Mois de février 2001


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 Jeudi 1er février 2001

 Puits sans fond

 

Je n'arrive pas à suivre avec ce journal le rythme de mes pensées. Je parle souvent avec Charlotte en ce moment, comprenant des choses importantes de ma vie et des rapports aux autres. Mais impossible de tout retranscrire ici... Il est donc possible que j'ai des phrases qui manquent de précision, parce que ce qui est clair pour moi ne le sera peut-être pas pour vous.

 

***

 

Ce qui devait arrivé s'est produit: une "étrangère" est rentrée dans mon journal. Pas de mal, parce que c'est une personne que j'apprécie et qui ne me connaît que sur le net. Mais ce qui m'intrigue plus, c'est que ça se soit passé si vite. Il semble que j'ai laissé des indices, alors que ce n'était pas dans mon intention.

J'ai dit que je mettais des "passerelles" en mettant en relation des personnes rencontrées dans des milieux différents, mais je n'ai jamais mis de liaisons directes. Disons que je créais des potentialités, mais trés aléatoires. Et il semble que je me sois trahi sans m'en rendre compte, donnant un raccourci direct vers ce site. Probablement par ce message avec ma double identité qui est apparu sur le forum auquel je fais souvent allusion...

Rien de grave, mais il faut que je sois plus prudent à l'avenir. C'est à moi de donner les clés d'accés à qui je veux. Pas envie que n'importe qui vienne lire mes pensées profondes...

Donc, bienvenue à toi R. (grand sourire)

Tant que j'y suis: si quelqu'un croit me reconnaître un jour en lisant ce journal, inutile de donner l'adresse à d'autres personnes pour confirmer votre impression! (moins je serai reconnu et plus je serais libre). Ecrivez moi directement, et je vous répondrai.

 

***

 

J'ai réfléchi a ce besoin de reconnaissance que j'exprime souvent (et sans assez de pudeur...). Finalement, je crois que nous en avons tous besoin. Comment croire en soi si on n'existe pas dans le regard que les autres nous portent? Hier, il y avait une émission radio sur le harcèlement moral. Un des intervenants disait que les gens se donnaient souvent à fond dans leur travail mais que la reconnaissance de leurs patrons leur revenait rarement. Au contraire, c'est souvent le coté négatif qui ressort. Une telle attitude est très stressante parce qu'on ne sent en permanence en situation d'échec. Cela pousse alors à se surpasser, à faire mieux... pour obtenir justement cette reconnaissance. Course perdue d'avance...

Dans le même odre d'idées: aujourd'hui, lancement sur le marché d'une nouvelle basket de Nike. Prix: plus de 1000 francs!! (150 $). Et bien, des tas de jeunes se sont rués pour essayer (pas encore en vente, marketing oblige!) une paire de godasses à ce prix là! Pourquoi? pour exister! pour être reconnu, apprécié, admiré! reconnu par ses chaussures!!! Tout comme ces jeunes qui s'habillent dans un certain style pour faire partie d'un groupe (phénomène d'appartenance par identification). Je les comprends... mais franchement, ne peut-on pas exister par autre chose que ses vétements? ou le groupe de musique qu'on écoute?

Pour ma part (quelques détails croustillants...) je m'habille dans le groupe des... passe-partout. Pas de vétements particuliers: j'en suis resté au jeans/basket/pull (ou T-shirt). Mais ça aussi c'est un look! En refusant d'en avoir un, je m'assimile au groupe des réfractaires à la mode. N'est-ce pas aussi une mode, d'ailleurs? Je me rends identifiable par ce refus de céder à la dictature du look et des fringues.

Besoin d'être "reconnu" par ceux qui ont le même style que moi? Certainement...

 

Je pense aussi à la reconnaissance sociale par le métier. Si je dis que je suis plombier, agriculteur, ouvrier... je sens trés bien qu'on risque de me regarder avec un brin de condescendance. A salaire égal, si je suis graphiste, webmaster ou bibilothécaire, on aura plus d'attention et d'estime. Si je suis ingénieur, architecte ou chirurgien, ce sera encore mieux. Moi même, je sais bien que je me base aussi sur ce genre de critères pour préjuger de la "valeur" de quelqu'un. J'en ai honte. Mais je sais que certaine professions bénéficient d'une certaine reconnaissance sociale. Quand on ne fait pas partie de ces professions... difficile d'exister.

Mouais... je ne cacherai pas que je fais partie d'une catégorie qui ne bénéficie pas d'une reconnaissance immédiate pour une majorité de gens. Peut-être pour ça aussi que j'essaie d'exister à travers ce journal?

***

 

Vous n'en avez pas marre de lire toujours les mêmes choses de ma part? Ce besoin d'exister que je clame sans cesse?

A Charlotte, je dis souvent que je suis un puits sans fond. Toujours besoin de reconnaissance, encore, encore et encore. Comme si la reconnaissance que je n'avais pas ressentie de la part de mon père avait laissé un trou béant. Encore élargi par la non-reconnaisance de la part de Laura, et qui s'exprime maintenant par ce désir de ressentir la reconnaissance féminine.

Charlotte m'estime, mes enfants...m'admirent (encore...). Mais ça ne me suffit pas.

Pfff... j'ai pas honte de beugler ça??? Si!!!

***

 

Bon, je me laisse un peu aller là! Je ne vais quand même pas me mettre à me lamenter. P'tit coup de déprime passagère sans doute, qui me fait voir un coté un peu sombre. Mais faut pas croire, je vais bien!

J'ai bien discuté avec Charlotte à midi. On se comprend bien, on s'entend bien, quoi demander de mieux?

 


Vendredi 2 février 2001

 

J'ai passé une petite soirée sur un forum. Echange d'opinions, argumentaires... c'est fou ce que ça prend comme temps de développer sa pensées. Pas comme ici, où je suis libre d'écrire ce qui me passe par la tête. Je n'ai rien à prouver, pas d'opinion à défendre.

Mais j'aime bien ce contact avec d'autres personnes qui n'ont pas la même opinion que moi. Ca me permet de structurer ma pensée, parfois de la modifier, ou de l'affermir.

Ici j'ai de la chance: ceux qui m'écrivent le font souvent pour signifier leur adhésion à ce que je dis.

***

 

Je n'avais rien à confier à ce journal aujourd'hui. Pourtant j'y viens, avant d'aller me coucher. Comme une envie de fidélité par rapport à mes lecteurs? Une habitude? Non, je ne crois pas que ce soit une habitude, même si j'ai écrit tous les jours cette semaine.

A propos de fidélité... hier je suis allé faire un tour sur les statistiques du site (je ne savais plus sur quel "favoris" cliquer... alors pourquoi pas celui là...). Surprise! depuis plusieurs jours les visiteurs se maintiennent à un niveau jamais égalé. Est-ce parce que j'écris tous les jours? Comment cela se fait-il que des "nouveaux" soient arrivés ici?

Ce qui est curieux, c'est que ces visites suivent mon record de non-visites: 2 en un jour! Depuis, je ne regardais plus (j'avais peur d'écrire dans le vide). C'est idiot, parce que je sais bien que j'ai de fidèles lectrices... merci à vous :-))

 

***

 

Juste avant de venir écrire, je suis allé lire les mises à jour de mes favoris. Depuis peu j'y ai ajouté un diariste masculin, Laqk, aiguillé involontairement sur ce site par Tehu. Oui, le "doigt à oeil" (bouche à oreille scriptural) fonctionne bien chez les diaristes.

Et je vois que Laqk se pose le même genre de questions que moi. Il se compare aux autres journaux en ligne et a des complexes sur le sien. Aujourd'hui, il a disserté sur le fait de se sentir "nul". Un sujet qui me rappelle bien des choses anciennes...

Lui aussi n'ose pas trop écrire spontanément à des diaristes inconnus. J'ai presque eu envie de lui écrire, mais je ne le connais pas assez bien. Il faut que je lise encore. Souvent, j'écris à un/une diariste sur un coup de coeur, parce qu'une chronique, ou une lecture en continu, m'ont plu. Mais j'aimerai aussi pouvoir n'envoyer qu'un petit mot, juste pour dire que j'ai lu et que j'apprécie.

Toujours cette exigence au fond de moi qui me fait dire "si c'est pour écrire 3 lignes, c'est pas la peine..." J'ai toujours l'impression qu'il faut un vrai contenu, un mail d'une demi-page, ou mieux, d'une page entière. C'est bête! Parce que c'est long, je me prive d'écrire. Mais un petit mot suffit déjà. Lorsque j'en reçois un , j'en suis bien content. Ce n'est pas le même contenu qu'un "vrai" mail, mais ça compte aussi beaucoup.

 

C'est comme pour ce journal: quand j'ai peu a écrire, j'ai tendance à m'abstenir. Toujours la peur de décevoir...

 


Dimanche 4 février 2001

 

Un jour sans écrire hier... Par contre, beaucoup d'échanges par mail. Et un long Chat avec mon amie Kathryn, dont je n'avais plus de nouvelles depuis fin décembre. Je lui avais écrit deux fois entretemps, et je commençais à m'inquiéter de son silence. La crainte qu'elle m'en veuille pour je ne sais quoi... de son coté, elle n'osait pas trop m'écrire parce qu'elle avait laissé s'écouler un long délai... Ce que c'est que les gens qui doutent d'eux quand même!!!

Je suis persuadé qu'il y a des persones qui me lisent et qui ne doivent absolument pas comprendre ce comportement. C'est vrai quoi, il suffit d'être simple et de dire ce qu'on pense! Ouais... sauf que quand on doute de soi, ça ne se passe pas du tout de cette façon!

J'ai aussi eu un autre Chat, avec des personnes de ce forum que j'ai installé. Petit Chat à trois. Hum... ça m'énerve ce mot de "Chat". Je vais dire ça à la française: tchatche (c'est dans le dictionnaire). Donc tchatche à trois. Comme on ne se connait pas vraiment en dehors des messages passionnés qu'on s'échange, on a un peu précisé nos identités. C'est là que j'ai découvert comme ces précisions sur nous mêmes ont toujours un effet. Une des participantes qui me plaît beaucoup pour la qualité de ses interventions et son coté "humain" a fini par nous dévoiler son âge. Elle ne voulait pas trop, craignant qu'on ne veuille plus lui parler (mi rire, mi sérieux). Elle à fini par nous le dire, elle avait 10 ans de plus que moi. Du coup, je comprenais mieux sa maturité. Mais en même temps je sentais comme une certaine... distance. J'essayais, jusqu'a ce moment, d'attirer son attention dans une démarche de sage séduction intellectuelle, et tout à coup je me rendais compte que j'étais un petit jeunot pour elle.

Qu'est ce qui a changé dans ma perception d'elle à ce moment là? Ses 10 ans de plus ou mes 10 ans de moins? Etait-elle "trop vieille" ou étais-je trop jeune?

Bien sûr, ça ne changera rien au plaisir que j'ai à la lire, ni dans ma façon de m'adresser à elle, mais je me rends compte que je me suis encore laissé entrainer dans une certaine idéalisation du personnage.

Bah! finalement ce n'est pas plus mal! Il faut bien un peu réinsérer du réel dans ces relations virtuelles. Une fois que le contact est bon, ce n'est pas des critères d'age, de milieu, ou de physique qui vont changer la nature d'une relation. C'est rés bien, ça m'apprend à voir les relations entre hommes et femmes différemment que sous le rapport de la séduction amoureuse. Il reste toujours une part de séduction, mais elle n'est pas du registre amoureux.

Ben oui, mesdames, vous avec qui je corresponds, j'apprécie toujours cette féminité qui est en vous. A la fois dans la démarche intellectuelle que vous avez et dans le fait que vous êtes du sexe complémentaire. C'est pour moi une victoire sur moi même que d'avoir su conquérir, par mes mots et mes idées, votre attention.

J'enfonce des portes ouvertes là, non?

Que voulez vous... je découvre tout ça moi! J'ai 25 ans de retard!

Allez, c'est un grand jour... je vous aime toutes...

 


Mercredi 7 février 2001

Démoli

 

Quelques jours sans un mot sur ce journal. J'étais trop démoli pour y écrire. Toute mon énergie scripturale est passé dans des échanges sur un forum ou je me suis fait assez violemment agresser.

J'ai presque du mal à retrouver le ton intimiste de ce journal...

Depuis dimanche, c'est face à un public plutôt hostile que je me suis exprimé, avec des attaques personnelles qui m'ont profondément atteint. Jusqu'à ce que je renonce et dise ce que j'avais ressenti. Alors rapidement, un soutien a émergé de la part de ceux qui suivaient le débat, tandis que mon principal agresseur persistait.

Aujourd'hui, les participants ont senti dans mes mots que je n'en pouvais plus, parce que je me suis exprimé aussi sincèrement qu'ici (non, un peu moins quand même). Et c'est là qu'ils m'ont dit qu'ils tenaient à moi. Il faut dire que c'est un mini-forum d'une vingtaine de personnes. Nous nous connaissons donc tous, du moins par nos pseudos.

Hier, j'ai reçu un message trés réconfortant d'une des participantes, et nous avons échangé plusieurs longs courriels. Cela m'aide à retrouver un peu de tonus. Je parle aussi à Charlotte de ça. Mais je suis quand même assez épuisé par l'injustice et le procès d'intentions qui m'a été fait. Je croyais que la sincérité me protègerait, mais c'est l'inverse qui s'est passé. J'ai été accusé de mauvaise foi, de mensonge... de tas de choses qui sont exactement à l'inverse du comportement que j'essaie d'avoir. Il m'a fallu être tout au fond pour comprendre que le type qui me disait ça était un véritable imbécile. Il faut dire qu'il s'abritait derrière un savoir, réel ou supposé, dénigrant systématiquement tout ce que je pouvais dire, arguant que je n'avais aucune culture politique, ni historique... ce qui n'est pas faux. Cependant, il est des questions que l'on peut se poser, même si on n'a pas un bagage culturel impressionant.

Bon... je suis désolé, mais je n'irais pas beaucoup plus loin ce soir: trop vidé.

 


Vendredi 9 février 2001

 

J'ai reçu plusieurs courriers aprés mon entrés d'hier. Ca m'a fait vraiment trés plaisir de sentir ce soutien et cette envie de m'aider avec des conseils pour que je sois moins profondément atteint.

Je constate, si besoin était, que vous êtes bien plus que de simples lecteurs (mais je le savais *sourire*). Je réponds ici en général, et je vais essayer de répondre rapidement par courriel. Mais il faut croire que j'étais fatigué: je me suis littéralement endormi debout vers 21 h. Je me suis réveillé vers minuit, poussant ma conscience professionnelle de diariste à venir vous remercier ici.

Et puis un de mes lecteurs m'a dit que je pouvais, lorsque ça n'allait pas fort, ne mettre que quelques mots sur ces pages. C'est toujours mieux que le silence. Il a raison, ce journal peut tout aussi bien transmettre mes moments un peu difficile. Alors que le silence ne veut rien dire pour vous, ni pour moi une fois que j'aurais laissé s'écouler le temps. Donc, s'il m'arrive d'autres mésaventures un jour, qui me perturbent au point que je n'ai plus envie d'écrire du "consistant"... et bien je l'écrirais.

Ceci dit, vos courriels m'on vraiment chauffé le coeur, et j'avais retrouvé un bon moral aujourd'hui. J'ai fini de m'expliquer sur le forum en question et hop! débarassé de cette histoire :-)

Mais... il ne faut pas trop en faire! Voulant communiquer ma bonne humeur et montré que j'avais retrouvé le sourire, j'ai transmis à ce forum une blague reçue de la part de M.W. Elle m'avait fait rigoler. Et bien pas de chance! certains forumeurs l'ont prise au premier degré! Pffff décidément, pas toujours facile de se faire comprendre par écrit!

Enfin, tout cela n'est pas bien grave. Et même totalement insignifiant pour la marche du monde...

 


Samedi 10 février 2001

Super forme!!!

 

Mes aventures sur forum se terminent. J'ai retrouvé la forme! Finalement le type qui m'agressait se ridiculise en voulant continuer son cirque. De mon coté j'ai cessé la dispute en prenant un peu de recul: on s'est donné en spectacle et le mieux est de le reconnaître et d'en tirer des leçons. Désormais, si des discussions prennent un caractère personnel parce que des gens me mettent en cause, je ne répondrais que par mail (du moins j'essaierais de m'en rendre compte à temps...).

Je suis certain qu'on ne réagit pas du tout de la même façon en privé. Il semble que certains se servent de la tribune offerte par un forum pour essayer de briller. Et comment briller plus rapidement qu'en dénigrant quelqu'un, lorsque on a une certaine aisance de langage et des connaissances étendues (ou affirmées comme telles)?

Bref, j'ai servi de faire-valoir à un zigoto, et j'espère ne plus m'y laisser prendre. Je suis un authentique naïf et je ne perçois jamais les gens un peu tordus qui savent se servir des autres. J'en suis totalement incapable

Quoique maintenant que j'ai découvert le processus du type en question, il ne faudra pas qu'il me cherche encore trop longtemps! J'ai déjà commencé à lui dire quelques vérités en privé, mais il s'acharne à vouloir continuer sur le forum (et envisageant de mettre mon mail -privé- sur ce forum) je ne vais pas me priver de lui dire ce que je pense en public. Non mais!. Un peu frappé le type, non?

Désormais je prends ça à la rigolade. Il a perdu tout crédit à mes yeux à force d'insister à vouloir me descendre. Je pense qu'il est entrain d'en perdre aux yeux des autres en s'acharnant. Il en devient pitoyable... et moi je me marre. Il n'a plus de pouvoir sur moi et ça me fait un bien fou de m'en être sorti.

 

Du coup, j'ai pu retrouver le monde calme et réfléchi des diaristes, que j'avais abandonné pendant cette semaine: trop de soucis, de remises en questions, d'effondrement...

J'ai retrouvé avec plaisir le petit train-train de chacun de mes préférés (je ne vous dirai pas lesquels *sourire*), et je poursuivrai demain avec ceux que je n'ai pas lu ce soir. Finalement, c'est pas mal aussi de lire plusieurs entrées d'un coup.

J'ai aussi répondu à quelques-uns des mails de soutien que j'avais reçu. Vraiment sympa de sentir que des gens m'encouragent, me redonnent un peu de force pour croire en moi. C'est la première fois que je ressens ça de cette façon et que spontanément plusieurs messages m'arrivent. Ca m'a touché, vraiment! *large sourire*

Vous ne trouvez pas que j'ai retrouvé une super forme?

 


Lundi 12 février 2001

 

C'est curieux comme je suis passé d'une période d'intense écriture (tous les jours), à maintenant, où j'écris moins souvent et moins longuement.

Je me suis investi fortement dans des discussions et j'ai un peu laissé tomber le journal. Et pas sans culpabilité... parce que je savais que j'ai des lecteurs. D'où l'éternelle question: écrit-on pour soi ou pour ses lecteurs? Force est de constater que mes lecteurs comptent...

Et alors? Oui, mes lecteurs comptent, et de ce fait je leur "dois" une certaine présence. Sans que je me force à écrire, bien évidemment (ce qui ne donnerait rien de bon), je ne me sens pas le droit de ne rien écrire. Ils m'apportent leur présence , ils investissent leur pensée et leur temps à me lire, m'être fidèles, m'écrire. Je ne peux qu'agir de la même façon envers eux. Ca me semble inenvisageable autrement.

Oui, c'est vrai, en ce moment j'ai un peu la tête ailleurs. Mais ça ne m'empêche pas d'en parler.

 

***

 

Les derniers échos de mes péripéties de forum s'éteignent. J'en ai encore longuement parlé lors d'un chat avec une, puis deux des participantes. Elles m'ont confirmé leur soutien et l'opinion qu'on pouvait avoir de ce drôle de type qui m'a agressé sans raison justifiable. Elles m'ont encouragé à ne pas renoncer à dire ce que je pense dans l'avenir, et que je devais davantage me fier à l'avis des gens qui m'apprécient qu'a celui de ceux qui m'attaquent sans raison apparente. Et c'est exactement ce que je dois faire, effectivement.

 

L'une d'elle, qui ne connaît pas ce journal, m'a dit que je devais apprendre à m'aimer... N'avais-je pas écrit ça ici il y a peu de temps?

 


 

Mardi 13 février 2001

Sincérité?

 

Peut-on être sincère jusqu'au bout lorsqu'on se sait lu? On peut interpréter cette question de deux façons: "a-t-on le droit de... ", ou "est-il possible de...".

Hasard ou pas, j'avais idée d'aborder ujn peu ce sujet ce soir. Et puis j'ai fait mon petit tour des journaux. Avec des envies d'envoyer des mails à mes co-écrivants qui manifestent des craintes de ne pas être lus... Je constate qu'on a tous plus ou moins cette angoisse de se retrouver seul.

Bon, je n'ai pas eu le courage de me mettre devant un mail (je ne sais pas bien faire court...), surtout que je n'avais pas encore écrit pour moi (ou pour vous?).

Et je suis tombé sur le journal d'une diariste... qui ne m'est pas inconnue... et qui parsème son journal de fragments de son image. Régulièrement elle distille des détails de son visage, le transforme, le cache partiellement... mais jamais elle ne livre sa vraie image.

(je me suis arrêté, pensif, en réfléchissant à la suite que je vais donner à ces lignes...)

Bon, allez, je suis sincère... cette diariste, que ceux qui me lisent reconnaîtront sûrement, m'a toujours "attiré". Sa façon de penser, de s'exprimer, son originalité... bref, tout plein de petites choses font que je lui trouve du charme. Evidemment, la machine a fantasmer que constitue mon cerveau s'est souvent mise à ronronner, mais... faute de combustible, ça n'a jamais duré bien longtemps. Pourtant, chacun des détails de son visage m'a toujours troublé. C'est qu'elle sait y faire pour attiser la séduction... pourtant, je ne pense pas du tout que ce soit son but. Je pense qu'elle n'y a pas songé.

Et moi qui écrit ça ici... si elle le lit, ou si on lui en parle, risque d'être génée que l'on puisse penser ça d'elle.

Et voila que j'ai envie de m'auto-censurer... Suppprimer ces phrases qui ne mènent à rien

...

______________________

Le lendemain.

Je n'ai pas censuré... mais ce n'était pas l'envie qui manquait! Bon, j'assume mes écrits. Mais je ne suis pas allé plus loin. Censure qui ne supprime rien, mais coupe quand même l'acte d'écrire.


Mercredi 14 février 2001

 

J'ai repris un rythme de travail "normal", ce qui me laisse moins de liberté pour écrire. De plus, je crois que mes nuits raccourcies commencent à peser un peu. La fatigue vient vite...

Pour tout dire, je me lève le matin déjà crevé. Je vais revenir a des horaires un peu plus normaux.

Pendant que je travaillais ce matin, je me suis rendu compte que j'étais dans un état "flottant" en ce moment. Mi-bien, mi-déprimé. Un jour l'un, un jour l'autre. Pourtant, il n'y a aucune raison particulière pour que ça n'aille pas (sauf que je suis tout seul à la maison, pour cause de vacances de la famille...). J'ai fini mes remises en question sur le forum de discussion en disant tout ce que j'avais ressenti et en me sortant de l'emprise des personnes "toxiques" (merci So. pour le terme approprié).

En fait, je crois qu'avec cet épisode pas trés rigolo je me suis sérieusement remis en question. Et j'ai compris, avec l'aide de mes correspondantes nombreuses et prévenantes (sourire), que je me faisais du mal en m'impliquant autant. Je dois bien accepter le fait que je ne serais jamais apprécié par tout le monde.

Le coté "gentil" agacera toujours certaines personnes, qui n'auront aucune difficulté à me le faire payer. Il faut que j'en sois bien conscient et que je me le grave dans le crâne.

En fait, je crois que beaucoup de mes difficultés viennent de ce besoin de reconnaissance que j'évoque souvent. Je pense que c'est la (re)découverte que je fais avec ce journal. je suis en train de me rendre compte que tout tourne autour de ça dans ma vie. Depuis des années, je cours aprés cette reconnaissance de la part des autres, et de ceux à qui je suis attaché en particulier.

C'est un puits sans fond.

Je parviens de plus en plus à sentir lorsque je suis apprécié, ce qui était hors de ma perception auparavant. Mais, bien que j'ai de plus en plus de preuves que je compte pour d'autres, ça ne comble jamais durablement mon manque. Alors je vais d'une personne à l'autre, courant sans repos, jamais rassasié de ce que m'apporte chacun. Chacune, puisque ce sont toujours des femmes...

Je crois que je n'ai de cesse de "séduire" celles qui m'attirent, puis une fois que je sens que le contact est bon... je cours aprés une autre conquète. Tout cela restant bien évidemment dans le domaine du mental, puisque je me sens rigoureusement incapable de séduire physiquement une femme. Incapable parce que je perdrais mes moyens et parce que je ne voudrais pas risquer de me lancer dans une relation "amoureuse". Et d'autant plus que j'ai eu des preuves que je pouvais séduire physiquement.

Avant je croyais de pas pouvoir séduire, maintenant j'ai peur de séduire! N'en concluez pas que je serais un homme irrésistible, ce n'est pas le cas. :-)

Je dis que j'ai peur de séduire en vrai... mais dans le domaine de la pensée, c'est différent. Séduire n'est pas le terme approprié, parce que trop connoté. Je voudrais... plaire!

Et je sais... hum! difficile à avouer... disons que je crois sentir que je plais.

Patatras! je sais aussi que ce qui semble plaire, c'est ma naïveté! Donc, si je le sais, je vais déplaire? Le chemin est étroit. Comment faire pour que je m'accepte un peu plus, donc en réfléchissant à ce que je suis, sans donner l'impression d'être un prétentieux! Pour me plaire, il faut bien que je sache ce qui plaît aux autres, que j'accepte de voir que j'ai des atouts. Mais si je connais ces avantages, ne vais-je pas devenir quelqu'un qui se sait attachant?

Bigre! c'est vertigineux ça!!!

En en écrivant ces lignes, je suis en train de me dire "comment vais-je être perçu par ces femmes qui me lisent...? et... hum!... à qui j'aime plaire". Ouh la la... je ne sais plus comment m'en sortir!

Et le pire, c'est que si elles me parlent de ces mots que je suis en train d'écrire... je me sentirais géné, comme si c'était un autre moi qui les avait écrits.

Bon... laissons mûrir tout ça...

La reconnaissance féminine est une partie de mon manque, mais n'est pas tout. Si j'y réfléchis, ça me ramène immanquablement à mon père. Je crois que j'ai encore pas mal à réfléchir à ça. Pourquoi ce manque que rien ne comble assez?

Et puis vient immédiatement à mon esprit Laura... Par contre, là, ça m'énerve un peu! Je ne comprends pas, je n'admet pas, que cette adolescente si lointaine puisse encore être une référence. C'est sans doute un de ces événements que l'on ne peut qu'accepter avec fatalité: c'est comme ça! Comme un accident, comme un décès, on n'y peut rien et on doit faire avec.

Je fais avec!

Et si toutes ces femmes étaient des Laura? et si s'était imposé dans ma tête une équation monstrueuse? Femme = Laura.

Suis-je donc condamné à rechercher éternellement des fragments de Laura en chaque femme qui croise mon chemin? D'une Laura idéalisée, évidemment, puisque je ne sais même pas qui elle était vraiment.

L'équation n'est-elle pas plutôt: femme idéale = Laura ?

Et ce seraient des fragments de cette femme idéale, jamais rencontrée, que je chercherais à capturer en chacune de celles que je rencontre?

C'est possible...

Je sais que j'ai tendance à échanger avec "une seule" femme alors qu'elles sont plusieurs. Et bien que, même sans image, je différencie toujours chacune de mes interlocutrices, je sens bien que c'est à une "unité féminine" que je m'adresse. Et c'est ce coté le plus "fémininement idéal" que je désire capter.

D'où mon rapport ambigu avec l'image...

Je ne désire pas forcément (bien que la curiosité contrarie fortement ce choix) voir le visage de mes interlocutrices. Parce que cela cassera forcément ce coté idéalisé. Et pourtant, en tant qu'humain, j'ai envie de ce contact visuel... et mieux encore, de rencontres réelles.

Mais mon coté profondément souffrant d'homme sans interêt (pour Laura) à trop besoin de ressentir qu'il "plaît" à cette "entité féminine" que représentent mes amies virtuelles (si je peux me permettre ce mot unilatéralement choisi).

Vous me suivez toujours? Vous ne vous êtes pas endormis en lisant mes élucubrations? Vous comprenez ce que je ressens dans ma petite tête perturbée?

Et vous, mes amies virtuelles, ne vous sentez-vous pas niées dans vos individualités respectives? N'est-ce pas une blessure narcissique de se dire qu'on est appréciée que de façon fragmentaire?

Mais n'est-ce pas toujours le cas, dans la vie? D'ailleurs, je ne me pose pas la question de savoir si je plais de façon fragmentaire ou entière (ce qui est impossible). Si je plais, c'est parce que ce que je dis touche quelque chose, un fragment de la vie de ceux à qui je plais.

Je réinvente le monde en enfonçant les portes ouvertes! C'est bien moi, ça...

 

***

 

Un peu plus tard...

J'ai encore réfléchi a ce que j'ai écrit ici. D'abord, et pour brouiller les pistes, je n'ai pas le même rapport avec chacune de mes interlocutrices. Cette envie de plaire (séduire?) n'est pas identique avec chacune d'elle et n'existe même pas toujours. En outre, certaines de mes interlocutrices ne connaissent pas ce journal. Tout ça pour dire que je ne dirais pas avec qui s'exerce une attirance. Hé... je ne vais pas tout dévoiler quand même! :o)

Ensuite, cette envie de plaire, justement, j'apprends à la dissocier de la séduction. Tout comme les attirances que je ressens. C'est tout un apprentissage que j'ai à faire des rapports homme/femme. Et je suis trés content de pouvoir échanger trés librement avec ces amies virtuelles sans que ce soit du domaine de la séduction.

Oui, je sais, je dis exactement le contraire de ce que j'avais dit avant... ben c'est comme ça.!Ce que j'écris ici n'a que la véracité de l'instant. Je peux penser une chose à un moment donné, et autre chose un peu plus tard. Les deux auront pourtant été vraies au moment ou je les ai énoncées. Deux faces d'une même idée, montrant bien que ma pensée est en mouvement.

 


Jeudi 15 février 2001

Rien à écrire

 

Je me trouve devant cet écran... et je n'ai rien à écrire.

Je crois que c'est la première fois que ça me fait ça. Sans doute parce que je suis en phase de communication en ce moment, et non pas en introspection. Ou en introspection trop confuse pour que je puisse en tirer quelque chose de cohérent.

J'ai passé beaucoup de temps sur ce forum restreint que j'ai souvent évoqué. Ca aurait dû être un espace convivial ou on aurait plaisir à se retrouver avec une "bande de copains virtuels"... Au lieu de ça, c'est un vague espace ou on s'amuse parfois (somme toute, trés modérement...), mais ou on s'engueule surtout. Et moi, en tant qu'administrateur, j'en prend plein la figure.

Je crois que c'est à la fois ce "statut" d'être en position de gérant, ainsi qu'avoir posé des questions que l'on est censé ne pas se poser, qui font que je suis décrié par une partie des participants. Ceux qui font le plus de bruit, d'ailleurs. Et comme je n'ai pas su, dès le départ, ne pas répondre aux attaques, je suis devenu la bête noire de trois ou quatre personnes. Je ne peux plus rien dire sans que ça tourne au vinaigre.

Je ne sais pas pourquoi je me suis autant investi la dedans. Sans doute mon besoin d'être apprécié... Raté magistralement sur ce coup là! Tant pis, j'aurais appris quelque chose sur les rapports humains. Mais je crois que la leçon est suffisante, je vais probablement déserter ce forum.

Et redevenir un peu plus disponible pour ce journal :-) Je me sens nettement mieux perçu ici... Finalement, je crois que je suis plus fait pour les relations intimistes que les relations publiques. Si je suis timide et mal à l'aise en groupe, il y a certainement des raisons. Et ce n'est pas forcément une idée judicieuse que de vouloir forcer ma nature. Je ne serais probablement jamais... ?? jamais quoi en fait?

Jamais une grande gueule? mais je n'ai jamais voulu l'être! Si j'ai une place à prendre, c'est celle de la discrétion, pas celle de me trouver mis en avant parce que j'ai évoqué ce qu'il ne fallait pas.

Bah! vous ne devez rien y comprendre a mon baratin...

 

Je suis vraiment dans le "journal personnel", là. A utilité strictement personnelle. Si utilité il y a...

Effectivement... je n'avais rien de bien passionant à écrire!


Samedi 17 février 2001

 

La suite de mes aventures de forum...

Je constate que je suis assez exclusif dans mes sujets de journal: une fois que je suis parti sur un sujet, je tourne autour pendant un bon moment. Bref, je suis toujours axé sur ce maudit forum que j'ai installé.

Et aujourd'hui j'ai ressenti la nécessité de rappeler un peu la Nétiquette, ce code de savoir-vivre dans l'espace communautaire d'internet. Evidemment... ça n'a pas plu du tout à mes détracteurs. Normal: la nétiquette ne faisiat que rendre encore plus criant leur manque de respect. Et évidemment, ils me sont encore "tombé dessus"... Je commence à avoir l'habitude, et ça ne m'a pas surpris de leur part. Sauf leur virulence et leur refus d'accépetr la nétiquette, soit disant édictée par des crétins. Bon...

En fait, maintenant je m'en fous de leurs bêtises. Si ça les amuse de s'énerver la dessus, je les laisse faire. Moi, je m'amuse à les voir s'exciter. J'ai pris tout le recul nécessaire maintenant, et je ne me laisse plus atteindre par leurs sarcasmes.

Mais je ne vais pas vous parler plus longtemps de ce forum que presqu'aucun de mes lecteurs ne connait.

Une de mes lectrices m'a d'ailleurs demandé si j'acceptais d'en donner l'adresse. Je dois dire que je préfère ne pas le faire. Je n'aime pas beaucoup être connu par trop de facettes de ma personnalité. Et puis je ne tiens pas à établir trop de ponts entre mes différentes identités. Il y a trop de risques que l'on puisse me blesser si quelqu'un de ceux qui ne m'apprécient guère venaient à découvrir ce journal.

De toute façon, ce forum aborde des sujets totalement différents ce ceux du journal...

 

***

 

A part ça, je rattrape mon retard de lecture des diaristes. Toujours avec l'envie d'écrire un petit mot... mais je ne le fais pas. Je crois que ce n'est pas mon style les petits mots. Je suis fait pour les longs mails.

Et puis je me suis remis un peu plus sérieusement dans mon activité professionnelle.

 

Mais à part ça, je suis incapable de vous raconter ma journée. Peut-être parce que je ne bouge pas beaucoup de chez moi? Et à la campagne, si on ne bouge pas, il ne se passe vraiment pas grand chose!

Vais-je raconter que ce matin une nuée de corbeaux s'est installée sur le terrain? Que le beau et doux soleil d'hier à été remplacé par un ciel tout gris et une température à peine positive?

A si! Charlotte et les enfants sont revenus de vacances... Oui, ça vous fait une belle jambe! Bref, vous le constatez, je ne sais pas raconter ma vie.

 

***

Je n'aime pas bien le ton de mon journal en ce moment. Je ne le trouve pas intéressant. Et je crois bien que si j'avais un journal papier, je n'y écrirais rien. J'en suis même certain. Alors j'écris pour vous, lecteurs? Mais c'est idiot ça! Ne devais-je pas écrire seulement lorsque j'aurais quelque chose à dire?

C'est la crainte de perdre mes lecteurs qui me fait faire ça. C'est stupide, parce que ce n'est pas en racontant des choses sans interêt que je vais les garder.

Hmmm! C'est un peu le passage à vide là...

 


Dimanche 18 février 2001

Reconstruction

 

Je reçois de temps en temps des courriels de lectrices qui "sentent" que quelque chose est en train de changer en moi. Je les crois volontiers... même si moi je ne ressens que des frémissements. Mais je crois qu'un regard extérieur est parfois mieux placé pour détecter ce genre de chose.

Oui, certainement je change. Voila presque un an que j'ai décidé de mettre ce journal en ligne, et il n'est pas étonnant que cette pratique ait des effets sur moi. S'auto-analyser avec régularité, et dans plusieurs directions, apporte forcément des changements. Et le retour par les lecteurs ouvre aussi des pistes que je n'aurais peut-être pas trouvé si vite. Ou même pas du tout. C'est une succession de mini-découvertes, d'imperceptibles avancées, qui font que mon comportement se modifie profondément.

Cinq ans de remise en question, suite à un déménagement. Partant d'un amour d'adolescence déçu, en passant par le regard négatif que je portais sur moi, le sentiment d'insignifiance aux yeux de tous, la séduction impossible. Et puis 18 mois de psychothérapie, des centaines de pages de journal papier, une autobiographie, des aventures de séduction sur internet, puis une rencontre réelle, et enfin ce journal en ligne. Chacun de ces éléments m'a permis d'aller plus loin dans la connaissance de moi.

Avancées tâtonnantes, découragements lorsque je constatais que les résultas n'étaient pas à la hauteur de ce que je croyais, satisfactions lorsque j'ai pu remporter des victoires sur ma timidité handicapante (rencontre d'Inès).

Et maintenant une phase en plateau, certainement nécessaire à l'assimilation de ce nouveau personnage que je deviens. Impression de stagner, de ne plus bien savoir qui je suis... Déjà un autre dans ma tête, mais toujours le même dans les faits. Et puis toutes ces failles, cette vulnérabilité aux opinions défavorables, cette crainte de déplaire toujours présente...

Je sais que ça change, et que je suis en train de me reconstruire. Je vais peut-être enfin devenir un homme.

Sortir d'une si longue adolescence.

  


Mardi 20 février 2001

Apprentissage

 

Je vais probablement retrouver un peu de présence dans ce journal. J'ai quitté ce forum qui avait pris trop d'importance dans mon temps libre. Je m'y empoisonnais...

Finalement, c'est une expérience qui m'aura été utile, et qui est bien dans le fil que j'ai choisi de suivre pour ce journal. Ne voulais-je pas réfléchir sur "les relations qui se nouent sur internet"? Ben voilà! J'ai enrichi mon expérience.

Je ne regrette pas ce passage.

Finalement, en me faisant agresser pour les idées que j'émettais, je me suis rendu compte de ma grande dépendance du jugement d'autrui. Un peu comme ce journal, qui m'apporte réconfort par les commentaires que vous me faites.

Je dois apprendre à ne plus dépendre de l'opinion des autres. Je dois me mettre en tête que l'on ne peut pas plaire à tout le monde, et cet épisode y contribuera assurément. Je ne suis plus un ado qui cherche son chemin. J'ai des idées, et je dois assumer le fait qu'elles ne sont pas partagées par tous... et qu'on puisse me contredire avec véhémence. A moi de voir ensuite si je cherche à convaincre ou si je renonce parce que la bataille est perdue d'avance.

Ce qui a été curieux a découvrir, c'est que mes mots pouvaient être interprétés trés différemment de ce que je disais. Alors qu'avec ce journal il m'a toujours semblé être bien compris. J'ai pourtant la même façon de m'exprimer, où que je sois. La différence c'est qu'ici je suis en sympathie avec vous, ce qui n'est pas toujours le cas sur un espace de discussion libre...

Et puis toujours cette intonation de voix qui manque cruellement, tout comme le regard. Je suis persuadé que tout se serait mieux passé si nous n'avions pas été privés de ces vecteurs de sentation. Ici, vous connaissez (je pense) le ton habituel que j'ai en écrivant. Alors que des inconnus peuvent croire que j'affirme, que j'impose. Tout comme moi je peux le penser de leur part... C'est un des gros risques des discussions sans visage.

Mon apprentissage n'est pas terminé.


Jeudi 22 février 2001

 

En écrivant la date de ce jour, je me rends compte que c'est le premier anniversaire de ce journal en ligne.

Ben oui, ça-y-est, j'ai tenu un an! Je suis un vieux diariste!

Non, en fait, la véritable mise en ligne de ce journal date de juillet 2000, mais les premiers pas datent bien du 22 février 2000.

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Métajournal

 

Il y a deux jours je lisais le journal de Claudio. Il y fait référence au journal de Philippe Lejeune. J'ai trouvé amusant que ce spécialiste de l'autobiographie cède lui aussi à quelque chose qui ressemble au journal en ligne. Il a mis, aprés coup, en ligne le journal qui accompagne son état des lieux du diarisme sur le net un an aprés son étude pour "Cher écran".

Et pourtant, je crois avoir lu de sa part qu'il ne lui viendrait pas à l'idée de le faire...

Mais je suppose qu'à la lecture de toutes nos tranches de vies, il a été conquis par cette forme d'expression. Son ouvrage ne le cache pas d'ailleurs, et on sent une certaine fascination de sa part pour cette autobiographie en direct.

Dans ce journal (limité à un mois), il évoque le cercle d'amitié qui existe entre les diaristes. C'est vrai qu'on se lit entre nous, qu'on s'écrit, qu'on se répond. Chacun avec son propre cercle, mais avec une certaine similitude dans nos choix. En fonction de l'age, je suppose, ou de tournures d'esprit avec lesquelles on accroche plus ou moins. J'ai constaté que souvent les diaristes que je lis ont les mêmes favoris que moi. Et il suffit qu'il soit fait mention dans leur journal d'une adresse que je ne connais pas, ou n'ai plus visité depuis longtemps, pour que je m'y rende immédiatement, en confiance.

Lejeune me cite, lorsque je perds mes illusions en constatant que le monde d'internet n'est pas meilleur ni plus convivial que la réalité (hé hé... je ne suis pas idéaliste pour rien...). Mes récentes déconvenues sur forum n'ont fait que me mettre un peu plus dans la réalité...

Lejeune évoque aussi le coté "défricheur" que nous avons avec ce nouveau média. Nouveau par sa diffusion élargie, bien sûr, en particulier en France qui accusait un certain retard. Et même maintenant, avec 17% des foyers connectés, on ne peut pas dire que ce soit encore bien répandu. Je pense aux "anciens", comme MöngôlO, ou Zuby (que je ne connais pas) et qui semblent avoir des regrets d'un temps passé ou seuls quelques avant-gardistes écrivaient en ligne. C'est vrai, nous allons voir se développer la communauté des diaristes. L'esprit de communauté, justement, risque de se perdre. Ou alors des groupes vont se constituer, évolution normale de tout groupe humain.

Je me suis amusé aussi en lisant que Philippe Lejeune constatait que ses écrits avaient des répercussions, lorsque Liloo raconte que Gaëtan n'a pas du tout apprécié de voir que son journal était dans "Cher écran". Et oui, on en vient trés vite aux limites de ce qu'on peut dire ou non. Sachant qu'on sera lu, plus ou moins en sympathie, que peut-on se permettre de dire? Lejeune me cite, par exemple, comme étant celui qui lui a appris que son texte circulait sur le net avant la parution du livre. La gaffe! J'avais juste signalé que j'avais lu des extraits, ne soupçonnant pas qu'ils aient pu être à diffusion restreinte. Du coup, je suis celui qui à "dénoncé" l'affaire, sans le vouloir, mettant en cause une des douze personnes à qui il avait confié ses écrits. Par chance, je ne l'avais pas obtenu directement, ce qui fait que je ne sais pas qui des douze avait laissé diffuser le texte. Voilà le genre de mésaventures qui peuvent arriver... mais comme dans la vie réelle.

 

Bon, je me suis livré à une sorte de commentaire de texte de Lejeune! Trés succint et sans aucune rigueur (mon commentaire). Mais puisque cet observateur, fort perspicace au demeurant, de notre pratique s'est lui aussi livré à l'exercice, je ne pouvais laisser passer l'occasion...

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Bien, avec tout ça, je ne parle plus tellement de moi. Où sont parties les longues envolées intimistes, l'introspection inpudique, les confessions sentimentales? Besoin de repos de la pensée, certainement. Laisser décanter tout ce que j'ai dit, que je vous ai écrit et que j'ai accépté de voir. Je crois qu'il faut un temps pour accepter, m'imprégner de ces micro-découvertes, multiples, que j'ai faites ces derniers temps.

Pour le moment ma pensée est en repos.

Mon journal est probablement moins intéressant. Pourtant, une discrète surveillance de mes satistiques de fréquentation me confirme de temps en temps que vous êtes bien là. Plutôt plus nombreux d'ailleurs depuis une quinzaine de jours. Pourquoi? ah, ça les satistiques ne le disent pas.

D'ailleurs, puisque je n'ai rien à cacher et que je ne fais pas de fixation la dessus, je vous informe que j'ai 8 inscrits sur ma liste de diffusion et une vingtaine de lecteurs quotidiens. Totale transparence! Un jour, je n'ai eu que 2 visiteurs... là, je dois dire que ça m'a un peu inquiété, mais ça ne s'est pas renouvellé.

Je crois que j'ai atteint ma "vitesse de croisière" et ça me va trés bien comme ça.

 

***

 

Au moment de mettre en ligne, je lis l'entrée du jour de Claudio. Il s'inquiète de la sollicitation des journalistes pour nous interroger. C'est vrai que c'est de plus en plus fréquent. Notre pratique est dans l'air du temps.

J'ai souvent hésité a répondre, tiraillé entre une envie d'être un peu mis en avant et la crainte de cette médiatisation. Si je suis tenté de répondre, c'est parce que je n'ai pas envie que l'on sorte toujours ce cliché du diariste exhibitionniste-nombriliste. Et puis je sais que je ne rentre pas dans l'image du "diariste-type", et comme je déteste ces étiquettes que l'on nous colle sur le dos... il ne me déplairaît pas de montrer une autre image.

Ceci dit, ces journalistes sont d'une exigence! Le dernier, pour Maxi, m'a posé quelques questions pour savoir si je rentrais dans la catégorie qui correspondait à leur lectorat. Je lui ait répondu... et plus aucune nouvelle! Pour France-Inter, il fallait habiter à Paris. Pour celui de la Cinquième, idem. C'est énervant, on se sent nié parce qu'on ne rentre pas dans leur cases (et heureusement qu'on ne rentre pas dans des cases!).

Finalement, ça m'agace un peu. Nous ne sommes pas des sujets d'article, des bêtes curieuses. Ces gens-là ont un sujet à traiter, ils vont sur le site de la CEV, envoient un mail collectif, et attendent qu'on se précipite. Si au moins c'était un mail perso, aprés lecture de quelques pages du journal, ça donnerait plus envie... Il n'y a eu que le reporter de France-inter qui a agi comme ça avec moi (du moins il me semble...).

Et puis je crains toujours l'article à sensation, pas vraiment approfondi, caricatural. Pas envie que l'on donne une image dans laquelle je ne me reconnaitrais pas!

 

Autre chose, à propos de célébrité: Claudio nous informe de sa volonté de devenir plus discret en se retirant de la CEV. Il souhaite n'écrire plus que pour son cercle de lecteurs, par crainte d'être reconnu un jour. Je le comprends. Je me suis posé cette question de temps en temps aussi. Pour le moment, je reste en public. Peut-être parce que j'ai la prétention de penser que ce que j'écris peut toucher des nouveaux venus comme lecteurs de journaux. Je ne crains plus vraiment d'être découvert, vu le petit nombre de lecteurs. Et puis je crois que ça ne me dérangerait pas trop si cela arrivait... ce qui n'est pas le cas de Claudio, avec une relation de couple mise en balance avec une aventure amoureuse. Je comprends qu'il n'ait pas envie que cela puisse se savoir.

 


Vendredi 23 février 2001

 

Je suis un peu géné...

Manque d'inspiration! J'ai peur de faire du remplissage. J'ai peur d'écrire parce que je sais que j'ai des lecteurs.

Je sais trés bien que si je n'avais que mon journal papier, je n'écrirais pas en ce moment. Je suis quelqu'un qui n'écrit que pour l'introspection, et souvent en périodes de soufffrance.

Comment concilier alors l'écriture de diariste en ligne et la sincérité du diariste solitaire, qui n'écrit que lorsque le besoin se fait sentir. Oui, j'écris en ce moment sans "besoin".

Ceci dit, il y a pas mal de diaristes qui écrivent de façon assez distancée, certainement avec plaisir, mais pas dans l'idée que l'on se fait de l'écriture intime. C'est quelque chose qui à la fois me tente (pour m'exposer moins que je ne le fais parfois) et que je réfrène (à quoi bon écrire si ce n'est pour se livrer?). J'ai toujours peur de tendre vers la chronique éditoriale, ce que d'autres feront mieux que moi, ou vers l'étalage insipide de mes pensées superficielles.

Mon journal est toujours écrit au fil de la pensée, sans construction préalable, sans relecture. Je ne peux donc pas prétendre à un travail de réflexion sur un sujet extérieur. Ce qui sort de ma pensée est spontané, avec l'avantage de la surprise de l'idée qui surgit sans que je m'y attende, mais l'inconvénient majeur de la répétition, du rabachage, du "tourne-en-rond". Ce qui se supporte trés bien dans l'écriture auto-anaytique risque de devenir assez lourd lorsque on s'essaie a prendre du recul pour analyser le monde. MöngôlO, qui a ce type d'écriture, dit qu'il prépare son sujet pendant 30 minutes, puis consacre 30 autres minutes à écrire. Cette discipline d'écriture done des textes réfléchis, originaux, différents dans les thèmes abordés... et asses concis.

A contrario, je suis capable de me répandre pendant une heure dans un texte interminable... qui reprend souvent des éléments déjà décrits quelques temps auparavant. C'est l'auto-analyse en temps réel.

Il semble que ça ne rebute pas mes lecteurs, et j'en suis presque surpris (sourire). Cette tolérance dont vous faites preuve m'a encouragé a poursuivre dans cette voie qui m'est naturelle.

(Vous avez remarqué? Parfois je dis "mes lecteurs", et parfois je dis "vous". En fait, ça dépend si j'ai l'impression d'écrire à des inconnus, nouveaux lecteurs, ou aux habitués que je connais plus ou moins. J'écrirais volontiers à ce "vous", si je ne craignais que les nouveaux venus ne se sentent exclus par cette convivialité)

J'ai pourtant envie de parler d'un micro-évenement qui agite les médias fraçais depuis hier: l'affaire Cohn-bendit.

Je suppose qu'il n'est pas connu en dehors de France et d'Allemagne. Il s'agit d'un des leaders de mai 68, devenu depuis député européen, du parti écologiste. Il traîne derrière lui une image de constestataire qui fait qu'il n'est pas apprécié par tout le monde

Hier, donc, un hebdomadaire à grand tirage, ressort des extraits d'un bouquin qu'il a écrit il y a 25 ans, qui était totalement oublié depuis. Il s'agit d'un passage où il évoque, dans le cadre d'un groupement alternatif, des gestes qu'auraient eus des petits enfants alors qu'il était éducateur. Il est question de son trouble lorsque ces enfants s'essayaient à lui baisser sa braguette et le "chatouillaient" (sans plus de pricisions). Un extrait d'émission est diffusé aussi, dans lequel il dit la même chose en parlant de fillettes de cinq ans qui commençaient à le déshabiller...

Dans le climat actuel des affaires de pédophilie, ces "révélations" ne passent évidemment pas inaperçues. Conh-bendit a tout de suite reconnu qu'il avait tenu ces propos, intolérables à notre époque, et le regrette. Mais il rappelle que lorsque le livre est sorti, la tendance était à une trés grande liberté sexuelle. D'ailleurs, on remarque trés bien que pendant l'extrait d'émission, les gens rient, à peine surpris de ce qu'il dit et ne semblent absolument pas offusqués.

Pourtant, on sent bien que certains journalistes ont un a priori contre lui. Les questions sont tendancieuses. Du genre "on a bien compris que vous n'étiez pas pédophile, mais quand même... ne trouvez vous pas que...." ou encore: "bien que vous n'ayez rien à vous reprocher...pensez vous démissionner de votre poste de député?". Et lorsque on parle du livre il est question "d'échanges de caresses", alors que lui même dit n'avoir jamais touché un enfant.

Et c'est là que je me rends compte, une fois de plus, qu'il est facile de jeter la suspicion sur quelqu'un en partant de ... rien! Rien de nouveau, puisque le livre date de 75 et a été diffusé à 60.000 exemplaires. N'empêche... on ressort ça.

Le type en question est costaud, et pas du tout langue de bois, mais on sent trés bien qu'il est profondément atteint par cette campagne. Et il sent trés bien qu'il va avoir du mal à s'en sortir. D'ailleurs, je suis certain qu'il va traîner ça comme un boulet pendant longtemps. Et j'entends d'ici les "y'a pas de fumée sans feu!".

Pour ma part... je vois dans les cris de vierge effarouchée de certains une belle hypocrisie. Franchement, et vu le contexte de l'époque, si un homme avait senti des enfants vouloir le déshabiller... je ne suis pas certain qu'aucune idée sur l'ambiguité des gestes ne lui aurait traversé l'esprit. Je suis même convaincu du contraire.

Seulement, lui, avec son franc-parler, il l'a dit.

Il faut aussi se souvenir que le slogan de l'époque était: "il est interdit d'interdire". Donc certains laissaient une trés grande liberté aux enfants. Et le domaine sexuel en faisait partie. Evidemment, de nos jours, on imagine pas du tout une telle permissivité. D'ailleurs, de tels gestes conduiraient immmédiatement en prison! On en sait beaucoup plus sur la fragilité des enfants, et il faudrait vraiment être inconscient pour ne pas arrêter toute tentative exploratoire d'un enfant dans ce domaine, en lui expliquant que chacun a droit, et doit respecter une certaine intimité.

 

Additif du 24/02:

Un de mes lecteurs me signale que la phrase "D'ailleurs, de tels gestes..." peut porter à confusion. Effectivement, on ne sait pas si je parle des geste des enfants ou de ceux que n'aurait pas eu Cohn-Bendit. Je voulais évidemment dire "Une attitude passive d'un adulte, devant de tels gestes de la part d'enfants, le conduiraient immmédiatement en prison!"

  


Samedi 24 février 2001

 

Je remarque que souvent les diaristes parlent de leur vie amoureuse. Je ne le fais pratiquement jamais. On pourrait presque croire que je suis célibataire.

Pourtant ma relation avec Charlotte prend une grande place dans ma vie. C'est parce qu'elle est là que je peux être aussi détaché des soucis. La savoir à mes cotés me donne une assurance qu'il existe quelque chose de solide, quelque chose qui me permet toutes ces remises en question sans risque de m'y perdre.

Ce matin, nous avons dialogué un bon moment, et juste après midi, en buvant le café, nous avons renouvellé ça. Ce soir, pendant que le repas cuisait, nous avons encore pris un moment pour discuter. C'est quelque chose d'évident pour nous: le dialogue spontané, dès que l'un de nous a envie d'exprimer quelque chose (et sous réserve d'avoir un peu de temps disponible!). Quand je pense à tous ces couples qui ressentent une distance entre eux, ou à ceux qui croient que le plaisir de vivre ensemble s'emousse forcément avec le temps, je me demande un peu ce que nous avons fait pour que tout fonctionne bien entre nous.

On en avait envie!

On en avait besoin aussi. On voulait que ça marche et on a eu la chance de pouvoir faire les concessions nécessaires. Je dis "la chance", parce que je suppose que parfois des couples s'aperçoivent que les concessions seraient trop importantes, et sont contraints à renoncer l'un à l'autre. Enfin... je suppose, parce que je n'en sais strictement rien!

Par un drôle de hasard (mais en est-ce un?), nous ne connaissons aucun couple de nos proches qui se soit séparé. Parmi la vingtaine que nous fréquentons assez régulièrement, zéro qui batte de l'aile. Serions nous atypiques par rapport aux statistiques? Ou est-ce parce que nous venons tous du même milieu socio-éducatif? Ou est-ce trop tôt dans la durée de vie de ces couples (une quinzaine d'années)?

Donc, le couple que je forme avec Charlotte fonctionne trés bien. On s'aime.

Je pense que c'est cette stabilité qui fait que je me permet de m'auto-analyser. Tous mes besoins vitaux sont assurés: nourriture, logement, amour, enfants... J'ai donc toute latitude pour voir ce qui me pose problème. J'en suis un peu géné parfois...

 

Bon, mais j'ai cette chance de pouvoir le faire et il serait idiot que je n'en profite pas.

(Je n'arrive pas à me concentrer ce soir: Charlotte et les enfants sont dans la pièce à coté et jouent au Trivial Pursuit... leurs mots et rires me distraient...)

 


Dimanche 25 février 2001

 

Contraste

Entre hier et aujourd'hui tout a changé. Je ne sais même pas pourquoi...

Une remarque de Charlotte qui m'a vu devant cet ordinateur à 2h du matin et qui me l'a fait remarquer.

Culpabilité de ma part de passer autant de temps devant cette satanée bécane. Imression de fuir la réalité en me réfugiant dans ces relations virtuelles.

Et puis ce matin une certaine froideur de sa part. J'y suis extrêmement sensible. Des reproches parce que nous ne voyons pas beaucoup de monde... Je ne suis pas à l'aise avec les gens, trop intimidé, effacé, incapable d'être moi-même. Je n'aime pas cette image que je donne de moi.

Alors je fuis le monde. Mais Charlotte à besoin de voir des gens. Problème.

Trop compliqué de raconter pourquoi je fuis les gens, trop ancien, trop ancré.

Moral à zéro toute la journée. Même pas envie de venir devant cet ordinateur qui me prend tant de temps et qui prive ma famille de ma présence (même si souvent c'est pendant leur sommeil). Alors je me suis ennuyé, j'ai tourné en rond. Je ne sais plus vivre sans ce moyen d'expression. Je l'ai fui, et pourtant je savais que c'est en m'exprimant que j'aurais pu évacuer mes difficultés.

Mais pas envie de venir devant!

Discussion compliquée avec Charlotte, elle ne comprend pas comme mon malaise est profond.

Je suis trop égoïste, je ne pense qu'à moi.

Et vous lecteurs, vous ne devez rien comprendre à mon charabia. Je ne fais même pas l'effort de faire des phrases. Je ne cherche même pas à expliquer. Trop long...

Découragement. Idées suicidaires.

Je suis con d'écrire ça, je suis con de le mettre en ligne. C'est passager et le moral reviendra.

Comme d'habitude...

Quelle impudeur de mettre ces élucubrations devant vos yeux.

Désolé...

 


 

Lundi 26 février 2001

 

Il a enfin neigé! Première neige de l'hiver. Pas beaucoup (5 cm), mais c'est suffisant pour avoir bien blanchi le sol et les arbres. Le thermomètre est descendu à -10°. Tout ça me bloque un peu dans mon travail et c'est tant mieux: je peux prendre un peu de temps pour écrire et expliquer mon entrée calamiteuse d'hier soir.

Vous l'aurez remarqué (oui, je m'adresse directement à vous aujourd'hui), ce n'était pas la grande forme. J'ai écrit parce que je me suis dit que c'était aussi une partie de moi ces moments de déprime. Et puis la dernière fois, lorsque ce qui se passait sur le forum m'avait mis dans un sale état, je n'avais pas écrit, préférant garder pour moi ces soucis. Un de mes lecteurs m'avait dit que ça faisait aussi partie de ma vie... Hier soir, et aussi parce que je n'avais pas encore mis en ligne mon entrée de la veille, j'ai écrit ce que j'avais das la tête.

Peut-être aussi pour le contraste assez étonnant avec ce que j'avais écrit samedi.

Ben oui, comme tout le monde j'ai des moments où rien ne va plus. Des moments qui font que je trouve que c'est trop dur de tout remettre en question. Des moments ou je "craque", psychologiquement parlant, parce que certains de me problèmes me semblent insurmontables et, surtout, coûtent cher aux autres.

Le fait de ne pas savoir comme m'en sortir, ou d'en voir l'issue tellement lointaine, me plonge dans un état de déprime.

 

Explications:

Charlotte a du mal à supporter que nous ne voyons pas plus d'amis, ce que je comprends tout à fait. De mon coté, je ne supporte plus ces rencontres aucours desquelles on ne fait qu'échanger des banalités sur le travail, les enfants, les vacances... J'ai envie d'approfondir les échanges.

Problème: je n'ose pas trop prendre la parole, et surtout, je n'ose pas dire mes opinions. Surtouts si je sais qu'elles prêtent à controverse. Toujours ce besoin de ne pas me sentir rejeté, cette envie d'être apprécié. Alors je reste dans les banalités d'usage, entrenant pas la même ces conversations insipides. Et je m'ennuie...

Ce qui cause problème, c'est que nous avons fonctionné comme ça pendant des années. Nos amis datent de la fin de nos études, parfois même d'un peu avant. J'ai toujours regretté que nous n'approfondissions pas les discussions, que nous n'abordions pas les sujets de société, de philosophie, de développement humain. A une époque, j'envisageais même d'organiser des sortes de "café-philo" avec ces amis, pour débattre autour d'un thême de départ. Charlotte m'en avait dissuadé, en disant qu'on ne pouvait pas organiser des dialogues: ça devait naître tout seul. Je m'étais rangé à son avis, elle n'avait pas tort.

Mais depuis que je poursuis mon développement personnel, je sens une dichotomie croissante entre l'image que je donne et ce que je me sens être. Récemment, les échanges que j'ai eu sur internet m'ont montré qu'on pouvait fort bien avoir des dialogues enrichissants et approfondis. Certes avec des "inconnus" dans le sens physique, mais qui deviennent, en quelque sorte, des "amis virtuels". Et c'est ce vers quoi je voudrais tendre dans la réalité. A la fois en rencontrant ces personnages de chair que je ne connais que par les mots et les idées, et aussi en osant être moi-même face aux amis anciens afin que nous allions plus profondément dans la connaissance mutuelle.

Depuis un peu plus d'un an, Charlotte a accépté de réduire, temporairement, nos rencontres avec des amis. C'est tout simple... il suffit de ne plus solliciter de rencontres. Mais maintenant elle se rend compte qu'elle à besoin de ces contacts. Normal.

De mon coté, j'avais exprimé ce désir de moins voir de monde parce que je ressens toujours un malaise en n'étant pas moi même. Je me sens mal dans ce personnage discret, presque falot. J'en ai marre de penser sans oser dire. Alors il me semblait qu'à force d'échanger sur internet, je prendrais de l'assurance et que les effets se feraient sentir dans la réalité... ce qui est vrai... mais les progrés ne sont que trés lents.

Dés que je me retrouve face à des personnages réels, je redeviens instantanément intimidé. Et j'en ai marre!

Ceci dit, je ne refuse pas les rencontres, parce que je sais aussi qu'elles sont nécessaires pour que je change. Ce n'est pas en me réfugiant dans le virtuel que la réalité changera!

Le problème, c'est que Charlotte aimerait que j'ai du plaisir à rencontrer les gens. Que je propose des rencontres... Et actuellement, ça m'est encore impossible. Je ne peux avoir du plaisir qu'à lui en donner: si elle est contente de voir du monde, alors ça me fait plaisir. Mais ce plaisir me coûte, parce que pour moi c'est une corvée. L'équilibre plaisir/déplaisir est précaire, trés instable. Il suffit de peu de chose pour que je bascule vers l'un ou l'autre coté. Mais c'est plutôt le coté déplaisir qui l'emporte. Parce que, comme d'habitude, je constate mon échec dans la prise de parole intéressante, que je subis des échanges sans grand interêt sans être capable d'en influencer le cours. Et puis je pense à tout ce temps "perdu" en trajets, salamalecs, ennui... Alors que je sais que je pourrais m'exprimer, échanger, ressentir des émotions... avec cet ordinateur et l'accés qu'il permet au monde.

Homo internetus, ou web-dépendant, c'est comme vous voulez, mais je sais que pour le moment ce média est trés important pour mon épanouissement personnel.

Epanouissement personnel... c'est bien là qu'est aussi le problème! Tous ces contacts ne profitent qu'à moi. Charlotte en est totalement exclue, si ce n'est par les changements qu'elle constate dans ma façon d'être, et ce que je lui racontre de mes relations.

C'est pour cette raison que je parlais d'égoïsme de ma part hier soir: tout ce que je fais me profite directement, et je ne sais pas faire (n'aime pas faire) ce qui ne me profite en rien.

Même ce journal, que parfois je déclare écrire aussi pour partager mon expérience... il n'est fait que pour mon plaisir personnel. J'en retire la satisfaction d'être lu, d'être compris, d'être apprécié. Tout ce que je fais dans ma vie, n'est fait que pour en retirer une satisfaction.

Même si je crois comprendre qu'on agit un peu tous comme ça...

L'abnégation, le don de soi sans aucune compensation, je pense que c'est trés rare. Je me demande si, quoi que l'on fasse, on ne retire pas une satisfaction. Celle de faire plaisir, de soulager, d'aider...

Je crois que mon coté idéaliste ressort une nouvelle fois. Je pensais qu'on pouvait donner sans contrepartie. Donner contre rien. Sans remerciement, sans regard, sans avoir l'impression d'agir pour le bien d'une personne au delà de ce qu'elle comprend (je pense aux causes humanitaires).

Et je ne me suis jamais senti à la hauteur de ce don. J'ai toujours senti cette part égoïste au fond de moi...toujours ce désir de perfection: être irréprochable, admirable, sans défauts... quel prétentieux! Je n'arrive pas à m'accepter tel que je suis, je ne vois toujours que les mauvais cotés.

C'est ce que me disais Charlotte hier, assez désepérée de me voir sombrer dans un auto-dénigrement.

Chaque fois que je prends consciece de mes imperferctions trop nombreuses, et que je vois qu'elles coûtent aux autres, je me sens être un fardeau, celui qui, par son caractère, empêche les autres d'être heureux. Alors je me sens moins que rien, avec l'envie profonde de disparaître, de ne plus exister.

Je sais que je désire le bonheur de chacun, pour la terre entière comme pour mon plus proche entourage. Mais pour la terre entière, je me sens un peu impuissant. Et je partage cette impuissance, pas trés fièrement, avec des millions d'autres gens. C'est pour ça que certaines situations atteignent mon moral assez fortement, alors que je n'y suis pour rien, si ce n'est par mon silence ou mon impuissance. Que faire contre des massacres de population, des attentats ou des accidents?

Mais s'il s'agit de mes proches, si je sais que j'influe directement sur leur bonheur, alors là c'est terrible. Tiraillé entre ce que je ressens et ce qu'ils ressentent, je ne sais pas quoi choisir. Leur faire plaisir au prix de mon déplaisir n'est pas facile à assumer... et l'inverse non plus. Alors je rentre dans une phase de réflexions sans fin, incapable de choisir une voie sans penser à son corollaire en négatif. Et l'immobilisme et encore pire!

Alors, dans les cas les plus complexes, je me morfonds en pensées inutiles, je tourne en rond, incapable de choisir.

On me dit parfois indécis, comme un reproche. On m'a aussi qualifié de girouette. On m'a sommé de choisir mon camp (sur le forum)... il semble que le situation instable soit assez inconfortable à vivre pour les autres. J'envie ceux qui savent choisir en un instant. Moi je ne fais que peser le pour et le contre... et souvent, aucun des deux ne l'emporte.

Peut-être que je suis trop lucide? je vois trop loin les implications de mes actes ou de mes pensées. J'anticipe trop (ça aussi on me l'a souvent dit...). Mais comment me changer, si c'est ma façon de réfléchir?

Et à trop réfléchir, est-ce que je n'empêche pas l'imprévu de survenir? Parce que même en réfléchissant à tout, il est évident qu'il m'est impossible de tout prévoir. C'est la définition même de l'imprévu...

Est-ce que cela trahirait une peur de ma part? peur de ne pas avoir anticipé, de n'avoir pas été à la hauteur de la situation, d'avoir été irresponsable? Peur d'avoir été imparafit, irréprochable...

Peur d'être pris en défaut

... peur de déplaire... encore une fois!

Je ne fume pas, parce que ça détruit la santé, parce que ça coûte cher, parce que ça incommode les autres...

Je ne jette pas un papier dehors parce que ça agresserait la vision des autres, parce que quelqu'un devrait le ramasser, parce que ce papier mettra des mois avant de disparaître, parce que si tout le monde le faisait, ça serait intenable...

Je ne conduis pas vite, parce que ça pollue la planète, parce que ça gaspille de l'essence, parce que l'imprévu peut survenir...

Je pense toujours à l'implication de chacun de mes gestes. Et si, parce que je suis faillible, je me laisse aller au plaisir (de faire une pointe de vitesse, par exemple) c'est avec mauvais conscience, qui atténue grandement le plaisir.

Je ne danse pas, parce que je me dis que j'aurais l'air ridicule, parce que c'est se montrer et se mettre en avant... et je me prive du plaisir qu'on peut ressentir a mouvoir son corps en accord avec une musique et d'autres personnes.

Je n'achète pas des tomates hors saison, parce que je sais qu'elles ont contribué à polluer la planète, pour les transporter ou chauffer leur serre.

Je n'aime pas participer à la société de consommation, parce que nous gaspillons des richesses pour des plaisirs futiles, égoistes vis à vis du tiers-monde ou des générations futures...

Je me prive de beaucoup de plaisirs. Mais pas de tous! Les bonheurs simples sont toujours là: la nature, la vie, les relations humaines détendues, les émotions, le rire.

 

Mais pourquoi j'écris tout ça? C'est vraiment l'écriture libre! N'essayez surtout pas de trouver un plan de construction de cette page!

Bah, j'avais besoin de retrouver un peu d'espoir.

 

Et même en écrivant ce journal, je pense trés ouvent aux implications de mes écrits: qui va les lire, que vont-ils en penser, serais-je compris, ne suis pas trop long, ne vais-je pas faire rire, va-t-on m'écrire, suis-je intéressant... n'est-ce pas trop de temps pris sur mon travail...?

Ne devrais-je pas changer de fond, ce jaune pâle n'est-il pas... trop pâle justement. Ce bleu gras sur un fond jaune, ça veut dire quoi de ma personnalité? Il est perçu comment mon site, alors que j'en voie tant qui me paraissent originaux et vachement bien trouvés?

Putain, mais elle est où ma fantaisie la dedans? Elle est où ma liberté d'être moi?

Et c'est quoi ce baratin sans queue ni tête? Comment font les autres pour avoir une pensées structurée, dévelopée, limitée au propos qu'ils ont choisi de tenir? Moi, ça part dans tous les sens.

Comme si c'était sous pression dans une carapace trop étroite. Une enveloppe qui n'est plus la mienne, mais dont je ne peux me défaire faute d'en avoir trouvée une autre.

 

Je pourrais continuer des heures à aligner les pensées qui me viennent. Ecriture automatique que ça s'appelle! Alors je vais m'arrêter là.

Ah! vous voyez que je sais me décider!

 


Mardi 27 février 2001

Arrêter de courir...

 

Mon entrée d'hier était bien longue. Aurais-je ressenti le besoin de me justifier? Hum...

Ben... justement, tant que je suis dans les explications: que ceux qui m'ont écrit récemment ne s'impatientent pas! J'ai bien reçu vos mails que je lis toujours avec un grand plaisir. Mais vous me connaissez, je ne sais pas répondre en deux phrases... Il faut donc que je prenne un peu de temps pour répondre avec soin. Et inutile de vous dire que lorsque j'ai été submergé par mes difficultés, je n'ai pas le courage de me replonger dans ces miasmes immédiatement...

Ces jours-ci, ce sont accumulées des épisodes de remise en question. Je ressens un peu le besoin de souffler. Il se peut d'ailleurs que ce journal en pâtisse dans les jours à venir. Je ressens un besoin de repos. Envie de dormir, de me coucher plus tôt. Et puis arrêter un peu la course...

Des mois que je cours à la découverte de ce que je suis. J'en ai brassé des choses dans tous les sens, il faut que je mette un peu d'ordre là dedans, maintenant.

Ce soir, pour la première fois depuis que j'écris ce journal, je me suis dit que je devrais peut-être faire une pause. Ne plus me sentir redevable d'une écriture régulière, d'un engagement tacite d'écriture. Si je force la machine, viendra un jour où elle se grippera. Je crois que pas mal de mes lecteurs sont des fidèles et comprendront ce qui se passe si je réduis un peu mon rythme.

Pas question que j'arrête pour le moment, mais un ralentissement sera certainement bénéfique. D'ailleurs, parfois, il suffit de décider de s'éloigner de quelque chose qui paraît trop présent pour justement retrouver un envie nouvelle de s'y consacrer!

 

En annexe (rubrique délaissée depuis bien longtemps...) un texte sur l'amour que j'ai mis sur un forum auquel je participe.

 


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