Mois de janvier 2001 (1ere quinzaine)


Ce demi-mois ayant 11 entrées, vous pouvez lire cette page en étant déconnecté.


Lundi 1 janvier 2001

 

Je ne vais pas raconter mon réveillon, qui n'a pas beaucoup d'importance et ne laissera pas beaucoup de traces dans ma mémoire...

D'ailleurs, vous savez bien que je ne raconte jamais beaucoup de choses de mon quotidien "matériel". J'y attache peu d'importance parce que c'est ephémère, et surtout non partageable.

Peut-être est-ce aussi que je ne sais pas le partager? Ou que je ne suis pas moi-même intéressé par le quotidien des autres? La pensée m'interesse, le ressenti, mais pas les faits.

Donc, mon ressenti pour hier soir: ... Bof! Soirée tranquille, sans relief particulier. Une sorte de tradition dont nous sommes acquités. Il était prévu que nous nous retrouvions à plusieurs familles, mais pour diverses raisons cela n'a pas pu se faire. Donc, on a fait avec ceux qui ne se sont pas désistés. Et voila ce que ça donne...

 

Bien, je n'ai pas poursuivi mon idée sur Héloïse. Finalement, ça ne me tracasse pas plus que ça. Parce que je crois que je n'aurais aucune possibilité d'en savoir plus. Si Héloïse ne me répond jamais, je ne saurais pas si c'est une volonté de sa part, ou une impossibilité tragique. Et comme je ne peux pas insister, et que de tout façon si elle a disparue il est trop tard pour faire quoi que ce soit...

N'empêche que je vais me poser des questions, et il est possible que je cherche à en savoir plus. Et si j'apprends qu'elle s'est suicidée (je dis ça froidement... hum!!), je ne sais pas bien comment je réagirai.

Comment aurais-je pu y changer quoi que ce soit? Héloïse était aussi fragile qu'elle paraissait forte, aussi vulnérable qu'elle pouvait être dure. Exclusive, absolue, dans un sens comme dans l'autre.

Elle se comparait à l' "Ondine" de Giraudoux...

 

A suivre, éventuellement...

 


Mardi 2 janvier 2001

Identité

 

C'est bien moi ça... il faut que je me débrouille pour mettre une entrée à cheval sur deux années!!.

Tant pis, l'année commencera par une "suite" du 31 décembre.

Je viens de lire la fin du journal d'Ariane Fabre. Le 27 décembre, comme Shani. Décidément, les fins d'année ne sont pas favorables aux continuations...

Fin beaucoup plus surprenante, puisque rien ne l'avait laissé supposer. Au contraire, le titre "volume I" laissait présager une durée. Mais non, du jour au lendemain Ariane Fabre tire sa révérence. Dommage, parce que j'aimais son style, à la fois riche et dépouillé. Il est vrai qu'elle nous disait écrire un livre, et une certaine maîtrise de l'écriture paraît normale.

Elle nous dit que cette écriture ne lui convient pas, notamment par un manque de confiance. Ce mot m'a marqué. Que l'on manque de confiance en moi (oui, je le prends bien trop à coeur, alors que je ne suis qu'un lecteur parmi d'autres...) me blesse toujours un peu. Et puis je dois dire que ce genre de départ précipité me semble manquer un peu de respect envers les lecteurs, qui ont pu s'attacher à cette personne qui nous confiait sa vie.

D'un autre coté, je sais trés bien que si elle n'avait plus envie d'écrire, elle n'avait aucune obligation envers nous. Mais bon... ça me chagrine quand même un peu.

Ariane disait ne plus se sentir dans ce pseudonyme qu'elle s'est inventé. Je comprends un peu ça. Personnellement, il ne me serait pas venu l'idée, pourtant assez courante, de me donner un nom. J'ai pris ce pseudo de "l'idéaliste", mais ce n'est pas une identité. Tout juste un qualificatif. Jamais je ne dis quelque chose comme "foi d'Idéaliste". Idéaliste est utilisé seulement pour des raisons pratiques (il faut bien "exister" par un nom). Même lorsque je signe mes messages, je n'aime pas bien cette identité. J'ai l'impression de me cacher (ce qui est pourtant le cas...). Je préfererai mettre mon vrai prénom, mais toujours cette volonté d'anonymat!

En y pensant, je me rends compte que cette double identité est parfois pesante. J'aimerai, comme le disait Ariane dans sa dernière entrée, écrire sous ma véritable identité, mais je crois que c'est vraiment trop s'exposer, et exposer les gens que l'on cotoie.

Cependant, je sais que je lance comme des "ponts" entre mes diverses identités du net. Des personnes avec qui j'échange sous l'identité que vous connaissez, ou d'autres qui me connaissent à travers des forums d'opinion. Parce que je ne veux pas ne montrer qu'un coté de moi, forcément arrangé pour correspondre à l'image que je souhaite donner. Avec ces "passerelles" j'ouvre des possibilités de lecture différentes, je redonne une liberté de jugement à ces personnes qui pourront ainsi me comprendre "à mon insu". Je crois que j'ai besoin de retrouver cette incertitude qui fait que l'on m'appréciera ou non, mais avec une liberté de jugement.

Jugement? Voila bien un drôle de choix de mot! mais personne ne va me juger! Serait-ce moi qui aurait besoin d'être jugé (favorablement, cela va de soi...)?

 

Dernière chose, qui m'est venue en tête plusieurs fois, récemment: je crois que j'ai enfin pris une certaine indépendance par rapport à mes lecteurs. J'écris librement, sans trop chercher à plaire, ou a expliquer pourquoi je pense quelque chose. Je le fais encore, bien sûr, mais plus dans un souci de clarté que de justification.

Je crois que c'est une bonne chose...

 

***

 

Je viens de lire une BD intitulée "Le cahier bleu", de Juillard. Histoire d'une femme qui reçoit un jour le journal intime d'un homme qui est amoureux d'elle. Il relate comment il l'a aperçue, puis le désir de savoir qui elle était, comment il l'avait suivie, avide de connaitre des détails sur sa vie, en apprendre un peu plus sur elle.

Tant de chose qui me rappellent ce que j'ai fait pour recontacter Laura...

Laura qui n'a pas du tout apprécié que je sache où elle habitait, ni que je vienne mettre une lettre dans sa boite, encore moins que je lui téléphone... Et moi qui me suis ridiculisé avec ces actes qui ne faisaient que montrer l'importance démesurée que j'attachais à son existence.

 

***

 

Pour les lecteurs français ou limitrophes, jeudi 4 janvier de 10 à 11h aura lieu sur France-inter une émission sur le journal intime. Je ne sais pas trop si il sera question du journal en ligne. Comme vous le savez, j'avais été contacté pour cette émission, mais habitant trop loin de Paris, mon cas n'a pas pu faire l'affaire. Il est possible que la journaliste ait trouvé quelqu'un d'autre là-bas, et on aura donc son avis.

Normalement cette émission sera écoutable pendant quelques jours sur le site de france inter (émission "alter ego").

 


Mercredi 3 janvier 2001

 

Bon, je crois que je me suis fait mon petit cinéma au sujet d'Héloïse, et tant mieux! Parce qu'elle à répondu à mon message. Une de ses adresses n'était plus valable, tout simplement...

Par contre, petite blessure narcissique lorsqu'elle m'a dit qu'elle avait mis un moment avant de savoir qui pouvait bien lui écrire. Il faut dire qu'elle multipliait les aventures, et que de se souvenir qui j'étais, un an plus tard, ne lui était pas forcément aisé. Je constate que j'ai moins compté dans sa vie que ce qu'elle m'en avait dit à ce moment là. C'est assez normal en fait, mais j'avais fini par croire ce qu'elle me disait...

Pour expliquer la dureté dont elle avait fait preuve à ce moment là, elle me dit que c'était parce qu'elle se "vengeait des hommes"! Bon, apparemment j'étais mal tombé.

Je le savais tout ça, mais je l'avais un peu oublié. Il ne me restait que des souvenirs plutôt agréables. C'est amusant de constater comme l'esprit oublie les choses désagréables. Il y a un an, c'était vraiment un souvenir trés marquant. La méchanceté dont elle s'était montrée capable m'avait profondément atteint, bien que je sache que c'était une réaction de souffrance de sa part.

Et puis je vois qu'avec le temps tout cela s'est effacé...

 

Je repense à quelque chose: elle disait qu'elle m'aimait. Peut-on aimer sur internet? Peut-on aimer quelqu'un qu'on a jamais vu? Ou alors ne met-on pas la même chose derrière les mêmes mots?

Si moi j'ai pu être extrêmement attaché à elle, dépendant de ces messages, ayant besoin de son contact plusieurs fois par jour, jamais je ne me suis senti "l'aimer". Je disais fréquemment qu'il s'agissait de quelque chose entre amour et amitié. Sans doute parce que ça m'était plus confortable, intellectuellement parlant, de bien séparer les choses par rapport à Charlotte.

Comment aurais-je réagi si j'avais été célibataire à ce moment là? Ou en crise dans mon couple?

Je pense que j'aurais foncé tête baissée...

 


Jeudi 4 janvier 2001

 

Bel effort de la part de l'Insomniaque: elle a mis sa photo! Je trouve cette démarche courageuse, parce qu'il n'est pas facile de sortir de l'anonymat. Comme elle le dit elle même, il y a la peur de ne pas correspondre à l'image que les lecteurs se font de nous.

Pour ma part, il y aurait surtout la crainte que quelqu'un qui me connaît tombe un jour sur quelque chose qui lui permette de m'identifier. A fortiori une photo...

Pourtant, je crois comprendre cette envie de se montrer à visage découvert. Souvent j'ai pensé à mettre des éléments de moi: fragments de photos, ou photo "triturée", ou éléments de mon cadre de vie... L'Incrédule, avait fait ça, du temps de son journal ancienne version. Elle récidive maintenant en mettant sa bouche (fort jolie d'ailleurs... -j'ai toujours eu un petit faible pour l'Incrédule-).

Et si je ne craignais pas d'être reconnu par un de mes proches (ce qui a fort peu de chances de se produire tant que je ne dis pas que je tiens ce journal), oserais-je montrer mon visage?

Je me le demande...

Comme j'en parlais beaucoup au début de ce journal, l'idéalisation est importante pour moi. J'ignore ce qu'il en est pour ceux qui me lisent. Pour cette raison, j'ai hésité avant de cliquer sur le lien qui menait à la photo de l'Insomniaque. Une grande curiosité mêlée à une certaine crainte. Mais je trouvais courageuse son initiative, et j'ai eu envie de la partager (sans grand risque pour moi...).

Evidemment, l'Insomniaque ne ressemble pas à l'image que je (ne) m'étais (pas) faite d'elle! Forcément! Mais elle va pourtant bien avec qui elle est.

Cependant, comme je sais qu'elle me lit de temps en temps (ou souvent?), voila que je me heurte à une certaine "réalité". Je ne peux pas m'amuser à donner mes impressions. Pas plus que je ne peux évoquer précisément les échanges que j'ai par mails avec mes lecteurs, ou les impressions que j'ai en lisant tel ou tel diariste...

Et c'est là que je me demande si la vie sociale qui naît grâce au journal n'est pas un risque quand à la perte de spontanéité. Faudrait-il alors n'écrire qu'à la condition de ne pas avoir de contacts avec des lecteurs? Ou alors accepter que le journal en ligne renonce à une part de sincérité?

Je crois que ce type de journal est assez particulier. Ni vraiment spontané (peur de déplaire/envie de plaire) ni faux pour autant (tout y est vrai). On pourrait simplifier en disant: "la vérité, rien que la vérité... mais pas toute la vérité".

 

***

 

Je viens d'écouter l'émission sur le journal intime dont j'ai parlé plusieurs fois. Un peu déçu, parce le diarisme en ligne n'est qu'a peine effleuré, puis immédiatement dénigré par Michel Polac*, qui le qualifie de "contresens".

Toujours le même refrain: on ne peut être intime, vrai, sincère, en mettant ses pensées sur le web. Ca m'énerve un peu ce préjugé, surtout que je suis certain que ces personnes qui critiquent n'ont jamais été sur un site de diariste.

C'est vrai qu'on ne parvient pas exactement à la même chose que dans un journal privé, mais en est-on si loin? Et même, ne le surpasse-ton pas parfois, par les efforts d'explication que l'on doit pour être compris? Cet élitisme, privilégiant le journal papier "pur et dur" est vraiment agaçant. Bon, je dis ça, mais moi-même, il y a un an... aurait certainement dit le même genre de choses!

J'ai noté quelques idées interessantes dans cette émission: Polac se disait déjà misanthrope à 14 ans, se considérant comme un ours. Ce qui laisse penser que, quelle que soit la vie, on ne change pas beaucoup.

Que de lire les journaux des autres donne une sorte de repère sur notre propre "normalité", rassure sur des idées que l'on est géné d'avoir, ou que l'on ne comprend pas vraiment. Il est vrai qu'après quelques mois de lecture d'autres diaristes, je me suis senti conforté dans mes "différences", justement pas si marquées, ou pas plus injustifiées que celles des autres.

Pas du tout d'acord avec un intervenant qui disait que le journal intime était une prison, un piège, et même la "poubelle des sentiments". Il avait l'air pas trés clair avec lui même ce type!

Philippe Lejeune, interwievé par celle qui me proposait un entretien, a dit sa surprise lorsqu'il avait découvert les journaux en ligne. Il les place entre "journal" et "lettre". Je suis assez d'accord avec ça.

Une dernière chose à retenu mon attention: Polac disait que depuis la parution de son journal, il était "cassé", que cela avait été comme un tremblement de terre dans sa vie, à cause des réactions que cela avait suscité. A mon avis, quelque chose à méditer, pour moi qui mets en ligne mes pensées...

* Michel Polac est un écrivain français, assez controversé, qui vient de publier un "journal" de 30 ans de sa vie

 

***

 

Dans le même ordre d'idée, je suis allé visiter hier le site du Tabulawriter ("L'écritoire du Tabulawriter"), qui fait une entrée sur les pratiques sexuelles onanistes... en "répondant" ainsi à une entrée de Juliette Jardin ("Simples murmures"), qui reprenait elle même une de ses entrées d'il y a 10 ans. Comme vous le voyez, le "surf" sur internet fonctionne bien!

Ce passage de Juliette m'a surpris: oser mettre un tel degré d'intimité en ligne me semble trés audacieux, même si c'est avec 10 ans de décalage! A tel point que je me suis demandé si ce n'était pas un faux, écrit bien plus tard...

Quoi qu'il en soit, j'ai trouvé la démarche intéressante.

Il y a longtemps que je me dis que je me dis que je ferais bien de parler un peu de sexualité dans ce journal. Je suis sûr que ça me décoincerait. Mais comme je n'en ai jamais parlé dans mon journal privé, vous imaginez bien qu'il ne sera pas facile de franchir le pas ici. Et si je n'en ai pas parlé, c'est que j'ai toujours craint qu'il soit découvert un jour. Que l'on connaisse mes pensées m'était acceptable, mais ma sexualité, mes "perversions", mes fantasmes, ça non, jamais!

Alors mettre ça sur le net...

Mais en même temps, ce coté "exhibitioniste" ne me déplairait pas forcément... un peu comme ces gens qui vont dévoiler je ne sais quel secret devant des milliers de téléspectateurs, alors qu'ils n'ont jamais osé en parler à leurs plus proches confidents. Réaction bizarre qui fait passer d'un extrême à l'autre...

Pour tout vous dire, la lecture des caresses de Juliette était assez... excitante. Qu'elle partage avec nous ses fantasmes, jouant ainsi sur le rapport exhibition/voyeurisme, ne m'a pas déplu. J'ai même mis ça en pratique quelques minutes plus tard, lorsque je suis allé me coucher, avec Charlotte à demi-endormie. Les techniques de Juliette m'ont permis de mettre en oeuvre avec application ce qui ne pouvait que plaire à une autre femme...

 

***

 

Tiens, je remarque tout à coup que le 4 janvier est la date anniversaire de mon premier "vrai" journal. C'était en 1977... Le tout premier avait débuté trois ans plus tôt, mais je ne le considère pas vraiment comme un journal intime. C'était plutôt un journal trés succint des faits marquants de la journée.

Celui de 1977 débutait comme une lettre écrite à ma mère (que je ne lui ai jamais donné à lire d'ailleurs). J'ignorais que 24 ans plus tard je pousuivrais cette pratique...

Ce jour-là, j'avais ressenti le besoin de laisser une trace de ce que je ressentais pour Laura. Trop d'émotions, de sensations nouvelles m'assaillaient pour que tout cela reste confiné dans mes pensées. Il fallait que ça sorte! Et c'est venu brutalement, sans aucune entrée en matière, sans analyse de ce qui était un réflexe. Je me souviens par coeur de ma première phrase: "J'ai connu Laura le premier trimestre de l'année scolaire 75/76. Au début, je n'y avais pas fait particulièrement attention...".

Si, là encore, j'avais pu imaginer que cette toute jeune fille allait me hanter pendant autant d'années...

 

***

 

Allez, aujourd'hui est un grand jour...

Je tente la mise en ligne de ce texte dont j'ai parlé plusieurs fois. Il faut bien que je tente le coup! Je crois que j'ai trop tendance à vouloir imiter les autres diaristes, c'est à dire à ne pas innover. Et comme je n'ai pas envie non plus de copier leurs initiatives... ça restreint sérieusement les possibilités.

Je joins donc à ce journal un texte qui n'est pas spontané, qui s'essaye à une certaine forme "littéraire". Mi auto-biographie, mi journal, cet hybride existe et je vous le propose tel quel.

Si vous êtes interessé, c'est ici

 


Vendredi 5 janvier 2001

 

Hier, j'ai mis en ligne mon autobiographie romancée. L'idée me trottait dans la tête depuis quelques semaines, et ce sont les encouragements d'une lectrice qui m'ont aidé à franchir le pas, non sans une longue réflexion. Je dis ça, mais en fait c'est surtout un temps de réflexion, parce que je ne me suis pas pris la tête avec ça. J'ai simplement laissé l'idée se développer, le temps que j'accepte cette séparation d'une part de ma vie secrète.

Trop longtemps secrète d'ailleurs... ce qui explique sans doute cet "exhibitionisme" actuel. Comme si je voulais rattraper le temps perdu dans le silence.

Avant de le mettre en ligne, j'ai tenté de reprendre l'intégralité du début, écrite à la troisième personne. Ca me semblait démesurément pompeux (et c'est une des raisons qui me le faisait maintenir caché). Mais vu l'ampleur de la tâche (reprendre chaque phrase et corriger), j'ai renoncé aprés la première page. D'ailleurs, ça ne me plaisait pas. Ca sonnait faux de mettre "je" alors que je ne l'avais pas écrit comme ça. Tant pis, je l'ai donc mis en ligne tel quel, au risque de passer pour un présomptueux. Pas envie de tout reprendre le style non plus. Il est donc brut, tel que je l'avais laissé en 97.

 

Reste à savoir s'il sera lu, comment il sera apprécié, et si on m'en demandera la suite. Ma première expérience d'interactivité n'avait pas été concluante: 2 personnes seulement m'avaient demandé un texte que je proposais.

Bah! ça fait du bien à mes prétentions! Je ne compte pas plus que les autres diaristes comptent pour moi. On écrit surtout pour savoir qu'on est lu, et on lit par curiosité. Il est rare que je sois particulièrement touché par un/une diariste. Et, je crois l'avoir dit (je déteste me répeter!), ce n'est que dans la lecture continue que j'ai ressenti ces sensations. 

 

***

 

Je ne sais pas bien ce qui me passe par la tête parfois... Qu'est-ce qui me prend de mettre en ligne des choses aussi privées de ma vie? Pourquoi donner ce qui me coûte alors qu'on ne me demande rien?

Je sais que lorsque je "donne" trop de moi je suis vidé ensuite, anéanti. Et pourtant je ressens cette envie de sortir de moi certaines choses. Des souffrances anciennes, comme pour les tuer en les mettant au jour. Je crois que de les exposer au regard des autres fait qu'elle ne sont plus exclusivement miennes. Elles perdent de leur force, de leur pouvoir destructeur. Mais ça ne se fait pas sans mal...

Parfois je me dis que ce que j'écris peut-être lu par des gens qui ne comprennent rien à ma démarche. Ou pire, qui s'amusent à lire ce que des détraqués osent afficher de leurs sentiments. Peut-être que certains font lire à leurs copains des extraits de ce que nous écrivons. Et ils se marrent des errements de nos pensées...

Imaginer que ce que nous donnons de nous avec confiance puisse être dévoyé ne me vient que rarement en tête, heureusement... Mais le risque est là, de recevoir un jour un mail moqueur. Par chance, je suppose que ce type de personne n'aura jamais l'idée d'aller visiter des sites intimistes.

 

En fait, lorsque j'écris, je crois que je ne peux m'abstraire de l'existence de lecteurs, mais maintenant, avec les mois passés, je les identifie. Je sais que quelques un me lisent régulièrement, par les mails qu'ils m'envoient à intervalles variables. C'est plus surprenant lorsque c'est un nom inconnu qui m'écrit ou s'inscrit sur ma liste de diffusion. Mais j'ai du mal à imaginer des gens me lire sans que je n'ai eu aucun signe de cette lecture. Tout comme je ne pense jamais aux gens de passage.

Philippe Lejeune disait hier, dans le reportage, que le journal en ligne est entre la lettre et le journal. Je crois qu'il a bien senti. C'est tout à fait comme ça que je perçois les choses losque j'écris ici. Je m'adresse à ces quelques personnes "connues", comme dans une lettre circulaire que je leur adresserait en commun. Mais le contenu de cette lettre est celui d'un journal, adapté à un lectorat. J'ai bien l'écriture libre du journal, et la présence de ces lecteurs n'est là qu'en "transparence" (je ne trouve pas de mot qui convienne).

Bon, il faut que je cesse de toujours parler de mon écriture... ça revient vraiment souvent!

Culpabilité sans doute, besoin de me justifier. Expliquer le pourquoi de ma démarche... ceux qui me lisent depuis un moment doivent commencer à me connaître, et savent que je me justifie souvent.

En parlant de lecteurs, comme je n'ai pas de compteur (qui ne veut strictement rien dire pour un site de diariste), je vous informe que j'oscille toujours entre 10 et 25 lecteurs. sans pouvoir m'expliquer pourquoi de telles pointes se produisent. Sur les dix, j'en connais 5 ou 6. C'est à ces personnes là que je m'adresse lorsque je pense à ceux qui me lisent...

  


Samedi 6 janvier 2001

Métajournal

 

"J'étais sous la douche, tout à l'heure, et je me suis surpris (ce n'est pas la première fois) à penser en écrit "

Cette phrase n'a rien de spontané. Elle s'est préparée, comme je le dis, alors que je n'étais pas devant mon écran. Même les parenthèses ont été pensées.

Alors là, je me dis que ça commence à devenir grave! Si je me mets à penser sur le mode de l'écrit, c'est que ce journal est en train de prendre trop d'importance. Ou alors c'est que je devrais écrire au saut du lit, avant toute autre activité, si ma soif d'expression me le demande.

 

Hier soir, ayant laissé mon pc à mon fils, je me suis couché relativement tôt. J'en ai profité pour lire ou relire des passages de "Cher écran". Et a plusieurs reprises, j'aurais eu envie de noter illico mes impressions.

Les idées se bousculent dans ma tête... trop de sujets m'assaillent.

Simplifions:

Je me rends compte que je passe une grande partie de ce journal à analyser mon écriture, les raisons qui me poussent à me livrer à vos regards curieux. J'écris sur l'écriture. Ce que Philippe Lejeune appelle "métadiscours". Ou qu'on pourrait préciser par "méta-écriture" si ce mot n'était assez disgracieux.

Pour simplifier, je l'appellerai "métajournal" (la formule existe sans doute déjà)

Comme je constate que lorsque je suis en période de métajournal je ne reçois plus d'échos de la part de mes lecteurs, et que je ne sais pas trop quoi en déduire (pas de commentaires à faire? désintérêt?), je me suis dit que j'allais tenter quelque chose.

Je vais séparer, a compter d'aujourd'hui, ce qui concerne le métajournal de ce qui concerne mes impressions de vie. Je ne sais pas si ce sera pratique à lire, ou pour moi de séparer clairement les deux, mais je vais tenter le coup. Pour le début je resterai sur la même page de texte. Si la séparation se fait clairement, il se pourrait que je tente deux pages, ou deux journaux simultanés, mais j'ai peur que ça complique un peu les choses.

Afin de séparer les deux écritures, je conserverai l'écriture actuelle pour les "impressions de vie", et je prendrai cette écriture pour le "métajournal".

Philippe Lejeune a constaté que les diaristes observent souvent leur rapport à l'écriture. Je ne sais pas si nous le faisons parce que c'est une pratique nouvelle que nous analysons au fur et a mesure, ou alors par une sorte de culpabilité nous amenant à justifier cette pratique.

Pour mon cas, je sais très bien que la culpabilité est là. Tout en étant persuadé que je suis libre de faire ce que bon me semble, je crains toujours la critique de ceux qui ne comprendraient pas cette introspection, et encore moins qu'elle soit sur le web. La culpabilité du diariste, augmentée de celle de l'exhibitionniste.

Et s'y ajoute même une troisième contrainte: le désir de "perfection".

J'aimerai que mon journal soit un "bon" journal. Bon par rapport à quoi? je n'en sais rien! Mais lorsque je lis certains diaristes je me dis que c'est le genre de journal que j'aimerais avoir. En fait, c'est partiellement vrai. Parce qu'en chaque diariste il y a des éléments qui me plaisent, et d'autres qui me laissent plus froid.

Si je prends la forme (dont je me suis peu préoccupé jusqu'à présent...), j'aimerai à la fois être simple comme l'Incrédule ou MöngôlO, époustouflant comme "300 jours", ou sobre et lumineux comme le défunt journal de Shani. J'aimais aussi le style d'Ariane Fabre.

Si je prends le fond, je suis séduit par l'Incrédule et son humour, la justesse de ses propos. Admiratif devant MöngôlO avec ses sujets éclectiques et pas égocentristes. Touché par l'Insomniaque et sa simple sincérité.

Je ne parle là qu'en terme de comparaisons, pas pour les contenus de chaque journal que je lis. Parce que j'en lis d'autres, mais pour l'histoire qu'ils me délivrent.

Donc, j'aimerai prendre le "meilleur" (à mes yeux) de chacun de ces journaux pour parvenir à avoir un "bon" journal. Je sais que c'est idiot, parce que chacun à son idée de "bon" journal. Et même moi, je ne suis pas sûr que mes goûts ne changent pas!

Et pourquoi vouloir être "bon"?... toujours pour la même raison: être apprécié, reconnu. Honte sur moi...

Quand je lis Philippe Lejeune (vous remarquez comme j'y fais souvent référence?) je me dis que j'aurais bien aimé être là lorsqu'il s'est livré à son enquête. J'aurais bien aimé qu'il remarque mon journal, qu'il l'apprécie comme celui de MöngôlO par exemple... J'aurais aimé avoir son avis de "spécialiste".

Et tout ça pour quoi? Pour avoir un JUGEMENT! Jugement favorable, il va sans dire... J'aurais envie que l'on me dise "ton journal est bien, intéressant, sincère, ouvert...". En un mot: PARFAIT.

Désir de perfection... il ne me lâche pas celui là! Vous avez dit idéaliste?

Je commence à comprendre (mais ne l'avais-je pas déjà compris?) pourquoi je me suis mis en ligne: avoir un retour, un écho à ce que je dis, que vous soyez un miroir de ce que j'émets comme image. Pas par narcissisme (du moins je n'en ai pas conscience), par ce que je ne cherche pas à être "beau", mais "bien". Et ce n'est pas par souci d'être admiré, mais celui d'être accepté. J'aimerai plaire, pour ce que je suis, avec qualités et défauts.

Pfff... quand je lis ce que j'écris, je me sens vraiment un ado attardé!

Ben oui, c'est possible: je suis cet ado attardé. Et j'aimerais en sortir (il n'est jamais trop tard!)

Allez, je vais vous expliquer un peu d'où ça vient tout ça...

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J'étais un petit garçon normal, pas vraiment expansif, mais pas particulièrement timide non plus. Cette timidité est apparue doucement, vers l'âge de 10 ans. Je me souviens de ma gène devant les filles de mon âge qui me plaisaient...

Lorsque je suis rentré au collège (11 ans), je me suis retrouvé perdu au milieu d'une masse d'enfants. Certains étaient grands et faisaient l'admiration des plus jeunes. Tout à changé dans ma vie à partir de ce moment là. De la petite école communale où nous nous connaissions tous, maternés par une maîtresse de l'ancien temps, à ce collège...

Je ne suis pas bien vieux, mais je vais vous raconter mon école:

Des pupitres de bois, avec trous pour l'encrier. Chaque lundi matin, c'était le cérémonial du remplissage des encriers à l'encre violette. On écrivait encore à la plume! Sur les murs, les cartes géographiques "Vidal-Lablache". Dans le fond de la classe, une armoire avec des animaux empaillés, quelques minéraux poussiéreux.

Nos classes avaient plusieurs niveaux scolaires. Lorsque je suis arrivé dans cette école, nous étions 4 dans notre section de CE2 (8 ans). Inutile de vous dire que dans une petite école comme celle là, on se sentait en sécurité. Pas bien différent du cocon familial. Nous nous connaissions évidemment tous, ainsi que nos parents respectifs, qui entre eux organisaient les fêtes de fin d'année et diverses animations... on nous allions tous: peinture, théâtre, travaux manuels... et catéchisme!

Parfois notre maîtresse nous emmenait tous, à la queue leu leu sur les chemins. On allait étudier l'histoire du village, les paysages, les arbres et les fleurs...

Vous savez, rien qu'en écrivant ça, une foule de souvenirs me revient... et j'ai du mal à lire mon écran, les yeux pleins de larmes. Je ne sais pas pourquoi j'ai cette réaction émotive... trop de bonheur disparu, sans doute?

Pause

A midi nous rentrions manger chez nous, à pied. Un kilomètre pour mes frère/soeurs et moi. Au printemps, je nous revois en train de cueillir des fleurs au retour, pour la maîtresse. Des brassées de coucous jaunes et odorants. Je ne peux plus voir un coucou sans penser à ces moments là...

Et puis il y avait plein de moments "forts": tous les jeudi, projection d'un film 16 mm avec l'énorme bobine et le bruyant projecteur. Des documentaires. Ensuite, le mari de l'institutrice, adorable bougon, sortait ses tampons: de très grands tampons courbés (20 x 20 cm), qu'il appliquait avec un soin cérémonieux. C'étaient des cartes de géographie que nous devions ensuite colorier selon les instructions du jour ( les fleuves, les reliefs, etc.).

Un autre jour c'était la leçon de chant avec le poste de radio qui nous guidait. Chaque matin, il y avait la leçon de morale écoutée religieusement...

De temps en temps, l'inspection des mains alors que nous étions en rang dehors avant de rentrer en classe.

Et puis des jours particuliers: le 11 novembre (fête de l'armistice de 14/18), nous allions tous en rang jusqu'au monument aux morts. Là quelques vieux messieurs qui "avaient fait la guerre" lisaient sur le monument les noms des disparus du village. Chaque année, il y avait un peu moins de ces vieux messieurs...

Et ensuite, le moment attendu: tous au café du village pour nous réchauffer autour d'un vin chaud! Le seul jour où on pouvait boire de l'alcool avec l'école!

Souvenirs qui n'évoquent probablement pas grand chose pour vous... Si vous avez vécu en ville, ou si vous êtes plus jeunes, cela doit vous sembler dater d'avant-guerre.

C'était au début des années 70.

Bref, tout ça pour dire que cette école avait une atmosphère bien particulière, qui a cessé avec le départ à la retraite de l'institutrice, l'année ou je suis parti au collège.

Ce collège... une masse informe d'élèves où l'on est qu'un parmi les autres. Insignifiant par rapport à ceux qui se font remarquer par leur attitude, leur habillement, leur bande. Et puis un collège de banlieue ou existait déjà un début de délinquance. On craignait le vol, les provocations à la bagarre.

J'étais mal dans ce collège. J'étais perdu. Mes résultats scolaires ont chuté. Et c'est là que mes soucis ont commencé...

Puisque je n'arrivais pas à suivre, on voulut m'envoyer vers des classes dites "de transition". En fait des filières qui menaient vers des études courtes et ou se trouvaient tous ceux qui avaient des difficultés scolaires, souvent des classes difficiles. Ma mère m'évita cette "déchéance", je fus accepté en classe "d'adaptation". Moins pire, on nous estimait "récupérables". Là, nous étions onze, particulièrement suivis, notamment par des psychologues. Cette ambiance presque familiale m'a permis de reprendre un peu confiance en moi, et mes résultats corrects m'ont permis de retrouver le cursus normal.

Entre-temps, j'avais perdu tous mes copains de l'école primaire, qui s'étaient détachés de moi, le "vilain petit canard" qui était mauvais en classe.

Mon père. C'est là que ça a vraiment coincé. Intelligent, diplômé, ayant réussi sa carrière, il devait nourrir des ambitions pour son fils aîné. Il m'aurait bien vu suivre l'école Polytechnique (plus grande école française), lui qui avait échoué au concours d'entrée...

Lorsqu'il a vu que je ne comprenais rien à rien aux maths, il a commencé à s'arracher les cheveux (qu'ils n'avait déjà pas nombreux sur le crâne!). Il a voulu prendre les choses en main, et faire rentrer ça de force dans ma pauvre tête. Engueulades fréquentes. Mes difficultés en étaient à un tel point que ma mère m'envoya chez un psychologue. Bah... bien gentil le psy, mais avec ses petits dessins de maison, ses test de taches, ses questions sur mes activités, il n'a pas compris grand chose à mon problème. Sauf qu'il ne fallait plus que mon père s'occupe de mes études.

Mon père refusa le rendez-vous que lui proposa le psychologue...

Les années ont passé, mes résultats se maintenaient à un niveau minimal, mais j'ai pu suivre le cours normal des études. Pour les maths, c'était de pire en pire. Et c'est la seule chose qui comptait pour mon père! Alors j'ai eu droit aux cours particuliers tous les samedis (que d'après midi de beau temps gâchées!!!), puis aux cours en petits groupes, puis à nouveau des cours particuliers, puis l'aide de mon grand cousin, puis les devoirs pendant les vacances... Overdose de maths!!! et sans aucun résultat.

Pour me stimuler (?) mon père s'amusa, parait-il, à la provocation, à la blessure d'amour-propre. Il me répétait sans cesse (lorsqu'il ne me traitait pas de couillon ou de pauvre con) que je finirais plombier. Le plombier représentant, selon lui, le métier le moins intéressant qui soit. Comme ça ne me perturbait pas (du moins en apparence) il trouva mieux: je serai "manard" (manoeuvre), ou "pousseur de brouette". Combien de fois ai-je entendu cette phrase? Il n'y avait pas plus bas dans l'échelle sociale. Il me disait avec sa cruelle ironie "pourquoi pas manard, il en faut bien?", "c'est bien comme métier, on ne se casse pas trop la tête". Et ne se privait pas de me parler de mes prédécesseurs dans la famille (cousins, oncles): médecins, ingénieurs, ...

Alors après quelques années de ce traitement, pas étonnant qu'il m'ait persuadé que j'étais le dernier des nuls. La tache de la famille!

Si on ajoute qu'il se moquait avec insistance de mes centres d'intérêt, prenant son air le plus bête en m'imitant lorsque j'observais la nature, il est facile de comprendre que je me suis senti un raté depuis pas mal d'années.

Bon, finalement, vous constatez que je m'en sors puisque j'ai bien un métier qui a un rapport avec la nature (après des études très éloignées de ce choix tardif).

Mais je voulais vous expliquer (partiellement) pourquoi je ressens toujours ce besoin de justifier mes actes, dès qu'ils ne vont pas dans le "bon" sens. Je n'évoque pas les problèmes sur mon identification à ce modèle masculin, qui ont aussi sérieusement compliqué les choses...

Et me voilà maintenant, résultat de ces années douloureuses, en train d'écrire sur le net pour exorciser tout ça...

 

Finalement, je finirai bien par m'en sortir de cette adolescence! Voila prés de 25 ans que j'y suis entré et je deviens peu à peu un adulte libre. Cette écriture, comme mes années de journal, m'y aident grandement.

 

***

 

Je raconte ça, alors que j'ai mis en ligne ce fameux texte qui raconte aussi ces épisodes. aurais-je décidé de me dévoiler plus complètement?

Avec les renseignements que je donne je me rends identifiable par ceux qui me connaissent. Pas grave... D'ailleurs, les risques que je prends en me racontant ici, ne sont-ils pas destinés à me dévoiler? N'est-ce pas jouer avec le feu?

Je voudrais ajouter que Laura, que j'évoque souvent dans ces lignes, est celle qui m'a permis de tenir pendant ces années difficiles... Il n'est pas surprenant, pour des tas de raisons, qu'elle ait pris une grande place dans ma vie.

Je voudrais aussi redire que ce que j'évoque ici est le résultat d'années d'introspection et de psychothérapies. J'ai encore "besoin" de l'évoquer, mais l'essentiel du travail de compréhension est fait. Il m'a fallu énormément de temps pour arriver à démêler le noeud de mes blocages et souffrances, et c'est seulement depuis quelques années que je peux me reconstruire, assembler les éléments de ma vraie personnalité.

Si ça peut être un encouragement à ceux qui souffrent, aux plus jeunes, ce sera bien. Parce que maintenant, je n'ai plus de regrets, plus de ranceurs. Ce que j'ai vécu (et qui n'est pas si terrible que ça!) m'a fait devenir celui que je suis, et c'est bien ainsi.

 

***

 

Suivant les conseils d'un de mes lecteurs (M.W.) je me suis amusé à relire un peu mes entrées d'il y a quelques mois. Au hasard, j'ai cliqué sur septembre. Etonnant! j'évoque le même genre de choses qu'en ce moment.

Bon, cette lecture (que je craignais un peu) ne m'a pas effrayé. Mieux... je me suis trouvé pas mal! Ouuuups!!! c'est rare que je ressente ce genre de choses!

Ben oui, avec le recul, donc sans aucun souvenir de ce que je pensais à ce moment là, j'ai trouvé que j'avais des phrases sensées. Les idées s'enchaînaient asez bien, c'était compréhensible. Je ne sais pas si c'est le cas tout le temps, mais jusqu'au 8 septembre (je me suis arrêté là), ça me semblait correct.

Ce qui m'a surpris, c'est lorsque j'évoque des sujets qui me coûtent, parce que particulièrement intimes ou cachés, j'exprime mes craintes de la mise en ligne... alors que ça reste assez soft. Mes craintes semblent donc infondées...

Je vais donc pouvoir aller plus loin dans l'intime! Yek, yek, yek...!

 


Lundi 8 janvier 2001

 

J'ai lu a plusieurs reprises que des diaristes avaient été découverts par leur proches. Je me suis toujours demandé comment cela avait été possible. Combien de chances pour qu'un proche ait l'idée d'aller se ballader sur les sites de diaristes en ligne. Aurait-on même l'idée de taper "journal intime" comme mot-clé sur un moteur de recherche?

Admettons que quelqu'un ait cette idée, et donc quelque sympathie pour ce genre d'écriture... combien de chances pour qu'il tombe sur le bon journal? Ben... environ 1% s'il arrive sur le site de la CEV avec ses 100 journaux. Combien de chances alors, pour qu'il tombe sur une page qui permette une identification assez précise du diariste? et qu'il ait envie de lire assez de pages pour tomber sur un détail qui lui donne des soupçons?

Sans être expert en statsitiques, je crois que les chances d'être découvert par hasard sont infinitésimales (mais non nulles...). Par contre, si on dit "je tiens un journal sur le net"... ah ben c'est pas pareil! Parce que là on éveille la curiosité et qu'il ne sera pas bien long de procéder par élimination: tous les journaux du sexe opposé... éliminés, tous ceux d'un autre pays... éliminés. Pour les québecois il en restera encore quelques uns, mais pour les autres, le tri sera vite fait.

Conclusion: tenir cette activité absolument secrète!

Aucun de mes proches ne sait que j'en tiens un, même si je n'ai pas su garder pour moi que j'en lisais (ça date d'avant que je commence). C'est déjà une piste qui pourrait les y amener... Donc que je l'évoque plus. Je dis juste que j'ai des contacts avec des internautes, accentuant le coté "forums".

Charlotte sait que j'ai ce journal, mais elle ne va pas sur internet. De toute façon tout est sur l'ordinateur! Je lui fais confiance, elle a toujours respecté mon journal papier.

Mon fils ainé le sait aussi. C'est un peu plus délicat... Mais comme il a lui aussi un site perso privé (pas un journal), nous respectons l'intimité de l'autre. Question de confiance... Je ne vous cache pas que je suis conscient de prendre un risque avec lui. Mais je l'ai prévenu, s'il lit et que quelque chose le choque, tant pis pour lui. De plus, il perdrait une trés grande partie de ma confiance, et il sait l'importance que j'accorde à ce sentiment.

Reste mes enfants plus jeunes, qui pourraient fortuitement tomber sur une page. Normalement il ne vont pas sur les logiciels que j'utilise...

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Metajournal

 

Hier soir, j'ai lu des articles au sujet de la parution de "Cher écran", compilés par MöngôlO (il fait un sacré travail pour le diarisme en ligne ce MöngôlO...). Ca fait un drôle d'effet d'entendre parler de ce que l'on fait (journal en ligne) par d'autres. Si certains des journalistes font un travail précis, s'en tenant seulement au livre de Philippe Lejeune, d'autres "brodent" un peu sur le sujet, en fonction de leur ressenti personnel. Sans que ce soit vraiment faux, leurs approximations donnent une impression générale un peu dérangeante.

Une chose qui m'agace, en particulier, est cette idée tenace que nous nous exposerions à la vue de milliers (quand ce n'est pas millions...) de lecteurs. Il est notamment fait mention d'un compteur qui atteindrait les 50.000 visiteurs... Bon, ça doit leur faire plaisir aux journalistes de fantasmer sur cette idée que nous nous exposons ainsi.

Si toutes les informations sont traitées ainsi, on peut se demander la fiabilité des informations que l'on reçoit en général...

Au détour d'une phrase, j'apprends que les diaristes en ligne écriraient parce qu'ils se sentent seuls et que personne ne les comprend. Ce n'est pas l'impression que j'ai eu en lisant des dizaines de journaux. Au contraire, la dimension sociale est souvent présente, ne serait-ce que par la liste du cercle des relations qui est souvent mentionnée. Quand au "personne ne me comprend", je ne crois pas avoir lu la moindre phrase dans ce sens là. En fait, il semble que la journaliste qui rapporte ces propos ait mélangé un peu les deux parties du livre de Lejeune: la première est axée sur le journal sur ordinateur (mais privé), alors que la seconde se consacre aux diaristes en ligne.

Bon, je rouspète un peu, mais pour l'essentiel ces articles se fondent sur les interprétations de Lejeune, qui lui même a observé avec une grande justesse les cyberdiaristes. Il n'y a donc pas d'erreurs flagrantes.

Une chose pourtant, qui correspond bien à notre habitude de classement: Lejeune nous décrit comme étant "en majorité" des gens de 20 à 35 ans, qui en seraient au début de leur vie professionnelle et "pas installés affectivement". Oui, certainement... mais ce genre de "majorité" cache bien des disparités... et semble ignorer ceux qui n'en font pas partie. Etant moi-même légèrement sorti de cette tranche d'âge, il se trouve que je lis plusieurs diaristes qui n'en font pas partie non plus. Quand au pas installé affectivement, je sais aussi que ce n'est pas toujours vrai. Oui, je sais, il est dit "majorité"...

Qui suis-je, moi, la dedans? Presque 40 ans, marié depuis 19 ans, et travaillant depuis autant de temps?

Tant que je suis dans les critiques (je râle rarement, il me semble), j'ai aussi relevé ce jugement négatif: les forums qui sont installés sur certains sites ne seraient que "règlement de compte sans interêt (ça, ce n'est pas toujours faux...) et questions saugrenues". Mouais... assez réducteur quand même. J'y ai souvent vu un peu plus de questionnements et de partage que ça!

Bon, assez rouspété...

 


Mardi 9 janvier 2001

 

J'ai rêvé à Laura cette nuit. Conséquence directe de la reprise de mon texte pour une préparation avant mise en ligne. C'est la 2 eme fois que je rêve à elle en l'espace de quelques semaines.

Je ne consigne généralement pas mes rêves dans mon journal, parce que ça ne m'aporte rien, et en plus, je ne m'en souviens que trés rarement. Mais lorsque je rêve à Laura, je le note à chaque fois, parce que je peux constater ainsi comment mon inconscient accepte l'évolution de la situation.

Cette fois, je me trouvais face à elle, assis sur un fauteuil. Nous discutions dans son appartement, en présence d'une personne inconnue de moi. Discussion calme, sans grand interêt. Elle me demandait des nouvelles de ma vie. Nous savions tous les deux où nous en étions par rapport à ma démarche des années précédentes.

Au fil de la conversation, je ne ressentais aucune attirance particulière. Je pensais même à cet état de fait, presque étonné en songeant à ce qu'il avait pu en être les années précédentes. Je me mis à observer cette femme, finalement assez banale. Je lui trouvais les traits épais, son regard, écrasé par des sourcils trés fournis n'éveillait plus rien en moi. Ses yeux mêmes ne dégageaient plus rien. Ses joues étaient couvertes d'un duvet notable... elle me faisait penser à une femme à barbe!

Bref, tout ça pour dire que Laura ne m'attirait absolument plus. Quelle différence avec la fascination qui s'éxerçait toujours dans mes rêves d'il y a quelques années...

 

Vous vous demandez sans doute quelle importance cela peut avoir pour que je le mette dans ce journal, que je sais lu? Ben moi aussi. Mais c'est le signe que j'écris désormais assez librement, ne me préoccupant pas de savoir si c'est intéressant pour mes lecteurs? Ce journal tend à remplacer celui que je tenais sur papier.

 

C'est devenu pour moi une habitude d'écrire mes rêves au sujet de Laura. J'ai hésité à reprendre mon journal papier juste pour ça, mais non, mon journal est ici maintenant.

 


Mercredi 10 janvier 2000

 

Vous connaissez le piège de la liberté?

C'est celui dans lequel je me trouve en ce moment. Sans surcharge de travail j'ai tendance à "prendre mon temps". Or je ne devrais pas. Je devrais profiter de ce calme pour m'avancer un peu, faire ce que je n'ai jamais le temps de commencer...

Mais j'ai pas envie...

Et personne, ni rien, n'est là pour m'y contraindre. Le piège du travailleur solitaire, qui préfère faire autre chose que travailler. Et puis il faut dire que c'est si facile: l'ordinateur est allumé, je suis tranquille... je n'ai qu'a cliquer sur ce journal et me voila en train d'écrire! Ou me connecter à internet et rentrer dans les discussions en cours sur les forums auxquels je participe.

Trop facile pour y résister...

N'aurais-je donc aucune volonté? ben... je sais pas. Je me suis tellement souvent contraint à faire des choses "utiles", à ne pas perdre de temps, à toujours être actif... que maintenant j'ai envie de profiter un peu de mon temps.

Depuis quelques années, et de plus en plus, je me suis dit que construire ma personnalité, tenter de résoudre mes conflits intérieurs, était quelque chose qui vallait la peine d'y passer du temps. C'est pour ça que je n'ai pas trop de scrupules à écrire. Mais en fait, je n'aurais jamais pensé que cela prendrait tant de temps, ni que ça durerait autant. Voila maintenant plus de cinq ans que j'écris...

Et plus je découvre des éléménts nouveaux, plus j'ai envie d'en connaître d'autres. C'est sans fin...

 

Et c'est là qu'apparaît l'inévitable culpabilité: je devrais travailler davantage. Ne pas compter sur mon épouse, salariée, pour rapporter l'argent du quotidien. Parce que depuis que je suis installé à mon compte, c'est grâce à elle que nous vivons. Impossible de compter sur les seuls apports dégagés par mon activité. Je ne le vis pas mal en tant qu'homme nourri par sa femme, mais en tant que co-financier qui n'apporte pas une part suffisante.

Alors chaque fois que je fais autre chose que mon travail... j'ai cette culpabilité qui me pèse. Pourtant, je sais que ces recherches sur moi sont importantes pour mon épanouissement personnel, et donc, implicitement, pour ma famille. Ce que je n'ai pas fait à l'adolescence, il faut que je le fasse maintenant.

En écrivant ces lignes, j'imagine la réaction de lecteurs qui n'auraient pas le même genre de difficultés: "s'il arrêtait de se regarder le nombril". Ben oui, mais le moment où on est censé se regarder le nombril, la période pendant laquelle on se construit, celle des relations avec les copains, des discussions sans fin... et bien je ne l'ai pas eu. Ou trés peu, ou insufisamment. Alors je ne suis pas "fini", tout juste dégrossi dans pas mal de domaines, et en particulier celui de l'estime de soi.

Sur un forum, nous parlons des "psy". Souvent décriés ces gens-là... et ceux qui vont les voir sont observés d'un oeil méfiant. Ceux qui n'en ont pas besoin (y en a-t-il?) ne comprennent pas qu'on aille raconter sa vie à un inconnu. Ceux qui ne veulent admettre qu'ils en ont besoin disent que c'est mauvais de trop réfléchir. Dans les deux cas on est regardé bizarrement, lorsque ce n'est pas avec une certaine désapprobartion.

Comme si se connaître n'était pas une des plus belles découvertes qu'il soit donné de faire...

 

***

En parlant de se connaître... long échange par mail ce matin avec une lectrice-diariste que j'apprécie particulièrement, au sujet de la séduction. Décidément, je ne me lasse jamais de ce sujet.

Et dire que je ne voulais pas passer trop de temps sur mon ordinateur!!!

 


Vendredi 12 janvier 2001

Identités

 

Je suis en difficulté en ce moment sur un forum de discussion. Des sujets à polémiques sont en cours et nous avons de grandes difficultés à nous comprendre. Comme si nous n'avions pas le même langage.

Les uns parlent d'abord avec leur ressenti, leurs émotions, leurs opinions, alors que j'essaie de déblayer le terrain pour aller vers l'essentiel, où là, on pourra parler d'émotions. Mais pas moyen de nous comprendre!

Le débat reste dans le subjectif, le passionnel... ce qui le rend impossible!

Et moi, qui essaie de promouvoir un raisonnement logique, technique, précis avant d'aller plus loin, je passe pour quelqu'un de froid. Si j'essaie d'argumenter, on me dit que je n'écoute pas les autres et que j'impose mon point de vue comme le seul valable. Et pas moyen d'entendre des arguments étayés, le plus souvent. Ce sont des opinions. Point!

Et si je tente de faire remarquer ces incohérences, on me prend pour un prétentieux qui se sent au dessus des autres! L'impasse totale.

Je mesure les difficultés à avoir un dialogue dépassionné. J'imagine ce que ce doit être lors de négociations entre patrons et ouvriers... ou entre Palestiniens et Israéliens!

Ca me fait penser à ces ministres qui "sautent" parce que la réforme qu'ils proposent se heurte à un puissant lobby. Qu'elle soit bonne ou pas n'est pas l'important: il saute parce que les loups hurlent ensemble.

 

Pfff... pas le courage d'aprofondir ce soir. Je me suis vidé à tenter de me justifier.

 

***

 

En fait, j'utilise plusieurs identités sur le net. Une pour ce journal, une pour les forums, une autre pour le Chat. Ca s'est fait tout seul.

Je mets toujours un certain temps pour passer de l'une à l'autre, comme si ce n'était pas vraiment le même personnage. Et ma hantise est de me tromper de pseudo! C'est ce qui m'est arrivé il y a quelques jours sur un forum que je gère, je ne m'en suis rendu compte qu'aujourd'hui. Et en plus, automatismes d'internet, l'adresse de ce journal était inscrite! ouh là là, j'ai ressenti une de ces vagues de chaleur m'envahir!

Heureusement, j'ai pu supprimer le message, puisque j'ai accès à la page de webmaster. J'espère que personne n'a eu l'idée de cliquer sur le lien...

Pourquoi des identités différentes? Pour me sentir plus libre. Pour ne pas être trop transparent au regard des autres. C'est surtout valable pour le journal, que je n'ai pas envie de faire lire à trop de monde.

Mais dans l'autre sens aussi, je ne tiens pas à ce qu'on me connaisse ailleurs qu'ici. parce que je donne une partie de moi qui pourrait me rendre trop nu. Je commence pourtant à laisser de ces passerelles transversales à quelques personnes choisies. Une des lectrices de ce journal me connait désormais via ce forum animé dont je parle au début de ce jour. Je suis certain qu'elle a découvert une partie de moi qu'elle ignorait en lisant ce journal. N'est-ce pas, So? ;-)

Bien... à part ça, mon texte "Harcèlement textuel" a intéressé plusieurs lectrices/lecteurs. J'en suis touché et... presque fier! Mes écrits plaisent? quelle satisfaction pour moi...

Je viens de faire la distinction lectrices et lecteurs. Ce sont des données qui ne sont pas fournies par les statistiques de mon site, évidemment. Je ne peux que me fier aux mails que je reçois: nettement plus féminins que masculins, tant dans leur nombre, que leur longueur ou leur fréquence. J'apprécie donc ces lecteurs masculins et leurs impressions, parce qu'elles sont rares et précieuses.

Et j'apprécie mes lectrices, parce que ce sont des femmes et que le contact est direct et approfondi, sans pudeur sur les sentiments. Un seul lecteur à ce coté "sensibilité féminine".

Je fais ces remarques, parce que j'ai constaté que sur le forum de Liloo, c'était l'inverse: une majorité d'hommes sont intervenus. Y aurait-il donc une sexualisation des lecteurs en fonction du sexe du diariste? Ca ne me surprendrait pas vraiment...

 


 

Lundi 15 janvier 2001

 

J'avais commencé ce journal pour évoquer mes impressions sur les nouvelles relations qui apparaissent via internet.

il semble que je sois souvent "hors sujet", avec des confessions à tendance nettement intimes. Tant pis, ce journal suit son propre chemin, celui que ma pensée à envie d'arpenter.

Je reviens aujourd'hui sur ces relations dites "virtuelles".

Depuis quelques jours, je me suis replongé dans la participation a des forums de discussions. Je fonctionne comme ça: à fond dans un domaine pendant quelques temps, puis je passe à un autre ensuite, puis je reviens parfois au premier, etc.

Donc, avec un groupe de personnes rencontrées sur un forum, nous avons crée un nouveau forum, beaucoup plus libre (l'autre était modéré... parfois un peu trop modéré). Depuis une semaine les discussions étaient trés animées sur des sujets à polémiques: avortement, peine de mort. A mon presque étonnement, je me suis retrouvé en "première ligne" avec un "adversaire". Donc, devant le regard des autres (moins d'une dizaine), je me suis vu attribuer un rôle prépondérant, sachant que mes mots seraient lus, interprétés, éventuellment jugés. C'est quelque chose qui ne m'arrive jamais dans la réalité. Plutôt discret, je me garde bien de me mettre en avant et d'exprimer mes opinions, ayant trop la crainte d'être jugé, puis rejeté pour mes idées.

Sur ce forum, les choses se sont faites peu à peu. J'avais rapidement pris de l'assurance sur le forum de départ, constatant que mes idées passaient bien. Tout naturellement, sur le nouveau forum, beaucoup plus confidentiel, je me suis "libéré" et n'ait pas craint le jugement de cette dizaine de personne (le précédent était un site de presse, trés fréquenté).

Et j'apprends beaucoup des relations entre les gens. Je découvre la comunication, avec ses difficultés et ses réussites. Disons que je découvre le plaisir de communiquer. Pour le moment, je n'exerce ce nouveau "talent" (?) que sur le net. La réalité me replonge dans une timidité handicapante. Je ne désespère pas de voir les choses s'améliorer relativement rapidement.

Rapidement... voilà bien quelque chose qui caractérise internet: la compression du temps. Ce qui, en vie réelle prendrait un temps... certain (quelle précision!!) et trés raccourci sur internet. En quelques minutes de Chat on peut rentrer dans une certaine intimité. En quelques apparitions sur un forum, on dégage une personnalité, on ressent des oppositions ou des similitudes (ce qui demanderait beaucoup plus de temps si on devait débattre avec des inconnus rencontrés au hasard). Comme le mail à rendu la lettre instantanée, avec réponse possible dans les minutes qui suivent. Le dialogue est accéléré.

Oups... je m'écarte de mon sujet...

Je me rends compte qu'en donnant des "passerelles" aux gens qui me connaissent par un cercle ou un autre (journal, chat, forum...), je me place en situation plus délicate. Hier soir, je me suis retrouvé sur un chat nouvellement crée pour les membres du forum en question. Et j'y ai rencontré... une des lectrices de ce journal, que j'avais "introduite" sur le forum (elle avait lu ce que j'en disais). A ce même moment, il y avait aussi Anne, rencontrée sur le forum de presse, puis introduite sur un grand Chat, et récemment intégrée au nouveau forum (vous me suivez?). J'ai donc fait dialoguer des personnes qui jamais ne se seraient parlé sans moi (tiens, c'est marrant ça...), mais surtout, je me montre sous des aspects différents.

Je veux dire que chacune de ces personnes me connaît dans un certain milieu (intimiste ici, sérieux sur les forums) et qu'elles me voient désormais sur un chat (nettement moins sérieux). Moi qui me rends compte que j'ai fragmenté mes identités... me voilà en train de les mélanger. Est-ce un hasard? N'est-ce pas une volonté inconsciente de me montrer sous plusieurs faces pour ne plus être caché? N'est-ce pas courir le risque de me "trahir" en montrant à mon insu des faces de moi que je garderais cachées si je séparais toutes mes identités?

Je ne crois pas être bien différent, mais privilégier plutôt certains cotés de moi selon les milieux dans lesquels je me trouve.

En écrivant ces mots, je me rends compte que je m'adresse à celle qui me connaît à la fois sous ce journal et dans le forum dont je parle. Comme un besoin de me justifier...

D'ailleurs, elle aussi utilise un pseudo différent. Aurait-on tous cette envie de séparer nos identités?

Vague impression de déjà dit... Je viens d'aller voir mon éntrée précédente et j'aborde exactement le même sujet! je radote. A part que j'affirme maintenant alors que je doutais la dernière fois...Significatif non?

Bien... je n'aurais pas le temps d'aprofondir le sujet des échanges et des débats, dont j'ai beaucoup appris ces derniers jours. C'est tellement un vaste sujet!

 

***

 

Je voulais juste dire que j'ai eu un long échange par ICQ avec une lectrice. Trés interessant, puisque j'ai pu évoquer les difficultés de communication avec mon père. C'est la direction qu'a prise toute seule la conversation, par enchaînement d'idées.

Je parle peu de mon père, mais c'est pourtant un sujet qui explique bien des choses sur celui que je suis devenu. Je sais que j'ai à réfléchir sur ce sujet, et des tas de choses à régler. Cela fait partie des sujets que j'aborderai certainement dans ce journal, s'il dure assez longtemps.

Les sujets qui me gênent: la sexualité (et le corps). Mon père

 

 


 

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