dans la tête. Un texte composé depuis quelques années et qui a été fondateur pour mon changement.

Ce matin, et pour la première fois depuis des mois, j'ai réouvert ce document.

Je le connais presque par coeur, tant j'ai passé d'heures à le relire, le peaufiner inlassablement. Cette imprégnation faisait partie du processus d'oubli, et avait donc cessé dès que l'histoire fut mise au passé.

Puisque je suis sincère et que cette qualité semble appréciée, je vais vous dire (et me dire) un peu les "vraies" raisons de ce journal en ligne.

Ce texte (80 pages au final) avait été au départ écrit comme une sorte de témoignage, de preuve de ce que j'avais vécu. L'idée de le donner à Laura n'était pas absente, bien que je ne sache pas du tout de quelle façon une telle chose était réalisable. Peu à peu l'écriture s'est transformée et, dans mon idée, pouvait s'adresser à un public beaucoup plus large. Au fils des mois, j'en suis même venu (pardonnez cette vantardise...) à envisager une publication. J'ai un peu honte de dire ça, mais c'était ce qui m'était venu en tête.

Charlotte m'a un jour refroidi en disant qu'il ne fallait pas "pêter plus haut que son cul". Ouch! J'ai tout laissé tomber, envisageant même la destruction totale du document. Cette leçon d'humilité (alors qu'elle m'appris plus tard que son propos ne s'appliquait pas vraiment à ça) était nécessaire face à un égo qui découvrait une liberté inconnue.

Bref, finalement, aprés des semaines ou des mois de sommeil, j'ai repris le document. Mais j'ai arrêté de me prendre pour un "écrivain". Je précise que ces idées restaient dans ma tête, bien que Charlotte, si proche de moi, les ait ressenties. En fait cette liberté que donne l'écriture m'avait donné des ailes, mais il fallait bien que j'accepte l'évidence: je ne serai qu'un moineau, jamais un grand aigle. Qu'importe! l'important étant de voler!

Je crois qu'a compter de ce moment-là mon écriture a changé. J'ai pris un autre style, beaucoup plus proche de celui que vous lisez en ce moment, même s'il était plus travaillé. C'était une écriture intime, mais destinée à être lue (potentiellement) un jour.

Puis finalement, tout cela s'est éteint, en même temps que l'histoire qui l'avait généré. Tout est resté en l'état.

Même mon journal papier, qui avait accompagné cette rédaction, puis s'y était presque mélé, à fini par doucement s'éteindre. C'est à ce moment là que j'ai hésité à passer à l'écriture sur écran (hors ligne). Mais je ne l'ai pas fait.

Et puis il a fallu la découverte des journaux en ligne (ou plutôt la re-découverte) pour que ce que je trouvais pratique saugrenue me tente fortement.

Rapidement, l'appel de l'écriture m'a entrainé. Doucement au départ, puisque mis en ligne ce journal n'était pas référencé et ne contenait presque rien (voir le début). Mais dés que la machine s'est mise en route, fin juillet 2000, elle n'a plus cessé de fonctionner. Au départ, c'était un trop plein qui s'est déversé. Ecriture quotidienne, entrées longues et sujets tous azimut.

Puis cette source s'est un peu tarie, non pas faute d'idées, mais par gène, pudeur, devant tant de déballage privé. Maintenant, je commence à trouver un rythme plus approprié. Moins fréquent, moins "déballage".

Et puis voila que tout a coup cette idée de mise en ligne de mon autobiographie fait surface...

Je n'en avais pas vraiment conscience, mais je sais trés bien que le projet était là. Ne serait-ce que parce que j'ai choisi comme noms ceux qui étaient dans cette autobiographie... Facilité, sans doute (sinon je risquais de me perdre dans les pseudos), mais aussi continuation de ces identités nées de l'écriture.

Une façon de rendre Laura plus réelle. Que son existence ne soit plus seulement dans ma tête, mais que d'autres connaissent son existence. Moi seul pouvant faire la liaison entre Laura et "x". J'aimerai bien pouvoir écrire son vrai prénom...

Drôle d'effet la première fois qu'un correspondant a écrit son nom. Pour la première fois je constatais que Laura prenait vie en dehors de moi.

M.W. me demandait si ce n'était pas à elle que je m'adressais, de façon fantasmée. Certainement! Je me souviens, en commençant ce journal, que je me disais: "et si elle lit ça un jour?". C'est vrai que j'aurais aimé que cela arrive. Mais les probabilités étant ce qu'elles sont...

Et puis cet aveu montre aussi que je ne suis pas totalement détaché de son emprise...

 

Bien, tout cela pour dire que j'envisage un peu plus sérieusement de mettre mon texte en ligne... Il ne s'agit pas d'un journal, et le mélange des genres me tarabuste un peu, mais bon, il n'y a aucune règle n'est-ce pas? Je fais bien ce que je veux sur mon site hein?

Ce qui me gène, c'est le jugement, une fois de plus. Parce que ce texte a été écrit il y a 4 ans environ, et laissé en l'état il y a 2 ans. Il est inabouti, bien que fini. En fait, il s'achève là ou débute le journal que vous êtes en train de lire.

Je crains le jugement parce que j'ai donné, au fil des mois, une certaine image de moi. Et je crains que mes esais de style littéraire soient agaçants. On fait vite pompeux quand on essaie d'avoir un vocabulaire choisi, des constructions un peu élaborées. C'est justement ce qui caractérise le talent...

Personne n'a jamais lu une ligne de ce texte, et je n'ai aucune idée de ce qu'il "vaut" pour une lecture extérieure. Pour moi, toute sa valeur a été de l'écrire. Mais je me suis dit aussi que mon expérience, comme toute expérience, pouvait apporter quelque chose a certains de ceux qui le liraient. Et pour ça, je pense qu'il a une certaine valeur. Pas en tant qu"oeuvre littéraire" (faut pas déconner quand même!!), mais en tant que témoignage, ou expérience de vie.

C'est vraiment la seule valeur que je lui attribue (en dehors de ce qu'il représente pour moi). Je crois être sincère en disant cela. Même si, évidemment, j'aimerai beaucoup que s'en dégage une certaine richesse... un certain talent, si minime soit-il.

 

Savez-vous que pour moi, les choses les plus difficiles à écrire sont celles qui concernent l'autosatisfaction? J'ai beaucoup de mal a exprimer ce genre de choses, je vous assure.

Voila... vous savez tout!

 

***

Non mais, vous vous rendez compte de ce que livre de moi? Mais qu'est-ce qui me pousse à en dire autant, alors que je suis plutôt timide et réservé dans la vie? Comment l'écriture permet-elle de se livrer aussi "facilement"?

Ouais, je sais bien que vous n'avez pas la réponse ;-)

 


 Lundi 18 décembre 2000

 

Ce matin les sujets se bousculent dans ma tête.

Le plus court: dans le liste de discussion sur le journaux intimes, l'Incrédule pose une trés intéressante question. Est-ce que notre choix de rester anonymes ne pourrait pas être bafoué par des gens un peu costauds en informatique. Existe-t-il des moyens de remonter jusqu'à nous?

Sans parler de ceux qui sont capables de "rentrer" dans un ordinateur a distance (je crois bien que c'est faisable), peut-on découvrir une identité relativement facilement? Question que je pose à des lecteurs qui en seraient capables.

Un jour, j'ai reçu un message en fichier joint par Inès, dont je connaissait le village d'origine, mais sans connaître son nom à elle. C'était au tout début de nos contacts et nous ne nous étions pas envore totalements ouverts. Dans ce message, que je ne parvenais pas à déchiffrer avec mes logiciels installés, apparaissait, au milieu de tas de signaux incompréhensibles, son nom en clair, ainsi que celui de son mari et de ses enfants.

Ce qui m'a donné l'occasion de lui donner des sueurs froides le rendez-vous suivant sur le Chat. Elle s'est crue prise au piège par un de ses amis qui se serait fait passer pour moi. En effet, comment pouvais-je savoir le prénom de son mari sans cela, et son nom de famille? La pauvre était absolument effrayée d'avoir pu dire quelque chose de génant à quelqu'un qui n'aurait pas été celui qu'elle croyait.

Tout ça pour dire qu'on transmet sans s'en rendre compte des informations nous rendant identifiable...

Je crois que ça changerait tout sur ma façon d'écrire. Ecrirais-je même encore???

***

 

Ma lectrice aux mails quasi quotidiens, So., m'a posé une question intéressante: "finalement, je connais (...) certaines de tes réflexions sur des cotés intimes de ta vie, mais tu es rarement préoccupé de futilités. En est-il toujours ainsi, ou bien penses-tu que cela ne vaille pas la peine de noircir des pages avec cela?"

Double question en fait. Et qui me fait me demander si, efectivement, je ne donne pas une image de moi un peu faussée, trop "sérieuse".

Que cela ne vaille pas la peine de noircir des pages avec des futilités, oui, je le pense. J'évoque parfois le temps qu'il fait, ou quelques détails de ce que j'ai fait. Mais, comme le font certains diaristes (et sans aucune critique de ma part), indiquer la musique qu'ils écoutent, dire ce qu'ils ont mangé, où ils ont passé leur soirée... ça m'intéresse peu. Sauf si ça permet de mieux les connaître. Et, de fait, ça le permet, a condition qu'il n'y ait pas que ce genre de détails. je dois dire que je survole à peine ces passages lorsque je lis, préférant consacrer mon attention à l'essentiel: les sensations, pensées, réflexions.

Il se peut que je donne trop peu de ces détails de mon quotidien, et que des lecteurs aient envie d'en savoir un peu plus sur la façon dont je vis tous les jours...

Ce qui m'amène à la deuxième partie de la question: suis-je, dans ma vie, préoccupé par les futilités? Assez peu, en fait. Je vis ma vie un peu comme ce journal, en me préoccupant de ce qui compte à mes yeux: le vécu des gens, leur ressenti, leurs émotions, leur coté intime et le plus personnel. Ce qui leur est propre.

Alors tout ce qui s'apparente à un certain esprit grégaire ne m'importe pas. Ou seulement pour savoir si c'est un choix réfléchi, et non pas un mimétisme avec le plus grand nombre. Comme le disait MöngôlO récemment, en parlant d'évenements exceptionnels fêtés au Pub du coin... comme tous les autres jours, je suis surpris du manque d'originalité de beaucoup de gens (en général). Et, bien entendu, j'en fais aussi souvent partie.

Pour cette raison, les grands mouvements de foule genre coupe du monde de foot, Téléthon, ou autres me laissent trés froids. Les "grandes" révoltes contre le poids des impôts, la hausse de l'essence, idem. Tout ce qui va dans le sens général à tendance à éveiller ma méfiance: est-ce que ça en vaut la peine? Est-ce quelque chose qui me convient, que je choisis, ou ne vais-je pas suivre bêtement une masse?

Un mot me vient à l'esprit: consensus.

Je n'aime pas ce mot qui me fait penser à plus grand dénominateur (dominateur?) commun. Je crains toujours que cela ne nous tire pas vraiment vers le haut, vers ce qu'il y a de meilleur en nous. Le meilleur me semble être dans l'individualité (pas l'individualisme). Chacun ayant ses forces dans certains domaines plus que dans d'autres. Or priviligier ce qu'il y a de commun en nous (la société) ne fait que mettre en avant le plus moyen de ce que nous sommes.

Voila que je me lance dans les grands sujets...

Alors pour le coté pratique de ma vie. Je ne vais jamais faire mes achats le samedi, je ne vais jamais en boite, je n'aime pas l'alcool, je ne fume pas, je déteste partir en vacances en août, je n'aime pas la musique qui passe 3 fois par jour à la radio, je n'aime pas les émissions télé "grand show incontournable", je déteste tout ce qui est "le plus... du siècle", ou "de l'année". Je ne vais pas aux endroits à la mode (je déteste ce qui est "branché", ou "à la mode" pour la seule raison que ça l'est).

Un exemple (international): Céline Dion. Lorsque je l'ai découverte, j'ai aimé cette voix extraordinaire, jusqu'à la fascination. Un peu plus tard, entendant ses tubes sans arrêt, la voyant partout, constatant qu'elle était devenue un évenement permanent, j'ai fui ce qui ne faisait que gacher le plaisir que j'avais à l'entendre. Les médias m'ont dégouté de ses chansons. Fini Céline Dion, au placard. Quelques mois plus tard, on a commencé à entendre des critiques de plus en plus stupides sur elle. Il est devenu de bon ton de dire: "elle est partout, ras le bol de la Céline et de sa voix qui gueule, pfff, c'est pour le pauvre peuple, c'est devenu d'un vulgaire..." Ce genre de propos m'énerve au plus haut point. Au départ on encense, ensuit on descend, et c'est souvent les mêmes qui le font! Du coup, j'ai réécouté parfois certaines de ses chansons (pas les plus médiatisées) et j'ai retrouvé ce plaisir à entendre sa voix.

Cet exemple pour dire que je déteste suivre les grands mouvements, qui sont souvent bêtes.

Et voila qu'en parlant de futilités je me dévoile...

Futilités... vous dire ce que je mange, à quelle heure je me lève, comment je m'habille, donner des détails de mon quotidien? Oui, vous me connaîtriez mieux, mais est-ce ce que vous cherchez? Est la vie du personnage de l'Idéaliste qui vous intéresse, ou bien les pensées d'un homme avec qui vous pouvez vous sentir en concordance ou en opposition? Il me semble que donner des détails pourrait contribuer à personnaliser trop mon personnage qui n'est qu'une illusion. Je m'explique: chacun me lit avec sa propre grille et pour chacun de mes lecteurs/lectrices je suis probablement un personnage différent. Chacun prend ou laisse ce qui lui convient. Pour simplifier, je pense que vous m'idéalisez (ce qui ne veut pas dire que ce soit forcément dans un sens favorable). Et peut être que je veux rester ce personnage "impalpable".

Je pense tout a coup à quelque chose. En vous donnant moi-même mes idées, n'est-ce pas une façon de ne proposer qu'une partie de moi? Alors qu'en donnant des détails de mon quotidien, je permettrais une grille de lecture parallèle que je ne maîtriserais pas? Je me rends compte qu'en temps que lecteur, je m'appuie parfois sur ces détails du quotidien comme éléments de découverte de l'écrivant, sans doute à son insu.

Pourtant, je sais aussi trés bien que vous lisez à travers mes mots des idées que je n'exprime pas vraiment. Vous devinez aussi des choses que je ne pensais pas laisser passer.

Autre piste de réflexion (tout ce que je dis là sort directement de mes pensées, sans que je sache où cela me mène). Paf! rien que de mettre cette parenthèse et la piste s'est envolée: piège de l'écriture déstinée à être lue et se justifiant!

Si, ça revient! Il se peut que ce soit mon manque de confiance en moi, en mes goûts, qui m'empêche aussi de parler de futilités. Je n'ose pas dire quelles sont mes activités de crainte d'être jugé. La preuve, un peu plus haut j'ai dit ce que je n'aimais pas... mais rien de ce que j'apprécie! C'est assez révélateur.

J'apprécie la vie dans la nature que j'ai choisi d'avoir. J'aime beaucoup (bien que je le fasse de moins en moins...) me promener sur des chemins discrets, souvent seul. J'adore regarder des paysages "purs" sans éléments outrageants. J'aime beaucoup les landes de montagne, les prairies en friche en hiver, avec cette herbe sèche et jaunie. J'aime les forêts de beaux arbres. J'aime les grands et vieux arbres. J'aime l'eau des sources et les grands ciels. J'aime le silence absolu ou les bruits d'animaux surpris, le chant des oiseaux d'hiver, de ceux qui annoncent le printemps. J'aime le murmure du vent dans les feuillages. J'aime voir onduler les prairies d'été sous le vent, la teinte des herbes en fleurs qui brunissent le vert. J'aime l'automne et ses couleurs extraordinaires, les feuilles qui volent arrachées par le souffle du sud. J'aime l'hiver et son silence étonnant, le bruit des pas dans la neige lourde qui tombe, ouatée, cotoneuse. J'aime les matins d'hiver et cette neige craquante, le froid qui pique le nez et le soleil qui réchauffe la peau...

Je pourrais continuer longtemps... Vous aurez compris que je suis un "homme des bois". Tendance écologiste, si vous en doutiez.

Je ne vais pas dire tout ce que j'aime sur les femmes, parce que je crois en avoir déja parlé il y a quelques mois. Mais sachez que le vision de certaines femmes me procure des sensation aussi fortes que celles que je ressens dans la nature. Même si pour les femmes, ces sensations sont doublées de quelque chose de l'ordre de l'instinct, avec des sensations internes de "jouissance" probablement secrétées par des hormones adéquates...

Et puis j'aime les sensations, les sentiments, les émotions. Mais ça, je pense que vous vous en doutiez.

Voila, je veux parler des futilités, et je retombe sur le coté "profond"! Je ne peux donc pas m'en sortir?

Futilités: il est 11h10 du matin, je suis devant mon pc. Il fait beau dehors. Je derais travailler plutôt que d'écrire? A coté de moi la fenêtre, je vois le jeune chat de mes enfants qui fait le pitre. Il essaie d'attraper je ne sais quoi (une mouche?) et fait des sauts de carpe. Un vrai comique ce chaton! A coté de lui, le barbecue, pas encore rentré depuis l'été. Un peu plus loin des chaises de jardin encore là, elles aussi. L'herbe est humide et a pris sa teinte d'hiver, un vert jauni. Un peu plus loin encore des arbustes plantés depuis quelques années et qui commence à donner un bel effet. Les fleurs ont disparu sous terre, mais la structure des arbustes remplit encore l'espace. Quelques graminées ornementales maintiennent une touche de jaune brun et à travers une grande prairie, puis monte en suivant une petite colline. Quelque jeunes arbres que j'ai plantés l'habillent de façon la plus "naturelle" possible. Dans quelques décénnies, ce sera beau! Le ciel est légèrement voilé, mais le soleil est bien là. Si je me penche je vois de l'autre coté les montagnes qui ont été saupoudrées de blanc ces derniers jours.

Dans la pièce, sur un petit bureau provisoire (sur lequel je suis mal installé), un scanner bouffe pas mal de place. Sur le mur, tout plein de post-it plus ou moins effacés. Derrière les post-it, un mur brut. Les enduits n'ont pas été finis et ça reste comme ça en attendant. En continuant ma rotation de la tête, une porte ouverte qui donnne sur la cuisine dans laquelle s'affaire Charlotte (c'est trés rare que j'écrive lorsqu'elle est là). Plus loin, des étagères remplies de livres, catalogues, dossiers. C'est tout ce qui me sert pour mon travail. Au milieu, même pas cachés, des dossiers avec tout ce qui concerne l'intime: mon journal, des mails. Au moins 30 cm d'épaisseur de papier au vu de tout le monde. Mais indifférencié du reste, que personne ne regarde jamais. Si je continue mon tour d'horizon... l'horreur! Mon bureau!! Une toute petite place libre entourée de piles de papiers, de bouquins, de choses urgentes/a trier/dont je sais pas quoi faire/à jeter. Des stylos, agrafeuse, trombonnes, calculette... le tout plus ou moins mêlé au fil de la souris de l'autre pc, qui trône et mange le quart du bureau, laissant un autre quart pour le clavier et l'espace nécessaire pour s'en servir. Oui, je suis un peu bordélique... lorsque je manque de place. Parce que le reste est trés bien rangé, classé, étiquetté.

Voila du futile... mais peut-être pas inutile. Il est 11h 28, et je vais aller bosser!!!

 

12h18

J'étais dehors, tout à l'heure, ça sentait le feu de bois ou de brousailles. Grand silence, troublé par le passage, trés haut, d'un 747. Une pie est venue jacasser à quelques mètres de moi avant de m'aperçevoir.

Je repense à ce que j'écrivais tout à l'heure, sur les promenandes que je fais moins souvent que je ne souhaite. J'oubliais de dire que je me promène souvent sur mon terrain. Immense terrain puisqu'il me faut presque un quart d'heure pour aller au bout. Et au moins une heure si je veux en faire le tour en prenant un peu le temps d'observer le paysage. Oui, j'ai une chance inouie d'avoir tous ces avantages à ma disposition... J'en suis bien conscient. Je n'ose pas trop en parler ici parce que ceux qui me lisent vivent peut-être en des lieux qui ne les font pas rêver. Peut-être que leur paysage est celui d'une arrière cour?

J'ai de la chance, en partie parce que je me suis donné les moyens de l'avoir, mais en grande partie parce que je suis né dans une famille qui m'a donné les moyens (intellectuels et financiers) de pouvoir profiter de cette chance.

Parlant de financier, ne croyez pas que je vienne d'une quelconque famille fortunée. Il s'agit simplement du fait que mon père avait une bonne situation (sans plus) et que le hasard à fait qu'ils aient quelques biens. Nous n'avons jamais vécu dans l'opulence, simplement suffisamment à l'aise pour ne pas manquer de l'essentiel. Et puis leurs besoins étaient modérés et leur argent géré avec attention. Trés peu de superflu (tiens, tiens, un rapport avec mon refus des futilités?).

J'ai gardé ce coté économe, acceptant de dépenser si "ça en vaut la peine". Ce critère étant trés variable d'un individu à l'autre, ce qui vaut la peine pour moi est ce qui laissera une trace dans ma mémoire, ce qui me fera vivre des sensations, ce qui me procurera un palisir inaccesible sans cette dépense.

Je ne vais donc que rarement au restaurant, parce que je peux manger aussi bien chez moi. Et il s'agit toujours de petits restaurants. Jamais je n'ai dépensé plus de l'équivalent d'un CD pour manger (pour donner une idée sans traduire en monnaies Canadienne, Suisse ou Belge des lecteurs de ces pays). J'ai toujours à l'esprit le rapport dépense/plaisir, ce qui est en fait assez inhibant... mais c'est plus fort que moi. Je ne pense pas être radin, mais je choisis vraiment où je place mon argent.

Pareil pour le temps. Je ne vais pas perdre du temps, toujours précieux, à faire la queue dans des magasins, dans un parc d'attractions (sauf si je me fais avoir, comme cet été), ni dans des embouteillages. Soit j'y vais quand il n'y a personne, soit je reporte à une date ultérieure. Et s'il y a toujours du monde, et bien je renonce définitivement. Pour cette raison, notamment, j'ai arrété de faire du ski de piste: trop cher et trop de monde pour le plaisir que j'en retirais. Et puis pas vraiment écologique non plus...

Tant pis pour les baignades en bord de mer en été. Tant pis pour les concerts de gens connus, je me rabats sur leurs CD.

Je fuis les foules, je fuis le fric.

***

 

J'en viens au dernier sujet que je voulais aborder. Il aurait pu être le premier, mais j'ai parlé de ce qui me tenait le plus à coeur à ce moment-là, ce qui est significatif...

Inès m'a envoyé samedi un mail assez déprimé. Et un peu accusateur. Elle me "reprochait", plus ou moins directement, de ne jamais prendre d'initiatives pour la contacter.

Je lui ai répondu que je suivais mes désirs mais qu'elle me précédait toujours, avant que mon désir n'ait le temps de naître. En fait, cette relation me convenait parfaitement: des contacts assez espacés, des discussions approfondies, un partage de nos sensations. Mais elle a besoin de plus que ça. Comment faire, dès lors, pour faire coincider ses désirs et les miens? Pour en discuter, je lui ai proposé une dialogue par Chat le soir même.

J'étais trés en forme, et tenais à lui redire que nous avions chacun nos envies, mais que nous devions tenir compte des désirs de l'autre. Je ne pouvais me forcer à aller vers elle dans le seul but de lui faire plaisir. Il fallait que cette envie je la resssente vraiment.

Inès m'a rappellé qu'elle s'était pliée à mon désir de ne pas la rencontrer, et elle me demandait implicitement si j'allais me plier un jour à son désir. En fait, elle affirma même que si elle ne me contactait plus, notre relation disparaîtrait. Ces mots m'ont blessé, parce que je savais que ce ne serait pas le cas. Sans contact de sa part, c'est moi qui aurait pris l'initiative de lui parler. Je ne suis absolument pas du genre à me défiler et disparaître sans un mot. Elle me rappela alors que l'an dernier j'avais laissé tomber Héloïse. Je sentais venir de sa part quelque chose de pas trés sympa...

Je lui rappelais que si j'avais abandonné Héloïse, c'était après l'avoir prévenue très clairement plusieurs fois, lui avoir laissé sa chance autant de fois. Héloïse n'avait pas su cesser des attaques extrêmement blessantes parce qu'injustes, et j'ai donc appliqué ce que j'avais dit pour notre bien à tous les deux. Notre situation allait vers un cul-de-sac qui devenait de plus en plus violent et marquant au plus profond de nous. Je suis persuadé d'avoir fait le bon choix, aussi bien dans mon interêt que le sien. Qui plus est, je lui ai trés longuement expliqué les raisons de ce choix, et offert toute possibilité de répondre a ses questions. Mais j'ai affirmé que notre relation cessait.

Inès, qui pourtant m'avait trés bien compris lorsque je lui avais raconté ça au départ de notre relation, qui avait soutenu cette initiative qu'elle qualifiait de "courageuse", venait maintenant me culpabiliser sur cette attitude. Blessant!

J'ai bien senti qu'elle commençait à avoir des paroles pas trés tendres, une ironie un peu cruelle. Je l'ai prévenue que ma confiance était extrêmement vulnérable. Si elle ne me croyais pas, il se passerait quelque chose entre nous.

Les chose se sont un peu calmées et nous avons pu discuter de nos attentes respectives par rapport à l'amitié. Trés proche, avec des rencontres fréquentes pour elle. Plutôt espacée, avec un besoin de liberté pour moi. Bref... pas vraiment le même genre. J'étais content que nous nous comprenions sur ce sujet, dont nous n'avions en fait jamais parlé. Cela expliquait bien des choses et des attentes différentes.

Quand au bout d'un moment, encore marqué par l'épisode précédent, elle m'a dit que nous avions une grande complicité, je n'ai pu m'empêcher de répondre par un "...". Je ne pouvais dire acquiescer, ni le nier. Elle a immédiatement réagi et m'a demandé de m'expliquer. Ce que j'ai fait. Ses mots sont devenus encore plus blessants qu'auparavant. Elle affirma que je voulais "protéger ma petite personne" en ne voulant pas écouter ce qu'elle avait à dire.

Ces mots m'ont atteint directement: elle ne me faisait pas confiance.

Mutisme de ma part, je m'enfermais dans ma bulle, ne répondant que le minimum. Plus envie de développer, de lui confier mes pensées, d'écouter ses mots.

Nous avons discuté jusqu'a 5 h du matin, avec plus ou moins d'intensité, avec de grands blancs. Je ne pouvais oublier qu'elle avait des doutes sur ma sincérité. Je savais déjà qu'il faudrait beaucoup de temps pour retrouver la même confiance qu'auparavant.

Je sais trés bien que ces attaques sont le signe d'une souffrance. Elle ne croyait plus que j'accepterais de la voir, et elle sent bien qu'elle ne compte plus autant pour moi qu'avant. Mais qu'y puis-je? Plusieurs fois déjà je lui ai proposé de cesser cette relation si elle en souffrait. Que puis-je faire de mieux?

Hier soir, je lui ai écrit un long mail. J'ai tenté de lui dire tout ce que j'avais ressenti avec toute la sincérité dont je suis capable (et vous devez commencer à la connaître!). Je n'ai fermé aucune porte, je lui ai dit que j'avais envie de cointinuer cette relation, mais que je ne pouvais forcer mes envies. Ce n'est pas moi qui partirais, parce que je suis satisfait de ce que nous vivons. mais si elle ne l'est plus, alors qu'elle choisisse. Je ne lui en voudrais aucunement. Nos chemins se sont croisés, mêlés, puis maintenant nos routes s'éloignent. A nous deux de voir si nous pouvons faire cohabiter nos attentes ou si l'un d'entre nous en souffre. A lui d'en tirer les conséquences qu'il voudra.

C'est la première fois que je me suis exprimé aussi clairement sur mes attentes vis à vis d'une relation. Parce que je n'avais rien à perdre. Je n'avais plus envie de prendre sur moi la souffrance des autres, pour en souffrir à mon tour, me sentir mal, me culpabiliser. J'y étais parvenu avec Héloïse, mais aux prix de grands efforts qui m'avaient minés pendant des jours, puis des semaines.

Désoramais, j'exprime ce que je ressent, avec tout le respect et la compassion nécessaires. Avec une écoute grande ouverte et toute ma bonne volonté pour que chacun y retrouve sa satisfaction. Mais si ça ne marche pas, tant pis. Ma vie sentimentale est comblée avec Charlotte. Ma vie amicale se nourrit d'énormément de contacts enrichissants sur internet. Si une amitié doit se transformet en souffrance ou en déplaisir, j'abandonne.

A ce jour, je n'ai pas encore reçu la réponse d'Inès.

J'ai peur de la briser avec mes mots. Ce que je ne souhaite absolument pas. Je lui ai dit toutes mes pensées, lui ai donné tout mon courage, lui ait dit ce qui m'avait blessé et garanti que je croyais encore à notre relation. Mais je ne peux décider pour elle.

Ce matin, j'étais en pleine forme d'avoir oser m'exprimer vraiment, calmement mais fermement. Je crois que c'est une des premières fois que ça m'arrivait à ce point.

Là, je suis un peu moins en forme, parce que j'ai un peu peur de sa souffrance. Aussi parce que je me demande si notre histoire va pouvoir continuer bien longtemps...

 


Mardi 19 décembre 2000

 

0 h 30

Beuark!!! J'ai reçu sur icq un message avec adresse de site web. Bon, j'ai tout de suite vu que c'était un site de sexe. Curieux, je me suis dit que je pourrais peut-être aller y faire un tour, histoire de voir de quoi il s'agissait. Je n'avais jamais vu de photos de ce genre depuis deux ans que je suis sur internet, il faut bien essayer...

Et puis comme tout le monde, je dois bien dire que ça m'interessait un petit peu...

Beuark! Des moches photos carrément porno, aucun érotisme. Du cru, du direct. C'est laid. Du sexe pour le sexe (oui, c'est ce que les amateurs doivent chercher je suppose..). Et ils ont l'air de s'emmerder les pauvres pantins qui prennent la pose. On entend presque le "photographe" dire "tourne un peu la tête, làààà. Tire un peu plus la langue. Les yeux, laaaaangoureux... tes doigts..." bref, pas besoin de vous expliquer.

Et puis rien à en dire de plus, c'est moche!

Même si mes hormones se mettent en marche, je n'aime pas ça.

***

 

Drôle se surprise ce soir en ouvrant mes message. Figurez vous que j'ai reçu une demande pour raconter pourquoi j'écrivais en journal, de la part d'un journaliste, pour France-Inter (radio nationale, pour les non-français). Ben ça alors! Moi qui avouais ma "jalousie" lorsque je voyais que d'autres étaient interviewés, c'est à mon tour maintenant.

Coup de chance, je venais de terminer un texte pour le prochain JMag, justement consacré au "pourquoi du journal". Quelques modifs, et hop, posté dans la soirée.

Sauf que... j'ai reçu un mail en retour: il faudrait que j'habite prés de Paris, parce qu'il faut enregister ma voix! Pas de chance, je suis à plusieurs centaines de kilomètres. Bon... ben je verrais bien ce qu'il en sera finalement.

Pour ceux que le sujet intéresse, l'émission devrait passer le 4 janvier (source: site France-inter) entre 10 et 11 h le matin ("Alter ego"). Je pense que Philippe Lejeune y sera invité.

Je pense que la distance fera qu'on se passera de moi... Sacrée centralisation! Hors de Paris, point de salut. Si ce n'est pas le cas, je ne sais pas si j'ai envie qu'on puisse reconnaître ma voix... je suis même sûr de ne pas avoir envie. Ma mère écoute régulièrement l'émission, et elle n'hésiterait certainement pas longtemps sur mon identité. Trop risqué!

Bon, la suite au prochain épisode...

 

En parlant d'être démasqué, Liloo vient d'en faire les frais. Un type lui a téléphoné directement à son bureau! Gonflé le mec! Si on ne peut plus garder notre anonymat, on devient quoi avec nos confidences?

________________________

 

22 h 45

Pas de nouvelles de la part de France Inter...

A part ça, j'ai repensé à mon entrée d'avant hier. Longue, longue, entrée qui m'a attiré quelques mails de sympathie. C'est réconfortant.

En général, lorsque je me livre à des accés de sincérité intime, ça va trés bien sur le moment. Un peu comme si je me shootais à la transparence. Juste aprés, ça va encore trés bien, je suis sous l'effet de ma dose. Mais ensuite, ça se gâte un peu...

Je ressens une sorte de vide, me demandant pourquoi j'en dis autant sur ce fichu web. Je n'ai aucune crainte par rapport au gens que je "connais" et qui, je pense, respectent mes pensées. Mais je me dis aussi que n'importe qui peut tomber sur mes mots et ne rien y comprendre. On peut alors trés bien me prendre pour un malade qui déverse ses états d'âme sans aucune pudeur. Et c'est ça qui me vide...

Je me dis "à quoi bon écrire tout ça? Quel interêt?". Petit passage à vide durant lequel je me dis que je pourrais tout aussi bien tout arrêter... Parce que c'est finalement assez épuisant, moralement parlant, de s'analyser ainsi. Seul, ce n'est déjà pas facile, mais en public... ça coûte. Et pourtant j'y reviens au jourd'hui...

Il se peut que ces prochains jours soient un peu plus calmes...

 


Jeudi 21 décembre 2000

Questionnements multiples

 

Je ne ressentais pas le besoin d'écrire... et voilà que je reçois un mail qui relance la machine! M.W. me signale que ces passages à vide aprés des entrées un peu "lourdes" sont récurrents. Il me suggère de relire mes anciennes entrées. C'est vrai que je ne le fais jamais, et il se pourrait bien que je rabache, à la longue!

Mais bon, ça fait partie du contrat: j'écris, vous me lisez, mais sans garantie que je sois toujours "intéressant".

Ce qui à fait "Tilt" pour que j'écrive, c'est lorsqu'il m'écrit que je pourrais, pour passer le passage à vide, donner un coté plus descriptif de moi. Ce qui me ramène au mot de "futilité", évoqué par So. il y a quelques jours.

C'est vrai, à trop rester dans le "profond" (n'éxagerons rien!), je suis un peu contraint à retrouver des forces dans un certain silence scriptural. Alors que si je me permettais d'aborder des cotés plus futiles, je pourrais avoir un débit plus régulier.

Hmmm... je me demande si ça me correspondrait? Je crois que mon style, c'est d'écrire pour me soulager. Or le futile n'a pas besoin d'être soulagé: il est léger par nature.

C'est marrant comme ce mot de "futilité" me trotte dans la tête en ce moment. Fréquemment je comprends un peu mieux pourquoi je me désintéresse de certains sujets. Simplement parce que je les considère comme futiles.

***

 

Je suis en train de raconter les interactions qui apparaissent entre mes lecteurs et moi. Ce qui me ramène à une réflexion de Claudio sur le fait que nous sommes nombreux à nous adresser directement aux lecteurs.

Je me souviens de mes débuts, lorsque je parlais de "vous" à la troisième personne. Et que je ne savais pas bien s'il fallait que je m'adresse directement à vous. Il me semble que c'est assez vite venu, parce que je n'ai pas pu faire abstraction de ces regards portés sur mes écrits. J'aurais trouvé bizarre de faire comme si vous n'étiez pas là.

C'est certainement une des grosses différences avec le journal intime, et qui fait rapprocher ce que j'écris de "l'autobiographie en direct". Dans un journal intime, je crois qu'il est rare de s'adresser à quelqu'un. On se parle à soi-même. L'exercice de description auquel je me suis liovré la semaine dernière est bien l'exemple même de ce que je n'aurais jamais écrit dans mon journal privé. A quoi bon me présenter le cadre dans lequel je suis?

Je sens que ces écrits sont en train d'évoluer doucement vers un style propre à eux-mêmes. C'est d'ailleurs bien normal. Vers quoi ira cette évolution? Une chronique quotidienne? la poursuite de l'ouverture de mes états d'âme? La fin de ce journal?

Cette fin, je ne sais pas trop qu'en penser. Je me demande combien de temps je vais écrire ici. Ne vais-je pas me lasser un jour? Ou au contraire prendre goût à ce contact avec des personnes éloignées que je ne rencontrerai jamais. Des personnes qui connaissent une grande partie de mon moi privé. Qui en savent infiniment plus sur moi que l'inverse... mais qui en savent pourtant si peu. Comment connaître quelqu'un au travers de quelques centaines de page d'écriture?

Et puis comment lit-on? Avec quelle attention? ne mélange-ton pas un peu ces personnages reconnus au graphisme de leur site?

Imaginons qu'on s'amuse à inverser les textes de certains diaristes en utilisant les graphismes d'un autre. Combien de temps avant de se rendre compte que quelque chose cloche? Notre graphisme, c'est notre visage, le premier élément de reconnaissance, une fois qu'on connait notre adresse. Mais le contenu, n'est il pas parfois interchangeable, si l'on extrait les détails trop identifiables?

Pourquoi est-ce que je me pose ces questions???

 

A propos de graphisme, je suis en train de parcourir un peu quelques logiciels que je viens d'installer sur mon nouveau pc... Il y a de quoi faire des choses assez jolies! Avec un peu de temps (un peu beaucoup!!) je vais peut-être tenter d'arranger un peu mon site. C'est pas que je veuille le rendre flamboyant, mais il me semble que ça compte quand même la présentation. C'est aussi un critère de jugement. Comme un visage agréable qui attire forcément plus que celui qui est quelconque.

Alors si je change, je vais donner des critères d'identification supplémentaires. En fonction des couleurs, des graphismes, de la sobriété ou du perfectionnisme, vous en déduirez quelque chose. Ce qui ne passe pas par les mots...

 

Je me demande si j'ai envie d'attirer trop de monde sur ce site? Passer d'une douzaine de lecteurs à 30, ou 50? Mais ça changerait tout! Fini l'intimisme face à autant de monde. Existe-t-il seulement des diaristes qui on 50 lecteurs quotidiens? J'en doute!

 


Vendredi 22 décembre 2000

Troubles de la modestie

 

Je viens de découvrir, via le site de Tehu, que celui de "Grosse fatigue" cessait. Je vous conseille la lecture du 19/12/2000.

GF réalise comme le maintien d'un site a quelque chose de frustrant. On se prend au jeu, on donne beaucoup de soi-même, on a des retours de la part des lecteurs... On croit à ce qu'on fait, et puis un jour, on se rend compte que ça ne marche plus.

Il le dit bien mieux que moi, parce que lui le vit alors que je ne fais que supposer ce qui m'arrivera un jour. Je le sens bien que ça arrivera. C'est certain.

J'aime bien l'écriture de GF, à la fois précise, imagée, riche. Il donne ses impressions, mais sans aller jusqu'à l'intime. Je n'y suis pas allé assez souvent, faute de temps, mais si je sais qu'il se retire, ça me manque déjà.

 

C'est drôle cette écriture du diariste. Parfois ce sont les grandes confidences, puis vient ensuite le silence. Ou alors on change brutalement de sujet de préoccupation. Je sais que je marche un peu de cette façon.

Je crois que ce sont plusieurs choses qui ont changé récemment. Quelques mails qui m'ont ouvert les yeux sur ma pratique, et au dela, sur moi. Les interrogations de Liloo sur l'anonymat qui peut être percé. Des questions (vite éteintes) sur l'opportunité de répondre ou non à cette journaliste de France-Inter, par peur d'être reconnu à ma voix.

Et puis réaliser tout le temps que je passe sur ce site, que j'ai envie d'améliorer... Pourquoi? Pour qui?

Je me sens un peu mal à l'aise. Soit de trop croire en une quelconque importance que je pourrais avoir, soit à me sentir inutilement prétentieux en décrivant ma vie sur ce site.

On joue en permanence avec notre propre modestie (ou son manque), en se mettant en vue de tous. Ecrire sans se préoccuper des lecteurs serait l'idéal, mais à quoi bon être en ligne dans ce cas? Ecrire en se préoccupant des lecteurs, au delà de fait que cela fausse un peu l'intimité supposée, c'est surtout accepter de se dire "j'ai des choses à dire". Et on voit vite l'immodestie d'une telle démarche.

Ou alors c'est écrire en toute liberté, sans se préoccuper aucunement de ce que pourront penser les lecteurs. Ce n'est, vous vous en doutez bien, pas mon cas. D'ailleurs, je vais passer bientôt autant de temps a écrire sur le pourquoi de l'écriture, qu'a écrire vraiment!

Ce sont mes terribles doutes qui reviennent sans cesse.

Je vais leur casser la gueule à ces doutes! Être libre de mes pensées!

 

Pffff! je suis pas content de ce que j'écris là. Ca me semble nul, répétitif, rabachages incessants. Mais pourquoi j'écris alors?

Je ferais mieux d'aller me coucher...

 


Dimanche 24 décembre 2000

 

Ben voila à quoi je m'amuse...

 


Mercredi 27 décembre 2000

 

En cette période de festivités, il n'est pas facile de laisser ses pensées divaguer...

Finalement, comme cet été, j'ai l'impression que les vacances ne se prêtent pas vraiment à l'introspection. En tous cas, ça se passe comme ça pour moi. Je pense que c'est le manque de solitude qui fait ça. Souvent j'ai dit que j'écrivais seul, ou tard le soir quand le reste de la maisonnée dort. J'ai besoin de ce silence, de ce vide autour de moi.

En ce moment, la maison est remplie de monde: 3 neveux en plus, ma fille en moins. Depuis hier, ma belle-soeur, son mari et ses enfants sont là. Je me sens perdu chez moi! Plus de coin tranquille, plus de moments de tranquillité. Cette maison dans laquelle je suis si souvent seul, ce bureau qui est mon antre, ma tanière, et dont je suis dépossédé par des enfants avides d'ordinateur... je n'ai plus mes repères.

Bien sûr; je suis content que nous ayons cette visite (et encore... en suis-je vraiment content?), mais ce ne sont pas des vacances pour moi. Les vacances des autres me privent des miennes. Pour moi, de vraies vacances, ce serait d'être libre de faire ce que je veux. Ce ne serait pas forcément partir. En premier lieu, j'aimerai prendre plusieurs jours seul à ne "rien" faire. Traînasser, lire, flâner, dormir. Passer des heures sur internet à lire, à écrire. Ensuite me promener, sortir juste pour le plaisir...

Et une fois que j'aurais pu faire le plein de ces sensations rares, peut-être que j'envisagerais de partirquelques jours.

J'aimerai parfois avoir la liberté de partir au bout du monde, dans des paysages sauvages. Partir longtemps, sans contraintes financières. Pouvoir tout laisser en plan et ne pas se préoccuper d'une date de retour.

Oui, je sais, beaucoup de gens aimeraient aussi faire ça...

Mais je ne me plains pas. J'ai la chance de pouvoir m'évader sur le lieu même ou je vis. Quelques pas et je me retrouve seul dans la campagne, assis dans les herbes jaunies, à regarder le paysage, sentir le souffle foid de l'hiver, à peine réchauffé par un pâle soleil.

 

Me lisant, je constate comme mes évocations sont pauvres... Pas comme ce que pourrait en dire un écrivain, tel que celui d'un ouvrage reçu en cadeau pour Noël. Il s'agit d'un écrivain qui est originaire de quelques villages plus loin que le mien, et qui décrit ses souvenirs d'enfance en ces lieux. Je suis toujours admiratif du talent de ces gens qui savant, en quelques mots, faire ressentir une ambiance.

Mais le travail de l'écrivain est bien diférent de celui du diariste (travail??), qui livre ses pensées en jet continu, sans avoir le temps d'approfondir ni peaufiner ses idées, sous peine de les perdre. Cette écriture est vivante, et ne se corrige que par ajouts, par corrections écrites et non pas par effacements.

Mes mots "jet continu" m'amènent à une analogie comparative: Si on pouvait comparer écriture et amour physique, la littérature serait une sorte d'amour esthétique, ou un erotisme raffiné duquel l'orgasme serait absent. L'écriture du diariste serait plutôt a comparer avec la masturbation, puisque nous éprouvons un plaisir solitaire dans cet acte. Le diariste en ligne se masturbe en public, devant un public voyeur, et tout le monde y retrouve son compte.

Bouah! je sais pas pourquoi je dis ça...

Peut-être une envie de parler aussi un peu de sexe, dans ce chaste journal? Mais l'exemple choisi n'est-il pas mauvais? Ce coté de la sexualité qu'est la masturbation étant fortement tabou, parce qu'il touche à la fois l'égocentrisme ("c'est pas bien de s'intéresser à soi"), et la sexualité (un peu pour les mêmes raisons du plaisir banni).

Le terme de "masturbation intellectuelle" est fortement teinté de ce coté "trop se poser de questions est mauvais", et avec l'idée sous-jacente qu'il est bizarre de prendre du plaisir à se poser des questions.

 

En ce moment, sur un forum, je me débats en essayant de proposer des opinions plus ouvertes que celle d'une "majorité bien pensante". Je m'y épuise, tant il est difficile de sortir du troupeau. On se fait regarder de travers, puis rapidement critiquer, et enfin dénigrer. Les insultes ne sont pas loin... Le pire, c'est que je n'affirme rien, mais je dis simplement "et si on regardait autrement", ou "et si on se posait des questions sur notre façon de pensée, ses origines, ses justifications, etc.". Et bien ça ne plaît pas du tout! Pas question de remettre en cause ce qui fait notre société.

Moi qui doute sans cesse, donc me pose toujours des questions, j'ai un peu du mal à accepter comme ça tout ce qu'on me dit. Ce journal est bien la preuve de cet état d'esprit...

 


Vendredi 29 décembre 2000

Rêve-bonheur

 

Cette nuit j'ai révé à Laura... la belle Laura. Je me trouvais en sa présence au milieu de pas mal de gens. Une sorte de réunion-apéritif. Elle ne m'avait pas vu, mais nous savions tous les deux que l'autre pourrait bien être là. Je la voyais, pas trés loin de moi, le dos tourné. Charlotte n'était pas trés loin non plus.

Je ne savais pas trop quelle attitude avoir, si je devais regarder Laura ou attendre qu'elle me voie, et constater quelle serait sa réaction. Mais mon envie de la regarder était la plus forte. Jusqu'à ce que nos regards se croisent.

Il me semble qu'elle m'adressa quelques mots. Notre situation actuelle nous était connue, c'est à dire mes tentatives de la recontacter et ses refus.

Il ne se passa rien de plus. Je me souviens seulement qu'elle m'adressa un sourire, s'éloignant déjà. Merveilleux sourire, irradiant de toute la beauté qu'il puisse m'être donné de voir...

Je revis ce visage qui m'a tant marqué, au point qu'en chaque femme que je rencontre, je recherche cette idéal... Je n'en étais plus amoureux, ne ressentant plus cet état si particulier (sans doute la première fois dans mes songes). Mais j'aimais sa beauté inoubliable, j'aimais celle qu'elle était devenue et dont je suis à présent détaché.

Un rêve-bonheur, un plaisir...

Et dire qu'elle ne saura jamais ce que quelqu'un aura pu penser d'elle! Tant pis, de toute façon, ce n'est pas elle, mais une idéalisation.

 


Dimanche 31 décembre 2000

 

En attendant le couple d'amis qui va passer la soirée avec nous...

J'ai passé une bonne partie de ces derniers jours à réaménager mon bureau et, pour la première fois, je tape mon texte installé à la place définitive. J'ai maintenant un super bureau (le meuble) trés spacieux, avec un retour adapté à l'ordinateur. Tout est à portée de main, c'est trés fonctionnel.

J'ai gagné quelques sous ces derniers temps, ai j'ai pu enfin adapter mon environnement de travail à mes besoins. Tout s'empilait de partout et je ne savais plus comment ranger les choses. C'est fou comme un peu plus de place pour ranger permet de faire disparaitre le désordre. En fait, je suis désordonné (ou même carrément bordélique) si je n'ai pas assez de place. Une place pour chaque chose, et chaque chose à sa place. Une fois que je peut m'installer confortablement, alors je range presque méticuleusement chaque chose, et je sais immédiatement où elle se trouve lorsque j'en ai besoin. dans le cas contraire, je sais bien où elle est, mais c'est souvent au milieu d'une pile de papiers que je dois reprendre un à un...

 

Hier soir, en faisant ma tournée des journaux (plusieurs diaristes ont une activité réduite, voire mise entre parenthèses pendant les fêtes), je suis passé chez Chantal (Shani). Et là, surprise... elle a cessé son journal le 27 décembre. Surprise, pas vraiment, puisqu'elle n'écrivait pratiquement plus. Elle ne s'était pas cachée d'un manque de motivation pour écrire. Il semble que tout aille bien pour elle, puisqu'elle nous annonce être en plein bonheur. J'en suis trés content pour elle.

Il semble que nous, diaristes, écrivons plutôt lorsque tout ne va pas parfaitement. Même si notre vie nous convient, le fait d'écrire veut bien dire que nous avons quelque chose à extérioriser. Mais le bonheur, curieusement, n'a pas besoin d'être raconté. Il se vit, tout simplement. Je me demande même si la lecture de quelqu'un qui serait parfaitement heureux ne serait pas quelque peu rébarbative...

Quoiqu'il en soit, aprés d'autres, Shani s'en va. Reviendra-telle un jour? Ou alors cette écriture en ligne n'était-elle qu'un passage dans sa vie? Nous verrons bien...

 

Petit motif d'inquiétude ce matin: hier, j'ai envoyé un message de voeux à Héloïse. Il m'a semblé qu'aprés un an de silence, je pouvais lui dire un peu les souvenirs que j'avais gardé de cette rencontre. Un petit message assez court, juste pour dire que je n'avais pas oublié. J'avais souvent pensé à le faire, aprés un mois, puis 3, puis 6... mais je me demandais à chaque fois si les cicatrices mal refermées ne pouvaient pas s'ouvrir, pour elle.

Mais ce matin, retour d'un message d'alerte : "la boite de votre correspondance à dépassé sa capacité, malgré nos relances la boite reste saturée etc...". Du coup, je me suis posé des questions. Et si Héloïse, à tendance suicidaire, n'avait pas supporté le choc?

 

Oups... nos invités sont là...


 

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